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Une inattendue sur ma selle
par Koud'Pied o'Kick | 09.11.2021 à 07:15
Une inattendue sur ma selle
Pas facile de former à la moto un passager de fortune
Pas facile de former à la moto un passager de fortune : j'ai trente secondes pour mettre en garde sans faire paniquer. Mais là, je fais monter en selle : elle, la nouvelle, dont je dois rester loin.
Une inattendue sur ma selle (c) photo : Tuan Kiet Jr.
Au taf', nous employons des étudiants qui viennent nous aider en début de soirée à boucler les tournées. Ils profitent ainsi de contrats d'une vingtaine d'heures par semaine, compatibles avec leur emploi du temps. Ils mettent aussi de la légèreté dans l'ambiance entre embauchés ; ça me fait plaisir de côtoyer des gens qui savent que Schrödinger n'était pas le nom du chat d'Einstein et que le DSM4 est un livre plutôt qu'un indice de protection solaire.
Ce sont surtout des filles qui se présentent. La plupart sont de gentilles tchoupettes qui, au début, me disent "monsieur, vous...", ce qui met une claque la première fois ; après, on s'y fait. Rares sont celles qui me sont antipathiques. Encore plus rares sont celles qui me font ô combien regretter d'être né un quart de siècle trop tôt. Comme elle : la nouvelle, dont j'ignore le prénom, arrivée au début de la semaine.
Toutes mes tentatives de la dépeindre seraient vaines. Alors disons : Isabelle Carré en brune, du temps où elle était étudiante à l'Ensatt. Ô combien je regrette, te dis-je, d'être né trop tôt.
La nouvelle est en master de je-ne-sais-quoi. Je la regarde à la dérobée, assise devant son ordinateur portable au réfectoire. Elle a les cheveux un peu fous, pas de maquillage, la lèvre supérieure mince, les ongles courts, un gros pull à col roulé blanc qu'elle remonte parfois sur sa bouche dans un geste frileux.
À je ne sais quel âge, j'imagine qu'on se résigne : certaines jeunes femmes doivent rester des soupirs étouffés, un élan de la main vers la joue que l'on retient à temps, avant d'importuner.
L'entrepôt de la boîte est situé au fond de la zone industrielle, au ras des champs. Sans bécane, sans caisse, rentrer le soir implique d'aller chercher le dernier bus de 21h05 après un petit quart d'heure de marche. Or, mardi soir, nous avons fini avec plus de vingt minutes de retard sur l'horaire ordinaire. Pour le bus, c'est raté, même en courant.
La nouvelle se retrouve donc bien embêtée sur le parking, où flotte l'odeur du diesel froid de toutes les voitures des collègues partis en hâte. Il ne reste qu'elle, moi et Virginie, qui rentre à vélo.
Par le jeu du coquin hasard, j'ai dans le top-case le jet à écran tout neuf de ma Chérie-Chérie que j'ai justement pris ce matin pour le montrer au magasin parce qu'une ventilation se décolle. Un casque en rab' et elle, la nouvelle, sans moyen de transport sur le parking. Une chance sur... deux ou trois millions ? Sans avoir rien provoqué, de surcroît. Ô comme je regrette, comme je regrette...
‒ Sinon, je te ramène. Tu as déjà fait de la moto ?
Hésitation en face.
‒ Non.
‒ Je vais rouler doucement, alors.
Voilà : j'ai trente secondes pour expliquer en termes polis que plus elle se colle à moi, plus elle serre les jambes, mieux ça sera.
Quand j'embarque des novices, je leur conseille de se tenir à mes épaules, les avant-bras contre mes omoplates pour compenser au freinage. Je trouve ça moins embarrassant que de dire qu'il vaut mieux se servir de ses cuisses et de ses abdos pour faire corps avec le conducteur.
Vient le moment délicat de grimper sur la selle, haute. Elle est gênée par le top-case. Il lui faut enjamber la moto sans voir le cale-pied droit. Elle tâtonne, la jambe dans le vide. Les freins serrés, je cramponne fort le guidon. La bécane tangue. Elle s’assoit. Je lui laisse quelques secondes pour qu'elle trouve ses marques. Ses mains se posent sur mes épaules. Elle se tient immobile, maintenant.
‒ Ça va ? Tu es installée ?
‒ Oui, oui.
‒ On y va.
Je mets les gaz doucement. Surprise malgré tout, elle crispe les mains une seconde, puis relâche. Nous franchissons le portail. Je penche pour m'engager dans l'avenue : nouvelle tension des mains. Premier rond-point. J'angle comme si j'étais sous la pluie avec de forts soupçons de gasoil sur la trajectoire. Ses mains se serrent à peine. Tu vois ? Ce n'est pas si effrayant.
Je me contrains à revenir à la conduite : mon esprit vagabonde déjà à remarquer les différences avec ma Chérie-Chérie. Elle se tient plus loin, plus raide aussi. C'est net : ce n'est pas la même passagère. Sa présence est plus sèche. Nous nous arrêtons à un premier croisement. Parfois, quand on patiente à un feu, ma Chérie-Chérie ouvre son casque pour poser le menton sur mon épaule en imitant le chat satisfait. Ô si seulement...
Elle me guide dans la ville. Ses mains sur mes épaules sont détendues, maintenant. Je roule presque normalement.
‒ C'est bon ! Tu peux me laisser là !
Je m'arrête, serre les freins, plante les pieds au sol et me penche sur le guidon pour lui laisser de la place. La moto tangue encore, puis se relève un peu quand elle quitte les cale-pieds. La rue étroite est déserte, éclairée en orange. Je coupe le moteur et béquille.
Elle trifouille la boucle de fermeture à cliquet du casque. Au bout de quelques secondes, elle renonce, bascule la tête en arrière et s'approche, m'offrant sa gorge :
‒ Je n'y arrive pas.
J'attrape le petit ruban tressé et libère la fermeture. Elle ôte le casque en grimaçant un peu. Il faudra que je vérifie qu'elle n'y a pas laissé de cheveu : le radar à rivale de ma Chérie-Chérie est très sensible.
‒ Je n'avais jamais fait de moto avant. Ça va vite !
‒ Pourtant, j'ai roulé tout tranquillement.
‒ Ah ? Bon, en tous cas, j'ai bien aimé. Je n'ai pas eu peur du tout. Merci de m'avoir ramenée.
Je referme le top-case. Le moment flotte. Nous nous faisons face, dans la rue silencieuse. Mon coeur cogne. Il y a quelques années... qu'aurais-je fait ? Proposé une autre balade ? Retiré un gant ? Ôté mon casque ? Maintenant, ô combien je regrette ce temps qui nous sépare. Je regarde son gros col roulé : comme j'aimerais y enfouir le nez pour respirer son parfum. J'hésite à croiser son regard.
‒ Allez ! Il y en a une qui va s'inquiéter si je rentre trop tard, dis-je brusquement. À demain, alors.
‒ À demain, alors, fait-elle en écho. Merci. C'était gentil.
Je remonte en selle et donne du moteur. Je fais un demi-tour hésitant sur la chaussée bosselée. En d'autres circonstances, il serait encore temps de m'arrêter, de changer d'avis. Après tout, dans les films ça fonctionne, non ? Si dans les rétros je la vois qui me regarde toujours je... je quoi ? Je quoi, au juste ? Si on s'était loupés avec ma copine avant que je parte pour le service militaire, ma fille aurait son âge. Alors quoi ?
Alors je rentre vers la maison, où m'attend ma Chérie-Chérie, en fredonnant ce que je me rappelle de cette chanson de Reggiani que je trouvais jolie quand j'avais vingt ans et qui me serre la gorge aujourd'hui :
"il suffirait de presque rien,
peut-être dix années de moins,
pour que je te dise : je t'aime".
g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Très belle histoire et écrite avec beaucoup de finesse et de délicatesse. J'adore.
Merci pour ce moment de poésie
_________________
Aka
AKA- Membre incontournable !
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Age : 63
Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Très sympa… c’est sur ,ça ressemble plus à du Reggiani qu’à du Jean-Luc Lahaye
Gold65- Membre incontournable !
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Age : 58
Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Oh p'tain, si Alice Coffin l'hystérique ou l'une de ses copines tombe sur cet article tu te retrouves direct au tribunal mec
kuczynski- Membre incontournable !
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g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Joli récit................
Suzu'Kid- Membre incontournable !
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Age : 64
Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
par Koud'Pied o'Kick | 16.11.2021
Alphonse, motard
J'ai déniché un autre tarmo au taf' !
Il ne ressemble en rien à ceux que j'ai pu croiser.
Alphonse, motard, me laisse perplexe.
Kronik : Alphonse, motard (c) photo : Pixabay
L'entrepôt est grand. Je bosse du côté Réception, là où s'affairent les adorables choupettes qui se mettent du noir sur les yeux pour venir travailler. De l'autre côté, aux Expéditions, c'est le royaume des caristes et de quelques garçons manqués qui parlent très fort et se disent bonjour en se donnant des coups de poing dans l'épaule. Entre ces deux domaines siègent les secrétaires, dans un couloir vitré où ronronnent des copieurs industriels, que j'appelle sans originalité la Frontière (à protéger contre Xur et l'Armada Ko-Dan). [Starfighter, film de SF de 1984 qui illustre l'importance d'être bon aux jeux vidéo]
Parfois, des caristes franchissent la Frontière. Ils remontent alors la travée centrale de l'entrepôt, certains intimidés, d'autres jouant les fiers-à-bras en lançant des "bonjour mademoiselle !" mielleux qui hérissent les adorables choupettes ‒en privé, elles les appellent les "gros lourds", sauf un dont les yeux bleus font l'unanimité.
Mais voilà que mardi, j'ai moi aussi sauté la Frontière, tirant un trolley de cartons urgents. Au sol, ce n'est plus du lino mais du béton pulvérulent où sont peintes des lignes de circulation et de grandes lettres rouges. L'air est froid et sent le diesel des camions. Les chariots élévateurs claquent des fourches et klaxonnent. Ce sont deux mondes différents.
Tout cela n'aurait aucun intérêt pour toi si je n'avais pas avisé, sur le parking, une VTR 1000 jaune poussin. À cheval sur le tournant du siècle, cette machine a complètement disparu du paysage, ce qui prouve bien que les journalistes qui voyaient dans le vétouine l'avenir du katrenligne se sont fourrés la rampe de carbu dans l'œil.
Je ne saurais dire s'il s'agit du premier ou du second modèle, au réservoir augmenté. Elle a en revanche quelques options d'époque, comme les infâmes clicos "carbone" à l'avant, un passage de roue dont la couleur a viré et une plaque qui tient avec des équerres zinguées. Une paire de pots Mig remontent le long des flancs de selle.
Je m'attarde : c'est bientôt la pause ; pas de scrupules. Ouch ! Le pneu arrière est mort-mort : je vois la trame sur le flanc gauche. Le pneu avant n'est pas en meilleur état, usé en triangle avec des flancs lisses. Pourtant, la bécane est très propre.
Un bruit de pas derrière moi. Je me retourne. Un grand Noir, en bleu de chauffe, un casque à la main.
‒ C'est ta VTR ?
‒ Oui.
Et il se met à rire. Un rire profond, à la Pavarotti [fameux ténor italien].
‒ Tes pneus sont archi-cuits.
‒ Je sais.
Il rit de nouveau.
‒ On n'en voit plus beaucoup, des comme ça.
‒ Je l'ai achetée neuve. C'est la moto de mon mariage.
Il rit une fois de plus. Ce doit être ainsi qu'il termine toutes ses phrases : en riant.
Il a posé son casque avec précaution sur le réservoir. Je devrais écrire "casque", parce que c'est un casque de football américain aux couleurs des Washington Redskins (je le sais : quand j'étais gamin, mon père m'avait ramené un t-shirt des Zuèsses). En guise de gants, il met un modèle de jardinier en cuir à tailler les rosiers. Il porte aux pieds des chaussures de sécurité montantes très usées.
Petit à petit, comme nous parlons, se dessine le portrait d'un type de motard que je n'avais jamais rencontré jusqu'à présent. Le motard pour qui le principal c'est d'avoir une monture imposante et qui se remarque. Tout le reste, l'équipement, les révisions, les pneus, est secondaire.
C'est manifeste quand j'évoque à nouveau ses gommards qui auraient dû être changés bien plus tôt. Alphonse répond par une espèce de gémissement doublé d'une grimace et d'un geste de la main qui semble dire : on verra plus tard, ce n'est pas important.
La VTR est sa première moto :
‒ Je voulais la meilleure. Et c'est la meilleure, souligne-t-il. Je ne la vendrai jamais, ajoute-t-il d'un ton grave, comme s'il répétait un serment.
Je sens une grosse charge émotionnelle derrière la phrase qu'il vient de prononcer : "je ne la vendrai jamais", avec dans les yeux quelque chose que je n'ai vu que chez les cavaliers quand ils parlent de leur cheval. Je suis presque gêné par l'attachement visible d'Alphonse à sa VTR : en vingt ans, il n'a eu qu'une seule moto, alors que j'en ai possédé... 12 ? 13 ? Je ne sais même plus.
Il a plu hier et tout l'arrière de Berzingue était maculé du sable et de la boue de la route. Sa VTR, elle, a visiblement été nettoyée hier soir, après l'averse. Pas un grain de sable sur le bras oscillant ou dans le passage de roue. Pourtant, ses pneus sont à jeter. Je ne comprends pas. N'est-ce pas paradoxal ?
J'ai croisé des motards ultra-maniaques (et franchement : ultra-pénibles), des motards bousilleurs, des motards qui s'en foutent, des motards qui changent de bécane tous les ans, des vaccinés monomarques (jamais sans ma Harley, BMW sinon rien, etc)... Mais Alphonse ?
Alphonse me laisse perplexe.
g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Comme quoi les motards ne sont pas une "race", un "groupe", une "société" en résumé une "secte" comme ils sont souvent représentés dans les médias. Il y a aussi beaucoup d'invidualités non assimilables. Dans le fond c'est réjouissant
kuczynski- Membre incontournable !
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Comment faire de ton PCX une vraie Gold Wing (+vidéo)
par Koud'Pied o'Kick | 23.11.2021 à 08:15
Comment faire de ton PCX une vraie Gold Wing
En moins de deux heures, tu peux toi aussi transformer ton PCX en authentique Gold Wing
Vive les tutos sur Youtube
Comment faire de ton PCX une vraie Gold Wing (c) photo : Daria Rem
En moins de deux heures, tu peux toi aussi transformer ton PCX en authentique Gold Wing, avec tous les accessoires qui vont bien. Pourquoi hésiter ? Enfin une Gold de 140 kilos qui tête 2 litres au 100 !
Nous sommes bien d'accord que Youtube est une saloperie pour la vie sociale en plus d'être un sac à pub au service de la classe dominante et de ses intérêts.
Mais d'un autre côté, si tu cherches un tuto pour (au hasard) déposer la batterie en rade d'un Lapin-Lap1, Youtube, c'est l'outil le plus génial inventé depuis la pince multiprise.
Je ne sais trop comment, je me suis retrouvé jeudi matin à regarder un type qui parle très vite dans une langue que je connais pas à propos d'un kit carrosserie pour Honda PCX 160, modèle que j'envie beaucoup aux asiatiques pour les trois chevaux en rab.
L'auteur commence par détailler les éléments qui le constituent. J'en retiens deux choses. Premièrement, les leds, c'est toujours le fin du fin en matière de classe visuelle, de la sous-merde chinoise kitée bisounours à la berline allemande à 200 patates (un plouc aura toujours des goûts de plouc, le compte en banque n'y change rien). Deuxièmement, "hidrolik" est LE raffinement à avoir sur ta bécane. Démonstration : il ouvre une trappe, la repousse doucement et... "hidrolik". Je ne sais pas pourquoi, mais "hidrolik" me met en joie. Tiens, tout à l'heure en sortant de mon appart', j'ai repoussé la porte en murmurant "hidrolik" : ça change tout. Essaye : tu verras. "Hidrolik".
Le kit est composé de panneaux en fibre de verre dont l'assemblage semble facile, de ce que l'auteur en montre. L'ensemble vient se prendre sur les fixations d'origine, même si je grimace un peu de douleur quand je le vois employer des vis à bois, apparemment fournies par le fabricant. À la mise en marche du moteur, le bouzin doit se mettre à vibrer d'une force ! Il me semble voir des rubans de mousse collés aux jonctions (ou est-ce du scotch double face?), mais je subodore un raffut de vaisselier plein dégringolant un escalier dès que ce Gold PCX se met en branle.
En matière d'hidrolik, le montage de la trappe qui libère l'accès au réservoir d'essence livre bientôt un terrible secret : hidrolik repose sur l'emploi de charnières pour meubles de cuisine. Mais je salue l'effort : le "klonk !" sans grâce du couvercle de mon top-case à trois smics philippins est là pour me rappeler qu'il n'y a pas d'hidrolik sur mes deux motos.
Naïf, je pensais que le carénage reliant le phare à l'avant de la selle suffirait, mais non : un second bout de plastique vient ajouter du volume au niveau du marchepied. Plus c'est gros, plus c'est bien, pas vrai ?
J'ai résisté à l'envie de sauter directement à la fin de cette série de trois vidéos pour juger du résultat final. Autant les plastiques avant ne me rebutent pas, autant le carénage de guidon me paraît très moche avec ses vis apparentes et surtout inutile.
Je suis surpris de ne pas voir apparaître d'autocollants de marques diverses (slips à la mode, boissons au sucre industriel, fabricant de matelas). Là-bas, on doit pouvoir trouve à vil prix plusieurs monogrammes de choix pour transformer ce Gold PCX en Prada-Spontex Edition et ainsi parachever l'oeuvre.
Toi qui ricanes devant cette vidéo, remarque cependant que les constructeurs de véhicules à deux, trois ou quatre roues font exactement la même chose : visser du plastique en plus pour faire "sport" et ajouter 3.000 balles à la facture du client ravi de voir ainsi son ego léchouillé dans le sens du poil.
N'empêche : si j'avais un PCX, je pense que je serais intéressé par le carénage de jonction feu-selle. Bien monté, ça ferait un coffre de plus pour caser ces bricoles qui sinon encombrent sous la selle, comme cet infernal gilet jaune dont je ne sais quoi faire et qui joue le rôle de serpillière au fond du bac.
Comme dirait mon nouveau copain de Jakarta : makanya kita buru-buru !
g2loq- Co-administrateur
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30 Novembre - Les clefs radio c'est de la daube
par Koud'Pied o'Kick | 30.11.2021 à 08:15
Les clefs radio c'est de la daube
Ça y est, c'est officiel : je déteste les clefs radio. J'ai failli rester en rade une fois de plus avec Lapin-Lap1.
Les bonnes vieilles clefs en métal, au moins, ça tombe pas en panne.
Les clefs radio c'est de la daube (c) photo : Cottonbro
Lapin-Lap1 a un système de contacteur radio, qu'il est bien difficile d'appeler autrement que "qu'y laisse" pour se faire comprendre des autres, tant cet anglicisme s'est imposé. J'en profite pour glisser ici une précision : en anglais, ça se prononce "ki" et pas "kèï", sauf à vouloir imiter un accent local. Pour faire snob, on peut dire "transpondeur", mais je ne suis même pas sûr que ça soit le cas. C'est une clef radio, épicétou.
Une saloperie de clef radio, qui plus est, car elle a failli me laisser en rade une fois de plus, seulement trois jours après mes mésaventures avec la batterie. Jeudi midi, donc, je me pointe à la pause dans l'idée d'aller au Mammouth du coin (Mammouth écrase les prix) m'acheter une livre de raisin en guise de goûter. J'appuie sur l'interrupteur, m'attendant à le voir s'éclairer en bleu et faire 'clic', mais rien. Pouik. Keudalle. J'insiste : peau de zob. La clef est pourtant bien dans ma poche (je vérifie) donc à portée de signal.
A la manière du Capitaine Haddock, j'égraine à ce moment un chapelet de jurons par ordre alphabétique, de bachi-bouzouk à zouave interplanétaire. Je sors la clef et l'approche au plus près du contacteur. Miracle ! Celui-ci accepte de tomber en marche. Vite, je tourne le bouton et lance le moteur. Ouf ! Je ne vais pas recommencer le cirque de la semaine dernière.
Bon... Je ne vais pas aller chez Mammouth (Mamie écrase les prouts ‒méfiez-vous des contrepéteurs), je vais plutôt rentrer direct à la maison y déposer Lapin-Lap1 pour prendre Henri IV qui, lui, a un contacteur à clef normale, un démarreur électrique et un kick.
Non, il n'y a pas de péripétie subséquente. J'arrive à rentrer au garage sans encombre, sors Henri IV et prends le chemin du retour.
De mon aller-retour express, je ne retire qu'un sujet de réflexion : le X-ADV est-il en passe de détrôner le T-Max comme principal aimant à fâcheux ? Car j'en ai croisé un bien beau spécimen en route. Pot qui fait prout-prout, t-shirt, casque Roof bien calé contre la nuque, téléphone en main gauche même en roulant, ce type sue l'angoisse de ne pas exister aux yeux des autres en général et de sa Maman en particulier. Nous nous suivons le long de la succession de feux sur la large avenue qui mène au périphe local. Ici, mettre gaz en grand ne change rien : les sémaphores ne sont pas synchronisés.
Le guidon d'Henri IV est à peine plus large que son bloc optique, donc je me faufile entre les voitures pour me pointer à côté de lui au feu rouge. Au dernier feu avant la rocade, il reste bloqué derrière un camion qui tourne à gauche ; je suis passé par la droite. Ne pas être tout devant va l'énerver et j'anticipe un démarrage façon 24 Heures de sa part pour me châtier de ma témérité. Je vais donc rester bien à droite pour le laisser faire le zozo loin de moi. Ya rien de plus dangereux sur route qu'un fâcheux frustré de sa pole position imaginaire. Allez ! Va te mettre au tas tout seul.
Pourvu, oh, pourvu que les fâcheux en quête d'un remplaçant au T-Max ne s'aperçoivent pas que la NC a le même moteur.
Tout cela ne résout pas mes histoires de contacteur capricieux. Il n'y a pourtant pas de ligne haute tension dans le coin. Il y a bien la grande cheminée en inox de la chaufferie juste à côté de là où je me gare, mais je ne vois pas comment elle pourrait faire de la friture.
C'est en me garant à mon emplacement habituel, contre le mur et juste sous les fenêtres du vestiaire du premier étage que j'ai un embryon de réponse que je ne sais pas comment vérifier. Mon vestiaire est tout contre la fenêtre. Donc je me demande si la clef et le contacteur, en toute limite de portée, deux mètres cinquante environ, n'arrêtent pas d'échanger des trames, entraînant un épuisement prématuré de la batterie de la clef, ce qui expliquerait sa réticence tout à l'heure. Peut-être faut-il que j'aille me garer ailleurs, 10 mètres plus loin ?
Quoi qu'il en soit, mes conclusions sont : les contacteurs à clef, c'est vraiment de la merde et si tu es proprio d'un X-ADV, fais gaffe, les fâcheux en T-Max sont peut-être en embuscade. Ah ! Et si tu as une clef radio, garde une pile de rechange planquée quelque part sur la bécane, genre scotchée dans le passage de roue.
g2loq- Co-administrateur
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Age : 70
7 décembre - Je commence à stocker
par Koud'Pied o'Kick | 07.12.2021
Je commence à stocker
Trois semaines pour un train de pneus ?!
Faut pas me prendre pour un âne
C’est décidé : je commence à stocker. Trois semaines pour un train de pneus ? Faut pas me prendre pour un âne.
Je commence à stocker (c) photo : Winson 5293
Je sais bien que Jancovici a raison quand il dit qu’il ne faut jamais prendre de décision importante au regard de ce qu’il y a écrit dans le journal ; dans le journal, il n’y a que des bêtises (ne me demande pas comment je le sais).
Pourtant, il faut compter trois semaines pour le train de pneus tout ce qu’il y a de plus standard pour la bagnole. En faisant la révision, le vendeur, consterné, m'a confié qu'ils étaient en train de pomper les prix à la hausse : tous les balais d'essuie-glace, par exemple, ont pris 10 balles d'un coup. Donc : je commence à stocker.
Un train de pneus d’avance pour les deux bécanes, pour commencer. Stockés dans un vieux drap au grenier, ils vont m’assurer que j’ai de quoi remplacer dans dix mille à douze mille bornes, soit au moins quatre ans. Si j’étais super-prudent, je m’offrirais aussi une paire de démonte-pneus métalliques ainsi que ces espèces de mâchoires en plastique à placer sur les rebords de jantes pour ne pas arracher la peinture ou endommager l’alu, afin de pouvoir changer les enveloppes moi-même. Ah ! Je serais aussi bien avisé de mettre trois ou quatre valves de côté.
Les plaquettes de frein ? Ce n’est pas un luxe et ça n’a pas de date de péremption. Au pire, ça se revend avec la bécane si je change. Ça et deux bidons de liquide de frein -je déplore toujours que leur contenance soit trop élevée au regard de ce que contient un circuit : j'en jette toujours plus de la moitié (si quelqu'un a une astuce pour bien le conserver une fois le bidon ouvert, je suis preneur).
L’huile ? Avec la contenance de mes carters, cinq litres par bécane suffisent amplement pour les cinq ans qui viennent. De la bonne vieille 10w40 en grade SJ et zou ! J'ajoute un entonnoir en alu, trois joints et des bouchons de vidange avec un aimant au bout pour récupérer la limaille et voir dès l’ouverture s’il y a un problème (un peu : pas grave ; beaucoup : houlah !). Si j’ajoute à ça cinq litres de liquide de refroidissement et deux filtres à huile, je suis paré.
Un kit-chaîne de rechange pour Berzingue ? Mais avec le carter étanche, celui de Henri IV était comme neuf après 10 ans et 11.000 bornes, donc je me demande si ça vaut le coup. C’est le genre de pièce que je vais planquer dans un coin " pour ne pas oublier " et être incapable de remettre la main dessus quand j’en aurai besoin ; c’est garanti sur facture. Le nombre de trucs que j’ai perdu puis retrouvé à la faveur d’un déménagement, ou que je ne me rappelais même plus avoir acheté et qui vient s’ajouter à ma collection accumulée, c'est fou.
La suite ? C’est un peu plus délicat. Si j’avais un vieux T-Max, par exemple, j’aurais commandé une ou deux palettes de redresseurs : c’est du consommable, sur ces machines. Mais là ? LapinLap1 et Berzingue sont données tous deux pour 100.000 bornes sans déculasser. À la fréquence où je roule, je serai mort avant d’avoir atteint ce kilométrage sur l’une des deux.
Durits de frein ? Bof… ça vieillit bien, ces trucs. Leviers et sélecteurs ? Ça se bricole. J’ai des ampoules en rab’ et je n’en ai claqué que sur la voiture ces dernières années, à cause d’un circuit électrique qui accuse ses vingt ans.
Des clips et de la visserie de rechange ? Re-bof. Si c’est de la visserie moteur, je ne vois pas pourquoi ça casserait. Si c’est pour les plastiques, je peux bricoler avec de la visserie zinguée standard, un poil plus pénible à démonter, mais comme ce n’est pas tous les quatre matins, je peux me permettre d’y passer trente secondes de plus.
Je regarde ma liste de courses. Qu’est-ce qu’il manque ? Ah ! Les batteries ! J’ai tué celle de la voiture cet été en laissant le plafonnier allumé toute une semaine. Donc… deux accus ? Ouch ! Ça a drôlement augmenté, les batteries, ces temps-ci. On manque de plomb, ou quoi ? J’hésite. 200 balles de batterie ? Ou bien je me bouge un peu et j’installe deux câbles étanches pour brancher un chargeur externe ? J’ai la flemme, mais il faudrait. Si j’étais ultra-motivé, je ferais même mes câbles sur mesure pour être sûr que ça tombe pile où je veux, sans fils qui se baladent sous le carénage.
Qu’est-ce qui pourrait encore m’empêcher de rouler ?
Le filtre à air. Mais ce sont des modèles plats sur les deux machines, donc pareil : ça se bricole avec du filtre façon hotte aspirante de cuisine et un pistolet à colle. Ce n’est pas parfait, mais ça fonctionne. Bougie ? Boarf… ça tombe plus en panne, ces pièces. Allez ! Un jeu par acquit de conscience, mais c’est un peu comme le kit-chaîne : je serai infoutu de me rappeler où elles sont le moment venu.
Qu’est-ce qui pourrait bien m’empêcher de rouler et que j’ai oublié ? Huile, freins, filtres…
Ah oui !
Oui, oui, oui.
Suis-je bête.
Bien sûr.
Et là, je n’y peux rien. Rien du tout, même.
J’aurai l’air fin avec mes pneus en rab’ et mon filtre à huile d’avance si l’essence vient à manquer.
Zut... Pourtant, j'avais mis sur pieds un plan sans faille.
g2loq- Co-administrateur
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14 décembre - Les rodeurs sachant roder
par Koud'Pied o'Kick | 07.12.2021
5 erreurs fatales à ne pas commettre pour réussir un rodage
Ça y est ? Tu as ta moto toute neuve ?
Avant de te mettre en route, tu dois absolument connaître ces cinq erreurs fatales que font même les motards les plus expérimentés.
5 erreurs fatales à ne pas commettre pour réussir un rodage (c) Cottonbro
J'aimerais comprendre comment fonctionnent les titres putàclic et qui les met point. Comme une grosse partie du e-marketing a été inventé par l'industrie de la vidéo de cul, je soupçonne que le putàclic a beaucoup à voir avec la presse à scandale (que personne ne lit mais que tout le monde feuillette en poussant des "rhooooo" effarouchés). Est-ce qu'il existe une Putàclic Adademy ? Enfin... revenons à nos histoires de rodage.
Ainsi, tu trouveras sur YouTube plein de gens qui t'expliquent ce qu'il faut faire et ne pas faire pendant un rodage. Tu peux les ignorer : leurs conseils n'ont aucune valeur. Les seuls points à surveiller sont les cinq listés ci-dessous.
1. Mettre les gants sur le réservoir au premier plein
Ce rapiat de concessionnaire t'a accordé à peine trois litres d'essence, donc il faut vite filer à la pompe. Là, tu commets la première erreur fatale : poser tes gants sur le réservoir, à proximité de la trappe. Tu ne connais pas encore ton réservoir ni comment il se remplit. Évidemment, c'est obligé, la goulotte refoule brusquement. L'essence éclabousse partout et tes gants vont puer le 98 pendant une semaine (15 jours si c'est tes gants d'hiver, imbibés à coeur).
Première erreur : ne mets jamais tes gants sur le réservoir au premier plein.
2. Tripatouiller les boutons du tableau de bord au 1er feu rouge
Tout concessionnaire digne de ce nom devrait afficher cet avertissement sur les boutons du tableau de bord : "touche pas à ça, p'tit con !". Parce que bien sûr, dès le premier feu rouge au sortir de la concess', tu vas vouloir connaître la pression atmosphérique pour en déduire l'autonomie restante si tu empruntes un parcours mixte sans péage avec franchissement de gué et activation du contrôle de traction au niveau 8¾. Et paf ! Tout s'éteint. Tu n'as même plus le témoin de point mort, qui se met à la place à clignoter pour t'indiquer le nombre de fois que tu as déplié la béquille latérale depuis la dernière révision intermédiaire (on sait jamais, l'info peut servir). Funérailles ! Tu as commis la deuxième erreur fatale avec une bécane raide neuve : manipuler les boutons sans t'être au préalable coltiné le mode d'emploi (à l'arrêt, sur plusieurs heures et avec deux litres de café fort sous la main).
Puisqu'on t'avait dit de ne pas toucher à ça (p'tit con!).
3. Te faire doubler par une nana en sportive
WABROOOOOOO !!!!! Sportive. Cuir. Queue de cheval : oui. Mais méfiance. Hanches larges ? Oui. C'est donc bien une nana, pas un tatoueur en retard pour le boulot. GAZ ! Gaz ? Non. Laisse-moi t'expliquer pourquoi surtout-pagaz.
Ce n'est pas une question de pneus raides neufs aux flancs encore brillants d'agent de démoulage post-vulcanisation. Pas non plus rapport aux freins dont on voit encore les traces d'usinage sur les pistes, ni même de 6.000 tours à ne pas dépasser sous peine de faire des trous dans les pistons. Pas du tout, pas du tout. Tu peux y aller à fond, même en tirant dessus comme un goret, elle fera quand même ses 100.000 bornes sans broncher. Voici pourquoi.
D'usine, les motos sont réglées en mode "lopette de concours", l'injection bridée et l'allumage calé "plein retard" pour sortir à tout péter 9,8 chevaux. Ceci afin que le neuneu standard fasse au moins 400 mètres avant de se crasher ; se vomir avant même d'être sorti du parking de la concession, c'est fort mauvais pour les affaires.
Je récapitule : nana à queue de cheval en cuir sur une sportive + moto raide neuve qui sort à peine plus de chwô qu'un Solex gavé à l'éther = humiliation. Parce que bien sûr, pile à ce moment, tu vas croiser un de tes potes et ta réputation dans le gang sera finie.
4. Lire le manuel d'utilisateur ou RTFM pour les intimes
Il ne faut JAMAIS lire le manuel d'utilisation de ta moto. Jamais. Tu risques d'y apprendre qu'il existe une petite vis, là, qui fait plein de trucs apparemment super quand tu la tournes. Ou un bouton sur ton tableau de bord qui t'ouvre les portes d'un univers nouveau ‒si, si.
Parce que bien sûr tu vas vouloir tourner ladite vis, ou appuyer sur le bouton sus-mentionné, comme une Pandore qui serait passée outre le gros autocollant jaune fluo à tête de mort sur sa proverbiale boîte.
Plusieurs heures plus tard, tu vas inévitablement revenir à la concession, la mine basse et ta moto ratatouillant misérablement à cause de la fameuse vis. Ou bien le tableau de bord s'est mis à biper frénétiquement en affichant des instructions dans un alphabet que même Google ne reconnaît pas ‒fallait pas appuyer sur le bouton.
Naïf, tu pensais que ton concessionnaire chéri allait te régler ça en deux coups de cuillère à pot... mais queudalle. Cinq semaines plus tard, deux techniciens dépêchés spécialement du Japon continuent d'ausculter ta moto ; au fil des jours, ils ont la mine de plus en plus défraîchie alors qu'ils tentent en vain de comprendre comment cet abruti de gaijin a pu autant semer le bazar sur leur moto en appuyant sur un seul bouton.
Laisse ce foutu manuel sous ta selle avec le bon de commande et la facture d'achat et n'y touche jamais. Sinon tu feras le rodage de ta moto neuve sur la Deauville de prêt de la concession (312.000 kilomètres au compteur, de quoi semer le doute quant à ton achat).
5. Il n'y a pas de 5e raison
Ça fait encore rire quand la 5e raison est Obi-Wan Kenobi ?
g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
,
Merci Christian une merveille à lire
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Filip91- Membre incontournable !
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21 décembre - A 50 ans, si t'as pas roulé en...
par Koud'Pied o'Kick | 21.12.2021
A 50 ans, si t'as pas roulé en V-Max laisse béton la Lexro
Rouler sur une V-Max ?
Est-ce l'occasion de ne pas rater ma vie ?
Rouler sur une V-Max ? Quelle idée stupide ! Pourtant, il y en a une chez mon concessionnaire chéri. Est-ce l'occasion de ne pas rater ma vie ?
A 50 ans, si t'as pas roulé en V-Max laisse béton la Lexro (c) photo : The Lazy Artist Gallery
Je ricane que l'on retiendra surtout d'Attali sa petite phrase sur les toquantes à très cher pour parvenus sans imagination. Surtout parce qu'elle se prête à bien des détournements. D'où : à 50 ans, si t'as pas roulé en V-Max, t'as raté ta vie.
Or justement, mon concessionnaire chéri en a racheté une il y a quelques semaines. Un exemplaire tout à fait propre, possédé par un de ces motards qui ne sort que pour se rendre chez le mécano tous les ans pour en faire religieusement la révision à la date-anniversaire (+/- deux jours ouvrés si celle-ci tombe un dimanche). Un de ces héros qui, en somme, assure le gardiennage tous frais payés de ta future moto.
Cerise sur le gâteau, c'est une édition limitée. Je te laisse quatre secondes pour deviner ce qu'ils lui ont fait pour ça... Trois... Quatre... Gagné. Ils l'ont peinte en noir. Quand un créatif est en panne d'idée, il sort de sa manche la carte "tout peindre en noir".
Une V-Max, donc, toute d'origine, sans le fameux vébouste sans lequel ta V-Max, c'est un peu les Village People à qui il manquerait le costaud tout en cuir (noir!). Le vébouste, c'est juste un conduit régulé par un papillon qui fait communiquer les pipes d'admission des carburateurs des bancs 1-2 et 3-4 pour admettre plus de mélange à partir de 5.750 tours/minutes.
Présenté comme ça, c'est pas très sexe, mais si tu l'appelles vébouste et que tu dis aux Français que taratata-tu-l'auras-pas, tu as là tous les ingrédients d'un succès basé sur la frustration.
En 1985, si tu es un de ces yuppies du 9e arrondissement employé d'une société de courtage en bourse et que tu veux te démarquer de ton collègue qui s'est payé trois Porsche (bleu-blanc-rouge) cash avec son bonus de fin d'année, tu rappliques au travail avec une V-Max. Et prout la Porsche. Imparable.
V-Max Hyper Modified
Mais il y a un hic. Un gros hic. La V-Max va sur ses quarante ans. Donc son "énorme" pneu arrière est en fait un 150, comme sur une CB 500 de moto-école. Donc son freinage "acceptable" de l'époque est passé dans la catégorie "merdique à faire peur" aujourd'hui. Et le cadre, présenté jadis par Cycle World comme "le meilleur de sa catégorie" ‒était-ce ironique ?‒ est aujourd'hui juste invivable tant il vrille.
Il en va des divas de la route comme celles de la chanson : il vaut mieux les garder en mémoire comme elles étaient sur les pochettes des 45 tours en 1985 que de jeter un oeil à leurs photos d'anniversaire en 2021. Ça fait un choc. A part Emmylou Harris, mais c'est une autre histoire.
C'est ainsi que j'arrive chez mon concessionnaire avec un mélange d'espoir et d'anticipation de déception. Tout comme une CB 750 K0 se fait mettre minable par une bête Ninja 400 stock, je me dis qu'une V-Max, ça doit être nettement moins bien qu'une Rebel 1100 qui sort pourtant 40 bourrins de moins.
Mais n'empêche : je pourrai dire "à 50 ans, j'ai roulé en V-Max". Et je pourrai snober Jacquot-la-toquante.
J'aborde la question par la bande, en passant par mon mécano officiel :
‒ Dis donc : j'ai eu une idée...
Comme lui a pu l'essayer, il me confirme mes soupçons : c'est lourdingue, rien qu'à relever de la latérale t'en chies et sans le vébouste c'est bof-bof.
Oui, mais lui roule en Africa-Twin. Moi, je descends de Lapin-Lap1, 30 chevaux en chute libre. Donc une V-Max, ça devrait logiquement encore me déboîter les clavicules même en quatrième à 60 à l'heure, non ?
Confiant, je m'approche du bureau de mon concessionnaire-chéri d'amour que j'aime fort-fort et accessoirement Gardien des Clefs des motos de la concession. Je lui expose mon plan génial et sans faille : tu as une V-Max, c'est l'occasion pour moi de cocher la case
[ ] A roulé (même seulement 20 mètres) en V-Max à 50 ans.
Las, sa réponse me renvoie à la Lexro que je n'aurai pas non plus :
‒ Désolé, elle est vendue. Le client vient la chercher cette semaine.
J'ai 50 ans et je n'ai toujours pas roulé en V-Max.
Dernière édition par g2loq le Mar 21 Déc 2021 - 10:22, édité 1 fois
g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Trop bon......
Suzu'Kid- Membre incontournable !
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28 décembre - Le 125 'C' Moto Tour
Une petite balade champêtre, par procuration ?
par Koud'Pied o'Kick | 28.12.2021
Le 125 'C' Moto Tour
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour
Un événement qui a regroupé la quasi-totalité des motards du Dijonnais
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour.
Un événement qui a regroupé pas moins de la quasi-totalité des motards dijonnais de bon goût.
Kronik : Le 125 'C' Moto Tour (c) photo : Darwis Alwan
Il y a deux types de motards : ceux qui proposent des sorties et que tout le monde suit et ceux qui proposent des sorties et leur suggestion tombe à plat.
Donc, quand je lance fin septembre l'idée d'un 125 Tour, je fais un bide. Je me console en me disant que pile au moment où j'ai ouvert la bouche, quelqu'un a attaqué un axe de roue arrière réticent au pistolet pneumatique et le raffut a couvert mes paroles.
Il n'y a que Fifi, assis à côté de moi, qui lève un œil de dessus le magazine qu'il feuillette et me lance :
‒ Pas bête. C'est quand ?
Là, je suis coincé : j'ai pensé à cette histoire de boucle en 125 sur les voies communales, mais je ne suis pas allé plus loin.
Je réponds, à tout hasard :
‒ Baaah... dimanche ?
‒ Ça sera long, ton truc ?
‒ 250 bornes, donc quatre à cinq heures plus une pause-sandouiche au milieu. Mais on peut raccourcir si besoin : on reste aux alentours. C'est juste pour sortir sur les petites bécanes avant qu'il ne fasse trop moche.
‒ Allez ! Je viendrai avec le Monkey.
Un 125 'C' Tour, c'est simple : tu prends une carte routière, tu choisis un rayon quelconque (dans mon cas : 40 kilomètres), tu traces un cercle au crayon et tu cherches à suivre ce tracé au mieux en passant par les routes communales.
Ce n'est pas toujours possible, il faut parfois faire de grands détours, mais c'est le jeu : découvrir de toutes petites voies que l'on ne prend jamais d'habitude parce qu'on ne sait même pas qu'elles existent avant de regarder la carte.
Ensuite, soit tu la joues à l'ancienne avec roadbook papier, soit tu demandes à ton téléphone de faire la navigation.
Depuis que j'ai trouvé un support qui se visse sur la branche de mon rétro gauche, les cartes restent sous la selle.
Côté bécane, n'importe quel brêlon qui tient le 70 km/h sur le plat peut venir. Plus l'engin est lent, plus c'est rigolo.
Ce qu'il y a de bien, avec Fifi, c'est que je sais qu'il va arriver à l'heure, avec le plein fait, de l'air dans les pneus et de bonne humeur sous la ronchonnerie apparente.
Comme nous ne sommes que deux, on va utiliser l'autre gadget magique après le GPS : l'oreillette radio, couplée à nos téléphones respectifs. Pouvoir bavarder change complètement la balade.
Il fait un temps parfait : un peu de soleil, pas trop chaud, pas de vent. S'il pleut on est équipés.
Fifi connaît déjà Henri IV, mais c'est la première fois que je vois le Monkey 125 de sa femme, qu'il lui a offert l'année dernière en remplacement d'un antique Yamaha Beluga qui a avalé une soupape à 61.000 kilomètres. Elle l'utilise pour aller travailler sans se fader les bouchons du centre-ville. Stock jusqu'au bout du catadioptre arrière, Fifi le lui emprunte parfois pour des balades.
Comme il dit, quitte à être obligé de se traîner à 90, autant le faire sur un truc rigolo et marrant à conduire.
Seul accessoire : une paire de sacoches en cuir brun foncé à grosses fermetures chromées qui font étrangement custom; vu le prix des accessoires pour le Monkey, je soupçonne qu'elles ont dû coûter une fortune.
On sort très vite de la ville par un axe que nous connaissons bien. Naturellement, on se cale sur un rythme pépère: 70-80 km/h compteur, assez vite pour ne pas bouchonner, mais assez lentement pour être dépassés rapidement par les bagnoles.
En 125, ça ne sert à rien de vouloir rouler plus vite que les voitures quand on ne prend que péniblement 90 comme Henri IV et le Monkey.
Au bout de 12 bornes, on prend à droite sur un premier chemin communal. La vraie aventure commence. Ici, nous roulons plutôt aux alentours de 60, voire moins selon l'état de la route. On bavarde en conduisant en mode semi-automatique. Nous émergeons sur un premier plateau.
Ils ont fauché les tournesols récemment : il y a de la terre plein la route. Au rythme où l'on roule, on s'en fout. Avec les grosses, on aurait chopé les freins, un peu surpris, en se demandant si ça va glisser. Là, je vise entre deux mottes de boue et remet les gaz. Nous entrons dans un bled : ça sent la vache et le feu de bois.
L'intercom' en balade, c'est vraiment bien. Au lieu de faire de grands gestes bizarres, de donner des appels de phares ou de mettre des coups de klaxon, on a juste à dire : "je suis à la moitié du réservoir, donc j'ai encore 80 bornes devant moi" (oui, on a des réservoirs microscopiques, surtout moi : c'est l'un des rares défauts de ces brêles en comparaison d'un CB125F, par exemple, qui fait 600 km entre deux pleins).
Nous grimpons à flanc de colline, puis descendons dans un ravin. Le bitume est rapiécé de partout, usé jusqu'aux cailloux blancs de la route d'il y a cinquante ans. Je crâne un peu avec mes jantes de 17 ; Fifi est secoué avec ses petites roues : il ralentit.
Nous traversons des villages qui, jusqu'à présent, n'étaient que des panneaux indicateurs de part et d'autre de nos routes habituelles. Certains sont agricoles, les rues boueuses, les portes des granges ouvertes, d'autres sont résidentiels et proprets, avec des pelouses bien tondues autour de vieilles maisons.
Dans un autre patelin nous débusquons le gang de moutards local, perchés sur des bicyclettes soit trop petites, soit trop grandes pour eux. J'entends l'un d'eux qui crie, sur un air de défi : "allez les gars ! on les prend en chasse !". Je rigole. Je vois dans mes rétros Fifi leur faire coucou. Les mômes piaillent de joie et se mettent à pédaler comme des fous pour essayer de nous rattraper. Nous fuyons, hilares.
Un peu plus loin, la route plonge de manière abrupte vers une petite rivière. Pas de pont : il faut franchir à gué, dans le lit aménagé.
Je m'engage. J'ai de l'eau jusqu'aux jantes. La moto tressaute sur les dalles un peu glissantes. Fifi passe plus lentement que moi, les deux pieds raclant le sol. Son échappement fume, éclaboussé par le gros pneu avant.
Vers 13 heures, on s'arrête casser la graine. Adossés à la pierre tiède d'un calvaire sur une place de hameau désert, on regarde les gros nuages défiler dans le ciel d'automne. Là-bas, à gauche, là où nous allons, un grand rideau gris : il pleut. On s'en fout : on a de quoi s'équiper.
Fifi a eu la riche idée de trimballer un thermos de café. On trinque. Le soleil joue sur la jolie peinture pailletée du Monkey. A côté, Henri IV fait meule de facteur.
‒ Je ne suis jamais venu ici. C'est par où, la maison ? me demande Fifi.
‒ Aucune idée. Le sud est... là, donc ça doit être par là, dans la vallée d'après.
‒ Les autres sont bien bêtes de ne pas être venu : ça change des balades habituelles. Faudra recommencer.
C'est ça, le 125 'C' Moto Tour : faire un coup de moto peinard, lentement, sur des routes du coin qui dépaysent
par Koud'Pied o'Kick | 28.12.2021
Le 125 'C' Moto Tour
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour
Un événement qui a regroupé la quasi-totalité des motards du Dijonnais
Sponsorisé par la machine à café rafistolée du Bouclard, voici le 125 'C' Moto Tour.
Un événement qui a regroupé pas moins de la quasi-totalité des motards dijonnais de bon goût.
Kronik : Le 125 'C' Moto Tour (c) photo : Darwis Alwan
Il y a deux types de motards : ceux qui proposent des sorties et que tout le monde suit et ceux qui proposent des sorties et leur suggestion tombe à plat.
Donc, quand je lance fin septembre l'idée d'un 125 Tour, je fais un bide. Je me console en me disant que pile au moment où j'ai ouvert la bouche, quelqu'un a attaqué un axe de roue arrière réticent au pistolet pneumatique et le raffut a couvert mes paroles.
Il n'y a que Fifi, assis à côté de moi, qui lève un œil de dessus le magazine qu'il feuillette et me lance :
‒ Pas bête. C'est quand ?
Là, je suis coincé : j'ai pensé à cette histoire de boucle en 125 sur les voies communales, mais je ne suis pas allé plus loin.
Je réponds, à tout hasard :
‒ Baaah... dimanche ?
‒ Ça sera long, ton truc ?
‒ 250 bornes, donc quatre à cinq heures plus une pause-sandouiche au milieu. Mais on peut raccourcir si besoin : on reste aux alentours. C'est juste pour sortir sur les petites bécanes avant qu'il ne fasse trop moche.
‒ Allez ! Je viendrai avec le Monkey.
Un 125 'C' Tour, c'est simple : tu prends une carte routière, tu choisis un rayon quelconque (dans mon cas : 40 kilomètres), tu traces un cercle au crayon et tu cherches à suivre ce tracé au mieux en passant par les routes communales.
Ce n'est pas toujours possible, il faut parfois faire de grands détours, mais c'est le jeu : découvrir de toutes petites voies que l'on ne prend jamais d'habitude parce qu'on ne sait même pas qu'elles existent avant de regarder la carte.
Ensuite, soit tu la joues à l'ancienne avec roadbook papier, soit tu demandes à ton téléphone de faire la navigation.
Depuis que j'ai trouvé un support qui se visse sur la branche de mon rétro gauche, les cartes restent sous la selle.
Côté bécane, n'importe quel brêlon qui tient le 70 km/h sur le plat peut venir. Plus l'engin est lent, plus c'est rigolo.
Ce qu'il y a de bien, avec Fifi, c'est que je sais qu'il va arriver à l'heure, avec le plein fait, de l'air dans les pneus et de bonne humeur sous la ronchonnerie apparente.
Comme nous ne sommes que deux, on va utiliser l'autre gadget magique après le GPS : l'oreillette radio, couplée à nos téléphones respectifs. Pouvoir bavarder change complètement la balade.
Il fait un temps parfait : un peu de soleil, pas trop chaud, pas de vent. S'il pleut on est équipés.
Fifi connaît déjà Henri IV, mais c'est la première fois que je vois le Monkey 125 de sa femme, qu'il lui a offert l'année dernière en remplacement d'un antique Yamaha Beluga qui a avalé une soupape à 61.000 kilomètres. Elle l'utilise pour aller travailler sans se fader les bouchons du centre-ville. Stock jusqu'au bout du catadioptre arrière, Fifi le lui emprunte parfois pour des balades.
Comme il dit, quitte à être obligé de se traîner à 90, autant le faire sur un truc rigolo et marrant à conduire.
Seul accessoire : une paire de sacoches en cuir brun foncé à grosses fermetures chromées qui font étrangement custom; vu le prix des accessoires pour le Monkey, je soupçonne qu'elles ont dû coûter une fortune.
On sort très vite de la ville par un axe que nous connaissons bien. Naturellement, on se cale sur un rythme pépère: 70-80 km/h compteur, assez vite pour ne pas bouchonner, mais assez lentement pour être dépassés rapidement par les bagnoles.
En 125, ça ne sert à rien de vouloir rouler plus vite que les voitures quand on ne prend que péniblement 90 comme Henri IV et le Monkey.
Au bout de 12 bornes, on prend à droite sur un premier chemin communal. La vraie aventure commence. Ici, nous roulons plutôt aux alentours de 60, voire moins selon l'état de la route. On bavarde en conduisant en mode semi-automatique. Nous émergeons sur un premier plateau.
Ils ont fauché les tournesols récemment : il y a de la terre plein la route. Au rythme où l'on roule, on s'en fout. Avec les grosses, on aurait chopé les freins, un peu surpris, en se demandant si ça va glisser. Là, je vise entre deux mottes de boue et remet les gaz. Nous entrons dans un bled : ça sent la vache et le feu de bois.
L'intercom' en balade, c'est vraiment bien. Au lieu de faire de grands gestes bizarres, de donner des appels de phares ou de mettre des coups de klaxon, on a juste à dire : "je suis à la moitié du réservoir, donc j'ai encore 80 bornes devant moi" (oui, on a des réservoirs microscopiques, surtout moi : c'est l'un des rares défauts de ces brêles en comparaison d'un CB125F, par exemple, qui fait 600 km entre deux pleins).
Nous grimpons à flanc de colline, puis descendons dans un ravin. Le bitume est rapiécé de partout, usé jusqu'aux cailloux blancs de la route d'il y a cinquante ans. Je crâne un peu avec mes jantes de 17 ; Fifi est secoué avec ses petites roues : il ralentit.
Nous traversons des villages qui, jusqu'à présent, n'étaient que des panneaux indicateurs de part et d'autre de nos routes habituelles. Certains sont agricoles, les rues boueuses, les portes des granges ouvertes, d'autres sont résidentiels et proprets, avec des pelouses bien tondues autour de vieilles maisons.
Dans un autre patelin nous débusquons le gang de moutards local, perchés sur des bicyclettes soit trop petites, soit trop grandes pour eux. J'entends l'un d'eux qui crie, sur un air de défi : "allez les gars ! on les prend en chasse !". Je rigole. Je vois dans mes rétros Fifi leur faire coucou. Les mômes piaillent de joie et se mettent à pédaler comme des fous pour essayer de nous rattraper. Nous fuyons, hilares.
Un peu plus loin, la route plonge de manière abrupte vers une petite rivière. Pas de pont : il faut franchir à gué, dans le lit aménagé.
Je m'engage. J'ai de l'eau jusqu'aux jantes. La moto tressaute sur les dalles un peu glissantes. Fifi passe plus lentement que moi, les deux pieds raclant le sol. Son échappement fume, éclaboussé par le gros pneu avant.
Vers 13 heures, on s'arrête casser la graine. Adossés à la pierre tiède d'un calvaire sur une place de hameau désert, on regarde les gros nuages défiler dans le ciel d'automne. Là-bas, à gauche, là où nous allons, un grand rideau gris : il pleut. On s'en fout : on a de quoi s'équiper.
Fifi a eu la riche idée de trimballer un thermos de café. On trinque. Le soleil joue sur la jolie peinture pailletée du Monkey. A côté, Henri IV fait meule de facteur.
‒ Je ne suis jamais venu ici. C'est par où, la maison ? me demande Fifi.
‒ Aucune idée. Le sud est... là, donc ça doit être par là, dans la vallée d'après.
‒ Les autres sont bien bêtes de ne pas être venu : ça change des balades habituelles. Faudra recommencer.
C'est ça, le 125 'C' Moto Tour : faire un coup de moto peinard, lentement, sur des routes du coin qui dépaysent
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18 janvier
Zique, grand ouvert ?
par Koud'Pied o'Kick | 18.01.2022
Comme dans une chanson de Mark Knopfler
Si mon casque jouait de la musique, j'écouterais souvent du Mark Knopfler
Ses morceaux vont bien avec la route quand il faut aller loin
Oui, je sais bien que Queen et Steppenwolf et AC/DC et Satriani et Meat Loaf et Bon Jovi et Springsteen et Lynnyrd et... tous les autres...
Comme dans une chanson de Mark Knopfler (c) photo : Elviss Railijs Bitans
...Mais Mark Knopfler !
De la voiture, j'emprunterais seulement deux composants : le régulateur de vitesse et la boîte à musique ‒tant pis si c'est encore un poste à cassette. Pour avoir le bon riff de violon au moment de franchir la rivière Platte sur l'Intersate 80 entre Lincoln et Des Moines, juste après avoir dépassé Omaha. Tu as remarqué ce roulement de caisse dans le deuxième mouvement de Speedway At Nazareth qui figure le passage des rapports sur une boîte rugueuse ? Courage : encore 1.200 miles jusqu'à Nazareth, sur ce circuit abandonné envahi par les herbes folles. Tiens ? Alice Cooper, Steppenwolf et les Beach Boys y ont joué, en juin 1972. Good Vibrations, donc.
Je n'ai pas été surpris d'apprendre qu'il est né à Glasgow, l'une des villes les plus cafardeuses d'Ecosse. Il y a toujours dans ses chansons cette pointe de mélancolie lancinante, cet accord mineur qui rappelle que les jours de pluie vont revenir, que tout s'efface. Ce qui explique les premières mesures de la version en concert de Once Upon A Time In The West, avec ce roulement de caisse claire et ce clavier réglé pour sonner presque comme une cornemuse. Pendant longtemps, j'ai pensé que le meilleur morceau pour accompagner les dernières lueurs d'un coucher de soleil mouillé avant de remonter en selle était Iron Hand. Je n'avais pas prêté attention aux paroles ; cela n'a rien à voir.
Il fait beau ? Un grand ciel bleu et rien à faire du dimanche à part un tour de bécane juste pour la route ? Ce petit frémissement d'excitation alors que j'ouvre la porte du garage, je l'assimile aux premières notes de piano d'Expresso Love. La guitare, quant à elle, annonce avec cinq ans d'avance Money For Nothing (évidemment). Alors que je traverse la ville, j'aimerais que l'instrumental d'On Every Street dure encore plus longtemps. Bien sûr, je pourrais à la place choisir Katrina & The Waves, mais... Walking On Sunshine n'est-il pas un peu trop sucré ?
Tu sais comme moi comme on peut se réjouir à l'avance d'une petite portion bien viroleuse. On se prépare à en tomber deux avant de se jeter avec gourmandise dans le premier gauche, maintenant que les pneus sont à température et le moteur bien chaud. Tu sens le petit frémissement dans le guidon ? Toi aussi tu as repéré le mouvement du poignet du pote de devant qui s'apprête à mettre du gros gaz dès qu'il peut, pensant te prendre par surprise ? Ha ha ! A qui pense-t-il avoir affaire ? Un débutant ? Pour cela, j'aime bien la partie clavier d'Industrial Desease, qui sonne comme de la pré-Brit Pop (au hasard : Pure de Lightning Seeds). Côté parole, je subodore l'influence de Bob Dylan ‒essaye Bob Dylan's 115th Dream, pour voir.
Mark Knopfler, c'est comme cette bécane à carbus : peut-être qu'elle freine moins bien, peut-être que ses suspensions frétillent un peu en courbe, mais c'est un destrier fidèle et qui ne t'a jamais laissé en rade. Mark Knopfler, c'est le type qui, trente ans après Why Worry, continue de te répéter que les choses vont s'arranger ; dans One More Matinee il murmure que ta vie va changer pour le mieux, il suffit d'un peu de temps ; qu'en regardant les photos, dans quelques années, tu pourras dire sans te tromper : This Is Us.
Trente ans, quarante ans après, il te sort au détour d'un album un morceau qui vient comme une évidence, comme une vieille chanson dont on se demande comment tu as pu l'oublier. "C'était pas sur la face B de Telegraph Road ?" demandes-tu ? Non, c'est sorti en 2018. Je l'ai aussitôt adoptée et ajoutée à ma liste de chanson pour conduire, même si la flûte vient y ajouter cette touche de tristesse dont je parlais plus haut, comme si cela devait être un testament, à la manière d'un You Want It Darker de Leonard Cohen, ou le Hurt de Johnny Cash.
Allez ! That's What It Is !
par Koud'Pied o'Kick | 18.01.2022
Comme dans une chanson de Mark Knopfler
Si mon casque jouait de la musique, j'écouterais souvent du Mark Knopfler
Ses morceaux vont bien avec la route quand il faut aller loin
Oui, je sais bien que Queen et Steppenwolf et AC/DC et Satriani et Meat Loaf et Bon Jovi et Springsteen et Lynnyrd et... tous les autres...
Comme dans une chanson de Mark Knopfler (c) photo : Elviss Railijs Bitans
...Mais Mark Knopfler !
De la voiture, j'emprunterais seulement deux composants : le régulateur de vitesse et la boîte à musique ‒tant pis si c'est encore un poste à cassette. Pour avoir le bon riff de violon au moment de franchir la rivière Platte sur l'Intersate 80 entre Lincoln et Des Moines, juste après avoir dépassé Omaha. Tu as remarqué ce roulement de caisse dans le deuxième mouvement de Speedway At Nazareth qui figure le passage des rapports sur une boîte rugueuse ? Courage : encore 1.200 miles jusqu'à Nazareth, sur ce circuit abandonné envahi par les herbes folles. Tiens ? Alice Cooper, Steppenwolf et les Beach Boys y ont joué, en juin 1972. Good Vibrations, donc.
Je n'ai pas été surpris d'apprendre qu'il est né à Glasgow, l'une des villes les plus cafardeuses d'Ecosse. Il y a toujours dans ses chansons cette pointe de mélancolie lancinante, cet accord mineur qui rappelle que les jours de pluie vont revenir, que tout s'efface. Ce qui explique les premières mesures de la version en concert de Once Upon A Time In The West, avec ce roulement de caisse claire et ce clavier réglé pour sonner presque comme une cornemuse. Pendant longtemps, j'ai pensé que le meilleur morceau pour accompagner les dernières lueurs d'un coucher de soleil mouillé avant de remonter en selle était Iron Hand. Je n'avais pas prêté attention aux paroles ; cela n'a rien à voir.
Il fait beau ? Un grand ciel bleu et rien à faire du dimanche à part un tour de bécane juste pour la route ? Ce petit frémissement d'excitation alors que j'ouvre la porte du garage, je l'assimile aux premières notes de piano d'Expresso Love. La guitare, quant à elle, annonce avec cinq ans d'avance Money For Nothing (évidemment). Alors que je traverse la ville, j'aimerais que l'instrumental d'On Every Street dure encore plus longtemps. Bien sûr, je pourrais à la place choisir Katrina & The Waves, mais... Walking On Sunshine n'est-il pas un peu trop sucré ?
Tu sais comme moi comme on peut se réjouir à l'avance d'une petite portion bien viroleuse. On se prépare à en tomber deux avant de se jeter avec gourmandise dans le premier gauche, maintenant que les pneus sont à température et le moteur bien chaud. Tu sens le petit frémissement dans le guidon ? Toi aussi tu as repéré le mouvement du poignet du pote de devant qui s'apprête à mettre du gros gaz dès qu'il peut, pensant te prendre par surprise ? Ha ha ! A qui pense-t-il avoir affaire ? Un débutant ? Pour cela, j'aime bien la partie clavier d'Industrial Desease, qui sonne comme de la pré-Brit Pop (au hasard : Pure de Lightning Seeds). Côté parole, je subodore l'influence de Bob Dylan ‒essaye Bob Dylan's 115th Dream, pour voir.
Mark Knopfler, c'est comme cette bécane à carbus : peut-être qu'elle freine moins bien, peut-être que ses suspensions frétillent un peu en courbe, mais c'est un destrier fidèle et qui ne t'a jamais laissé en rade. Mark Knopfler, c'est le type qui, trente ans après Why Worry, continue de te répéter que les choses vont s'arranger ; dans One More Matinee il murmure que ta vie va changer pour le mieux, il suffit d'un peu de temps ; qu'en regardant les photos, dans quelques années, tu pourras dire sans te tromper : This Is Us.
Trente ans, quarante ans après, il te sort au détour d'un album un morceau qui vient comme une évidence, comme une vieille chanson dont on se demande comment tu as pu l'oublier. "C'était pas sur la face B de Telegraph Road ?" demandes-tu ? Non, c'est sorti en 2018. Je l'ai aussitôt adoptée et ajoutée à ma liste de chanson pour conduire, même si la flûte vient y ajouter cette touche de tristesse dont je parlais plus haut, comme si cela devait être un testament, à la manière d'un You Want It Darker de Leonard Cohen, ou le Hurt de Johnny Cash.
Allez ! That's What It Is !
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Bjr Christian
En effet , belle musique que celle de Dire Straits . Faudrait pas oublier cette belle ballade là
https://youtu.be/9ykZc5E6UEE
En effet , belle musique que celle de Dire Straits . Faudrait pas oublier cette belle ballade là
https://youtu.be/9ykZc5E6UEE
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Sujet qui va très bien avec la gold car cette moto m’a fait découvrir Le plaisir de rouler en musique sur deux roues , notamment avec du dire straits .
Les motards qui n'ont jamais essayé ont du mal à comprendre
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Bien heureux de ne pas avoir à rouler en ville, sous la pluie, avec une bécane de 430kg...
par Koud'Pied o'Kick | 25.01.2022
La pluie, comme une habitude à prendre
L'averse coule du ciel, opiniâtrement. J'apprivoise l'humide.
Tip-tap-tap fait mon casque. Petit à petit, je prends l'habitude de la pluie.
La pluie, comme une habitude à prendre (c) photo : Sourav Mishra
Bien sûr que je pourrais sauter dans le bus : j'irais à peine moins vite et je pourrais lire en chemin.
Mais je préfère la moto. J'alterne entre Lapin-Lap1 et Berzingue, c'est selon.
En octobre, j'hésitais à sortir en bécane, le nez au carreau. Maintenant j'y vais. C'est juste un pantalon de plus à enfiler ; contourner les plaques d'égout, aussi. J'ai modifié mon parcours pour éviter un croisement suspect près d'une station-service.
Je sors de la maison déjà habillé de pied en cap. L'eau tip-tip-tape sur le casque. Comme je marche, mon pantalon fait des zip-zip énervés d'insecte exotique. Avec mes gros gants, je peine à sortir les clefs de la poche : ça m'énerve. Aujourd'hui, ce sera Berzingue : avec le grand pare-brise, Lapin-Lap1 fait de la buée qui reste sous le casque.
Il tombe une pluie pour maraîchers : régulière, longue, à fines gouttes qui ne tassent pas la terre. Les piafs, pas fous, restent nichés ; seuls les corvidés assurent la patrouille aérienne.
J'ai cessé d'essayer de sortir quand l'averse se calme. C'est illusoire : là-bas, dans un kilomètre à peine, il pleuvra plus fort. Dans une leçon appliquée de zen, je pars quand il faut : la pluie aussi passera. Parfois, je râle après ceux qui râlent après la flotte : va-t'en trouver à moins de milliards de milliards de bornes une autre planète où il tombe de l'eau liquide à 10°C sous un bar de pression, toi ! Notre mère la Terre, oui, mais notre père la pluie, ce petit miracle que trop oublient.
C'est parti pour le zig-zag entre les bandes blanches et les plaques d'égout. Je redoute particulièrement une très large bande de peinture pile sur la trajectoire en prenant à gauche dans une petite rue qui me fait éviter un feu rouge.
Mes pneus sont marqués M+S, ce qui signifie que je pourrais rouler sous la neige si d'aventure je décidais de faire confiance à ce qu'il y a d'écrit sur les emballages. Je dois pourtant reconnaître que ces Michelin-là ne décrochent jamais quand je chope les freins un peu sèchement pour m'arrêter au feu rouge : ils ralentissent comme si c'était sec. L'arrière peut bloquer, évidemment, mais il me faut insister.
J'en conclus que même sur un freinage 'réflexe', il y a peu de chances que j'en perde l'avant.
Alors j'y vais chaque jour un peu plus : un peu plus vite, un peu plus tard, un peu plus d'angle. Je vois ça comme une thérapie : il faut que je guérisse de mon mal de la pluie, de ma trouille de la glisse.
Peut-être que si je faisais un peu de terre, cela m'aiderait ? Sur terre, ça glissouille tout le temps, non ? Je pourrais demander à Patrick qu'il m'emmène faire un tour de moto de trial ‒à cinquante ans, si t'as pas franchi deux palettes l'une sur l'autre, tout ça...
Quand on n'aime pas la glissouille, comme moi, il reste une solution : la moto légère à selle basse. 140 kilos et 75 centimètres. Cherche... Y'en a pas bézef'. D'où mon affection pour la très modeste CB 125 F et la méconnue GSX 125 qui ont tout du bon cheval urbain quand la météo est au moche fixe.
Reste l'équipement, le héros oublié de la pluie. À commencer par ces gants, hors de prix à l'époque, mais qui ont connu cinq de mes motos. D'accord, ils ne sortent que la moitié de l'année du placard, mais quand même : 12 ans de carrière, c'est une belle performance. Le secret ? J'en ai acheté deux paires, bien sûr. Quand l'une sèche, l'autre roule. C'est aussi simple que ça.
Côté blouson, j'ai abandonné les vestes à super cher où 80 % du poids est constitué de poches et de fermetures éclair. Je me contente d'un blouson de mi-saison simple que je double d'une veste de pluie avec des trucs stupides marqués dans le dos. J'en ai découpé les poches latérales aux ciseaux pour pouvoir accéder directement à celles du blouson où je loge mes clefs.
Mon pantalon de pluie est tellement vieux qu'il prend l'eau par la couture de l'entrejambe, mais c'est mon préféré, alors tant pis : j'ai le cul mouillé. C'est un modèle pour femme ; les fermetures éclair en bas de jambes sont pile de la longueur qu'il faut. Une fois enfilé, il ne me fait pas ressembler à une papillote en deuil. S'il se déchire un jour je vais être bien triste de l'abandonner : voilà près de quinze ans que je roule avec.
Sur l'écran de mon casque, tous les quinze jours, j'étale de la cire à carrosserie pour profiter de l'effet déperlant. Passé 60 à l'heure, un coup de tête à gauche, un coup de tête à droite et l'eau coule sur le plastique sans avoir besoin d'essuyer avec le gant.
La pluie, c'est dans la tête, mais c'est aussi beaucoup dans les pneus, dans les gants, dans le pantalon...
par Koud'Pied o'Kick | 25.01.2022
La pluie, comme une habitude à prendre
L'averse coule du ciel, opiniâtrement. J'apprivoise l'humide.
Tip-tap-tap fait mon casque. Petit à petit, je prends l'habitude de la pluie.
La pluie, comme une habitude à prendre (c) photo : Sourav Mishra
Bien sûr que je pourrais sauter dans le bus : j'irais à peine moins vite et je pourrais lire en chemin.
Mais je préfère la moto. J'alterne entre Lapin-Lap1 et Berzingue, c'est selon.
En octobre, j'hésitais à sortir en bécane, le nez au carreau. Maintenant j'y vais. C'est juste un pantalon de plus à enfiler ; contourner les plaques d'égout, aussi. J'ai modifié mon parcours pour éviter un croisement suspect près d'une station-service.
Je sors de la maison déjà habillé de pied en cap. L'eau tip-tip-tape sur le casque. Comme je marche, mon pantalon fait des zip-zip énervés d'insecte exotique. Avec mes gros gants, je peine à sortir les clefs de la poche : ça m'énerve. Aujourd'hui, ce sera Berzingue : avec le grand pare-brise, Lapin-Lap1 fait de la buée qui reste sous le casque.
Il tombe une pluie pour maraîchers : régulière, longue, à fines gouttes qui ne tassent pas la terre. Les piafs, pas fous, restent nichés ; seuls les corvidés assurent la patrouille aérienne.
J'ai cessé d'essayer de sortir quand l'averse se calme. C'est illusoire : là-bas, dans un kilomètre à peine, il pleuvra plus fort. Dans une leçon appliquée de zen, je pars quand il faut : la pluie aussi passera. Parfois, je râle après ceux qui râlent après la flotte : va-t'en trouver à moins de milliards de milliards de bornes une autre planète où il tombe de l'eau liquide à 10°C sous un bar de pression, toi ! Notre mère la Terre, oui, mais notre père la pluie, ce petit miracle que trop oublient.
C'est parti pour le zig-zag entre les bandes blanches et les plaques d'égout. Je redoute particulièrement une très large bande de peinture pile sur la trajectoire en prenant à gauche dans une petite rue qui me fait éviter un feu rouge.
Mes pneus sont marqués M+S, ce qui signifie que je pourrais rouler sous la neige si d'aventure je décidais de faire confiance à ce qu'il y a d'écrit sur les emballages. Je dois pourtant reconnaître que ces Michelin-là ne décrochent jamais quand je chope les freins un peu sèchement pour m'arrêter au feu rouge : ils ralentissent comme si c'était sec. L'arrière peut bloquer, évidemment, mais il me faut insister.
J'en conclus que même sur un freinage 'réflexe', il y a peu de chances que j'en perde l'avant.
Alors j'y vais chaque jour un peu plus : un peu plus vite, un peu plus tard, un peu plus d'angle. Je vois ça comme une thérapie : il faut que je guérisse de mon mal de la pluie, de ma trouille de la glisse.
Peut-être que si je faisais un peu de terre, cela m'aiderait ? Sur terre, ça glissouille tout le temps, non ? Je pourrais demander à Patrick qu'il m'emmène faire un tour de moto de trial ‒à cinquante ans, si t'as pas franchi deux palettes l'une sur l'autre, tout ça...
Quand on n'aime pas la glissouille, comme moi, il reste une solution : la moto légère à selle basse. 140 kilos et 75 centimètres. Cherche... Y'en a pas bézef'. D'où mon affection pour la très modeste CB 125 F et la méconnue GSX 125 qui ont tout du bon cheval urbain quand la météo est au moche fixe.
Reste l'équipement, le héros oublié de la pluie. À commencer par ces gants, hors de prix à l'époque, mais qui ont connu cinq de mes motos. D'accord, ils ne sortent que la moitié de l'année du placard, mais quand même : 12 ans de carrière, c'est une belle performance. Le secret ? J'en ai acheté deux paires, bien sûr. Quand l'une sèche, l'autre roule. C'est aussi simple que ça.
Côté blouson, j'ai abandonné les vestes à super cher où 80 % du poids est constitué de poches et de fermetures éclair. Je me contente d'un blouson de mi-saison simple que je double d'une veste de pluie avec des trucs stupides marqués dans le dos. J'en ai découpé les poches latérales aux ciseaux pour pouvoir accéder directement à celles du blouson où je loge mes clefs.
Mon pantalon de pluie est tellement vieux qu'il prend l'eau par la couture de l'entrejambe, mais c'est mon préféré, alors tant pis : j'ai le cul mouillé. C'est un modèle pour femme ; les fermetures éclair en bas de jambes sont pile de la longueur qu'il faut. Une fois enfilé, il ne me fait pas ressembler à une papillote en deuil. S'il se déchire un jour je vais être bien triste de l'abandonner : voilà près de quinze ans que je roule avec.
Sur l'écran de mon casque, tous les quinze jours, j'étale de la cire à carrosserie pour profiter de l'effet déperlant. Passé 60 à l'heure, un coup de tête à gauche, un coup de tête à droite et l'eau coule sur le plastique sans avoir besoin d'essuyer avec le gant.
La pluie, c'est dans la tête, mais c'est aussi beaucoup dans les pneus, dans les gants, dans le pantalon...
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1er février - La moto me manque
Le plaisir moto ne se rationne pas plus qu'il se raisonne !
par Koud'Pied o'Kick | 01.02.2022
La moto me manque
Rationnellement, je ne devrais pas prendre la bécane pour aller bosser.
Un bus m'y transporte aussi bien.
Mais, la moto me manque
Rationnellement, je ne devrais pas prendre la bécane pour aller bosser.
Un bus m'y transporte aussi bien. Mais la moto me manque.
La moto me manque (c) photo : Joao Jesus
Quand il a commencé à faire moche plusieurs jours d'affilée au début de l'automne, j'ai essayé d'aller au boulot en bus. C'est un déplaçoir que je connais bien : je l'ai pris toute mon enfance pour me rendre dans ces établissements spécialisés dans le broyage industriel des mioches - on ne fait pas de contribuables sans casser de mômes.
Le bus présente bien des avantages : il est à l'épreuve des traces de gasoil dans les ronds-points ; le pénible en blaireaumobile freine et s'en écarte ; il remonte les voies de bus sans guetter les bleus au carrefour ; je bouquine en roulant ; trois ou quatre collègues de travail tiennent à l'aise sur la selle passager ; je n'en oublie jamais les clefs dans la poche de mon autre blouson ; vache ! r'garde la taille du coffre !
L'équation serait idéale si l'heure de passage du dernier autobus n'était pas périlleusement rapprochée de l'horaire de fin d'équipe ‒on prend seulement vingt minutes de retard et je rentre à pied.
Un matin, cependant, quelque chose me grattouille. Une impression de manque ; j'ai oublié quelque chose, c'est sûr. Dans mon boulot, oublier quelque chose est contre-indiqué. Je m'arrête dans ma travée.
Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que j'ai ?
Je trouve prestement la réponse : ma routine quotidienne est perturbée.
En adoptant le bus, je me prive des sensations habituelles : le vent de la vitesse, les vibrations du moteur, le jeu d'équilibriste sur mes roues, la vigilance aux coins des rues, la mesure réflexe des distances de freinage, la visée entre les rétroviseurs, le ballant du corps à l'accélération.
C'est comme une séance de gymnastique routière qui mobilise des muscles différents et qui s'étonnent maintenant d'être forcés au repos.
En bus, peu m'importe le temps qu'il fait. À moto, je dois du respect à la météo.
Que le zef' souffle et me voilà encore plus vigilant sur les ponts ; je guette les signes dans le mouvement des arbres, dans les débris qui filent sur la route. On frise le zéro ? Méfiance dans l'ombre des immeubles ou même seulement des trottoirs un peu hauts qui dissimulent du verglas ; je roule sur la pointe des fesses, dans la trace, tout léger sur les freins et les gaz.
Mais, pas seulement. À moto, le cours de mes pensées prend un tout autre chemin qu'en bus.
Ce n'est qu'en selle que je réfléchis bien à ce que je vais t'écrire la semaine prochaine ; que je chope au vol des idées, des angles, des tournures ; que j'ouvre les yeux sur quelque chose de nouveau.
Casqué, j'évolue dans un autre univers avec ses règles propres ; j'y poursuis, à l'abri des regards, mon monologue intérieur ; je parle cette langue que moi seul connais ; je fais des grimaces ; je fredonne et chante ; je fais des bruits bizarres avec la bouche (sauf au feu rouge).
Le trajet motoboulot est une parenthèse dans ma vie sociale.
Une petite heure aller-retour, seul au monde au milieu de la circulation. Parfois tout est sec, tout est bien et j'ouvre plus les gaz pour sentir la moto se tendre vers l'avant. Tantôt il fait moche-glissouille-bof et je ronchonne sous le casque.
À l’occasion, je me fais un gros flippe à cause d'une blaireaumobile, d'un Uber sans éclairage dans un sens unique ou d'un piéton qui déboule au vert.
Voilà ce qui me manque quand je vais bosser en bus : ne pas doser les gaz et les freins, ne plus être aux aguets d'une idée pour la semaine prochaine, ne plus accueillir le soleil, le vent et la pluie, ne plus profiter de ce petit temps seul sous mon casque à divaguer.
J'ai tenu deux semaines en bus, puis j'ai repris la bécane.
Tant pis pour la flotte et les blaireaumobiles : la moto me manque trop.
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8 février
par Koud'Pied o'Kick | 08.02.2022
Oups, ou l'art d'acheter la mauvaise moto
Oups ? Ai-je acheté la mauvaise moto ?
Pourtant, à la lecture des comparos, c'était la "meilleure". Où me suis-je gourré ?
Oups ? Ai-je acheté la mauvaise moto ?
Pourtant, à la lecture des comparos, c'était la "meilleure". Où me suis-je gourré ?
Oups, ou l'art d'acheter la mauvaise moto (c) photo : Cottonbro
Mouais. Bof. Pas si bien, en fait. Passés les quelques jours d'acclimatation, le temps de se mettre la bécane en main, je fais la moue. Il y a je ne sais quoi dans cette moto qui ne me convient pas. Le côté falot du moteur. Plein de chevaux, sans doute, mais des chevaux dressés pour le concours de la fonction territoriale niveau 1b et pas pour les attaques de diligences. OK, ça reprend bien sur le dernier rapport quand il faut doubler, sur la trois et la quatre il faut carrément faire gaffe quand on ouvre en grand parce qu'on est vite-vite à 160 avec ce saute-vent qui protège bien malgré sa taille modeste. Ça ne vibre presque pas, les suspattes sont correctes vu le prix, les pneus sont carrément tip-top.
Mouais. Bof. Je m'féchier. Ce n'est même pas une moto reposante, comme ces routières super bien foutues qui te font faire 500 bornes d'une traite sans avoir mal nulle part et prête à faire la même le lendemain ‒limite à faire des détours juste pour en profiter un peu plus. Non. Celle-là me pousse à ouvrir pour aller chercher un bout de sensation. Au lieu d'être content d'enrouler entre 80 et 110 parce que le moteur fait un vroum-vroap rigolo, là, je me retrouve à rouler trop vite, au-dessus de mes pompes. 130, ok : elle y va facile. Mais sur les départementales près de chez moi ? C'est tout à fait idiot.
J'ai acheté la mauvaise moto.
Pourtant, dans les comparatifs, ils disaient que c'était la meilleure. Très bon cadre, suspattes très correctes (ce que je confirme : c'est dur sans être sec, ça ne plonge presque pas au freinage), selle très confortable, autonomie inégalée avec sa consommation raisonnable et son gros réservoir, le moteur "comme ti veux ti choises" grâce à la cartographie réglable depuis le guidon, protection honorable de la tête de fourche, pas de vibrations dans les rétros ou les cale-pieds, une prise USB étanche au guidon (enfin !). Malgré une puissance brute en retrait par rapport à la concurrence du fait de sa plus faible cylindrée, au quotidien, les chevaux en moins ne se sentent.
Pourtant, j'ai passé du temps à tout lire à son sujet. Comme c'est un modèle diffusé depuis trois ans, il y a pléthore de vidéos en ligne qui en détaillent les avantages, les inconvénients et les modifs à faire dessus ‒ce qui se résume le plus souvent à mettre un pot qui fait trop de bruit, à scier le garde-boue arrière et à poser des rétros très coûteux qui rétrovisent mal : c'est ridicule.
Nonobstant, je m'féchier. C'est comme dans ma bagnole, sauf qu'en bagnole c'est une qualité : je veux voir défiler le paysage dans le calme, 19°C et 2.500 tours au tableau de bord, branché sur Radio Pépère-Peinard. Je n’ai pas acheté une moto pour avoir l'impression de rouler en Xantia Continental GT.
À peine deux mois et je regrette mon achat. Pourtant, j'avais pu essayer le modèle d'avant en concession (une machine d'occaze prêtée par mon concessionnaire chéri d'amour que j'aime fort-fort : bisou). Par rapport à ma moto d'alors, la différence était nette : moteur bien plus disponible, moins de vibrations, plus d'à-coups à la remise des gaz, boîte mieux étagée pour la ville avec 1-2-3 qui se suivent de près.
Mais voilà : une demi-heure d'essai, c'est loin d'être suffisant, en fait. Il faudrait pouvoir la prendre tous les jours pendant une semaine sur les trajets boulotaf', de préférence sous la flotte, pour voir. Peut-être que j'aurais dû m'écouter quand, reprenant ma moto d'alors, je me dis dit qu'elle n'était pas si mal que ça, malgré ses petits défauts.
Féchier : j'ai acheté la mauvaise moto. Je fais quoi ? Je démonte la bulle pour en prendre plus plein la quiche et rouler moins vite ? Je fais raccourcir la démul' pour qu'elle arrache encore plus à mi-régime ? Ou au contraire je rallonge et je ne roule qu'en 3e ? Je la fourgue avec son kilométrage dérisoire ? Je la garde et tant pis ?
Pfffff... Va falloir poster une annonce, répondre aux types qui commencent par asséner qu'elle est trop chère avant même d'avoir dit bonjour, aux relous qui veulent payer en cinq fois, aux mecs qui n'y connaissent rien et qui te demandent si elle est débridée, aux accablants qui te disent qu'ils l'auraient préférée en rouge ‒comme si je pouvais y faire quelque chose. Pénible.
Féchier, tiens
g2loq- Co-administrateur
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
Excellent................
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Re: La Kronik de Koud'Pied o'Kick du Repaire des Motards
par Koud'Pied o'Kick | 15.02.2022
J'ai quand même de foutus gommards
Sur un freinage-réflexe, j'ai pu mesurer à quel point les pneus de Berzingue tiennent carrément sous la flotte
Sur un freinage-réflexe, j'ai pu mesurer à quel point les pneus de Berzingue tiennent carrément sous la flotte. C'est heureux : je me suis arrêté à 30 centimètres de la portière.
Kronik : J'ai quand même de foutus gommards (c) photo : Andrea Piacquadio
Quand j'ai acheté Berzingue, j'ai fait changer les pneus d'origine pour des CityMachin de chez ce manufacturier basé à l'est de Saint-Julien-Puy-Lavèze qui ne m'a pas donné assez de sous pour que je cite son nom (je suis rancunier en plus d'être vénal, j'dis ça juste en passant, m'sieur Michelin). Stock, la machine est livrée avec des CST dont je ne peux pas dire de mal vu que je n'ai même pas parcouru un mètre avec. Berzingue n'a pas d'ABS.
Le pneu, c'est le truc noir moche qui sent pas bon tout en bas de ta moto qui fait "ouais, ouais, ouais, cause toujours, tu m'intéresses" quand on ajoute des chwo, des ABS, de l'anti-patinage, des modes lopette et des cartographies à régler avec deux boutons au tableau de bord. Parce qu'au final, c'est lui qui décide si tout ce bazar sert à quelque chose ou pas. Tour de roue après tour de roue, c'est lui qui choisit.
L'ensemble de mes illusions quant à mes capacités à conduire une moto sont empilées sur une surface inférieure à celle de mes verres de lunette. Lorsque je fais un rond avec le pouce et l'index, je me dis que ça fait encore moins que ça. Belle perf', quand j'y réfléchis : toute ma vie tient dessus.
L'autre jour, je décolle du garage sous la flotte. Au coin de la rue, à quarante mètres de la porte du parking, il y a un cédez-le-passage à ma droite qui est fréquemment ignoré. Pourtant, l'intersection est en "T" : impossible de faire autrement que de bien ralentir sauf à vouloir s'écraser dans le mur de la maison d'en face. Toujours est-il que j'aborde le croisement avec la circonspection de l'oeuf frais qui voit s'approcher la poêle à frire, à un petit 35 à l'heure pour-de-vrai.
Bien m'en a pris : une Mini déboule pile et grille largement le cédez-le-passage. Je m'y étais préparé, mais pas au point de la voir enquiller le carrefour comme si c'était moi qui avais un stop. La conductrice m'a vue et écrase aussi, mais trop tard, évidemment. Je m'attendais à devoir seulement ralentir et peut-être élargir à gauche. Là, il faut que je m'arrête sinon je vais percuter la Mini qui maintenant me bloque le passage.
Je chope les freins en panique. Dans ma tête, le compte n'y est pas : je suis trop court pour m'arrêter ; je vais m'emplafonner dans la portière conducteur ou perdre l'avant à cause de la chaussée mouillée et me vautrer. C'est fou comme on réfléchit vite dans ces cas-là.
J'écrase le levier de frein avant, persuadé que la gomme va décrocher d'une milliseconde à l'autre. Selon mon trouillomètre interne, sur le sec, ça passerait, mais jamais sous la pluie avec des pneus raides froids. Forcé : je vais bloquer l'avant.
Mais non. Ça tient. Je m'arrête à trente centimètres de la portière. La nana me regarde, les yeux ronds, la main sur la bouche. Elle a mon phare en pleine tronche. Je suis tellement surpris d'avoir réussi à m'arrêter que je ne pense même pas à lui crier dessus. À la place, je m'apprête à reculer d'une enjambée et lui faire signe de passer quand c'est la voiture derrière la Mini qui se met à donner de furieux coups de klaxon. Sa conductrice a descendu sa vitre et engueule la nana dans la Mini à ma place. Une motarde, peut-être ?
La Mini n'a toujours pas bougé : la pauvre môme à bord ne sait visiblement plus quoi faire. Je tourne le guidon, remets les gaz et passe derrière la Mini, en faisant un petit coucou à la voiture de derrière.
J'ai quand même de foutus p*tain de sacrés bons gommards, sur Berzingue.
g2loq- Co-administrateur
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22 février - Je voulais juste tomber amoureux
par Koud'Pied o'Kick | 22.02.2022
Alors que je voulais juste tomber amoureux
Le cahier des charges est simple : je veux tomber amoureux d'une petite bécane
Pas si facile ?
Le cahier des charges est simple : je veux tomber amoureux d'une petite bécane sur laquelle je vais reprendre goût à rouler au hasard, juste pour le plaisir. Pas si facile ?
Alrs que je voulais juste tomber amoureux (c) photo : Natalie
J'ai bien regardé tous les critères. Éliminé le superflu. Laissé de côté le redondant. Chassé l'inutile. À la fin il reste ce seul paramètre : j'ai envie d'être amoureux de ma moto. Rien de plus, mais rien de moins.
Je me demande si ce n'est pas l'essence la plus subtile à distiller du catalogue actuel et passé. Bien peu dans la fiche technique peut me servir de guide. Le poids, peut-être ? Pourtant, j'aimais bien le Bourgeman malgré ses 220 kilos ; le poids est un indicateur, pas un discriminant. L'architecture moteur ? Pas non plus : j'ai roulé récemment sur des quatre en ligne qui ne m'ont pas rebuté.
Bien sûr, je garde ce penchant pour les petites cylindrées légères. Je zieute toujours du côté de la CRF 300 L, des KTM 390 ou de la fort jolie Meteor 350. Mais l'essai de la Rebel 1100 a un peu chamboulé mes partis-pris vis-à-vis des "grosses" motos tant je l'ai trouvée facile à emmener malgré ses pneus très larges.
C'est quoi, la recette pour tomber amoureux ? La surprise, pour commencer ? Peut-être faut-il que je sois agréablement épaté par la moto, qu'elle ne se comporte pas comme je l'imaginais ? Que je découvre un moteur différent de ce que j'attendais ? Plus de répondant à mi-régime ? Moins de vibrations ? Ou des hauts régimes rigolos qui donnent envie de tirer la trois et la quatre ?
J'aime bien les motos à deux visages : avec ou sans pare-brise, voilà deux machines qui offrent des sensations différentes.
Sans pare-brise, j'ai une impression de plus grande liberté de mouvement et de profiter directement de la route, sans trop de plastique devant le guidon, à la manière de ces roadsters à la mode façon MT ou CB.
Avec le pare-brise, je sais que je peux rouler plus loin, à l'abri du vent et de la pluie. De retour au garage, quatre vis suffisent à changer de moto tout en conservant la même.
J'apprécie aussi les motos visuellement simples ; les tics esthétiques ou à la mode m'agacent ; je goûte la modestie et la retenue ‒pas demain la veille qu'on me verra sur une Diavel : la honte !
Je me moque un peu des aspects pratiques tant qu'il y a l'heure et un trip partiel au tableau de bord. Je ne suis même pas sûr que le mode 'pluie' soit souhaitable.
Ah, si ! Il faut que je puisse la modifier modérément : pare-brise, je l'ai déjà dit, mais aussi suspensions et peut-être quelques coups de clef sur les commandes pour pouvoir peaufiner l'ergonomie. D'usine, les leviers d'embrayage sont souvent trop relevés et les sélecteurs trop bas.
C'est une manière de s'approprier l'objet et de commencer à raconter son histoire.
Car il s'agit surtout d'un récit dans ma tête. De ces petits plaisirs que je décide de savourer avec ma moto : un brin de route que j'apprécie particulièrement, à la faveur d'une météo clémente pour la saison, un jour où j'ai choisi de ne pas faire comme d'habitude.
La moto dont je suis amoureux n'a pas besoin d'être exceptionnelle.
Elle sert de prétexte à un changement de quotidien, à une rupture de la routine. Elle joue le rôle de support à mes envies de liberté routière : je sangle mon sac à dos "trois jours ailleurs" sur la selle et hop ! C'est parti ! En quelques heures, me voici à perpète, dans un de ces coins cachés qui me paraissent loin de tout, seul avec ma bécane et un bon bouquin, un thermos d'eau chaude calée sous le genou.
À la fin de la semaine, elle est un peu sale, alors je lui mets un coup d'eau pour faire ressortir la peinture et décrotter les jantes.
Quand l'envie m'en prend, je démonte les commandes pour graisser les pivots de leviers afin de retrouver la fluidité du début.
Plus rarement, je dépose les panneaux de plastique pour pouvoir nettoyer derrière ; un peu de soleil dans la cour du garage suffit pour me pousser à jouer de l'éponge et du chiffon.
Quand j'ai fini, je reste quelques instants à la regarder et je me dis :
‒ Oui, elle est très bien, cette moto.
C'est bientôt le printemps : je vais me remettre à chercher une moto dont je tomberai amoureux.
g2loq- Co-administrateur
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La moto pour sauver la planète
par Koud'Pied o'Kick | 08.03.2022
La moto pour sauver la planète
Il paraît que l'heure est grave et qu'on va tous mourir -une fois de plus.
J'ai la solution : la moto qui va sauver la planète.
La moto pour sauver la planète (c) photo : Thirdman
Je suis sûr qu'un auteur fin 19e-début 20e a théorisé bien mieux que je ne peux le faire cet étrange phénomène : moins une personne s'y entend sur un sujet, plus elle est prête à défendre bec et ongles les plus abracadabrantesques idées.
C'est ainsi que ton voisin peut, sans rire, affirmer que sa nouvelle voiture hybride d'une tonne six à vide pollue "forcément" moins que ta 205 qui va vers son tiers de siècle.
Au pinacle des arguments moisis, je suis sûr qu'on arriverait à lui faire gober que les feux à leds qui tapissent joyeusement sa calandre sont moins polluants que de bêtes ampoules classiques, au motif que "ça consomme moins" -l'andouille !
J'étais arrêté au feu rouge l'autre jour, quand pointe à côté de moi le museau d'un vélomobile. Un Mango ou un Quest, je n'arrive jamais à me souvenir lequel a les roues avant carénées. Je fais un petit coucou au conducteur et regrette instantanément que ses narines soient pile à la hauteur du pot d'échappement de Lapin-Lap1.
Puis je me suis dit que si on mettait le moteur de Lapin-Lap1 -ou même de Berzingue- dans une partie-cycle de vélomobile, on tiendrait un foutu éco-véhicule capable de prendre 150 comme qui rigole tout en consommant un litre cinq au cent gaz en grand. Et la planète serait sauvée.
100 kilos au ras du sol avec une motorisation bien trop puissante, de l'ordre de 35 chevaux...Tu vois un peu le truc?
Oui, bien évidemment que ça ne se vendrait pas. Un véhicule léger, monoplace, peu coûteux en grande série, nécessitant peu de matériaux à la construction, à la consommation ridicule... quel intérêt de nos jours ? Ha-ha, suis-je bête.
Je suis sûr qu'à l'origine, toutes ces histoires autour de la pollution partaient du constat, réel, que la civilisation "moderne" est un suicide à petit feu. Mais nos chers industriels (celui pour qui tu travailles, directement ou indirectement, ne serait-ce que par tes achats) ont bien compris le péril qu'il y avait à se retrouver face à des consommateurs qui font "non, merci" ou pire : refusent carrément de jouer, à deux doigts du constat que le "progrès" n'apporte que la ruine et la misère pour la majorité.
Depuis, ces mêmes industriels (qui jouent leur peau) ont dépensé des fortunes pour te faire croire qu'on allait sauver la planète en utilisant des bâtonnets à oreille à manche de carton plutôt que de plastique -alors que la bonne réponse est, bien évidemment, de ne plus utiliser de cure-oreille du tout puisqu'un rinçage à l'eau tiède suffit.
Pareil pour le CO2, qui sert de chiffon rouge à tout ce qui roule : il vaut mieux le CO2 (rouge = mal ; vert = bien) que de savants calculs -peut-être vrais- sur ce qu'entraîne comme pollution la fabrication d'un véhicule neuf -je suis sûr que le bilan serait très déficitaire et donc désastreux pour l'image des industriels.
Mais revenons à la moto. S'il s'agissait vraiment de sauver la planète pour de bon, on roulerait avec des Messerschmitt KR, à moteurs de 250 cm3 développant à tout péter vingt chevaux, ce qui suffit largement pour atteindre de très respectables vitesses de pointe, encore magnifiées par le fait que tu aurais les fesses au ras du sol.
Or, depuis trente ans, qu'avons-nous ? Des motos qui ont juste gagné l'injection, qui consomment 2 à 3 l/100 de moins -et encore, je ne suis pas convaincu que la baisse des consommations ne soit pas surtout la conséquence de la multiplication des radars plus que du progrès technique. Allez ! Soyons fous et disons qu'on a réduit les consommations d'essence de 20% en trente ans. J'ai du mal à considérer ça comme un exploit.
OK, les moteurs polluent moins. Mais la vérité est que la pollution est très secondaire (sinon on aurait cessé les ventes de médicaments, interdit les cosmétiques et l'industrie textile croulerait sous les amendes -l'horreur !). L'important, c'est le réservoir de pétrole mondial qui se vide, avec tous les désagréments que tu peux constater ces derniers mois -oui, oui, le bazar à l'est est une question de pétrole et de gaz, à la base.
Dans le grand kabuki* de l'environnement, les industriels jouent un jeu d'équilibriste dangereux : donner l'illusion du changement (les cure-oreilles en carton) sans surtout rien changer, ou alors suffisamment lentement pour pouvoir adapter l'appareil de production sans que cela coûte trop cher -d'où le maintien d'aberrations roulantes de type sportive de 200 chevaux.
En tant qu'objet, il n'y a pas fondamentalement de différence entre la Gex' de 1987 et celle de 2022 -en 35 ans, deux millimètres par-ci, trois centimètres par-là et c'est tout.
Donc non, je n'irai jamais acheter un vélomobile à moteur de Lapin-Lap1 chez mon concessionnaire chéri pour sauver la planète. Ce serait trop compliqué à expliquer à motardus simplex. Pourtant, s'il faut maintenir le niveau de kilomètres/habitant/an, c'est avec ce genre de véhicules qu'on devrait rouler, non ? Un litre cinq au cent en pleine colère pour une mototaf' qui prend sans peine son 130 chrono réglementaire, moi, ça m'irait.
* un des genres du théâtre japonais, très codifié et, du point de vue de l'occidental de base que je suis, assez ridicule par son maniérisme.
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