Nouvelle boîte noire en automobile (EDR) : et dans les motos ?

Christophe Le Mao | Publié le 15 juin 2022

Nouvelle boîte noire en automobile (EDR) : et dans les motos ?

Dès le mois de juillet de cette année, certaines automobiles seront équipées d’une boîte noire. Cette dernière a pour but de collecter diverses informations suite à un accident avec un enregistrement de certaines données avant et après celui-ci. La surveillance des conducteurs franchit un cap inédit…

Cet équipement arrivera t il demain sur nos motos ?



L’arrivée de la nouvelle boîte noire ou EDR (Events Data Recorder) dans les automobiles est à l’initiative du Parlement Européen, règlement (UE) 2019/2144, adopté en 2019. 
Dans ce texte, il est question d’améliorer la sécurité des véhicules avec la mise en place d’aides à la conduite automatisées et d’une boîte noire. Les assistances automatisées auront pour but d’agir en amont des accidents pour essayer de les éviter et la boîte noire en aval afin de collecter des informations pour mieux comprendre ce qui s’est passé.

Cette annonce concerne, pour le moment, le secteur automobile, puis les camionnettes, les bus, les poids lourds et à titre d’information, nous nous sommes penchés sur la question et sur l’hypothétique possibilité d’un transfert vers le segment de la moto. L’automobile ayant souvent la primeur sur les évolutions de la législation.

Comment fonctionne cette boîte noire ?

Intégrée au cœur du système électronique de la voiture (celle-ci devant être de dernière génération), la boîte noire enregistre certaines données, parmi lesquelles :

La vitesse
La phase d’accélération ou de freinage
Le port de la ceinture de sécurité
L’usage du clignotant
La force de la collision
Le régime moteur
L’inclinaison du véhicule

Ces données sont enregistrées 30 secondes avant l’accident et 10 secondes après le choc. Elles ne sont pas stockées à l’infini, il y a un rafraîchissement régulier. Le texte prévoit que la boîte noire n’enregistre aucune donnée personnelle issue du conducteur comme des occupants, aucun son, ni enregistrement des conversations. Les données enregistrées ne seront utilisées qu’en cas strict d’accident et seules les personnes habilitées à les utiliser en auront l’accès, il s’agît des enquêteurs, des autorités judiciaires ou les instituts de recherche compétents. Cette mesure s’inscrit évidemment dans une politique de sécurité routière qui vise à réduire le nombre d’accidents, partout en Europe.

Quels véhicules sont concernés par la mise en place de la nouvelle boîte noire ?

A partir du 6 juillet 2022 pour les nouvelles homologations de voitures, camionnettes, camions et bus
A partir du 6 juillet 2024 pour les nouvelles immatriculations de véhicules neufs (les constructeurs sont libres de devancer cette date en fonction de l’avancée de leur production)
Les véhicules d’occasion ne sont donc pas concernés par ces nouveaux équipements obligatoires.
Infos complémentaires : une boîte noire cachée et non déconnectable, pas d’infos sur l’identité du conducteur…
Cette nouvelle réglementation prévoit que la boîte noire ou Enregistreur de Données d’Evènement sera dissimulé au sein du véhicule à un emplacement tenu secret. On le sait, cela ne reste pas secret très longtemps. Toutefois, nous n’avons pu savoir si la déconnexion de ce boîtier entraine un code panne ou une alerte particulière, ni même si le véhicule est susceptible d’être dégradé dans son fonctionnement. Peu d’infos circulent à ce stade hormis le fait qu’il est prévu que ce boîtier ne soit pas déconnectable.

Le dispositif ne prévoit pas d’enregistrer l’immatriculation du véhicule ou l’identité du conducteur. La mise en place de ce système ne peut être réalisée que par le constructeur. La boîte noire s’inscrit dans la continuité de certains systèmes rendus obligatoires comme l’ESP, étendu à toutes les automobiles à partir du 1er novembre 2014, même si l’ESP est davantage une aide à la conduite et la boîte noire un organe de mesures et de contrôle qui ne permet pas d’éviter un accident. Les états-unis ont déjà adopté ce système qui équipe une grande quantité de voitures. Il est difficile de voir les bénéfices de ce système.

Et pour la moto et le 2/3 roues motorisé ?

Nous avons posé la question aux constructeurs les plus concernés par cette question, à savoir les généralistes qui conçoivent et commercialisent des automobiles et des motos qui sont BMW, Honda et Suzuki. En l’attente du retour du blason ailé, les deux autres constructeurs ont apporté des réponses assez similaires.

Chez BMW, le constructeur Allemand se tient toujours à la pointe de la technologie, y compris en matière de sécurité. Pour autant, BMW suit évidemment la législation. Le service de presse nous a répondu : « Ce nouveau dispositif ne concerne que les nouvelles homologations de produits qui débuteront à partir du 1er juillet. Un modèle qui a déjà commencé son homologation et qui sortira après le 1er juillet 2022 ne sera pas équipé de boîtes noires. La première BMW équipée de boîte noire sera celle qui débutera son homologation après le 1er juillet 2022 et qui sera commercialisée à la fin de cette dernière. En fonction de notre planning de production, tous les modèles neufs commercialisés en juillet 2023 seront alors équipés d’un système d’enregistrement des données de série. Le but de l’enregistreur de données est d’aider la police en cas d’accident. »

Chez Suzuki, pour le moment (au 14/06/2022) aucune voiture n’est équipée de ce nouveau système. Pour l’automobile, le constructeur Japonais se conformera à la législation et il n’est nullement question d’équiper les motos.

Edito de fin : Pas d’inquiétude à avoir pour l’univers de la moto et le 2/3 roues motorisé en l’état actuel des choses. 
Toutefois, la vigilance sur ce dossier doit être de mise. Lutter contre la mortalité routière est évidemment profitable à toutes et tous et une cause majeure en Europe, surtout si cela est possible pour prévenir un accident via la sécurité des véhicules, la formation des conducteurs, les infrastructures routières, mais l’outil EDR (Events Data Recorder) ne sert qu’après l’accident. 
Un tel outil était il réellement indispensable pour améliorer la sécurité routière ? A suivre.
Christophe Le Mao 

On nous a tellement menti ces dernières années que j'ai du mal à croire que ce boitier ne servira qu'en cas d'accident... et même dans ce cas, à quoi sert il à part simplifier le travail des assurances et de la police ? on voit bien que le premier critère pris en compte est la vitesse, donc chaque accident avec vitesse au dessus de la limitation engagera celui qui dépassait cette dernière, et voila, le problème est résolu ! 
Cela va déclencher des batailles d'experts qu'il va falloir mandater pour se défendre en cas conflits et ça va durer longtemps.... 
Et après ? ce sera quoi ? la caméra embarquée ?

Triste époque au nom de la sécurité.