Info ou Intox. Les radars chantiers sont tous en rade !

Par Pascal Pennec Publié le 23/09/2024

Info ou Intox. Les radars chantiers sont tous en rade !

L’info circule depuis plusieurs semaines : les radars autonomes (également appelés radars chantiers) installés au bord des routes ne fonctionnent plus à cause du changement des prestataires chargés de leur maintenance. 

Possible ? L’Argus démêle le vrai du faux. 


Les radars autonomes sont-ils à l'arrêt ? La rédaction de L'argus décrypte cette info qui affole la Toile.
Crédit photo : L'argus

« Avez-vous remarqué l'absence de déplacement des radars autonome (ex chantier) ? », « Voici pourquoi les radars autonomes n'ont plus la bougeotte en ce moment », « Pourquoi les radars de chantiers sont-ils toujours en place alors que les chantiers sont terminés ? »… Ces quelques titres pêchés sur les réseaux sociaux, Internet ou dans la presse régionale indiquent que les fameux radars déplaçables ne seraient plus… déplacés depuis plusieurs semaines ! 
Motif avancé : les deux sociétés privées chargées de s’en occuper viennent de perdre le marché au profit d’un seul et même concurrent.


Les radars autonomes étaient, à leur lancement, dénommés "radars de chantier".
Crédit photo : DR

Sachant que l’autonomie électrique de ces engins se limite à moins d’une semaine, cela suppose qu’ils ne seraient plus en état de fonctionner ! Quant à ceux qui ont été vandalisés durant été, ils sont restés en l’état depuis. Une information évidemment « énorme » si elle est vrai. 
Pourtant, elle a relativement peu fait couler d’encre même parmi les habituels médias ou réseaux sociaux pourtant avides de colporter n’importe quelle info bidon pour peu qu’elle concerne les radars.
Alors, qu’en penser ?...

Carcasses errantes de radars...

Tout le monde le constate sur ses trajets quotidiens : hormis sur les zones de chantiers, où les radars autonomes peuvent rester présents durant toute la durée des travaux, en règle générale ces engins restent rarement positionnés au même endroit plus de deux ou trois semaines. Cela répond à leur vocation de créer le sentiment que les radars peuvent être partout, et cette durée correspond à leur autonomie, l’échange des batteries étant nécessaires au maximum chaque semaine. Or, depuis cet été c’est un fait : un peu partout les automobilistes signalent que les radars autonomes ne sont plus déplacés. 


Les radars autonomes sont déplaçables. Il suffit de fixer la remorque à un véhicule. Herault.gouv.fr

Pire, ceux qui ont été vandalisés restent en l’état, abandonnés à leur triste sort ! S’agirait-il d’un problème avant tout politique, correspondant à l’absence de gouvernement depuis la dissolution de l’Assemblée nationale ? Pas du tout.


Les radars autonomes n'ont pas échappé à la vague de dégradation qui a touché l'ensemble des dispositifs de contrôle de la vitesse. Adobe Stock


Les radars autonomes fonctionnent sur batteries. Cegelec

L’explication vient effectivement du fait que les deux sociétés privées chargées de la maintenance du parc des quelque 500 appareils - en l’occurrence Spie/Cegelec dans le Nord de la France et Aximum dans le Sud -, se sont faits doublés par un concurrent à l’occasion du renouvellement de ce marché. La décision a en effet été prise le 28 juin de confier la « Maintenance opérationnelle des équipements de terrain autonomes en France métropolitaine et dans les DROM » à un prestataire unique : la société Fayat, ce géant des travaux publics qui détient entre autres le spécialiste des radars Fareco (c’est lui qui a conçu et entretient les voitures radars), associée en la circonstance à Ineo, un pro de la maintenance électrique. 
Joli coup pour cet attelage, d’autant qu’il venait également de remporter quelques jours auparavant le renouvellement de la maintenance de tous les radars fixes !


Les radars autonomes changent de prestataire de maintenance. ANTAI

Même si l’attribution du marché de la maintenance des autonomes à Fayat/ineo n’a été publiée que le 2 août, il semblerait que les deux sociétés éconduites aient, selon les régions, commencé à lever le pied dès juillet, ce qui explique pourquoi tant d’engins n’ont plus bougé depuis. Cela signifie-t-il pour autant que les engins ne fonctionnent plus du tout depuis ? Impossible de répondre avec certitude, mais cela serait tout de même très surprenant, d’autant que les anciens prestataires sont contraints d’assurer une période de transition (il est question de trois mois).

Transition étalée sur plusieurs semaines

Reste à savoir à partir de quand leur successeur prendra concrètement le relais. En aucun cas cela peut se faire du jour au lendemain, car à moins d’une improbable reprise des équipes techniques, il lui faut en urgence renforcer son personnel existant et le former à cette nouvelle mission. De plus, il est impératif de trouver un maximum de locaux pour assurer les réparations des appareils, et surtout des points de recharge des batteries au plus près des milliers de sites d’utilisation potentiels.


Les portes des radars autonomes ne peuvent être ouvertes que par des techniciens qualifiés. DR

Enfin, il est nécessaire de prendre possession des stocks de pièces détachées. Or, on se souvient que quand Fayat avait remporté le marché de maintenance des radars fixes, il y a une dizaine d’années, les transferts ne s’étaient pas opérés directement dans les régions : plusieurs camions avaient déboulé sans prévenir à son siège en région parisienne et avaient tout laissé en plan, occasionnant une longue période d’inactivité pour de nombreux dispositifs. En sera-t-il de même cette fois ? Difficile, en conséquence, de prévoir quand sera rétablie la situation. Nul doute que cela ne se fera que progressivement au cours des deux à trois mois à venir. Mais gageons que la priorité est d'au moins maintenir le fonctionnement des appareils déployés au bord des routes. 

Pascal Pennec



Ne dites pas à ma mère que je suis co-admin chez FGI Elle croit que je suis gogo-dancer dans un bar gay