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La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Message  g2loq Mer 20 Juil 2022 - 9:00

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 365723366

Salut Christian,

à la lecture de quelques unes de ses Kroniks ( Les kroniks de KPOK ) je ne pense pas.

C'est un gars qui a un boulot fixe (dans un grand entrepôt) et qui écrit des piges pour certaines publications de temps à autre depuis presque une 20taine d'année. Il n'a pas une carrière de consultant ou d'expert moto dans les médias et n'évolue pas dans le mondes des courses et pilotes motos. 

Bonne journée, au frais  sunny  

Lolo Cochet dans ses oeuvres d'essayeur moto:
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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Message  fiblan Ven 22 Juil 2022 - 18:17

Cela restera donc une énigme !

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part II.

Message  g2loq Mar 26 Juil 2022 - 8:31

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 365723366
Suite de:
Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part I.

Une Transpyrennéenne à l'arrache - La Katoche

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes

Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrennées. Nos motos n'ont rien à voir, nous ne conduisons pas pareil et pourtant... Pourtant la route nous rapproche, une fois de plus. Une fois de plus nous vérifions l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Transp11
Une Transpyrennéenne à l'arrache : la Katoche (c) photo : Tobias Aeppli

Commençons par l'essence de la moto : le gromono. Un art créé par les Européens, poli par les Anglais et les Italiens, puis repris et perfectionné par les Japonais. Aujourd'hui, les gromonos sont plus rares, à l'image de la KTM 690 2018, dernier millésime avant le passage au bi.

Il n'a pas trop de bol, Ahmed. Marié à dix-huit ans à une fille qu'il n'avait pas choisie et qui en aimait un autre. Ça se faisait, à l'époque -peut-être que ça se fait encore aujourd'hui, je ne sais pas. Toujours est-il que ça fait vingt ans qu'elle lui fait une vie pas possible.

Pourtant, c'est un type en or : toujours aimable, jamais un mot plus haut que l'autre, le coeur sur la main. Une vraie crème. De temps en temps, il rouspète un peu, mais finit ses phrases par : "ah, c'est comme ça, c'est comme ça..." avec un petit geste de la main, comme s'il voulait chasser une mouche agaçante.

Je crois que sa seule joie, après ses deux filles, c'est sa KTM. Sa Katoche, c'est sa troisième fille, mais rien que pour lui.

Pour autant, il n'a aucun sens mécanique. Il sait la démarrer et mettre de l'essence quand il faut. C'est tout. Trip partiel ? Tension de chaîne ? Niveau d'huile ? Pression des pneus ? C'est du chinois pour lui. Ça le dépasse. Ahmed est peintre, pas mécano. Il arrive au Bouclard, l'air peiné : "j'ai un bruit bizarre". Et on remarque, consternés, sa chaîne complètement détendue qui claque contre le bras oscillant. On lui explique, mais c'est peine perdue : il n'y comprend rien. Lui, il veut juste que sa 690 roule. Le reste, il s'en fout. Une bonne âme lui arrange le coup et il repart, jusqu'au prochain "bruit bizarre" entre deux révisions.

Comme il n'a pas trop de sous, il a emprunté son matériel de camping à la famille. Le jour du départ, il est ainsi arrivé avec un vieux modèle de tente automatique Décatruc accrochée dans le dos par des sangles. Ce disque vert foncé lui donne un air de tortue ninja qui s'habillerait aux Puces. On s'est regardé, Éric, Pierre et moi, puis je suis retourné dare-dare à la maison lui prendre ma guitoune de secours.

Au moins, n'a-t-il pas lésiné sur le sac de couchage : de sa vie au bled, il sait que les nuits en montagne peuvent être très fraîches, même en juillet.

En guise de valise, Ahmed fait au plus économique : deux sacs à gravats de 100 litres en plastique épais et des sangles. C'est pas glamour, mais ça fonctionne tout pareil qu'une paire de valbondes à 200 balles.

Il a fait fabriquer par son beau-frère soudeur un gadget que je trouve ingénieux. Les cale-pieds passagers sont remplacés par deux anneaux métalliques de forte section de six centimètres de diamètre environ soudés entre eux en forme de 8, accompagnés d'une attache façon "double D" de casque. Il vient passer ses sangles dans les deux anneaux puis serre le tout avec le double D. Je n'ai jamais vu ça ailleurs et je trouve ça foutrement pratique.

D18 entre Saint-Jean-le-Vieux et Iraty. Ça commence peinard : une jolie départementale bien roulante avec la promesse des montagnes à droite. Et puis humpf ! Premier lacet à droite sans prévenir. La Katoche me met instantanément vingt mètres. J'avais des illusions sur la capacité du variateur à suivre le mono en montagne : raté. 35 kilos en trop, 40 chevaux en moins : je n'arriverai pas à suivre Ahmed. Tous mes espoirs reposent maintenant sur la R80 de Pierre. Sinon, ça sera moi la tortue.

Je savais que la Duke était une super bécane. Mais là, devant moi sur cette départementale tire-bouchon, il n'y a rien à dire. Pourtant, Ahmed est un motard lambda comme moi. Il reste droit sur sa machine, qu'il conduit comme un roadster allégé. Quand il m'a dit qu'il restait régulièrement sous les quatre litres au cent en roulant normalement, ça a achevé de m'intéresser.

A peine plus lourde qu'une grosse 125, confortable et assez basse de selle, avec une autonomie de 300 bornes sans forcer, il n'y a que son côté on/off qui peut rebuter en ville, les chiffres du compteur trop petits pour mes yeux et le côté bricole dès qu'on veut emporter quelque chose qui me retient.

Les gromonos, c'est aujourd'hui encore plus qu'hier des motos pour faire le zazou sans (trop) risquer de se faire foudroyer son permis. J'adore.

Demain (la semaine prochaine, pour toi), c'est Eric qui roule devant. Il a prévu une très longue journée avec toutefois un itinéraire bis à partir du milieu si on en a trop marre. Pierre et moi ne faisons pas trop les fiers : il a la plus lourde, j'ai la moins puissante ; faudrait pas que les deux autres s'imaginent en répétition pour le Tourist Trophy sinon ça va mal finir !

Suite la semaine prochaine.

Plus d'infos sur les chroniques
Précédemment - lire : Une Transpyrennéenne à l'arrache : épisode 1

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part III.

Message  g2loq Mer 3 Aoû 2022 - 18:47

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Suite de:
Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part II

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par Koud'Pied o'Kick

Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes
Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrénées. Nos motos n'ont rien à voir, nous ne conduisons pas pareil et pourtant... Pourtant la route nous rapproche, une fois de plus. Une fois de plus nous vérifions l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

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Une Transpyrennéenne à l'arrache : la Ténéré (c) photo : Quang Nguyen Vinh

La Ténéré 700 nouvelle mouture est un retour en arrière bienvenu face aux gros trails qui ne tiennent sur terre que grâce à l'électronique. Plus légère, moins puissante, je l'imagine en V-Strom teigneuse ou en Transalp plus aérienne sur les pistes quitte à être moins bien sur route.

Je me suis pourtant fait avoir comme un bleu avec sa bécane. Je l'ai essayée sur un bout de parcours ; j'en suis descendu en déclarant :

- Vache ! C'est bizarre pour un mono : tout en haut, bof en bas. C'est normal ?

Éric a eu divers mouvements de sourcils, se demandant sans doute si je me moquais de lui :

- Heuh... C'est un twin. Le twin de la MT.

Moi :

- ...

Plom plom plom.

Je n'apprécie cependant pas le moteur qui me donne l'impression de tourner sans huile tant son bruit est sec. Je n'ai pas encore décidé si j'aime ou déteste le twin injecté : mon expérience me fait attraper l'embrayage aux environs de 2.500 tours. Évoluer à trente à l'heure en quatrième me fait redouter le pire pour l'embiellage -alors que ça passe. Enfin, le tableau de bord à vitre plate entraîne des reflets agaçants et les caractères (à part la vitesse) sont trop petits pour mes yeux en roulant. En bref, je n'ai pas l'usage de la Ténéré et sa transmission magique ; une Tracer m'irait mieux.

Éric et moi nous retrouvons cependant au chapitre camping. Je suis le seul de notre petit groupe à ne pas répondre "gné ?" quand il se demandait avant de partir s'il valait mieux qu'il emporte sa MSR ou sa Lanshan Pro. Nous sommes lui comme moi tentés par l'idéal de la bâche épaisse qui permet de s'abriter dans tous les cas de figure rencontrés pourvu que l'on connaisse quelques manières de la plier afin d'obtenir un simple auvent, un abri ou une tente fermée.

Nous sommes d'accord sur ce point jusqu'au moment où nous évoquons la Deuxième Plaie du campeur, juste après la pluie : les moustiques. Donc il prend la MSR. C'est du bon matos à pas mal cher, un peu à l'image de sa Ténéré qu'il aurait pu troquer contre une 660 XTZ sans renoncer à grand-chose vu son niveau en tout terrain. Souvent, l'aventure, c'est dans la tête.

Nous montrons à Ahmed et Pierre une manière plus confortable de camper : nous érigeons un auvent au-dessus de nos tentes respectives pour servir d'abside XXL. Éric a apporté deux sièges à poser à même le sol dont le dossier est relié à l'assise par deux sangles. Pour ceux qui comme moi ne peuvent pas s'asseoir en tailleur sans avoir mal aux jambes et aux fesses en moins d'une minute, le pliant est un pur bonheur.

Pour ma part, je fais confiance au siège bas à armature articulée de chez Décatruc. Faut pas faire le zazou dessus sous peine de basculer ou de péter les tubes, mais après sept heures de route c'est le Nirvana de pouvoir disposer d'un siège à dossier.

Pierre, fidèle à lui-même, a simplement démonté sa selle, posée au sol sur un bout de mousse pour ne pas abîmer les rebords du skaï. Lui peut parce qu'elle est plate et tient avec deux goupilles.

À moto, le poids importe moins que le volume. Donc j'ai emporté mon gros matelas plutôt que le tout fin tout léger que j'emploie à bicyclette. Éric m'a convaincu voici deux ans de prendre un vrai oreiller plutôt que de glisser sous ma tête un sac de linge. C'est fou comme on dort mieux ainsi : matelas épais et vrai oreiller.

Nous avons trop roulé, hier. À la fin, nous en avions tous marre des virages. Ce matin, c'est moi qui mène le groupe vers une nouvelle destination-mystère. Seulement deux heures trente de route et 120 bornes. J'ai décidé d'aller à Oô. Oui, ça existe, Oô. Le village n'a rien de particulier, coincé entre deux petits pics. Nous prenons la D76 en direction du lac d'Oô, parce que ça m'amuse après le camping Coulédous. Le lac d'Oô. Le lac d'eau. Non ? Toujours pas ?

Nous laissons les bécanes sur le parking de la dernière auberge avant le bout du monde. C'est parti pour une grosse heure de marche facile pour rejoindre le lac -toujours emporter une paire de chaussures confortables en plus des bottes. Nous croisons peu de monde et c'est tant mieux : je déteste les promeneurs bavards. Nous sortons de la forêt, franchissons le petit pont (sur l'Oô : hu hu) et atteignons le refuge, face au lac. Nous nous arrêtons.

- Ah ouais, fais Éric.

- Ah ouais, répond Pierre.

- Ouais... ouais... ouais... achève Ahmed en opinant du bonnet.

Vas-y, toi aussi et tu verras.

Demain (la semaine prochaine pour toi) c'est Pierre qui va nous emmener dans un endroit dont il ne nous a rien dit. Connaissant le phénomène, je m'attends à aller visiter un élevage de poulpes arboricoles avant de passer la nuit à flanc de falaise grâce à des cordes qu'on aurait tissées à la main, ou un truc dans le genre.

Plus d'infos sur les chroniques
Précédemment - lire : Une Transpyrenéenne à l'arrache : épisode 1
Précédemment - lire : Une Transpyrenéenne à l'arrache : épisode 2

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Message  Didou57 Mer 3 Aoû 2022 - 19:03

Perso je suis content de lire cette "aventure" car il n'y a pas de selfies, pas de photos, ça laisse toute la place à l'imaginaire et oblige à chercher de soi-même les routes et les lieux.

_________________
A bientôt !

"Aides toi, le ciel t'aidera"

"Qui veut aller loin ménage sa monture." .............. Roulez prudemment !

Le Père Noël a lu vos publications toute l'année. La plupart d'entre vous recevront un dictionnaire.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part IV.

Message  g2loq Mer 3 Aoû 2022 - 19:05

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Suite de:
Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part III

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par Koud'Pied o'Kick | 02.08.2022

Une Transpyrénéenne à l'arrache : la BM

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes
Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrennées. 

Nos motos n'ont rien à voir, nous ne conduisons pas pareil et pourtant... 
Pourtant la route nous rapproche, une fois de plus. Une fois de plus nous vérifions l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

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Une Transpyrennéenne à l'arrache : la BM (c) photo : Xue Guangjian

BMW. La BMW. J'ai besoin de préciser laquelle ? Vraiment ? Le flat deux soupapes à air, c'est la pyramide de Khéops du deux roues. Un truc à voir, à essayer, malgré le temps qui passe et qui ne fait rien à l'affaire. Pourtant, certains ne jurent encore que par lui quand il s'agit de retrouver des sensations de conduites d'une autre époque tout en restant d'actualité sur route.

Pierre est né avec quarante ans de retard. Il est resté bloqué vers la fin des années 80, dix ans avant son premier anniversaire. Son rêve ? Travailler sur d'antiques systèmes bancaires en Cobol ; à la rigueur sur AS/400, mais rien de plus moderne.

Je ne te surprends pas, donc, en t'indiquant qu'après deux PX 125 il s'est offert sa première Béhème, une R45 en bien plus mauvais état que ne l'affirmait le précédent propriétaire. Quand il est arrivé au Bouclard, la mine déconfite, c'était trop tard pour sauver le couple conique arrière, bouffé par un jeu entre dents fait par un amateur mal outillé.

C'est donc rayonnant et enthousiaste qu'il a déboulé fin mai avec sa dernière acquisition : une R80 RT bleu foncé à coque arrière de Mystic, bidouillée de partout, certes, mais par un proprio sérieux et connaisseur. En m'approchant, je remarque une foule de petits détails qui trahissent la bécane de routard expérimenté : la deuxième barre d'étai entre les supports de sacoches et les goussets de renfort soudés ; des tampons anti-vibration entre le carnage et le réservoir ; deux prises 12V dans le vide-poche et ainsi de suite.

Avec "seulement" 4.000 kilomètres pour ceux qui savent lire les compteurs d'époque, elle est très propre et entretenue avec soin depuis sa sortie d'usine en 1995.

Le Bouclard étant le Bouclard, ça a chambré d'emblée avec cette pique que je trouve savoureuse : on couperait le cardan de sa R, on pourrait déterminer son millésime grâce à ses anneaux de croissance (comme pour les arbres). Hu hu.

Pierre est un personnage tout à fait fascinant : il confectionne la plupart de ses vêtements lui-même, à la machine à coudre ; il habite une caravane enfermée dans une cabane dont il a façonné et cuit à la main les 144 tuiles qui forment le toit. En ce moment, il apprend la cordonnerie parce qu'il a envie de se faire des bottes de moto sur mesure. Wow.

Après la boucle d'hier autour de Larressore pour se mettre en jambe, nous serpentons en direction d'Aulus-les-Bains où Éric a repéré un camping qui s'appelle Coulédous, ce qui nous a fait beaucoup rire. Par l'autoroute, il y en aurait eu pour trois heures. Nous en avons mis plus du double : en montagne, c'est déjà beau de tenir le 60 de moyenne.

Il est midi. Nous nous arrêtons dans une de ces infâmes villes à touristes dont les rues sont une succession de restaurants, de galeries "d'art" et de boutiques de fringues à très cher parce qu'il y a deux bouts de bois mort dans la vitrine. Vite ! Filons !

Dans le sinueux, la Béhème joue de ses pneus fins (120 à l'arrière) pour se balancer sans effort d'un angle à l'autre, d'autant plus que la RT a un guidon large. À l'inverse de la Duke, j'arrive aisément à suivre Pierre : il a plus de couple, mais sa boîte lente fait que je reste derrière lui sans forcer. En cravachant un peu, je pense que j'arriverais à passer devant et à y rester.

J'avais très envie d'essayer la R, pour retrouver les sensations du châssis au maniement si particulier, le moteur "à l'ancienne" aux vibrations caractéristiques, avec une poignée de gaz qui semble reliée directement à la roue arrière sans l'élasticité d'une transmission par chaîne et la chaleur du moteur qui remonte sous le casque dès que l'on s'arrête (un truc que les scooteristes ignorent). J'ai été fort gêné par les reflets parasites dans le grand pare-brise et les freins sont vraiment d'un autre âge, même comparés à ceux de Lapin-Lap1.

Je me dis que pour parfaire sa culture motarde, on devrait essayer un flat béhème, un twin Moto Guzzi, un petit deux soupapes Ducati et un 1200 Evolution. Ils font tous aux environs de 50 chevaux, mais les sensations sont tout à fait différentes.

La tente de Pierre est à l'image de sa moto : un modèle peu courant de tente-tunnel basse en coton huilé qui tient en place grâce à deux arceaux en demi-cercle et une longue faîtière tubulaire. Une fois roulée, elle forme un boudin épais et lourd qu'il vient poser en travers de la selle passager. Elle déborde largement sur les deux Krauser latérales. Seul avantage : c'est monté en quarante secondes et replié en une minute en laissant dedans matelas et sac de couchage si besoin.

Il est encore tôt dans la saison : le camping est à moitié vide. Nous avons béquillé les motos selon un grand carré et installé nos abris respectifs au milieu. Ahmed est surpris par la toile occultante de ma tente de prêt : même en plein soleil, il y fait très sombre ; en contrepartie, on n'y voit rien sans lampe de poche une fois la porte fermée et pour se réveiller le matin il ne faudra pas compter sur le soleil.

Nous pensions passer une soirée à bavarder, mais je suis cuit après 300 bornes de virages. En m'endormant, j'ai encore l'impression de tanguer d'une courbe à l'autre.

Demain (la semaine prochaine pour toi), on roule moins. C'est moi qui vais ouvrir la route et j'ai choisi de faire un peu de tourisme à pied, pour changer. Si ma proposition a été accueillie avec des moues dubitatives quand j'en ai parlé avant-hier, après la rude journée que nous venons de passer, j'ai l'impression d'avoir convaincu tout le monde.

Plus d'infos sur les chroniques
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : épisode 1
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Katoche, épisode 2
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré, épisode 3

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part V.

Message  g2loq Mar 16 Aoû 2022 - 8:07

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Suite de:
Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part IV.

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par Koud'Pied o'Kick | 16.08.2022 à 07:30

Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Voge

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes
Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrennées. 

Nos motos n'ont rien à voir, nous ne conduisons pas pareil et pourtant... 
Pourtant la route nous rapproche, une fois de plus. Une fois de plus nous vérifions l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

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Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Voge (c) photo : Jeremy Bishop

As-tu remarqué comme de nouvelles marques de motos fleurissent depuis une grosse dizaine d'années ?
Progressivement, nous sommes passés de 125 à moteurs clonés dont le seul point fort était le prix de vente à de très sérieuses concurrentes pour des marques établies. Combien de temps faut-il pour faire une réputation ou pour sortir de sa niche, à la KTM ? Quinze ans ?

Andréa est venue se greffer à notre groupe... à l'arrache, comme la Transpy'. C'est la fille aînée de l'oncle d'Éric. La vingtaine à peine entamée, elle est toute en longueur et pas bien épaisse. Mais, c'est une fonceuse doublée d'une tête de mule : pompier volontaire, secouriste en montagne bénévole, elle voudrait passer son brevet d'hélico et faire un tour du monde à la voile. Pierre et elle se sont tout de suite entendus à merveille. À cent à l'heure toute la journée, j'ai du mal à suivre.

Aujourd'hui, c'est Pierre qui nous emmène jusqu'à sa destination-mystère. 
Je pensais initialement à un coup de montgolfière ou de planeur, vu comme il s'inquiétait de la météo. Je me trompais du tout au tout.

Nous faisons un crochet par la banlieue de Tarbes récupérer Andréa. Nous n'avons même pas à couper les moteurs : elle est au rendez-vous. Nous faisons demi-tour en direction de l'est et raccrochons la D618 après Ore. Un joli petit bout de route, même si nous traversons un paquet de villages. J'ai pris la roue de la Béhème, suivi d'Ahmed. Éric ferme la marche derrière la CB 500 X d'Andréa.

Pierre hésite. C'est drôle comme on arrive à lire l'indécision à la manière de conduire. Puis il hoche la tête et prend à droite sur une départementale étroite. Au bout de trois kilomètres, il fait signe de ralentir à l'approche d'un groupe de bâtiments blancs. Parking. Quelques voitures. Nous nous garons.

C'est là que je me suis aperçu de mon erreur : Andréa ne roule pas sur une CB, mais sur une... Voge ? C'est la première fois que j'en vois une en vrai. 
De loin, ça ressemble fichtrement à une CB X avec des barres de moto-école. Je suis sauvé par Éric qui pose la question qui me vient naturellement :

- Mais pourquoi as-tu pris ça plutôt qu'une CB ?

À voir la tête d'Andréa, ce n'est pas la première fois qu'on l'interroge ainsi :

- Parce qu'elle était plus de mille euros moins cher, répond-elle un brin agacée.

Je la comprends : moi aussi, ça me gonfle qu'on me demande pourquoi je me suis trompé de moto; surtout quand ça vient de personnes qui n'ont jamais roulé avec.

Elle tapote sa selle :

- Et puis d'origine, elle tire plus court que la Honda. Avec les routes qu'on a ici, c'est top.

Sa réponse me fait sourire : c'est bien la fille de son père, à regarder aussi la démul' finale pour faire son choix.

Son gros top-case est bienvenu : Éric et Ahmed y rangent leur casque. Pierre nous enjoint de garder nos blousons.

Nous nous livrons à l'un des passe-temps du vacancier : faire la queue devant une caisse. En déchiffrant les écriteaux, je fronce un peu le nez : Rivière souterraine de Labouiche.

Nous nous engageons sur un long sentier qui file en contrebas de la route. Des marches. Nous arrivons à un embarcadère sous terre. Les barques sont de métal mat. Pas de rames, pas de moteur : c'est notre guide qui tire à force des bras sur une eau sombre qui ne m'inspire pas confiance.

Andréa est ravie de nous faire découvrir la rivière : c'est elle qui a suggéré l'idée à Pierre. Elle me souffle, à la dérobade, que cela reste un "truc pour touristes" : pas de passage de siphon à la bouteille, pas de ligne de vie à bichonner, pas même un casque à porter. Parce que bien sûr elle a déjà fait de la "vraie" spéléo.

J'écoute d'une oreille distraite ce qu'explique notre guide, dont les différentes étapes de l'exploration puis de l'aménagement de la grotte. L'eau est glacée. Je suis sûr qu'il y a des bestioles infâmes et gluantes qui y rôdent. Les grottes, je supporte, mais ce n'est pas mon délire.

Ouf ! Nous revoici dehors. Il fait chaud. Je respire. Nous remontons au parking. Pas gêné, Éric saute sur la 500 DS et commence à tripoter les commandes. Andréa laisse faire. Je la soupçonne d'avoir envie de faire un tour de Ténéré.

- Tu as les clefs ? demande Éric.

Andréa s'approche, mais tend l'autre main d'un geste explicite. Éric hésite un pouième de seconde -ou est-ce mon imagination ? Toute contente, elle trottine jusqu'à la Yam' et lance la jambe par-dessus la selle. Avec les bagages, elle s'y prend à deux fois pour redresser la bécane de la latérale. Elle démarre le moteur et vient se coller à la Béhème, prête à partir. Ahmed me fait signe qu'il va fermer la marche.

À Saint-Girons, où nous nous arrêtons pour ravitailler, je rigole en entendant ces deux-là résumer leur expérience :

- Ça pousse, s'écrie Andréa, visiblement ravie.

- Ça vibre, fait Éric, un peu dépité.

- Oui, j'ai lu que c'était les pare-carters. Il faut les virer et après ça va mieux, lui explique la propriétaire.

Éric lui tend ses clefs. Là, sans erreur, c'est Andréa qui a un temps d'hésitation.

- Je te la repasse demain, assure-t-il néanmoins.

Demain, donc (la semaine prochaine pour toi), c'est Andréa qui va nous proposer son propre itinéraire. Elle a son permis depuis peu, pourtant je la soupçonne de très bien connaître le coin, donc je m'attends à finir de râper le peu de bandes de peur qui subsiste sur les pneus de Lapin-Lap1, la meilleure moto au monde pour partir en camping.

Plus d'infos sur les chroniques
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : épisode 1
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Katoche, épisode 2
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré, épisode 3
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré, épisode 4

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part VI.

Message  g2loq Mar 23 Aoû 2022 - 11:27

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Suite de: Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part V.

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par Koud'Pied o'Kick | 23.08.2022

Une Transpyrénéenne à l'arrache : le scoot' quand tout va bien

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes
Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrennées. 

Nos motos n'ont rien à voir, nous ne conduisons pas pareil et pourtant... 
Pourtant la route nous rapproche, une fois de plus. Une fois de plus nous vérifions l'adage : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.

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Une Transpyrénéenne à l'arrache : le scooter quand tout va bien (c) photo : Bhupendra Singh

J'ai mis du temps à me rendre compte que la transmission automatique, c'est le pied. Pas de chaîne à graisser, pas d'embrayoire à doser, toujours sur le bon rapport, impossible de louper la deux ou d'envoyer le moteur au rupteur, impec' en ville, pas ridicule sur route...
Quand j'ajoute à ça les roues de 16 pouces et le plancher plat, je tiens la bécane ultime pour partir camper.

Je me suis offert au printemps un hamac "pont", comme disent les Anglo-saxons. Il pèse un peu lourd pour de la rando à pied (3,2 kilos pour l'ensemble hamac-matelas-moustiquaire-bâche), mais passe nickel à moto. 
L'intérêt ? Dormir comme dans un vrai lit, à plat, sur le côté ou sur le ventre.

Tout mon couchage tient sanglé sur le plancher du scooter, entre les jambes. Il me reste le coffre et le top-case pour loger le reste. Rien ne dépasse, à l'inverse du paquetage des autres.

Tous ces avantages ne m'ont cependant été d'aucune utilité cette après-midi-là.

Andréa vient nous retrouver à notre camping à neuf heures. Avant de nous mettre en route, elle s'est agenouillée pour regarder les gardes au sol de la Béhème et de la Lapin-Lap1, puis s'est relevée avec une petite moue :

- Ouaiiis... ça va aller.

Pierre et moi nous sommes regardés, vaguement inquiets. Elle va nous faire passer par où ?

Nous roulons un court moment vers l'ouest, puis prenons plein sud, vers les montagnes. Devant moi, Andréa conduit façon "stage de conduite sur route" : elle couche la moto, mais reste elle-même très droite pour voir loin en virage ; tout l'inverse du circuit, donc. Je la suis sans peine : nous avons bien gagné en fluidité sur ces trois jours. Sauf que...

- On va passer par là ? Sûr ?

Je considère d'un oeil très dubitatif la grimpette caillouteuse d'une quarantaine de mètres où elle nous a arrêtés. Pierre a béquillé et fait quelques pas sur le sentier, tâtant le sol du bout du pied. Lui non plus n'a pas l'air emballé.

- Si, si, ça passe. Juste après le virage, là, ça devient un chemin tout roulant, tout lisse, nous assure Andréa.

- Bah... Si ça t'arrête, je le monte, moi, ton scoot : ça ne m'inquiète pas du tout, m'assure Éric.

Il passe en premier. Avec des pneus mixtes, sa Ténéré avale la grimpette comme de rien. Au bout de quelques instants, il revient à pied nous faire signe du bras que ça passe. Ahmed s'engage à son tour. Il patine un peu de l'arrière, mais avale la pente sans peine.

Allez ! Ya bien des types qui font de l'enduro en Gex'...

Je m'engage doucement, en essayant de garder un régime moteur constant. Je dois rouler assis, forcément, donc j'ai sorti les pieds direct. Ça gigote de l'arrière. Je me concentre sur le train avant, en tâchant de ne pas me crisper sur le guidon. Je récupère du pied une petite embardée et poursuis l'ascension.

Ouf ! Après une dernière ornière transversale, je m'arrête sur un chemin effectivement très lisse. Je béquille et vais pour faire signe à Pierre que c'est faisable, mais il est déjà à mi-pente et avance tranquillement, debout sur les cale-pieds. Andréa le suit à quelques mètres. Nous nous regroupons.

- Allez ! On va là-haut, déclare la locale de l'étape en pointant du doigt la falaise qui domine, au loin.

Bon... ben... Allons-y, puisqu'il semble que j'ai un scooter de trial.

À vingt-cinq à l'heure, je roule même si je me traîne. Éric, loin devant, fait des allers-retours pour profiter de sa machine. Nous nous arrêtons plusieurs fois en route. Nous avons tous lâché les blousons : il fait trop chaud.

Il est un peu plus de midi quand nous débouchons sur le plateau. Le paysage est splendide malgré la brume de chaleur. Nous béquillons à l'aide de pierres plates et sortons nos sandouiches...

... que nous rangeons presque aussi vite.

- C'est pas l'orage, qu'on entend ? demande Ahmed.

Andréa se retourne vers le sommet derrière nous. Elle fronce les sourcils.

- Hmmmm... ouais, ça se gâte.

Elle jette un oeil à Lapin-Lap1 et plisse les yeux.

- Je pense qu'on doit redescendre. Il ne faudrait pas qu'on se fasse coincer par une grosse averse.

- Je suis d'accord : il ne s'appelle pas Lapin-Alp1, fais-je.

Nous remontons en selle et faisons demi-tour.

Mais c'est peine perdue : le ciel s'assombrit très vite et des bourrasques nous agitent. Nous sommes à mi-chemin quand les premières grosses gouttes tombent ; des éclairs dans la plaine ; un gros rideau de pluie approche.

On va s'en prendre une bonne sur le groin.

Tout de suite (mais la semaine prochaine pour toi), je vais découvrir, à ma grande surprise, que le scooter n'est peut-être pas le véhicule ultime pour rouler dans la gadoue en montagne. Mais la Ténéré non plus, étrangement.

Plus d'infos sur les chroniques
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : épisode 1
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Katoche, épisode 2
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré, épisode 3
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Ténéré, épisode 4
Précédemment - lire : Une Transpyrénéenne à l'arrache : la Voge

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part VII.

Message  g2loq Mar 30 Aoû 2022 - 21:50

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Suite de: Une Transpyrennéenne à l'arrache - Part VI

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par Koud'Pied o'Kick | 30.08.2022

Une Transpyrénéenne à l'arrache : le scoot quand tout va mal

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes
Le feuilleton de l'été à suivre chaque semaine sur le Repaire

Cinq motos, cinq motards, cinq jours de virolos et autant d'approches différentes d'une même destination : les Pyrénées.

Mais, à vouloir tout faire avec n'importe quoi, nous voici à affronter un gros orage sur des pistes de montagne où nos lourdes motos en pneus de route et notamment mon scooter, sont bien à la ramasse.

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Une Transpyrénéenne à l'arrache : le scoot quand tout va mal (c) photo : Pepe Caspers

Nous nous sommes arrêtés deux minutes pour enfiler nos vêtements de pluie.

- Je ne pense pas qu'il y ait de réel danger : nous ne sommes pas très haut en altitude et je n'ai jamais entendu parler de torrents de boue ou de trucs comme ça dans le coin. Je le sais : c'est mon secteur de patrouille, nous rassure Andréa.

N'empêche. Éric se colle la première de la série : sur une plaque de pierre lisse et mouillée, en dévers, la Ténéré part de l'arrière et se vraque dans un grand raclement de ferraille et de plastique. Ahmed, qui roulait juste derrière lui, se fait surprendre et n'arrête la KTM qu'in extremis, à deux doigts d'emboutir la Yam'. Déséquilibré, il couche sa moto à son tour, mais parvient à ralentir assez la chute pour la poser sur ses sacs latéraux sans dommage.

Nous aidons Éric à remettre la Yam sur ses roues. Pare-mains râpé, sélecteur un peu tordu : il s'en tire bien. La Katoche n'a rien. Nous repartons. Je m'interroge un instant : peut-être est-ce parce qu'il pensait qu'il avait la plus adaptée à l'exercice qu'Éric y est allé trop fort ? Toujours est-il que les deux trails roulent plus prudemment qu'avant.

Il pleut tout à fait, maintenant. Sans frein moteur, je suis obligé de tout faire au disque arrière, heureusement puissant et dosable.

Je couche le scooter une première fois sans dommages dans l'herbe, après avoir dérapé sur un bout de bois. Trente mètres plus loin, rebelote : je tape la béquille centrale contre une grosse pierre que je n'ai pas pu éviter, ce qui me fait basculer vers une plaque d'herbe mouillée où je perds toute adhérence et refais tomber le scooter. 
J'en ai marre. Je râle. Cela fait une heure que je roule sur des œufs, à me demander à chaque instant si c'est l'avant qui va m'échapper ou l'arrière qui va m'entraîner.

- On s'arrête et on laisse passer la pluie ? suggère Pierre.

On se regarde. Il tombe des grêlons, maintenant.

- On tend deux toiles entre les bécanes, comme ça on sera un peu à l'abri ? propose Éric.

Andréa fait oui de la tête.

Éric et moi nous mettons au travail. En cinq minutes nous fixons deux bâches entre trois motos. Nous nous serrons sous ces abris de fortune. Il ne reste plus qu'à patienter. Nous ressortons les sandouiches : ça fait passer le temps. Des rigoles d'eau se forment entre nos bottes.

Attendre que la pluie cesse : une activité vieille comme le monde. J'imagine toujours l'australopithèque au seuil de sa caverne qui renifle l'air et se demande quand ça va finir.

Nous approchons de quatorze heures. Nous avons encore sept bonnes heures de jour devant nous, toutefois il ne faudrait pas que la pluie dure trop longtemps, puisqu'il faudrait que la piste sèche aussi un peu.

Un gros coup de vent fait durement claquer notre abri, dont la toile nous éclabousse. Cela fait une heure que nous sommes là, à attendre.

- Sinon, on répartit le gros de ton matos sur la mienne, celle d'Andréa et un peu sur celle d'Ahmed comme ça, ça te fait moins de poids, me suggère Éric.

- Quinze kilos de moins et le plancher à nouveau libre ? Mouais. Faut voir si c'est plus facile comme ça, dis-je.

- J'ai une araignée dans le top-case, donc je peux tout prendre sur la selle passager, indique Andréa.

- Moi, je ne peux plus rien caser, par contre, dit Ahmed.

- Si dans une demi-heure ça ne s'est pas calmé, on décharge ton scoot et on voit ce que ça donne, ok ? propose Éric.

Je fais un peu la tête : je n'aime pas être le boulet du groupe. Mais il faudra bien redescendre un jour pour retrouver le bitume, non ?

Comme si le ciel nous avait entendu, la pluie se calme vers ce moment-là. Au bout d'un quart d'heure, il n'y a plus que le tip-tip-tap des gouttes sur les feuilles des arbres. Nous émergeons de sous les toiles. J'ai mal aux fesses et je sens mon épaule gauche : j'ai tiré dessus pour amortir la chute du scooter, tout à l'heure.

Mon hamac est sanglé sur la Ténéré et le contenu de mon top-case fixé sur la selle de la Voge. Sans le ballant du top-case, le scooter est plus facile à emmener. Nous repartons timidement après avoir enfilé des casques et des gants humides : beurk.

J'essaye de rouler collé au guidon, au bout de la selle, en chargeant l'avant le plus possible pour compenser le poids naturellement sur l'arrière, un pied sur le plancher et l'autre sorti. De gros paquets de gadoue frottent dans le garde-boue avant.

Dernière épreuve : la grimpette du début. Je décide de couper le moteur et le contact pour désactiver l'ABS afin de tout faire roue arrière bloquée, dans les rigoles laissées par la pluie pour éviter la boue. C'est moche, je patauge, mais ça passe. Pierre fait de même quelques instants plus tard : roue arrière bloquée, il descend en pédalant.

Ouf ! Trois fois ouf ! Le bitume !

Plus JAMAIS je ne pose mes pneus dans de la gadoue. Le BI-TUME ! Ya qu'ça de vrai.

Je récupère mon barda.

- Bon ben... désolée, fait Andréa, la mine basse.

Je rigole :

- Mais non. L'aventure, c'est faire des trucs avec des bécanes pas du tout prévues pour ça. T'imagines pas comment je vais soûler tout le monde avec mes aventures héroïques de trial en scooter une fois rentré à la maison.

- C'était rigolo, ajoute Pierre en vérifiant que son paquetage n'a pas trop bougé. Et puis il n'y avait pas vraiment de danger. On en a juste un peu bavé, c'est tout, résume-t-il.

- P*tain... Je vais me faire ch... à nettoyer tout ça, moi, soupire Éric en regardant son moteur crotté jusqu'au couvre-culasse.

- Je rêve d'une douche et d'une nuit au sec, murmure Ahmed.

- On passe chez moi ? Vous pourrez squatter dans le salon cette nuit plutôt que d'aller au camping, suggère Andréa.

-Roule ! dis-je en pointant la route du doigt.

Nous remontons en selle. La chaussée fume sous les premiers rayons du soleil revenu. Ah ! Le bonheur de faire vingt mètres d'affilée sans serrer les fesses, sûr que l'avant tient et que l'arrière suit ! Les emmerdes font les petits plaisirs de l'aventure, dans le fond.

Le lendemain, après une nuit de camping dans le salon d'Andréa (Ahmed ronfle, finalement), nous prenons la route de Larressore pour récupérer le camion d'Éric, y charger nos machines bien crades et nos sacs de fringues sales qui sentent la chaussette. Eux rentrent par la route ; je préfère toujours le train : j'ai des trucs à t'écrire.

T'écrire : qu'importe le flacon, une fois de plus ; qu'on s'en fout si t'as un 50 ; qu'en Monkey aussi on peut faire le tour du Monde ; qu'il n'y a pas besoin de super matos tant que tu veilles à ne pas avoir froid la nuit ; que dans le Lot, le Jura, les Ardennes, dans les Causses, au pied des montagnes, partout où ça tournicote, ça vaut le coup d'aller poser tes roues. Seul ? Oui, bien sûr. Mais à plusieurs on découvre plus de trucs. Et on vit des aventures inattendues à raconter une fois rentré.

Je t'ai raconté la fois où on a fait une Transpyrénéenne à l'arrache avec cinq motos pendant cinq jours ?

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty "Ils" sont de retour

Message  g2loq Mar 6 Sep 2022 - 9:15

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"Ils" sont de retour

Pendant une vingtaine de jours bénis, j'ai pu me garer sans chercher

Déjà. Nous avons eu trois semaines plus calmes, mais c'est fini : "ils" sont de retour. Comme j'aime quand les rues sont vides.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Ils-so10
Ils sont de retour (c) photo : Michaël Meyer

Pendant une vingtaine de jours bénis, j'ai pu me garer sans chercher. A chaque fois, j'avais ma place préférée, celle où je n'ai pas à manoeuvrer à pied pour loger la bécane entre les poteaux : je rentre tout droit, sors la béquille et hop ! C'est plié.

Puis le type à la Tracer 900 qui ne répond jamais quand je lui fais coucou est rentré. Puis la gamine avec son Vespa 50 qui abandonne son casque sur le plancher, accroché à même l'antivol. Puis la Tiger 1200 -tiens, ya un cardan, là-dessus ? J'avais jamais fait gaffe.

Pendant trois semaines, il n'y avait plus la queue nulle part, sinon dans les coins à touristes où je ne vais jamais. Il n'y avait pas un chat aux caisses du Monop', pas d'attroupement au rayon bédé à la librairie et personne à la boulangerie quand j'estime que j'ai mérité un pain au chocolat -comme quand je sors trois Kroniks d'un coup pour permettre à David de partir dans une île paradisiaque essayer une moto de rêve (dur métier, tout de même).

La sourde rumeur des rues commence plus tôt le matin et ne se calme que tard dans la nuit. Les neuneus en T-Max vrombissent de nouveau sur le boulevard -ils ne m'avaient pas manqué ; le jour où l'usine Akrapopouët disparaît, avalée par un Kaï-Ju jailli des enfers, je vais probablement en faire pipi de joie.

Le samedi, il ne sera plus possible de prendre un café peinard sur le pas de la porte de mon concessionnaire chéri : nous serons à nouveau dérangés par les fâcheux qui veulent juste qu'on leur dise "oui, vous avez raison".

Quand je roulais en ville, c'était presque comme un dimanche matin : personne au feu, pas de camionnettes de livraison garées en vrac, pas de relou pressé dans sa blaireaumobile qui fait "blouk-blouk" du pot d'échappement. J'avais les avenues presque pour moi tout seul.

Petite consolation : pendant deux trop courtes semaines, j'aurai droit au coucher de soleil en sortant du boulot, quand je grimpe la colline et émerge au-dessus des toits de banlieue. Parfois je m'arrête et coupe le moteur pour prendre de l'or rose plein les yeux.

Puis ce sera déjà l'équinoxe, la lente descente vers la nuit, le stupide changement d'heure qui me fout un coup au moral à chaque fois, comme il annonce les matins de pluie froide, décembre-février, les gants mouillés et les courants d'air glacés dans le cou.

"Ils" sont de retour. En deux lundis c'est reparti comme avant. Les caisses dans tous les sens, les paumés et les pressés, les mômes et les vieux qui traversent n'importe où, les trottinettes et les livreurs de bouffe à contre-sens, les engueulades au carrefour parce que ça n'avance pas...

Comme je vais regretter la petite vingtaine de jours où il est agréable de rouler en ville.

Pour mon pote Didier, qui crèche pas loin du lac des Settons, c'est l'inverse : "ils" vont enfin repartir. Il n'y aura plus d'embouteillages à l'entrée du village, plus une queue interminable à la supérette, plus de camping-cars qui se traînent, plus de mômes qui roulent en scoot' en maillot de bain, plus de types garés comme des cochons en ville, plus de fiestas jusqu'à pas d'heure, plus de viande saoule qui beugle. Lui attend avec impatience qu'ils repartent ; moi je redoute le moment où ils reviennent.

Mais... J'y pense... Et si je faisais l'inverse ? Plutôt que d'attendre avec impatience la petite vingtaine de jours de calme où je peux rouler peinard en ville, peut-être devrais-je filer à la cambrousse où le capharnaüm se limite à six semaines, l'été ?

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty L'inatteignable route

Message  g2loq Mar 13 Sep 2022 - 9:45

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par Koud'Pied o'Kick | 13.09.2022

L'inatteignable route

A la recherche de la route cachée

Que découvrirais-je au bout de la piste ?

Parfois, je me surprends à chercher une route; que je ne trouve jamais. Comme si je roulais en quête d'un souvenir que j'ai peut-être imaginé. Que découvrirais-je au bout de la piste ?

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Inatte10
Kronik : l'inatteignable route (c) photo : The Lazy Artist Gallery

As-tu remarqué comme les routes s'emboîtent les unes dans les autres ?
Une route ouvre sur une route qui débouche sur une autre, indéfiniment. Rares sont celles achevées par un sentier qui meurt dans les herbes ou le sable.

C'est un rêve que j'ai fait parfois, dont je me souviens des détails : je somnole, assis dans le métro parisien, à regarder défiler le sombre tunnel. Soudain, pendant une fraction de seconde, nous passons devant l'ouverture d'une énorme caverne brillamment éclairée où j'aperçois une foule de choses indistinctes, comme l'envers du décor où s'affairent les machinistes du théâtre de la vie. Je sursaute, écarquille les yeux, mais tout a disparu.

Quand je roule longtemps à moto, un peu fatigué, j'entrevois du coin de l'œil des routes qui n'existent pas. Brusquement sorti de ma torpeur par cette vision, je scrute en vain dans les rétros : non, il n'y a pas d'embranchement derrière moi. Peut-être que les machinistes se sont aperçus de leur erreur et ont tiré à la hâte le rideau pour masquer cette bifurcation qui ne devrait pas être.

J'ai cette routine qui tourne dans la tête, malgré moi, en tâche de fond: la recherche de la route cachée.
Je ne sais pas d'où cela vient ; peut-être de quand j'étais tout enfant, lorsque les voyages constituaient un fabuleux mystère: un moment j'étais à un endroit, puis à un autre j'étais ailleurs, sans savoir comment.

Peut-être qu'un jour, profitant de l'inattention des machinistes, vais-je pouvoir m'engager sur ce tracé inatteignable, sans existence sur les cartes.

Je la vois comme la somme de toutes les routes, rassemblées sur un tronçon court, mais sans achèvement. Ce serait une Interstate, droit vers l'horizon, qui serpente entre les bas murets de pierre d'Irlande, dans une steppe d'Asie le long d'une plage du Pacifique sur les contreforts des Alpes, quelque part du côté du Cap Horn; le bitume, tout lisse, mais caillouteux, serait très noir, neuf, gris et usé comme en montagne, rouge latérite et blanc Macadam, avec de grandes flaques de boue, de l'herbe au centre et des vibreurs bleus et jaunes en guise de bordure, tondus à ras par les moutons; le ciel d'orage, sans un nuage, aurait ce bleu profond des couchers de soleil à l'aube, quand il se met à neiger sous la pluie.

À ce moment-là, je sais que j'aurai le sentiment de rentrer à la maison, que la route est sur le point de s'achever, que je vais béquiller, couper le moteur et dans le silence revenu enfin déposer le trop lourd sac à dos qui me pèse.

Je me dirai: c'est là. Je suis arrivé.

Dans un grand frisson, je comprendrai tout ce qui m'échappe depuis si longtemps, tout ce qui reste obstinément à la périphérie de mon regard, qui esquive aussi vite que je peux tourner la tête.

Ce serait comme enfin trouver, dans une bibliothèque, le livre qui a la solution toutes ces questions qui demeurent sans réponse malgré un demi-siècle sur Terre à chercher ce que je fais là.

Oui, oui. Il n'y a pas de réponse parce qu'il n'y a pas de question. Il n'y a aucun sens à la vie, aucun mystère à élucider, seulement quelque chose à vivre ; je suis les yeux par lesquels l'univers se regarde lui-même.

Mais quand même. Elle doit bien exister quelque part, cette route qui résume toutes les routes. Pour paraphraser Tchouang-Tseu (je crois), "le motard qui emprunte la Route des routes le matin peut arrêter la moto heureux, le soir".

Je me dis qu'à force de chercher, je vais la découvrir.

Et qu'arrivé au bout du chemin, je trouverai. Un grand miroir.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Les motos du turefu

Message  g2loq Mar 4 Oct 2022 - 9:20

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par Koud'Pied o'Kick | 04.10.2022

Les motos du turefu

Les motos modernes sont dangereuses et inconduisibles

Les motos modernes sont dangereuses et inconduisibles. Demande donc à ton petit-fils qui va passer son permis en octobre 2070. 
On faisait comment quand les motos ne freinaient pas toutes seules ?

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Les motos du turefu (c) photo : Mikhail Nilov

Prenons la production moto d'octobre 1970. Regarde les freins. Regarde les pneus. Regarde les suspensions. Toi aussi tu la sens mal, la remise des gaz en grand un jour de pluie dans ce virolo piégeux à la sortie de Rungis ?

Pourtant, à l'époque, c'était le top du top : pneus en bakélite de 120 à l'arrière, suspensions de 34mm de diamètre avec un peu d'huile dans le fond, frein à tambour double came -double came, mec ! Le tout prenait 165 à toc' et ça déposait tout, même les Citroën DS.

Tu as vu les combardes de l'époque ? Les gants en peau de zébi et le chandail tricoté de la grand-mère pour pas (trop) geler sur place ? Les combis de pluie en coton huilé et les bottes de caoutchouc ? Les casques... la vache... les casques... même à cheval on n'oserait plus porter des trucs pareil.

Et l'éclairage... Oh, misère... L'éclairage. Ma bicyclette actuelle éclaire mieux que le fin du fin de ce temps-là.

Et la maintenance ? Le moteur sur l'établi tous les 10.000 et tout le monde trouvait ça normal. Ça faisait partie des petits plaisirs d'antan : déposer le haut moteur pour un oui pour un non, entre potes, après un petit café-calva.

Mon grand-père avait toujours les mains fourrées dans sa Bima Peugeot pour qu'elle démarre au premier coup de pédale tous les matins pour faire les 40 bornes Combs-la-Ville - Choisy-le-Roi aller-retour, vu qu'il avait fait ça à bicyclette par tous les temps pendant douze ans et n'avait que peu goûté l'expérience.

J'imagine qu'il serait tout à fait perdu au milieu de nous qui ne savons même pas réaliser une opération aussi simple qu'un calage d'allumage ou un jeu aux soupapes.

Alors ton petit fils de 2070 ? Terrorisé à l'idée de faire la pression des pneus tout seul ? De retendre une chaîne sans ce fort pratique appareil de mesure d'alignement par laser dont la dernière version t'indique dans combien de jours il faudra la remplacer ? De mettre en route son moteur sans avoir déclaré à la préfecture où il va et combien de bornes il compte faire ?

Je soupçonne son sourire moqueur à la vue de nos pneus tout rikiki de 190 seulement, de nos machines sans suspensions actives avant-arrière, sans contrôle actif de l'équilibre, sans éclairage adaptatif, sans indicateur de dépassement de la consommation optimale.

- Certains roulaient même sans contrôle de traction : des maboules, ch'te dis !

Pour redescendre sur Terre, je pense souvent à mon grand-père. Le seul de sa fratrie à avoir appris à lire et à écrire parce qu'il avait été choisi pour être enfant de choeur. À la mine à douze ans. Sitôt marié, il avait pris deux mois de "vacances" pour construire avec ses frangins la maison de sa future famille -cette bicoque a été rasée récemment et ça m'a fait beaucoup de peine de l'apprendre.

Je me souviens bien d'un jour où, déboulant dans son atelier sur mes guibolles de huit ou neuf années, il m'avait montré, l'air mystérieux, un ressort qu'il venait de monter dans les entrailles de la Bima. Il m'avait alors expliqué qu'il avait vu la modif' sur le dernier modèle et s'était dépêché de rentrer pour fabriquer et monter la même pièce sur sa propre machine. Après quinze ans chez Renault Choisy-le-Roi, je mettrais ma main à couper que les cotes du ressort "maison" étaient exactes.

Alors la moto du turefu ? Avec des scellés sur le bloc moteur ? L'assurance qui saute si tu touches au firmware ? Un SMS de ton concessionnaire s'il détecte une ouverture inopinée de la selle passager ? Avec un QR code à la place de la plaque d'immatriculation pour avoir enfin la circulation alternée : un jour c'est pas ton tour et le lendemain non plus ?

Mouais.

Tu dois te dire que je noircis le tableau. Que c'est quand même bô le progrès. Que c'est pas mal d'avoir des bécanes qui font facile leurs 100.000 bornes sans que les pistons voient la lumière du jour. Que c'est mieux de sortir de ce virolo à Rungis sur la selle plutôt que le cul par terre.

Je me dis que si je jetais un oeil au catalogue Kawasuki d'octobre 2070, je ferais une drôle de tête :

- Pauvres mômes. Obligés de rouler sur ça.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Je suis passé à l'Ennemi

Message  g2loq Mar 11 Oct 2022 - 10:31

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par Koud'Pied o'Kick | 11.10.2022

Je suis passé à l'Ennemi

J'avoue. Je suis un traître. J'ai cédé à la facilité et au pragmatisme : je vais au taf' en trottinette électrique. 
En fait, c'est tout comme une moto.

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Je suis passé à l'Ennemi (c) photo : Brayden Law

Oui, oui. Je sais ce que tu vas dire : la trottinette, c'est mal. C'est juste bon pour les ados qui ont des produits bizarres dans les cheveux et les ongles fluo. Les trottinettes, ça fait n'importe quoi sur les trottoirs, c'est super dangereux et ça va entraîner la fin de la civilisation telle que nous la connaissons.

Ça y est ? Tu as fini ta petite crise BFM ? On peut causer, maintenant ?

Les points communs entre la trott' et la moto sont en effet fort nombreux. C'est casse-gueule. La période d'apprentissage est ponctuée de gamelles. Quand il pleut, on est mouillé. Quand il fait chaud, on sue parce que rouler en short-t-shirt c'est risquer les pizzas sur les mains, les genoux et les coudes. Les autres gens nous voient comme des emmerdeurs ou des fous dangereux. C'est lourd à déplacer. Il n'y a jamais assez de chevaux. L'antivol est obligatoire -tout comme l'assurance, maintenant. Faut apprendre à freiner sinon zwiip-paf. Faut pas mettre de gaz sur l'angle sur les bandes blanches quand il pleut sinon zwiiip-paf. Où qu'on roule, on n'est nulle part à notre place. Il ne faut jamais rouler sans gants coqués sur les paumes sinon paf le scaphoïde. Les rails de tram sont un piège mortel. Ça se gare n'importe où. Le premier réflexe après l'achat c'est de voir comment débrider le bouzin, parce que "stock", c'est mou et ça se traîne.

Tout comme une moto, ch'te dis.

En fait, c'est le Chappy moderne. Le Chappy ? Cette mini-moto très basse de selle à moteur deux-temps, vendu du milieu des années 70 à 1996. Le Dax de chez Yamaha. Le Chappy type 550, où on roulait à deux même si c'était interdit. Sans casque, sans gants. Volé à la moindre occasion. Conduit à l'époque soit par des ados qui se foutaient de tout (et qui aujourd'hui forment le gros du peloton des râleurs contre des trottinettes), soit par des adultes qui appréciaient son petit gabarit, son poids ridicule (80 kilos), son côté passe-partout et son faible coût d'utilisation. Plus cossu qu'un Ciao, plus logeable qu'un Monkey, moins prolo que la mob', plus mignon qu'une Suzuki ER 21, plus léger qu'un Bop... Le Chappy, quoi.

Mais revenons à la trott'. Après avoir bien regardé tout ce qui se fait sur le marché, pour faire les cinq bornes qui me séparent du taf' par à peu près tous les temps :

la moto est inutile, puisque le moteur n'a même pas le temps de chauffer ;
la bicyclette c'est bien, mais j'arrive un peu en sueur au boulot et chez nous les vestiaires sont mixtes ;
le VAE permet de limiter la transpiration, mais sous la pluie j'ai quand même les vêtements mouillés sous la combi ;
la gyroroue est un peu trop casse-gueule à mon goût et nécessite un réapprentissage complet ;
les draisiennes électriques ne sont pas homologuées à ce que j'ai compris ;
les skate-boards électriques... mouais.
Reste la trottinette, qui forme un peu le chaînon manquant entre la gyroroue et le VAE. Pas besoin de pédaler, pas de vitesses à passer, plus maniable qu'un vélo, ne serait-ce qu'à cause de l'empattement et de l'encombrement. Mais bien plus casse-gueule (faut jamais lâcher le guidon), très tape-cul, avec une capacité d'emport limitée au sac à dos, lourde quand il y a des marches à monter...

Pour aller au boulot même quand il pleut, la machine doit être étanche. Or, les certifications IPx sont rares : pas de Minimotors, pas de Xiaomi, pas toutes les Laoti, pas toutes les Nanrobot... En fait, le choix est assez simple : pour une urbaine pas trop chère (moins de 1.000 balles), pas trop lourde (moins de 20 kilos) et tous temps, j'ai remarqué quatre modèles : Ninebot G30, Inmotion L9, Kuickwheel S1-C et Navee N65.

Comme on est encore sur le Repaire des Motards et non pas sur le Repaire des Traîtres, je laisse de côté le détail des raisons qui m'ont fait retenir la G30. Si les Xiaomi sont les CB 500 des trot', imagine la G30 comme une MT-07. Plus grosse, plus pêchue même si elle reste bridée à 25 km/h, elle fait moins jouet que les Xiaomi qui traînent une réputation exécrable en matière de crevaisons à cause de leurs fragiles pneus à chambre. D'où les tubeless à gel de la Ninebot. Cette dernière dispose d'un chargeur intégré au châssis, donc j'emporte un simple câble électrique pour faire le plein en loucedé au boulot (le "plein" est à 8 centimes).

Le bilan après trois semaines ? C'est casse-gueule : j'ai pris ma première pelle en moins d'une semaine d'utilisation sur une déformation que je n'avais pas vu. Il faut donc toujours rouler au minimum avec des gants de piste coqués aux poignets. Cet hiver, je porterai mon blouson de moto avec ses protec'. Il faut très bien connaître son parcours : un trou, une bosse, une bordure de trottoir mal négociée et tu finis de freiner sur les incisives. Il faut ajouter une loupiotte sur le casque ou le sac à dos pour être vu de l'arrière : le feu d'origine est trop bas. Le phare avant ne suffit pas de nuit en ville. Tu peux bidouiller le logiciel pour corriger une certaine mollesse à la remise des gaz, mais 25 km/h c'est déjà bien suffisant avec les petits pneus et sans suspensions. Put...n, ça secoue jusque dans les molaires quand le bitume est fripé -faut dire que je suis gonflé à 4 bars.

Enfin, le plus important avec ce genre d'engins reste le parcours : oublie direct si tu dois cohabiter avec les piétons (paraît que c'est interdit, en plus) ou, pire, avec les voitures. Sur mes cinq bornes de trajet, je dois faire environ 300 mètres sur la route. Tout le reste du parcours se fait sur piste cyclable : un vrai soulagement.

Si tu songes à la trot', au VAE ou à la gyroroue pour tes petits déplacements, fais-toi une faveur : étudie d'abord avec soin par où tu vas passer, quitte à faire un détour. C'est le paramètre le plus important si tu ne veux pas finir encastré dans une calandre.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Le Club des Vieux Râleurs recrute

Message  g2loq Mar 25 Oct 2022 - 11:08

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par Koud'Pied o'Kick | 25.10.2022

Le Club des Vieux Râleurs recrute

Tu viens ? On recrute sur dossier

Tu as sûrement en stock un motif de râlerie tout à fait intéressant qu'il te tarde de partager avec un auditoire attentif.

Tu viens ? On recrute sur dossier : tu as sûrement en stock un motif de râlerie tout à fait intéressant qu'il te tarde de partager avec un auditoire attentif

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Le Club des Vieux Râleurs recrute (c) photo : Gratisography

Tu viens, alors ?

Comment ça : "non" ?

Parce que tu t'imagines avoir le choix ?

Non, non, non, petit père.

Allez, dépêche : la xième manche du Championnat du Contribuable Indigné commence. Faut pas louper ça.

En stock, on a de quoi tenir les soirées d'hiver des trente années qui viennent : les jeunes qui n'ont plus de valeurs, l'esprit motard qui fout l'camp, l'Etat qui nous prend pour des pigeons, les constructeurs qui font n'importe quoi, les radars et le stationnement, les motos d'avant c'était mieux, les jeunes d'aujourd'hui qui ne savent plus rien faire, ya plus moyen d'rouler...

Sans compter la liste grandissante de nos exploits et aventures à moto, sujet pour le coup inépuisable puisque faisant appel, pour une large part, à notre imagination.

Au Club, les hypocondriaques toutes options et les inlassables débusqueurs de petites bêtes peuvent enfin se lâcher et mettre du gros gaz. Il y aura toujours une oreille attentive et plusieurs adhérents pour opiner du chef à leur diatribe.

Nous tolérons les mômes -il y a de futurs râleurs de calibre international chez eux- mais soyons honnête : nous préférons recruter à partir de la quarantaine, ne serait-ce que par le type de lieux que nous fréquentons. Moins Café des Sports et plus Relais de la Reine Glaviot, si tu vois ce que je veux dire. La barquette merguez-frites on tolère, comme une madeleine de Proust qui se dégusterait en bord de piste assis sur un tas de pneus dans le boucan des qualifs', mais faut bien admettre qu'au Club, on préfère la catégorie au-dessus. Avec l'âge, on préfère péter dans du coton bio d'Égypte que sur le skaï des chaises de comptoir ; penser ici à râler après l'envolée des prix au restaurant / faire une remarque sur leurs difficultés à recruter par les temps qu'on vit / enchaîner direct sur les jeunes qui sont plus bons à rien, etc.

C'est un peu comme les poignées ou les selles chauffantes. Insidieusement, ces options sont devenues un critère de choix. La bulle reste en position haute. Ce n'est plus par prudence que l'on s'y prend à deux fois pour jeter la jambe par-dessus la selle, selle qui par ailleurs a fait un petit séjour chez un sellier pour arranger un peu tout ça ; penser ici à pester contre les hauteurs de selle qui ne cessent d'augmenter et les sièges de moins en moins confortables / chez Béhème c'est en option alors pourquoi pas chez les autres, etc.

Je m'installe à leur table avec gourmandise. Nous ne sommes pas mercredi soir, mais ça y ressemble drôlement. À force, je connais le répertoire de chacun, le bouton rouge sur lequel appuyer pour les lancer.

C'est cruel de ma part ? Peut-être. Mais observe plutôt comme ils chérissent leur pétouille, comme ils cajolent leur réprobation.
C'était leur clef pour entrer au club ; sans, ils n'ont plus rien à dire. À la manière d'une pyramide humaine, l'un soutenant l'autre, ils forment un édifice social reposant sur un socle de colères et de peurs. Regarde comme le consensus est façonné progressivement, comme l'impensable d'hier devient l'évidence d'aujourd'hui.

Moi ? J'appartiens à l'élite du Club. La Loge des Râleurs après les Râleurs. Je traque le râle-petit, l'indigné mineur, le blâmeur frileux ou, à l'opposé, le tonitruant trompeteur de vérités universelles. Oui, oui, je sais bien l'ironie qu'il y a à râler après les râleurs ; tu m'as pris pour un râleur commun, ou quoi ?

J'ai l'air de me moquer, comme ça. Mais les vieux râleurs sont par ailleurs des personnes tout à fait sympathiques. L'autre jour, par exemple : j'étais en train d'expliquer le délicat travail qui consiste à produire une Kronik semaine après semaine et ce que cela signifie d'apprivoiser sa créativité. L'un d'eux, fort intéressé, m'a demandé si j'étais prêt à développer devant un auditoire attentif et bienveillant lors d'un dîner. J'ai tout de suite accepté.

C'est demain soir, mercredi

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Comme à Vincennes un vendredi soir

Message  g2loq Mar 1 Nov 2022 - 8:35

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par Koud'Pied o'Kick | 01.11.2022

Comme à Vincennes un vendredi soir

Au tournant du siècle, je passais mes vendredis soir sur l'Esplanade du château de Vincennes avec d'autres motards. 

Je retrouve la même ambiance ici, sur ce bout de place.

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Comme à Vincennes un vendredi soir (c) photo : Pixabay

Si tu n'y étais pas, il s'agissait du lieu de rendez-vous pour 20 (en février) à 600 (en juin) motards de la région parisienne. Nous passions de longues heures à battre la semelle, taillant le bout de gras avec les potes avant de décider d'aller boire un verre quelque part (chez Mickey, à Lognes, chez Untel, chez Machin) à une allure largement prohibée.

On causait moto, moto, gamelle, voiture, moto, bagnole, chute, moto, flics, voiture, moto, pluie, moto, neige, moto. Tu vois le truc ?

Je ne sais plus trop quand ni pourquoi j'ai cessé d'y aller. Peut-être l'arrivée des premiers bébés qui ont fixé certains couples. Peut-être les téléphones mobiles qui ont rendu désuet un lieu de rendez-vous commun puisque nous pouvions, en quelques SMS, savoir qui allait où -loin de rapprocher, les GSM ont creusé des fossés. Peut-être aussi que j'ai fini par en avoir marre de rouler comme un dératé pour suivre le groupe.

Étrangement, je retrouve ici la même ambiance, ce soir. Les minorités ont une tendance naturelle à faire bloc, qu'il s'agisse de motards ou d'autres.

À Vincennes, à l'époque, je regardais d'un oeil incrédule les motards de cinquante ans et plus, sur leurs motos de vieux, leurs Pan European, leurs Diversion 900, leurs K100, leurs 1200 FJR. Aujourd'hui, c'est moi le quinqua qui évolue au milieu de mômes qui hésitent un peu à me dire "tu".

Ça cause bécane, bécane et bécane. Voiture, chute, pluie, bécane, pneus, bécane, flics, gamelle, bécane. Mais aussi autonomie, ampérage, swap de batterie, firmware, soudure, Watt-heure, piétons, poussette, voiture, chiens et ainsi de suite.

Oui, je suis à un rendez-vous de trottinettes électriques. Tout comme à Vincennes, on se demande où on va aller en balade. Certains proposent des destinations lointaines. Ceux avec les "petites", qui tiennent à peine les 30 kilomètres avant que leurs batteries ne soient à plat, font la gueule -comme ceux en 125 quand on décidait d'aller chez Mickey par l'autoroute. Les "grosses" s'en foutent : elles tiennent 80 kilomètres facile.

Nous partons. À 'fond' : les 25 km/h légaux. Les "grosses" sont revenues en mode bridé pour rouler avec le groupe. Nous sommes une douzaine. Premier dimanche d'octobre : nous profitons d'un soleil qui se croit encore en été alors que l'air respire l'humidité de l'automne. Sous nos roues, les feuilles mortes trempées par les averses d'hier font "flouitch-flouitch". Heureusement qu'une G30 se nettoie plus facilement qu'une SV.

Comme à Vincennes, certains font des wheels -oui, oui, ça wheele, une trott'- et sautent les trottoirs en faisant des figures. J'ai fait pareil en roller, j'ai vu mes potes faire pareil en skate au Trocadéro. En quarante ans, finalement, rien n'a changé : il s'agit de faire le zazou pour se faire remarquer et d'enfreindre quelques interdits pour se donner l'air viril. Quand une société n'a plus de rite de passage, le groupe invente les siens.

Au troquet, arrivé à destination, ça cause bécane, bécane et bécane : c'est notre dénominateur commun. Comme avec la loi des 100 chevaux, la question du débridage revient souvent. Certains ne veulent pas en entendre parler et ont débridé dès l'achat. D'autres, comme moi, pensent que 25 km/h c'est déjà bien. L'assemblée compte deux bidouilleurs fous dont les trott' sont régulièrement démontées : en BTS d'électricité, ils ont changé tous les connecteurs et certains câbles qu'ils jugeaient de trop faible section, puis ont construit leur propre bloc de batteries à partir de cellules ; un peu comme le gars qui, à l'époque, dans son garage, changeait les arbres à cames de sa sportive '100 chevaux' pour des modèles venus d'Italie ou d'Allemagne après avoir complètement modifié la rampe de carbus. Rien n'a vraiment changé, ch'te dis.

Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait... le sentiment d'appartenir à un groupe partageant un centre d'intérêt commun -ouais, ouais, 'l'ivresse' c'est plus court et plus classe.

NdG : cf. la Kronik du 11 octobre pour le pourquoi du comment  Wink

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty La Fin du Monde est pour cette aprème

Message  g2loq Mar 8 Nov 2022 - 8:31

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par Koud'Pied o'Kick | 08.11.2022

La Fin du Monde est pour cette aprème

À lire les actualités, j'ai l'impression d'une suite de prédictions à la Nostradamus

Est-ce une manière de ne pas attendre sans rien faire la Fin du Monde ?

À lire les actualités, j'ai l'impression d'une suite de prédictions à la Nostradamus. Puis la date annoncée de la Fin du Monde passe et... rien n'arrive. Mais fort heureusement le soir même une nouvelle date pour la Fin du Monde est annoncée. Alors ouf ! On peut re-paniquer.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 La-fin10
La Fin du Monde est pour cette aprème (c) photo : Alina Vilchenko

Avec les motos, ce sont les rumeurs folles à propos du prochain modèle de chez Trucmuche, qui aura un moteur à plasma, des rétroviseurs laser de série, un générateur à effet Cherenkow et deux cents chevaux à tous les tours/minutes ; pour se retrouver finalement avec un énième twin parallèle double arbre de 80 chwô, plus une version A2. Mais fort heureusement, Bidule va sortir prochainement -rumeurs ! photos volées ! - une moto attendue avec beaucoup d'impatience, munie d'un moteur à calage Powerslurp, décapotable, avec freins à leviers au carbure de mycélium (en vrai : un twin de 80 chwô + A2, donc).

Pareil avec le pétrole. La moindre pétouille au Moyen-Orient et les pétrologistes officiels bondissent sur les plateaux télé pour expliquer, l'air tragique, que ça "pourrait" atteindre un prix astronomique d'ici la mi-juin. Ou pas. Mais on devrait quand même vachement baliser parce que -rendez-vous compte !- 200 dollars le baril ! 200 dollars ! Ou peut-être pas. Ces gens-là adorent se coller la frousse et tentent par tous les moyens de la refiler aux autres.

Six mois plus tard, le pétrole a vaguement clapoté aux alentours de cent trente balles à Londres (où Tötâââl n'achète pas son pétrole de toute façon). Les pétrologistes officiels sont rentrés chez eux après avoir touché leurs chécos ; ils guettent la prochaine pétouille au Moyen-Orient qui va leur donner l'occasion de revenir sur les plateaux expliquer que ce coup-ci, c'est sûr-sûr-sûr, ça va atteindre les deux cents dollars, c'est super grave ; paniquez, s'il vous plaît ?

Je pourrais multiplier les exemples : la banquise, la moutarde, le PQ, les pneus neige, le charbon pour cet hiver, les barrettes mémoire pour ordinateur, les motos neuves, le doliprane, les billets de banque aux distributeurs, les bicyclettes électriques, les cartes graphiques...

Les ressorts sont transparents : il y a d'un côté les victimes (le plus souvent : nous, les gentils) et de l'autre les méchants, parfois étrangers, de toute façon pas comme "nous".

Entre ces deux camps opèrent des mécanismes et des systèmes nébuleux, trop complexes pour être expliqués au commun des mortels -comme le répètent les zexpères pourtant payés pour "décrypter". N'essayez pas de comprendre : puisqu'on vous dit que c'est super-super compliqué ; croyez-nous sur parole épicétou.

Enfin, il est apparemment impossible de faire quoi que ce soit pour changer la donne : les zexpères, impuissants, restent dans le constat. Contre la hausse de ceci, les pénuries de machins ou la baisse de cela, il n'y a rien à faire. C'est la faute à la fatalité et pas du tout à des lois taillées sur mesure ou à un lent travail de sape réglementaire.

Dans le fauteuil à côté du zexpère, trône le Yaka, dont le rôle consiste à donner l'illusion d'un débat. Grand brasseur de vent, si on le plantait devant une éolienne on aurait enfin inventé le mouvement perpétuel. Il est payé pour répéter que Yaka, que des "solutions" existent. Mais seulement si celles-ci sont inefficaces, inapplicables ou carrément pires que le mal lui-même.

C'est qu'il ne faudrait surtout pas que le populo se pose des questions et s'imagine qu'il pourrait trouver une réponse dans son coin, sans rien demander à personne. Cela ferait immédiatement trois victimes qui n'ont pas du tout envie d'appliquer à elles-mêmes les recettes qu'elles voudraient imposer aux autres : le zexpère, le Yaka et celui chargé de leur tendre le micro. Bah... ils pourront toujours faire footballologue ; on n'a jamais assez de footballologues, apparemment.

Pour le pétrole, ça va être tendu de planter une raffinerie dans son potager. Mais pour le reste... faudrait voir. Ne serait-ce que pour le petit délice que ce serait d'apprendre qu'on a mis un zexpère au chômedû.

Pour ma part, j'en reviens à des questions très simples : de quoi ai-je besoin ? De quoi puis-je me passer sans effort ? Est-ce que je vais vraiment louper quelque chose en passant d'une bécane de 100 chwô à pneu arrière de 180 qui tient à peine 8.000 bornes vu le couple moteur, à une machine de 60 bourrins, plus légère, à vidanger tous les 12.000, montée d'un 160 qui tient jusqu'à la révize en faisait un peu attention. En procédant ainsi, fais-je un pas en arrière ou un pas de côté ?

Est-ce une manière de ne pas attendre sans rien faire la Fin du Monde qu'on nous annonce pour après-demain depuis deux ans ? Ou au contraire un moyen illusoire de retarder ce qui, de toute façon, va nous tomber sur le coin du pif ?

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Vous avez changé le kit-chaîne ?

Message  g2loq Mar 15 Nov 2022 - 10:20

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 15.11.2022 à 07:30

Vous avez changé le kit-chaîne ?

La vente de motos entre particuliers est un sport de combat.

On tombe parfois sur des phénomènes qui laissent sans voix.

Le type tourne autour de Lapin-Lap1. Il sort une feuille arrachée d'un bloc-notes de sa poche ; une liste façon pense-bête. Je laisse faire : la vente entre particuliers est un kabuki, le genre de théâtre japonais, très codifié. Le silence est parfois le meilleur argumentaire de vente.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Vous-a10
Kronik : Vous avez changé le kit-chaîne ?

Après deux bonnes minutes de rotation à tripatouiller ma machine, il se tourne vers moi, pointant un item sur sa liste :
- Vous avez changé le kit-chaîne récemment ?
- Le kit-chaîne ? C'est un scooter : il n'y a pas de kit-chaîne.
- ...
- Il n'y a pas de kit-chaîne : c'est une transmission par variateur.
- ...
- Une transmission par variateur. Par courroie. À changer tous les 24.000 kilomètres.
- Oui, mais... vous avez changé le kit-chaîne ? répète-t-il en pointant du doigt la ligne sur son pense-bête.

Je fais le tour de Lapin-Lap1, lui montre le carter de transmission et répète :

- Il n'y a pas de kit-chaîne. C'est une courroie. Pas de graissage, pas d'entretien. Il y a juste à la changer selon les préconisations de Honda.
- Oui, d'accord, je comprends bien... mais le kit-chaîne ? Il est changé ?
(je te jure que je n'invente rien)

Sinon il y a le classique :

- Bonjour, votre scooter est toujours en vente ? Non parce qu'il est bien, mais il est vraiment trop cher. Moi je veux bien aller jusqu'à 3.200 euros, mais pas plus. Ça vous va ?

J'ai échoué dans ma tentative de ne pas lui rire au nez. Mais peut-être vais-je le regretter dans quatre mois quand Lapin-Lap1 continuera de prendre la poussière dans le garage. Va savoir...

D'habitude, quand je me pignole, c'est seul devant mon ordinateur. Mais certains préfèrent faire ça en public :

- Ah, j'hésite... je ne sais pas trop. Parce que moi, ce que je cherche, c'est le compromis parfait entre ville et route. Pratique et léger, mais qui avance quand même, vous voyez ? Avec une bonne protection, une consommation pas trop élevée, des rangements, mais il faut quand même avoir des sensations de conduite. Alors je me disais que j'allais m'acheter une Z800, mais on en voit partout, alors j'ai pensé à une Triumph, mais je ne suis pas trop sûr, question fiabilité. Vous en pensez quoi, vous ? Ou sinon je me prends un trail routier, parce que j'aime bien la position de conduite. Vous en pensez quoi ?

Les séances de psychanalyse gratuite sur un bout de trottoir, j'adore.

- Allô ? Oui, alors je veux bien monter à 3.300 euros, mais là c'est mon dernier prix, hein ? Ça marche pour 3.300 euros ?

- Allô ? Oui, c'est Jacques F. à l'appareil. Pour le scooter.
- Oui, bonjour.
- On s'est vu hier.
- Oui, je me rappelle. Bonjour.
- On s'est vu hier pour le scooter, vous vous rappelez ?
- Oui, oui.
- Bon alors j'ai bien réfléchi et j'ai vu avec ma femme. En fait, ce qui ne me va pas, premièrement, c'est qu'il n'y a pas de place pour emporter un casque. C'est ça qui me bloque, surtout.
- Un casque intégral tient sous la selle et il y a le top-case.
- Oui, mais on ne peut pas mettre les deux sous la selle. Vous voyez mon problème ?
- Heuh... non ?
- Et sinon, deuxièmement, je pense que l'autonomie va être trop juste si je décide de voyager avec. J'aimerais bien l'acheter, hein. Mais ça va être trop juste.
- ...
- Et puis, troisièmement, je me dis qu'en ville, ça va être compliqué à garer, sans béquille centrale.
- Il y a une béquille centrale.
- Ah... Mais quand même, ça risque d'être compliqué à garer. Alors voilà, c'est ça qui me bloque : premièrement, le fait que je ne peux pas mettre de casque sous la selle, deuxièmement que l'autonomie va être trop juste et troisièmement que ça va être compliqué à garer en ville.

Tu pouvais simplement me dire : 'je ne suis pas acheteur', Jacques. Tu n'avais pas besoin de me sortir une liste d'excuses mal ficelées. Juste dire : 'non merci', ça suffisait.

- Allô ? Ah, vous êtes dur en affaires, quand même, vous. Allez ! Vous changez la batterie et je vous le prends pour 3.350 euros. D'accord ?

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Message  Didou57 Mar 15 Nov 2022 - 14:24

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 365723366

Malheureusement des méthodes identiques pour tout ce qui se vend sur le Net, vous aurez beau écrire en gros le prix, la taille ou autre renseignement, il y aura toujours un couillon pour vous posez des questions stupides ! 
Et  ça marche aussi dans l'autre sens où on ne vous donne pas d'information sur le produit vendu... ! 
Société devenue bien difficile à comprendre.  cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 2678645121

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards

Message  boris-jc Mar 15 Nov 2022 - 14:59

Excellente... Et tellement réaliste cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 1797587972
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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Les ZFE, c'est la mort des bouclards

Message  g2loq Mar 13 Déc 2022 - 10:11

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 13.12.2022

Kronik : Les ZFE, c'est la mort des bouclards

Avec l'instauration des ZFE, les bouclards vont disparaître.

C'est certain : regarde leur clientèle et les motos qu'ils entretiennent.

Quelle misère.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Les-zf10
Les ZFE, c'est la mort des bouclards (c) photo : William Matt

Les zones à air pur obligatoire qu'ils veulent imposer vont ruiner les bouclards en les privant de la clientèle et des motos qui les maintiennent tant bien que mal à flot.

Car qui vient au Bouclard ? Les sans-le-sou et les possesseurs de vieux clous dont aucun concessionnaire "officiel" ne veut plus s'occuper.

Quand les premiers se seront résolus à s'endetter sur quatre ans pour s'acheter une 250 fabriquée dans une zone franche démilitarisée par des prisonniers politiques (ya pas moins cher) et les seconds auront lâché l'affaire pour prendre du récent où sans valisette c'est cuit, qui sera encore client du Bouclard ?

Éric vient avec sa Ténéré 700 parce qu'avant il roulait en Super Té (la vraie, à carbus, pas la nouvelle qui ressemble à un poisson rouge étranglé) et s'était fait virer de la concession Yam' pour avoir suggéré de mettre un coup de soudure pour réparer son support de béquille fêlé. Comme il est rancunier, il vient au Bouclard pour l'entretien courant et file à Chalon pour ce qui nécessite un coup de valisette.

Tu as remarqué comme presque tout était standard côté carburation, avant ? Et que tout est devenu propriétaire depuis l'injection ? Avant, tu piochais dans le catalogue Mikuni, ou Keihin, ou Dell’Orto, ou chez les fabricants d'adaptable façon Dynojet. Avec un peu de connaissance, tu pouvais échanger ta rampe à dépression pour un modèle à guillotine, si tu voulais. Mais aujourd'hui ? Prise diag propriétaire, protocoles fermés : ya plus moyen de rien faire sans électronique (logique). Retoucher un poil le niveau de cuve, ajouter deux-trois points de gicleur en fonction de la météo, changer les aiguilles pour du plus pointu, le petit plaisir d'avoir "ton" réglage carbu, tout ça c'est terminé. Accessoirement, ça permettait de séparer les mécanos des baltringues. J'dis pas que l'injection c'est mal. Mais l'injection nous enferme.

Je me disais le week-end dernier que les bouclards, c'est comme la différence entre les marchés à l'ancienne et les supermarchés. Sur ton marché, tu croises un peu tout le temps les mêmes têtes, tu tombes sur des potes et tu vas boire un jus -tant qu'à faire, puisqu'on est là-, tu fais tes courses chez la mère Machin et le père Trucmuche plutôt qu'en face ; tu vois le truc ? L’aspect social des marchés ouverts n’est pas du tout accessoire : c’est ce qui le rend vivant.

Au supermarché ? Pffff... Déjà, t'as du bol si tu retrouves deux fois de suite la même caissière, alors de là à tailler bout de gras, mon pauvre... Juste le temps de dire bonjour et ya le pénible dans la queue qui rouspète que ça n'avance pas assez vite (preuve qu’on est drôlement pressés d’en partir).

Dans pas longtemps, il y aura même des caisses automatiques dans les concessions : tu achètes tes pièces en ligne, tu viens les chercher dans ton casier à Cul-ère-code et tu te casses sans avoir vu personne. Beurk.

Les bouclards, ce sont des lieux de vie où il est possible de lambiner sans passer immédiatement pour une casse-bonbons (demande à ton vendeur ce qu'il pense des traîne-savates) ou un voleur en maraude. On y vient sans raison, parce qu'on s'ennuie un peu, parce qu'il y a du café (à peine tiède, touillé à la clef de contact et trop fort, mais c'est du "vrai" café), un bout de tabouret ou une pile de pneus pour s'asseoir et toujours quelqu’un avec qui discuter ou à qui filer un coup de main.

Va essayer de faire ça chez ton concess' qui s’est mis un crome de trois ans pour refaire la déco selon la dernière charte graphique. Imagine sa gueule si tu te ramènes avec une demi-douzaine de saucisses aux herbes "de chez Cruchet" et un reste de tarte à la rhubarbe maison à partager à midi. Ou si tu déboules à l’atelier leur proposer tes services pour remonter un embrayage ou déposer un carénage.

Ils ont autre chose à foutre : ils ont du "reporting", ils doivent faire du chiffre, remplir des trucs sur des ordinateurs. Tu verrais comment le Taulier a beuglé quand ils ont essayé de lui faire faire sa compta autrement qu'au crayon ; d'ailleurs il la fait toujours au crayon et ensuite il recopie dans l'ordi qu'il n'éteint jamais.

Ça va être aussi ça, les ZFE : la destruction de lieux tout à fait déplaisants aux yeux des fastidieux calibreurs de cure-dents de la Groß Kommission.

Tiens ! Pour faire chier les atterrants Bruxellois, ma prochaine moto sera à carbus. Ptète même deux-temps. Et j'vous proute.

Bouclard not dead !

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Mille motos par jour

Message  g2loq Mar 20 Déc 2022 - 8:28

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 20.12.2022

Mille motos par jour

Il paraît que les ventes de motos vont mal. Que ça "baisse" -horreur !

Nous vivons la fin d'une époque.

Il paraît que les ventes de motos vont mal. Que ça "baisse" -horreur ! 
Les optimistes pensent que ça va remonter. Or, nous vivons la fin d'une époque.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Mille-11
Mille motos par jour (c) photo : Kelly

Certains disent que c'est Lafôtàpoutine. Les naïfs. Non, la vérité toute simple c'est qu'il y a moins de tonneaux de pétrole par an par être humain vivant sur Terre. S'tout.

Il faut ajouter à cela un effet psychologique intéressant, qui porte sans doute par ailleurs un nom savant mais que j'appelle "l'effet cliquet". Le constat est qu'il est très difficile de revenir en arrière. Que si ton appart' est initialement chauffé à 17 puis que tu montes à 19, réduire à 17 de nouveau demande un effort. Que si tu roules sur une moto qui présente un certain rapport poids/couple, il est difficile de revenir à une valeur inférieure. Qu'une baisse de salaire est délicate à assimiler, même si la rémunération correspond à ce que tu trouvais confortable il y a trois ans à peine.

Or, moins de pétrole signifie moins de bidules, moins de chaud, moins de froid, moins de bouffe dans le chariot, plus de files d'attente, etc. Nous n'aimons pas attendre ou avoir trop chaud ou trop froid parce que le pétrole nous donne la possibilité -très nouvelle !- d'agir sur ces paramètres.

Moins de bidules, tu le sais déjà ou tu l'as appris ces derniers mois, signifie l'impensable : plus un seul pot de sauce Machintruc en rayon. Ou sept mois d'attente pour obtenir livraison de la moto de tes rêves -alors qu'avant c'était l'affaire de trois semaines. Et encore. Faut pas être trop regardant sur la couleur dispo, sans même parler d'une éventuelle négo tarifaire : tu seras déjà bien heureux si tu touches ta moto avant le printemps prochain.

Pourtant, je regarde les chiffres et je reste effaré par ce qu'ils impliquent. Pense donc : rien qu'en France, tous les jours, mille motos sont garées le matin sur un grand parking imaginaire. Le soir, elles ont toutes disparu. Et le lendemain, cela recommence : mille motos apparaissent sur le parking et le soir elles ont trouvé acquéreur. Elles partent par la route en faisant pout-pout-pout.

Arrête-toi trois secondes pour imaginer ça : un parking de mille places. Mille motos de tous types, de toutes les couleurs. Toutes neuves. Bien rangées dans leur caisse en bois et alu, recouvertes de plastique pour protéger la peinture, avec des pochettes pour les pièces à monter et la paperasse.

Et ça c'est un "mauvais" trimestre. Les bons trimestres, c'est mille deux cents, mille cinq cents motos par jour.

Je t'épargne le calcul en Europe : un demi million de motos en six mois. Vise un peu la tête du parking pour un demi million de meules. Je ne sais pas, moi : la surface de l'aéroport de Roissy, blindé de bécanes garées rétro contre rétro ? Tous les six mois.
C'est fou.
Non ?

C'est dans le rassemblement que la démesure de notre époque apparaît. Si on empilait en un même endroit toutes les tomates mangées en France en une année. Ou tous les pneus balancées à la benne (dont la pollution est minutieusement ignorée : faudrait pas fâcher l'autre, là). Ou tous les camions-citerne nécessaires à faire rouler toutes les bécanes. On en ferait une pyramide place de la Concorde et je pense qu'on resterait quelques minutes à regarder ça, un peu hébétés : hein ? ça fait tant que ça ?

(Pour ceux que ça choque/désespère/insupporte et s'interrogent, la solution est facile : clôture tes comptes en banque et agis en conséquence)

C'est quoi, la suite ? La suite, fort heureusement, ne ressemblera en rien à ce que les futurologues annoncent -j'attends toujours le nouvel âge glaciaire promis pour l'An 2000 dans les années 80.

J'ai pour ma part une seule certitude : un jour, le marché moto tombera à zéro. Il ne se vendra plus aucune moto sur Terre. A peu près au même moment, plus une seule moto ne roulera sur Terre.

D'un certain point de vue, ce sera le retour à la normale.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Fffff104
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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Pour enfin faire taire ce connard

Message  g2loq Mar 27 Déc 2022 - 9:33

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 27.12.2022

Pour enfin faire taire ce connard

Il râle tout le temps après tout

Il est sans cesse à l’affût, prêt à éructer après un clignotant oublié, un feu trop mûr, ou je ne sais quelle autre pétouille routière

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Pour-e10
Pour enfin faire taire ce connard (c) photo : Andrea Piacquadio

Il râle tout le temps après tout. Il est sans cesse à l’affût, prêt à éructer après un clignotant oublié, un feu trop mûr, ou je ne sais quelle autre pétouille routière. Je rêve de lui fermer sa gueule à coup de torgnole.

Putain : il me casse les couilles. Toujours, toujours à râler tout le temps après tout ce qui roule. Toujours à chercher la petite bête chez les autres. À relever, en comptable poussif, le nombre de caisses qui ne mettent pas leurs clicos dans les ronds-points ; celles qui roulent avec leurs feux de brouillard, les changements de file à l'arrache, les débiles au téléphone, les brise-burnes qui poussent pour gagner trois mètres.

En bon gros raciste, pour lui c'est "toujours les mêmes" : les collants connards en Porsche, les sempiternels pénibles pressés en Audi, les connasses diplômées en Mini ou en Fiat 500, les méga-relous en camionnettes de livraison, les zyva à casquette en Mercedes.

Et putain, les livreurs de bouffe à vélo qui roulent n'importe comment, la nuit, sans éclairage, sapés en noir. Les parfaits crétins qui doublent gaz en grand six bagnoles d'un coup -putain, les chevaux ça rend complètement con.

Ah ! Manquait plus que la catégorie king-size du gros bâtard sur roues, l'amateur de pick-ups ricains, garé comme un gros porc, roulant comme un gros porc ; un gros porc, quoi.

Mais le pire, le pire, c'est l'argousin. C'est le flic qui râle après tout le monde, tout le temps. Il ne peut pas s'en empêcher. La moindre pétouille. Le moindre écart par rapport au Code de la route et vlan ! C'est parti pour dix minutes de râlerie non-stop. Jusqu'à la prochaine pétouille.

Comme je hais le flic que j'ai dans la tête.

Comme j'aimerais lui faire fermer sa gueule.

Pour rouler peinard et laisser les autres rouler peinard.

Je ne sais pas trop d'où vient ma mentalité de flic. La trouille, peut-être. J'ai souvent la trouille, quand je roule. Parce que c'est fichtrement dangereux. Quand je monte en passager à côté de certains conducteurs, je me dis que c'est bien d'avoir confiance dans les autres, c'est même nécessaire, mais qu'une bonne grosse dose de méfiance par-dessus la couche de confiance ne peut pas faire de mal, bien au contraire.

Sans doute aussi parce qu'en mettant -apparemment- ma vie en danger, les autres me rappellent qu'elle ne tient qu'à un fil. Deux secondes d'inattention, une clope qui tombe des mains et qui roule sous le siège, le téléphone qui sonne au mauvais moment et boum ! Rideau.

Quand je croise un type ou une nana qui fait un truc franchement idiot ou carrément dangereux, j'ai beaucoup de mal à faire taire le Longtarin qui guette, avec son carnet à souche imaginaire.

Je me répète souvent que tant que ce n'est que du plastique cassé ou de la tôle tordue, tant qu'il n'y a pas de sang sur le bitume, ça n'est pas bien grave ; je peux passer outre ; ya pas mort d'homme -justement.

Mais putain, c'est dur de lui faire fermer sa gueule.

Peut-être justement parce que ça touche au vital, à la peur d'avoir mal, à la peur de mourir. À la frousse d’en ressortir paralysé, ou avec un bras ou une jambe en moins, sur un fauteuil pour le restant de mes jours.

C'est pour ça que j'aime bien le vélo, en ce moment : avec le froid et la pluie, les pistes cyclables se sont vidées. Je n'ai plus à cohabiter avec les pénibles pressés.

Ah, si ! L'autre truc méga-relou, c'est que mon flic a toujours raison. Il ne fait jamais d'erreur, lui. Jamais. Quand je fais une manœuvre limite, quand je passe un poil trop vite, ou quand je double carrément comme un gros connard, "c'est bon, ça passe tranquille" me susurre Longtarin à l'oreille. Mais pour le mec que je viens de doubler, je suis quand même un bon gros connard sur la route. Un de plus.

J'imaginais des stages façon "deux minutes de la haine" où l'on pourrait vider son sac, s'engueuler copieusement comme à un carrefour, latter des voitures ou des motos mises là tout exprès, coller enfin des pains dans la gueule d'un punching-ball et ouf ! repartir après ça, tout calmé, tout tranquille, un peu comme après cinq tours de circuit à donf'.

Ce serait bien si mon flic intérieur pouvait la mettre en veilleuse, certains jours.

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Ffdfdd31
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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty C'est bon d'en avoir une grosse ?

Message  g2loq Mar 10 Jan 2023 - 9:50

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 10.01.2023

Kronik moto : C'est bon d'en avoir une grosse ?

C'est bien d'en avoir une grosse ? Je me demande...

Moi qui préfère les petites depuis tout petit. 
Le monde est bientôt foutu, alors autant y aller à fond, non ?

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Gggggg68
C'est bon d'en avoir une grosse (c) photo : Gijs Coolen

Quand je roule sur une moto avec plein de chevaux, je deviens un épais connard. Je roule comme un enfoiré. Je n'y peux rien : les chwô, ça me rend débile. Il faut que je double le type qui se traîne devant moi. Je m'en foutrais des claques tellement je suis con.

C'est pour ça que j'ai toujours choisi de petites motos. 75 chevaux pour la plus "puissante" -et encore : c'était clairement une erreur dans la distribution des rôles. Ma moto préférée depuis tout ce temps ? Tondeuze. Une 125 deux-temps débridée de vingt chevaux et 130 kilos. À fond. Partout. Tout le temps. Le pied.

Mais peut-être que je fais fausse route. Peut-être qu'il faut faire l'inverse : rouler sur une bien grosse et bien velue ?

Par exemple une CBR 900. De préférence un modèle 2000 avec la jolie coque arrière, en jaune-noir-blanc. Parce que ce n'est pas une Gex' et pas non plus une R1, qui est un peu la T-Max des sportives.

Ou une ZX-9R parce que je n'ai pas eu de ZX6-R pour mes 50 ans donc j'ai droit à plus gros pour avoir patienté un an de plus, non ?

Que diable vais-je faire avec ? Probablement me traîner la teube à 90 en flippant pour mon permis, entre deux pétages de plomb derrière des types qui lambinent. Dans ce sens, je vais rouler comme la majorité des proprios de grosses motos qui poussent.

Mais en avoir une grosse, c'est aussi cesser d'ajouter des excuses en répondant à la question : "t'as quoi, comme moto ?".

"900 CBR".

Voilà.

C'est tout.

Tu peux te contenter d'un point final, après : tu as tout dit. Une 900 CBR te fait automatiquement une place parmi les "vrais" motards. Rien qu'avec sa cylindrée.

Avec une 750 c'est un peu moins vrai. Si tu roules en 600, tu es obligé d'ajouter une excuse pour expliquer pourquoi tu n'as pas plutôt une "grosse", une "normale", une avec plein de chwô. En dessous de 600, t'es juste un raté.

Il n'y a que les contrariens systématiques comme moi pour rétorquer :
"Ah, mon pauvre, je te plains".
Quand quelqu'un répond : "Une RS4" à la question : "Tu as quoi comme voiture ?"
(j'ai pris l'exemple d'une caisse pour froisser moins de gens ici, mais c'est juste pour faire poli)

Une 900 CBR, donc. Qui ne prendra jamais plus de 8.000 tours sinon en ligne droite. Qu'il faudra que j'emmène faire quatre tours à Prenois pour limer la bande de peur et passer pour un "vrai" -recommencer à chaque changement de train ; préparer l'excuse d'aller-retour à Paris ou à Lyon pour expliquer l'usure au carré ; penser aux embouts pour béquille de stand : ça fait "pro".

Je pourrai la garer au milieu du parking, en mode "je pose mes couilles où je veux", plutôt que de chercher à stationner là où ça ne gêne pas trop -excusez-moi... pardon... pardon... désolé... oups ! Désolé...

La seule fois où j'ai roulé un peu longtemps sur un quatre-en-ligne, c'était sur une Gex 600 ; je m'attendais à un truc inconduisible, un deux-temps mais encore pire... un vrai bide. Ça se conduit comme une caisse, tu peux arriver en quatre dans un rond-point et en ressortir sans y laisser tes molaires à cause des à-coups moteur. Limite déçu. Ouais, ouais, faut tirer après onze mille, mais... onze mille ? Sur route ? Vraiment ?

Donc plutôt une grosse, dont je rallongerai la démul' finale pour être bien entre 80 et 120. Je roulerai en sachant que j'ai des freins de compet', des pneus qualif' et des suspensions avec quarante-deux clics de réglage tout compris ; pourtant je l'utiliserai à trente pourcents de son potentiel (à tout casser) et ça sera déjà bien assez pour moi.

Comme ce ne sera pas une mototaf', je me fous un peu de son rayon de braquage d'immeuble en pierre de taille fin XIXe, pourvu que la consommation soit raisonnable et la position de conduite compatible avec mes cervicales croustillantes. Le poids ? Tant qu'on reste en dessous de la valeur d'une constante astronomique, ça me va. Elle sera "stock" jusqu'à la bavette arrière, choisie avec soin dans les petites annonces -tant pis s'il faut faire 500 bornes pour aller la chercher- et remise en état au fil du temps.

Ouais...

Une grosse bécane de vieux schnock, quoi.


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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu

Message  g2loq Mar 17 Jan 2023 - 10:07

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Min-l167
par Koud'Pied o'Kick | 17.01.2023

Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu

Parti d'ailleurs, il arrivera je ne sais où

Le Paris-Dakar, qui n'est plus le Paris-Dakar mais que l'on continue d'appeler Paris-Dakar

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Le-par10
Le Paris-Dakar 2023 n'aura pas lieu (c) photo : Tomas Malik

Parti d'ailleurs, il arrivera je ne sais où, dans mon indifférence générale; mais je vais quand même t'en parler.

Le Paris-Dakar, qui n'est plus le Paris-Dakar mais que l'on continue d'appeler Paris-Dakar sinon personne ne sait de quoi il retourne, a démarré il y a quelques jours, d'ailleurs que sur l'esplanade du Trocadéro à une heure matinale. Il n'arrivera pas à Dakar, ce qui ne choque plus personne parce que cela fait un bail que le -Dakar s'achève en un lieu aléatoire qui, je le suppose, devient le -Dakar d'un jour ; c'est une vision très poétique de la géographie politique, mais je doute qu'elle ait seulement effleuré l'organisation.

Deux choses me sont venues à l'esprit en y réfléchissant :

Premièrement, que j'imagine sans peine la scène dans les bureaux de l'orga, quelques temps après l'arrivée à -Dakar (qui n'est pas à Dakar).

- Bon... on va où l'année prochaine ?
- Lance.
Chtock !
- Err...o...mango.
- Hein ?
- Erromango. C'est... là. Au milieu du Pacifique. Entre les Fiji et la Nouvelle-Calédonie.
- Ouais... non... relance.
Chtock !
- Montélimar !
- Relance.

Deuxièmement, je pensais à une scène façon Septième Compagnie :

- Allô ? Églantine ? Mais vous êtes où, bons dieux ?
- weze-weze-wezezeze...
- La banlieue nord de Caracas ? Mais je vous avais dit de décrocher vers Dakar ! Da-kar ! C'est pourtant pas compliqué ! Qu'est-ce que vous foutez au Chili, mon vieux ?!

Je ne vais pas te rejouer mon couplet sur la compétition moto puisque tu sais déjà ce que je pense de ce vain exercice. La démonstration tient en une phrase : si tu veux gagner le Paris-Dakar, pars de Dakar plutôt que de Paris (proverbe sénégalais, fin XXe siècle).

J'ai plus de considération pour un Laurent Cochet qui retape deux Transalp pour aller bouffer du sable quelque part entre Villebon-sur-Yvette et Nouakchott avec son pote Amaury. Ou le duo de 52° Sud qui fait peu ou prou la même chose avant de passer sur des XR 600 -dont ils partagent la restauration, de mon point de vue toute aussi intéressante que l'expédition elle-même ; il n'y a pas que les voyages qui forment la jeunesse, il y a encore les hurlements de rage face à une Revue Moto Technique muette.

Pourtant, ce même Lolo Cochet fait une brillante démonstration de non-Dakar quelques mois plus tard en tapant deux Monkey dans tous les sens pour faire un France-France qui s'achève en France sur piston percé et une belle morale : si tu veux faire du TT, ne pars pas sur une brêle avec des roues de 10 pouces et un empattement de tondeuse à gazon -franchement, avec deux Innova "stock" en pneus à pavés, ça passait ; y m'aurait appelé, j'y aurais dit, au Lolo.

Je me demande souvent quel intérêt y a-t-il -au-delà de celui bien entendu des publicitaires- à réaliser des reportages sur de telles courses. L'épreuve, en effet, ne concerne que les participants eux-mêmes et leur encadrement. Les autres ? Nous autres ? Quel intérêt de savoir que Machin a pris douze minutes à Trucmuche dans l'étape numéro trois entre Kfr'ppt et Zrg-bdh ?

Les images ? Ce sont les mêmes : des véhicules dans du sable ou de la boue ; il n'y a pas de différence fondamentale entre la XT 500 de Neveu et la Gasgas de Sunderland. Les rebondissements de la course ? Déjà que sur 24 heures c'est difficile à suivre, alors sur une semaine et a fortiori sur deux semaines...

Je pense que la réponse est bien plus terre-à-terre : il s'agit du fric. De la masse de fric qui change de main lors d'événements de ce type, entre l'organisation, les mécènes, les écuries, les fournisseurs, etc. Un paquet de gens, pas seulement à l'orga, comptent sur le Dakar pour bouffer. Je parie que plusieurs milliers de personnes en dépendent, directement ou indirectement ; tiens ! comme cette imaginaire stagiaire en communication qui se démène depuis septembre pour faire savoir à qui veut bien l'entendre que son client, la Zblouk, numéro un mondial de la déplieuse d'attache-trombones en acier zingué, sponsorise la Gillet-Herstal 400 de Gilbert Bidule -événement !

Le fric implique le médiatique et le médiatique arrive avec sa grande copine la politique.

C'est là que je referme la porte, sur l'odeur persistante d'huile lourde de mes seuls soupçons quant à la partie immergée de cet iceberg médiatique, tenu soigneusement à l'abri de la lumière.

"Bélaventurumaine", comme ils le répètent.

Tu es libre de croire à cela aussi.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty L'absente hivernale

Message  g2loq Mar 7 Fév 2023 - 9:08

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par Koud'Pied o'Kick | 07.02.2023

L'absente hivernale

Pas d'hivernale pour moi cette année : pas de vacances et pas de moto

Alors j'aide les autres à préparer les bécanes

Pas d'hivernale pour moi cette année : pas de vacances et pas de moto. Alors j'aide les autres à préparer les bécanes et planche sur l'itinéraire qui va les emmener jusqu'au Far West.

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L'absente hivernale (c) photo : Darius Krause

Ce doit être un vieux schéma archaïque ; un truc de chasseurs d'avant l'invention du travail ou de l'argent : les épreuves soudent la tribu. Dans une société qui a le risque en horreur (mais adore se faire peur), il doit rester au fond de nous la nostalgie des cadeaux qu'offrent les obstacles surmontés ensemble.

D'où l'idée d'aller volontairement se cailler les miches à perpète.

Destination : le Far West de poche.

Il existe, sur le territoire des Celtiberi, au nord de l'Ebre, un lieu à part. Un désert. Tantôt aride, tantôt boueux des pluies diluviennes du printemps. Tantôt glacé par les masses d'air qui dévalent les pentes des Pyrénées, tantôt étouffé par la chaleur qui remonte du sud.

C'est là qu'ils vont.

Je regrette un peu de ne pas pouvoir les suivre. Je n'ai pas posé de vacances assez tôt et surtout je n'ai pas de moto. Une chute à l'arrêt a définitivement tordu le guidon de l'ER-5 du Bouclard, déjà redressé deux ou trois fois.

Ils partent à cinq, une fois de plus : Fifi, Gérald, Éric, la discrète Aurélie et Francis, l'enduriste.

C'est plutôt rare de voir une femme se mêler aux hivernales. Aurélie est une personne à part. Très réservée, mais volontaire, elle me fait l'effet d'une petite souris besogneuse qui suit opiniâtrement son chemin sans trop se soucier de ce qu'en pensent les autres. Elle roule sur une ER-6 orange premier modèle rabaissée pour s'accorder à son mètre soixante. J'aime la manière dont elle s'est fait une place au milieu d'un troupeau de mecs : poliment, mais fermement, elle est là, avec nous.

Francis fait partie de la bande de crosseux qui fréquente aussi le Bouclard. Il finit de retaper une XTZ 660 à simple optique. Lui et Gérald s'entendent bien : ce sont deux perfectionnistes. Je l'ai vu consacrer vingt minutes à la pose, pile au bon endroit, de l'autocollant "Yamaha 5 Valve Single" sur ses écopes de radiateur.

Qui dit Éric dit Iveco. Une fois de plus, ils vont charger les motos et filer jusqu'à Toulouse. Ils passeront en Espagne par Collioure. De là, il leur restera environ 550 bornes avant le désert des Bardenas.

Francis voudrait coller le plus possible aux montagnes en visant Pampelune. Gérald, qui n'aime pas l'idée d'embarquer sa GSX-F "état concours" sur des routes défoncées, désapprouve et préfère le parcours vers Saragosse. Aurélie propose de tâter le terrain sur place en fonction de la météo et de retenir un plan B au cas où. Fifi s'en fout. Éric s'adapte.

On se presse autour du PC : nous regardons des photos du parc. Normalement, en février, il y fait froid, mais la pluie n'est pas encore là. Or, il ne faut pas qu'il pleuve : ni la XJ, ni la GSX-F ni l'ER-6 ne pourront passer sur les chemins de terre transformés en lacs de boue collante.

C'est le coup de dés de cette hivernale : la météo. Comme souvent. Millevaches avec vingt centimètres de neige, c'est gérable, mais avec cinquante c'est mort. Tout ce qui roule en pneus de route reste en bas ; seuls les trails et quelques side-cars arrivent à monter et surtout à repartir le matin.

Je suis resté tard, samedi, pour aider à la préparation des motos : vérifier les serrages, bichonner les kits-chaînes, graisser les câbles d'embrayage et les pivots de frein. J'aime bien cette ambiance studieuse, concentrée, dans l'atelier un peu frisquet. Je participe indirectement à leur aventure. Pas de réparation de dernière minute, à l'arrache : Fifi se plaint seulement d'un klaxon qui fonctionne de manière erratique. On règle ça en nettoyant le contacteur du commodo.

Je les ai aidés à monter les motos dans l'Iveco -une étape qui me fait toujours peur. Ils partent demain matin. Aurélie et Fifi font la liaison en train, avec au moins quatre heures à tuer à Toulouse en attendant le reste du groupe.

Je rentre à pied. Je suis triste de ne pas être du voyage, de ne pas partir avec ma tribu. Je me sens abandonné. J'ai hâte qu'ils reviennent.

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cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 Empty La moto comme rouage de la machinerie mondiale

Message  g2loq Mar 14 Fév 2023 - 9:08

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par Koud'Pied o'Kick | 14.02.2023

La moto comme rouage de la machinerie mondiale

Il faut lire les anarchistes technosceptiques pour regarder les objets différemment

Une modeste et insignifiante brosse à dents implique une organisation planétaire. Alors, imagine une moto !

cruise controle - La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards - Page 4 La-mot13
La moto comme rouage de la machinerie mondiale (c) photo : Porapak Apichodilok

Illitch ? Semprun ? Mumford, peut-être ? Non ? Tous ces noms te sont inconnus ? Quel dommage. Ou quelle bénédiction, selon que tu préfères avaler la pilule rouge ou la pilule bleue. Si tu choisis la rouge, la pilule de la vérité, tu dois te douter que le voyage ne sera pas de tout repos. Et surtout : tu ne vas pas te faire que des copains. La pilule rouge t'ouvre les rangs du bataillon des parias, rien de moins : le populo déteste la vérité ; elle menace son confort.

Prends une moto standard. Un moteur, deux roues, une selle, un guidon, un réservoir. Classique. Vu et archi-revu. Le même produit depuis cent ans. Limite ennuyeux.

Et pourtant. Gratte un peu sous la couche des apparences. D'où vient l'acier du guidon ? Et l'alliage d'alu du cadre ? Qui a fondu les carters ? Qui a usiné les roulements ? Où a été assemblé le moteur ? Dans le même pays ? Pas sûr.

Les fabriques ne travaillent plus sans fournisseurs de produits semi-finis ou finis. Les pièces les plus visibles sont les freins, les fourches, les amortisseurs, parfois les roues.

Mais l'électronique ? D'où viennent les puces ? De Taïwan ? De Corée ? De Chine ? Où a été produit le faisceau électrique ? En Thaïlande ?

Avec la pilule rouge, tout à coup la moto cesse d'être un objet monolithique pour être remplacé par un assemblage de pièces qui arrivent de tous les recoins de la planète : le caoutchouc des pneus, le chrome des plongeurs, les pigments de la peinture, le plastique du tableau de bord, le laiton des obus de valve.

Cette moto a beau être présentée comme "japonaise" ou "allemande", elle ne l'est pas du tout. Il est bien révolu, le temps où les usines Terrot de Dijon fabriquaient à peu près tout à partir de minerai extrait en France, sur des machines-outils venant de Lorraine et produites avec du charbon du Nord.

Mais grattons encore un peu. Parce que cette moto n'est pas qu'un objet statique. Elle doit rouler. Voilà les champs pétrolifères dans de lointains déserts, les pipelines, les pétroliers, les raffineries, les camions-citernes et les stations-service. Ce que tu mets dans ton réservoir est l'aboutissement des milliers de kilomètres de tubes, d'une logistique (presque) sans faille et de la somme faramineuse de savoir-faire de l'industrie pétrolière. Sans le savoir, en regardant défiler les chiffres sur la pompe, tu branches ta moto à un univers complexe, technique et vital d'un point de vue social et politique.

La pompe de la station-service elle-même ? Elle est électrique, reliée là encore à un réseau si touffu que personne ne peut plus en tracer le plan. Ta moto roule aussi au nucléaire et au charbon.

Quand finalement tu payes avec ta carte, tu allumes sans trop y penser un nouveau gigantesque et tentaculaire filet électronique qui enserre toujours plus nos vies. Que nos ancêtres seraient horrifiés de nous voir troquer l'argent-métal pour de l'argent... rien ?

Grattons encore un peu plus. Ta moto n'est pas qu'un véhicule. Son existence implique une foule d'agences, des assurances aux services de voirie, à l'éclairage public, à la gestion des feux tricolores, aux types qui salent les routes ou balayent les feuilles mortes, aux fonctionnaires qui ont imprimé ta carte grise, à ceux qui t'ont accordé un permis de conduire et (presque) les mêmes dont le travail consiste à te le retirer. Les juges, les tribunaux, les avocats, les prunes, les visseurs de rails de sécurité, les nettoyeurs de panneaux de signalisation, les boucheurs de trous dans la chaussée, les tondeurs de bas-côtés. Et bien sûr les pompiers, les ambulances, ceux qui se chargent de déblayer les épaves broyées, d'évacuer les blessés et les morts.

Les casseurs, les vendeurs de merdouilles sur Internet, les marchands de fringues et de casques, les publicitaires et les marketoïdes, les tauliers de bouclards. Les voleurs, les receleurs, les désosseurs de bécanes volées et ceux qui rêvent de les coffrer. Les types qui pondent des normes. Ceux qui planchent sur les statistiques routières et les gestionnaires qui surveillent les statistiques de ventes.

Tous ces gens-là font rouler ta moto. Qu'un seul d'entre eux s'arrête de travailler et c'est toute la machinerie qui commence à grincer, à vibrer désagréablement. C'est évident quand il s'agit d'une grève de pompistes ou du système de carte grise qui se met en rideau. C'est moins visible quand la chaîne d'approvisionnement en pièces détachées chope le hoquet, ou que les fabricants de pneus s'aperçoivent qu'une partie de leurs fournisseurs font maintenant partie des "méchants" dans le mauvais pays et qu'il n'est plus question de leur acheter quoi que ce soit.

C'est tout ça, ta moto : le rouage final d'une machinerie mondiale, une organisation inimaginable tant elle est complexe.

Oups. Tu as commencé à avaler la pilule rouge.

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