Renaissance

Bonjour à tous, : :gif64: :

Samedi 4 juillet 2015 au matin à 5h48, j’ai pris le train pour Lyon. A 11h20, j’ai repris la route en direction de Lille, au guidon d’une Goldwing bleue, modèle 2012 deluxe, 25.063 kilomètres au compteur. D’après le GPS, il me restait 666 kilomètres de route à parcourir jusqu’à la maison. 666 kilomètres: pas de doute, les mauvais garçons sont de retour.  

Dix ans sans tenir un guidon, c’était bien long. Se remettre en selle apparaît comme une renaissance. On ne demande comment -pourquoi- on a pu y renoncer si longtemps. Rien à voir avec un fumeur ou un buveur qui reprendrait une bouffée de cigare ou un cognac après des mois d’abstinence. Plutôt la sensation de retrouver ses jambes. Ouais: comme dans le film de James Cameron: ma Goldwing est mon Avatar (en plus, elle est bleue).
 


Premières impressions de la bête.
 
On ne le dira jamais assez, mais elle est vraiment magnifique. Les regards des passants et des enfants à l’arrière des autos en témoignent. Lorsque je l’ai achetée, voilà une semaine, j’ai envoyé une photo de l’annonce à ma chère et tendre. Elle m’a aussitôt répondu par SMS: «Je veux la même en rose »

Lorsque c’est bien expliqué (le chef d’atelier était rodé à cette formation), sa prise en main est finalement très rapide. Il n’y a que le tableau de bord audio (celui de gauche), qui pose des soucis et nécessitera une lecture attentive des 200 pages du manuel -et quelques questions sur ce forum
 
Son poids est le problème le plus évident. Sur ma Pan European, la question à l’arrêt était: jambe droite ou jambe gauche? Sur la Goldwing, c’est plutôt: une jambe ou deux jambes? Dans la concession motomobile, j’entendais un client expliquer qu’il était passé de Goldwing à BMW, et qu’il pensait revenir à Goldwing à cause de l’absence de marche arrière sur la BMW. C’est vrai qu’on ne se voit pas manœuvrer tout seul dans certaines situations (ou alors en demandant de l’aide aux passants, mais ce serait trop la honte
Et dès que la machine est à l’arrêt et au point mort sur une pente même très légère, impossible de réussir à la retenir avec les deux jambes comme on le fait avec d’autres motos. Il faut alors garder le frein guidon serré, ce qui n’est pas très commode puisqu’on n’a plus l’usage que d’une main. A l’arrêt complet, il faudra que j’essaye la technique de la première vitesse enclenchée. Et à l’arrêt moteur allumé (au feu rouge, au stop), il faudra que je tente le combo pied gauche à terre / pédale de frein à droite puis pied droit à terre / passage de la première à la pédale droite. J’ai pas encore essayé le gamellage à l’arrêt, mais il me revient des scènes du Joe Bar Team que je n’ai pas trop envie de reproduire en vrai.
 
La tenue de route est également délicate à petite vitesse ou au démarrage. Dans ces cas-là, on se surprend vite à descendre les pieds au niveau de la chaussée, d’ailleurs plus pour se rassurer qu’autre chose (il paraît qu’il ne faut jamais essayer de rattraper une Goldwing qui se couche). C’est sûr qu’il me faudra du temps pour acquérir plus d’assurance. Ma Pan European 1100 était un vrai vélo (et dans une certaine mesure, ma Guzzi 1000 GT): mais la Goldwing, c’est tout autre chose. La suspension arrière était réglée pour une conduite sur autoroute (réglage à 20), ce qui rend sûrement les virages à basse vitesse plus difficiles.
Conséquence de cette navigation un peu rigide (et de la largeur du monstre): difficile, dès le premier jour, de s’essayer à louvoyer entre les voitures dans les bouchons.
 
La puissance du moteur compense pour partie le manque d’impression de sécurité lié au poids de la machine. En cas de dépassement, en ville ou sur autoroute, même une Porche ne risque pas de grossir brusquement dans votre rétroviseur. C’est drôle, 1800cc, ça apprend mieux la politesse aux automobilistes que 125. Comme disait Robert de Niro: «il faut mieux être poli et armé que poli tout court».
Cependant, il faudra apprendre à manier la poignée des gaz avec -ouh là là!- beaucoup de délicatesse. On se demande s’il existe des pilotes de Goldwing qui emploient encore dans leurs conversations l’expression «poignée dans le coin» -enfin, des pilotes de Goldwing vivants bien sûr.
 
Le poids, la taille, la puissance, la difficulté à prendre les virages... Comme je le disais à ma monture dès le premier kilomètre: «Sois gentille avec moi, je serais gentil avec toi». Oui, je sais, je parle tout seul quand je suis à moto, mais c’est parce que je n’avais pas trouvé comment mettre la radio

 
Question bruit, c’est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde (je vais me faire lyncher par les aficionados de Docteur Jekyll, et étriper par ceux de Mister Hyde). Au démarrage, la «musique» du moteur vrille rapidement le crâne, mais tout se calme (et quel calme!) lorsque la vitesse suivante est passée. Certains aiment la Moto Guzzi parce que, moteur allumé et posée sur sa béquille centrale, il est impossible de déposer quoi que ce soit sur la selle sans que l’objet ne soit éjecté en moins de trois secondes. D’autres sont tombés amoureux de la Pan European parce que, moteur allumé et posée sur béquille centrale, il est presque impossible de distinguer à l’oreille si le 4 cylindres est ou non en marche. La Goldwing tente de réconcilier tout le monde: lorsqu’on a passé la seconde vitesse, on peut poser tout ce qu’on veut sur la selle arrière sans que l'objet ne tombe, et il est presque impossible de distinguer à l’oreille si le 6 cylindres est en marche.
 
Sur autoroute (je rappelle que je n’ai pratiquement pas roulé sur route «normale» le premier jour), la machine se conduit comme un bateau: elle trace tout droit -et on sent bien le vent. A ce sujet, étant de grande taille (1,86m) je dois avouer que je regrette l’option «bulle haute» de la Pan European, ou la position couchée d’autres routières, qui font rentrer la tête du pilote à l’intérieur de la bulle et le protègent complètement. La vitre de la Goldwing a beau être réglée au maximum de hauteur, après 100 km/h, le casque est fouetté en permanence, la radio devient inaudible. La bulle bouge aussi beaucoup à grande vitesse, elle tremble lors des dépassements. Ce n’est pas gênant pour la conduite, mais un peu désagréable: je m’attendais à plus de stabilité.
 
Samedi, le temps était à la canicule. 35 degrés pendant une bonne partie du trajet. Mais sur autoroute, et avec la ventilation aux pieds, c’était très supportable. Contre toute attente, l’ouverture dans le pare-brise permet de baisser sensiblement la température à hauteur de tête. En revanche, et j’espère que c’est dû à la chaleur, lorsque la moto est coincée dans une file d’attente, au péage puis aux feux rouges, le ventilateur s’est déclenché à trois reprises –alors que la température du liquide de refroidissement (sur le tableau de bord) n’était qu’à mi-course. J’espère qu’il s’agit d’un problème ponctuel, lié à la température caniculaire, parce que le ventilateur est vraiment très bruyant.
 
Le régulateur de vitesse est TRES appréciable sur autoroute. Il faut juste se méfier lors des dépassements en courbe, là où on a l’habitude de jouer sur un «mix» inclinaison/accélération. Je n’avais jamais eu de régulateur de vitesse auparavant, même sur voiture. Sur moto, c’est un véritable confort de pouvoir indifféremment lâcher la main gauche OU droite. La dernière qui m’ait fait ça, c’était une –très vieille- BMW 600 dont le ressort de poignée de gaz était presque inexistant. Résultat, on pouvait lever les deux bras sans problème, et si on tombait de moto, elle continuait toute seule jusqu’à destination... C’est depuis cette époque de la BMW que j’ai pris l’habitude de ne plus faire confiance au ressort des gaz, et à toujours lever la main droite -et plutôt trois fois qu’une- même après avoir relâché la poignée.
 
Enfin, le GPS. Le système «grand écran», très lisible sous le soleil, doublé d’annonces vocales parfaitement audibles dans le casque, c’est parfait. Certes, la programmation n’est pas des plus confortables, le système met du temps à démarrer à l’allumage, et la nécessité de revalider après chaque coupure de contact ressemble à un bug, mais c’est un avantage très appréciable sur longue route. Evidemment, ce forum en a déjà largement parlé, l’absence de mises à jour sur ce GPS intégré (j’ai la version 2012) confine pour Honda à l’escroquerie en bande motorisée. Lorsqu’on parcoure trente kilomètres sur une section d’autoroute inconnue des cartes du GPS «made in Garmin 1999», et que le haut-parleur nous répète toutes les dix secondes «Veuillez rejoindre dès que possible la route en surbrillance», on se prend à rêver qu’un commercial de Honda a pris place sur la selle passager... et qu’on a justement acheté l’option «siège éjectable» version Aston Martin 007.
 
Sinon, je n’ai pas essayé l’airbag
 
J’en terminerai avec le témoignage de ma passagère, qui, après mon arrivée à destination, l’a essayé pendant quelques kilomètres: «Lorsqu’on monte dessus et qu’on roule, ça donne envie d’agiter les bras comme un oiseau. Comme des ailes d’or».
 
Voilà un court récit de ma longue route, qui est passée comme une courte idylle. Je remets cela (à deux) dès que possible.
 
Et merci aux «forumeurs» de «Goldwing Indépendant» pour leur aide.

: : gif61: : Norbert ,il n'y a pas grand chose a dire de plus apres un tel cr.   et je te souhaite beaucoup de plaisirs a sont guidon .  
je trouve que c'est une tres belle renaissance .

Bonsoir Norbert,
Je crois que tu vas passer de tres bon moment avec ta Gold Bleue. En tous cas c'est bien parti. Merci pour tes premières impressions, cela me rappel des souvenirs.

: : gif61: :  Norbert,

Tu as vécu tout ce que nous avons eu comme toi. Tu apprendras à la maîtriser ou à la dompter au fur et à mesure des kilomètres que tu parcourras. Lorsque tu auras passé le cap de l'angoisse du poids, tu rouleras serein et pourras exploiter la Gold au mieux.

Pour ce qui est de la suspension, je ne comprends toujours pas pourquoi les réglages courant sont faits aussi élevé pour rouler sur autoroute... en général, on recherche du confort et les autoroutes sont bien faites, donc je préconise un réglage au mini (suivant poids total embarqué bien sur) et là, vous aurez du confort. Il est bon de durcir la suspension lorsqu'on a besoin de garde au sol en montagne par exemple ou pour une conduite plus sportive. On a prit la Gold pour le confort, non ? Et n'oublies pas que le confort avant/arrière est lié, une suspension arrière dure rendra les coups dans le guidon... 

Bonne route  à vous !

Salut Norbert,

Belle tirade et je te souhaite beaucoup de plaisir à son guidon.
Ayant eu 2 Pan, 11 et 13, je suis surpris que tu ai un peu de mal pour passer à la Gold.
Question poids j'ai tout de suite eu plus de facilité avec la Gold qu'avec les enclumes que sont les Pan.
Ceci grace au centre de gravité plus bas sur la Gold.
Sinon je suis toujours blufflé par la facilité à inscrire la Gold dans les virages et sa tenue de route.

Bonne journée

Alain & ML

Bravo de ce long CR et aussi pour ton sens de l'écriture. Moi aussi je suis un ancien paniste et j'ai trouvé le poids de la Gold bien plus gérable, y compris à l'arrêt que sur la 1300. On sait que la gold est lourde donc il suffit de ne jamais l'oublier surtout quand l’assurance à son guidon vient, car les distances de freinage dépendent de la vitesse et de l'inertie de l'engin à arrêter. 
En tous les cas apres un aussi long arret, reprendre par un trajet de 666 kms... tu n'as peur de rien. Nul doute que nous allons te croiser dans d'autres départements que le tien.

Merci Norbert pour ton compte rendu; j'ai exactement la même depuis 2mois1/2 et 6000km, donc je te confirme que l'aisance arrive très vite.
Prends du plaisir, et comme le précise Didou, tu devrais réduire un peu la dureté des suspensions.

: :gif60: :
Norbert au début je l'ai trouvé un peu lourde mais des qu'on se l'a met en main et bien je me surprends à faire frotter les cales pieds sur route giratoire au virages importants. Je trouve que cette moto se met vite en main et surprend par sa maniabilité même à basse vitesse.
Il est important de bien travailler le regard  là ou tu vas et sur des vitesses pas trop élevées de bien travailler du bassin. Moi je suis tout exciter des que sa tourne maintenant...

Bonne route et profites de ta belle

WOW !!!  Que de souvenirs, ma première ballade en Goldwing.  Il y a 10 ans.  J'en raffole toujours.  Je te souhaite la mème chose.

Salut,
Je suis en 15 depuis le printemps et pour le poids même combat apparemment  

Mais j'ai remarqué une chose : le fait de régler la suspension à air au plus bas (j'ai juste la vision en haut du pare-brise) arrange déjà pas mal le centre de gravité pour rouler à 2 et chargé ; plus de facilité pour tourner dans les épingles ou pour rouler à basse vitesse par exemple.
Cette remarque est peut être valable pour la 18 ?

Merci pour ce beau récit Norbert, et bonnes routes en duo maintenant.
PS : je confirme aussi que la Gold (1500 en ce qui me concerne) est plus maniable que la pan 1100, centre de gravité plus bas oblige.

Bonjour,

Pour ma deuxième sortie, j'ai réduit à 10 la dureté de la suspension. Tout de suite, la conduite en ville s'en ressent. Je poursuis les essais pour trouver le bon réglage.

Ah, et dans le genre "on ne me l'avait pas dit", les 400 kilos, on les ressent aussi lors d'une marche arrière. J'ai failli coucher la bête en reculant bêtement au point mort et en m'aidant juste des pieds sur une petite pente avec une petite bordure. Hé bien, maîtriser les à-coups de 400 kilos secoués par des pressions sur les freins et des petits obstacles ou dénivelés sous la roue arrière (type bordure ou gravillons), ben, ce n'est pas évident du tout, surtout en manœuvrant le guidon. La prochaine fois, pente ou pas pente, je brancherai sagement la marche arrière, qui a le mérite méconnu sur la Goldwing de stabiliser proprement la vitesse.

norby59 a écrit:....
Premières impressions de la bête.
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Enfin, le GPS. Le système «grand écran», très lisible sous le soleil, doublé d’annonces vocales parfaitement audibles dans le casque, c’est parfait. Certes, la programmation n’est pas des plus confortables, le système met du temps à démarrer à l’allumage, et la nécessité de revalider après chaque coupure de contact ressemble à un bug, mais c’est un avantage très appréciable sur longue route. Evidemment, ce forum en a déjà largement parlé, l’absence de mises à jour sur ce GPS intégré (j’ai la version 2012) confine pour Honda à l’escroquerie en bande motorisée. Lorsqu’on parcoure trente kilomètres sur une section d’autoroute inconnue des cartes du GPS «made in Garmin 1999», et que le haut-parleur nous répète toutes les dix secondes «Veuillez rejoindre dès que possible la route en surbrillance», on se prend à rêver qu’un commercial de Honda a pris place sur la selle passager... et qu’on a justement acheté l’option «siège éjectable» version Aston Martin 007.
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: :gif64: :

Salut Norbert,

Bien content de lire que tu te refais la main tranquillou, sans bobos et grosses frayeurs

Je reviens sur ton premier post (cité en partie ci-dessus) et le GPS.
Certes, Honda ne fait rien, mais on a Claude et la méthode décrite ICI pour les +2012.

Je voulais juste m'assurer que tu étais au courant.
Si tu as besoin des coordonnées de Claude, demande en MP à GOLDTH, Doumé ou un fumeur de cigare Garonnais (Churchill)... qui pourront te donner cela en MP.

Bonne continuation,