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il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
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El_TiTeP
Jife
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Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
et un grand merci pour cette rubrique passionnante, à lire et écouter (ça nous rajeunit un peu). Que de souvenirs. Si tu avais la même sur le jazz... mais tu as sûrement assez de travail.
Christian Pépé69
Christian Pépé69
Pépé69- Membre incontournable !
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Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Ce serait avec grand plaisir, Christian.
Mais, Jazz Swing, Jazz Be-Bop, Cool Jazz, Jazz Modal, Soul Jazz, Free Jazz...
Le sujet est trop vaste et je suis surtout trop inculte en la matière
J'ai trouvé cependant ces pages avec des renvois intéressants vers des vidéos, que tu aimerais peut-être consulter:
Une histoire illustrée du Jazz
Si non, il y a pas mal d'autres sites en ligne, à propos de l'actualité Jazz
Bonnes lectures
g2loq- Co-administrateur
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Age : 70
Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Merci pour ce lien très intéressant. Je vais piocher.
Christian Pépé69
Christian Pépé69
Pépé69- Membre incontournable !
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12 décembre - RUSH (un peu d'attente pour charger la page)
Un Canada Dry ?
(on croyait que c'était de l'alcool, mais non, c'était... Du Heavy Rock !
Par Thierry Dauge -11 décembre 2021
RUSH – Canada Dry
La première livraison discographique de Rush, groupe canadien ayant influencé des formations comme le Pat Travers Band ou Triumph, sort en 1974.
Pour pallier au désintérêt des « Majors », ce disque « canada dry », sec comme une volée de bois de caribou dans les « gosses » (CF en québécois), est tout d’abord publié sur le Label Moon Records, crée par les musiciens eux-mêmes. Très vite, Mercury Records entrevoit le sirop d’érable à récolter. Il récupère et réédite l’album sous sa bannière.
En 2021, une copie « Mint » du pressage original de la Lune atteint des sommets de spéculation. Au bas mot, les 1500 euros !
La musique à l’œuvre s’apparente au hard rock. Sur « Finding My Way », qui ouvre les z’ébats z’heavy, le riff d’intro tricoté par Alex Lifeson déchausse les quenottes, avec quelque chose de « Celebration Day » du Zeppelin dans les pelotes. Geddy Lee débobine alors sa voix au timbre si particulier. Mais lorsqu’il appelle au loup : « Ouh Yeh ! », on croirait entendre Robert Plant ! Rush, sous l’influence du Dirigeable ? Tout de suite après, le son et les accords évoquent … The Who !
RUSH – Finding My Way
Sur le deuxième titre, « Need Some Love », un doigt de « Sweet Home Alabama » vient se glisser entre les cordes. Rush, North southern rock ? « Take A Friend » marie les deux : Led Skynyrd à l’horizon ! Et puis « Here Again » ramène la musique au sortir des racines ; le blues.
Certes, la saturation gavée de Flanger accouchée du Marshall sonne davantage Johnny Winter, et blues « blanc », que le BB King des origines. A noter, « Here Again » dépasse les sept minutes sans pour autant loucher sur le heavy rock progressif que Rush proposera bientôt. Fin de la Face A. On retourne le vinyle ?
Take A Friend
Avec « What You’re Doing », l’ancrage des 70’s bave par tous les bouts. Mais ce ne sont pas de vulgaires tâches qu’on entend, plutôt des motifs de Rorschach, dentelés, ciselés, agressifs… « hendrixiens ». Et puis le Sud réapparaît, cadencé par une splendide cloche à vache sur « In The Mood ». Juste après, « Before And After » nous enlace langoureusement, nous entraîne vers une ballade bien pépère lorsqu’un solo meurtrier crucifie la mélodie. Rush, c’est une voix identitaire et un serrurier de l’apocalypse qui, Les Paul turgescente en mains, crochète notre libido versus : « Encore !!! ».
RUSH – What You’re Doing
En bout de piste B figure le morceau qui va propulser Rush vers un ailleurs plus ensoleillé, pas encore au-dessus des nuages, mais plus très éloigné : « Working Man ».
Ça baratte sévère à Toronto. Nos trois Hurons affûtent leurs tomahawks, taillent des scalps dans le cuir des grizzlys, assèchent l’Ontario, génèrent un Mascaret qui remonte jusqu’aux sources du Saint-Laurent.
Derrière leurs instruments respectifs, ils le surfent vers la gloire et, sans encore le savoir, plus virulents que ce c… de virus, jusqu’aux années 2020 !
Working Man (live)
S’il n’est pas très représentatif de ce que Rush livrera par la suite, ce premier album éponyme captive celles et ceux qui aiment les remontées de nougat dans les fraises Tagada. « Qui aiment quoi ? » Le heavy rock bien sûr ! Celui qui égorge dans les campagnes les féroces soldats ! Rush : Aux armes, et caetera !
Thierry Dauge
Dernière édition par g2loq le Jeu 16 Déc 2021 - 10:42, édité 1 fois
g2loq- Co-administrateur
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13 décembre - Metallica (un peu d'attente pour charger la page)
Leur actualité, les tournées à venir etc... : Metallica, le site
Par GILLES ROLLAND
Metallica et la malédiction de la basse fantôme
No justice for the bass player
La mort tragique de Cliff Burton, le 27 septembre 1986, a bien failli stopper net Metallica dans son élan.
Pourtant, le groupe a décidé de continuer… au mépris de l’instrument que tenait leur ami.
Mars 1986. Master of Puppets, le troisième effort studio de Metallica, atterrit dans les bacs.
Le 4 novembre, il est déjà certifié disque d’or. Et sachez qu’à l’époque, ça voulait vraiment dire quelque chose ! Sur le toit du monde, les Four Horsemen avancent pied au plancher, contemplant à la fois le chemin parcouru depuis les débuts en 1981 mais aussi l’avenir, qui s’annonce radieux.
Le 27 septembre 1986, James Hetfield, Cliff Burton, Lars Ulrich et Kirk Hammett sont en Suède dans le cadre de la tournée Damage Inc.
Au moment de se mettre au lit, les musiciens décident de tirer au sort leurs couchettes. Cliff Burton l’emporte et choisit de prendre le lit de Kirk Hammett. Pendant qu’ils dorment, le chauffeur de leur tour bus perd le contrôle. Le véhicule effectue une sortie de route et fait plusieurs tonneaux avant de s’immobiliser. Ulrich, Hetfield et Hammett ne souffrent que de quelques blessures superficielles. Cliff Burton en revanche, a été éjecté de l’habitacle avant d’être écrasé par l’autocar.
Fade to Black
Si dans les premiers temps, les trois survivants se posent des questions, ils décident d’aller de l’avant, pensant que c’est précisément ce que Burton aurait voulu.
Ils auditionnent alors plus de 40 bassistes et choisissent Jason Newsted de Flotsam and Jetsam.
Le 28 octobre 1986, Newsted apparaît pour la première fois sur scène aux côtés de ses idoles et désormais camarades.
En janvier 1988, Metallica revient en studio, à Los Angeles, pour enregistrer le successeur de Master of Puppets.
Jason Newsted est aux anges. Pourtant, quand il écoule le disque, il déchante vite. C’est bien simple, la basse est inaudible. Alors que Cliff Burton tenait une place véritablement primordiale dans le combo, Jason Newsted se retrouve réduit au silence.
Il déclarera des années plus tard : « Sérieusement, j’étais prêt à couper des gorges ! J’étais furieux car je pensais vraiment avoir bien joué et fait ce que je devais faire. ». Mais les patrons en avaient décidé autrement…
The Sound of Silence
Les fans aussi sont circonspects. Certains d’entre-eux en tout cas. Pourquoi avoir recruté un autre bassiste, l’avoir mis en avant et intégré au groupe, si c’est pour lui poser un bâillon ?
En 2019, James Hetfield revenait sur la basse inaudible de …And justice for all : “Nous étions épuisés. Entre le studio, les concerts, les répétitions, on n’en pouvait plus. Notre audition était foutue. Et si vos oreilles n’entendent pas bien, vous montez le son. Donc on montait le son de plus en plus et ça amplifiait les aigus. Puis, à un moment donné, les basses ont disparu. C’était le principal problème. Nous n’avions rien contre Jason. On était juste épuisés.”
L’excuse de la fatigue, on la connaît. C’est un peu comme le mec qui dit que s’il s’est comporté comme le dernier des débiles l’autre soir au bar, c’est parce qu’il était bourré.
Le truc, c’est qu’on parle tout de même ici d’un groupe à l’époque déjà énorme, qui devait relever le défi qui lui était posé après avoir envoyé une monumentale torgnole à la face du monde avec trois albums irréprochables. James Hetfield et Lars Ulrich (les deux ont accordé leurs violons) veulent-il vraiment nous faire avaler que la fatigue les a poussés, sans même qu’ils s’en aperçoivent, à effacer un des instruments du mix final ?
Personne dans le studio, le producteur Flemming Rasmussen ou le gars qui vidait les cendriers, n’a remarqué que sur les quatre instruments, un avait été zappé ? Ce genre d’excuse pourrait passer dans le cadre d’un orchestre philharmonique avec 50 gus. « On n’entend pas le triangle, c’est scandaleux ! ». Mais avec la basse ? Non non… Surtout qu’après …And Justice for All, les choses ne sont pas vraiment arrangées pour Newsted.
Ego Trip
C’est le problème quand on intègre un groupe porté par des ego aussi puissants que ceux de James Hetfield et Lars Ulrich. Bien sûr, difficile de savoir ce qu’il se passe en coulisses, sauf bien sûr quand le groupe décide de mettre en scène ses séances de psychothérapie comme il l’a fait avec le film Some Kind of Monster.
Reste que dès le début, alors que Cliff Burton était considéré par Hetfield et Ulrich comme leur égal, Newsted a toujours donné l’impression de suivre. Le gentil bassiste qui parle tout bas et qui joue aussi tout bas. Pas trop le genre de mec à l’ouvrir sans demander la permission. Pas le genre à monter le volume non plus. Résultat des courses, si les albums ayant suivi …and Justice for All ont, de temps en temps, laissé entrevoir de quoi était capable Newsted, aucun ne lui a vraiment permis de s’exprimer. Aucun ne lui a laissé la marge nécessaire pour vraiment prouver en quoi il pouvait apporter sa patte à Metallica comme Burton l’avait fait avant lui.
Où est le bassiste ?
Alors parfois, James et Lars ont essayé de nous enfumer. Prenez Garage Inc., l’album de reprises. Un des meilleurs boulots de Metallica d’ailleurs. La pochette met même Newsted au premier plan. À un moment, le groupe paye son tribut à Motörhead et livre sa version de Damage Case.
On le sait, chez Motörhead, la basse, on l’entendait carrément. Lemmy en jouait d’ailleurs plus comme une guitare rythmique, en poussant les potards à 11. La cover de Metallica, si elle est sympa, ne peut bien sûr pas éviter de faire sonner la basse mais quand même. On est loin de la déflagration de la version originale, il faut bien l’avouer.
En fait, Jason Newsted puis Robert Trujillo se sont efforcés de remplir un vide sans jamais y parvenir. Non pas car ils en étaient incapables, mais parce qu’on ne leur a jamais vraiment donné l’occasion.
Car au fond, quels sont les plus beaux riffs de basse de Metallica ? Am I Evil ??, Fade To Black ?, Damage Inc. ? For Whom The Bells Tolls ? Que des morceaux de l’époque Burton. Depuis… Nada.
Newsted a joué sur les albums, en sourdine donc, et a tenté de se montrer digne (en y parvenant) de l’héritage de Burton sur scène. Puis il est parti, remplacé par Robert Trujillo.
Same old song
On peut voir le recrutement de Trujillo dans Some Kinf of Monster. Le mec arrive, déchire tout et est embauché. On lui file 25% des recettes. Forcément il est content. À l’époque, tout le monde s’est demandé avec une excitation non feinte ce que pourrait bien donner Metallica avec le bassiste de Suicidal Tendencies et Infectious Groove. L’un des meilleurs du monde il faut quand même le rappeler.
Trujillo est arrivé après la bataille St. Anger. Pour le coup, Metallica a demandé au producteur Bob Rock de tenir la quatre cordes.
On ne l’entend pas vraiment non plus mais ce n’est pas grave. La caisse claire de Lars par contre, on l’entend. Mais bref… Par la suite, Trujillo a soit disant participé au processus créatif, profitant de 25 % des royalties et voyant son train de vie monter en gamme tandis que le volume de son ampli de cessait de baisser.
L’excellent album Death Magnetic, puis Hardwire… to Self-Destruct ont confirmé les craintes. La malédiction de la basse fantôme.
Hetfield et Ulrich ont décidé d’intégrer dans leur line-up un véritable tueur et l’on ensuite réduit au silence… ou presque. Car oui, on l’entend bien un peu, sur All Nightmare Long par exemple, mais force est de reconnaître que Robert ne livre pas des performances aussi intenses que jadis, quand il tenait la place centrale dans d’autres groupes. Difficile a avaler. Sans compter que Trujillo n’a jamais vraiment collé dans Metallica. Son jeu aurait pu apporter quelque chose d’hyper intéressant mais au lieu de tenter de vraiment exploiter cette chance, Hetfield et Ulrich ont préféré continuer à leur façon.
Deuil impossible
Il doit exister une meilleure métaphore mais disons que l’embauche et le traitement réservé à Trujjillo dans Metallica reviendrait un peu à acheter une Ferrari ou une bagnole de poseur du genre et juste la sortir pour la montrer sans jamais vraiment rouler avec.
Trujillo est là, avec son attitude et son sourire (le mec donne toujours l’impression, après toutes ses années, de monter sur scène pour la première fois à chaque concert pour jouer avec ses idoles. Un peu comme si James Hetfield l’avait appelé pendant un show pour venir taper le bœuf…).
Bestial, il reproduit le même jeu de scène qu’avec Suicidal sauf que ce coup-ci, on ne l’entend pas. On se demande bien ce qu’il fout avec sa basse cinq cordes…
Quand les Rolling Stones ont dû faire face au départ de leur bassiste historique Bill Wyman, eux au moins, d’une certaine façon, ont assumé. Ils ont pris un porte-flingue et ne l’ont jamais vraiment intégré au groupe.
Un mercenaire parfait pour jouer sur scène, un peu dans l’ombre. Sur les photos promo, seuls Keith Richards, Mick Jagger, Charlie Watts et Ronnie Wood apparaissaient. Ils ont d’ailleurs opéré de la même façon après le décès de Charlie Watts. Quelqu’un a pris le job mais le noyau dur du combo n’a jamais prétendu lui offrir une place similaire.
Vrai/Faux Power trio
Il est évident, et compréhensible, que James Hetfield, Lars Ulrich et Kirk Hammett ne sont jamais remis du décès de Cliff Burton et que plus ou moins inconsciemment, ils ont fait en sorte de le faire payer à leurs bassistes.
Non mais, sérieusement ! Même dans le clip de I Disappear, le morceau pour Mission : Impossible 2, Newsted a le rôle le plus pourri : Lars Ulrich saute d’un immeuble, James Hetflied roule à tombeau ouvert dans les rues de San Francisco, Kirk Hammett refait La Mort aux trousses et Jason Newsted se fait… bousculer par des types. Si ça c’est pas du foutage de gueule.
Le cas de Metallica est relativement inédit. Même quand Ozzy a perdu Randy Rhoades, il n’a jamais cherché à faire payer ses successeurs. En même temps me direz-vous, il est plus dur de faire taire le guitariste soliste.
Avec …And Justice For All, Metallica s’est transformé en faux power trio, méprisant un instrument qui pourtant, a largement contribué aux fondations de son identité. Sur scène, c’est presque le pire. On voit Trujillo s’agiter mais on peine à l’entendre. À tel point qu’on attend avec impatience qu’il intervienne sur l’intro de For Whom The Bells Tolls pour prouver qu’il est bel et bien branché. Alors oui merci, Lars lui, on entend bien tous ses pains en revanche hein ! Une autre histoire de fatigue probablement…
Dernière édition par g2loq le Jeu 16 Déc 2021 - 10:41, édité 1 fois
g2loq- Co-administrateur
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14 décembre - Motörhead (un peu d'attente pour charger la page)
Tiens, v'la du lourd !
Par GILLES ROLLAND
Motörhead : le grand malentendu
Créé en 1975 par Lemmy Kilmister en réponse à son renvoi d’Hawkwind, Motörhead a réussi à s’imposer comme l’un des groupes de rock les plus importants de la scène britannique. Le bombardier ayant, jusqu’en 2015 et la mort de Lemmy, son unique membre permanent, imposé une classe, une puissance et une intégrité somme toute assez rares.
40 années pendant lesquelles le combo a tourné sans cesse dans le monde entier, au rythme de changements de line-up, avant de se stabiliser, inspirant au passage de futurs poids lourds du heavy metal et du thrash comme, au hasard, Metallica et Venom.
Motörhead qui a également depuis ses débuts fait l’objet d’un terrible malentendu…
Motörhead ? Rock and roll jusqu’au bout des ongles !
« We are Motörhead and we play rock n’ roll ! »… Cette phrase, Lemmy n’a eu de cesse de la répéter pendant les concerts de son groupe, généralement avant d’attaquer Overkill, soit l’ultime morceaux de la set-list. Pourtant, régulièrement, Motörhead fut classé dans la catégorie metal. Certains fans ne semblant pas faire la distinction entre la musique de Metallica et celle de Motörhead.
Pour Lemmy, cet enfant des tumultueuses années 60, ex-roadie de Jimi Hendrix et adorateur devant l’Éternel des Beatles (qu’il préférait aux Rolling Stones, ces derniers étant pour lui de « faux » mauvais garçons), les inspirations de Motörhead ont toujours été, pour résumer la chose en deux noms, Eddie Cochran et Little Richard. Il disait d’ailleurs à qui voulait bien l’entendre que Richard était probablement le plus grand chanteur de rock and roll que la Terre ait porté.
Ni metal…
Concrètement, Motörhead est arrivé après la première vague heavy metal britannique, emmenée par Black Sabbath et avant la célèbre New Wave of British Heavy Metal, notamment incarnée par des groupes comme Def Leppard, Iron Maiden et Judas Priest. Malgré tout, Motörhead est souvent associé à la NWOBHM. Ce qui est une erreur pour deux raisons :
-Motörhead est donc arrivé un peu avant
-Motörhead na jamais fait de heavy metal. Ni de près ni de loin.
… ni punk !
À côté de cela, le groupe de Lemmy a émergé quelques mois avant l’explosion punk en Angleterre. Mais encore une fois, ceux qui ont été tenté d’associer Motörhead au punk ont fait fausse route. Comme l’a un jour exprimé Lemmy, avec leurs cheveux longs, leur look de bikers et leur musique plutôt lourde (mais pas heavy notez bien, même si la distinction peut être subtile), les gars de Motörhead n’ont jamais été de purs punks. Rien à voir avec Johnny Rotten, Sid Vicious, Mick Jones ou Joe Strummer donc…
Maximum rock and roll !
Alors oui, Motörhead a toujours donné dans le pur rock and roll ! Ce qui paraît d’ailleurs évident quand on s’intéresse à la structure des morceaux. Prenez par exemple Going to Brazil, un cas particulièrement éloquent compte tenu de la question qui nous intéresse ici : un grand morceau de rock and roll dont la structure et la dynamique sont très similaires à ce que pouvaient faire Elvis Presley, Buddy Holly, Jerry Lee Lewis ou Chuck Berry à leur époque.
Si c’est moins évident avec Overkill ou Sucker, pour prendre un titre moins iconique (sur Kiss of Death en 2006), il est indéniable que les compositions de Lemmy n’ont jamais ressemblé à celles de ses contemporains évoluant sous la bannière du heavy metal ou de l’un de ses dérivés plus ou moins extrêmes.
Hail to the king of Motörhead !
Ainsi, Lemmy s’est vite imposé comme une version plus sombre et bruyante du King Elvis. Un type en apparence patibulaire, qui n’a jamais fait semblant, d’une quelconque façon, et dont le comportement sur scène ou en dehors était exactement le même. En 2010, quand est sorti l’excellent rockumentaire Lemmy, beaucoup des fans de Motörhead se sont émus de voir le taulier se lancer dans une tirade admirative au sujet des Beatles (qu’il a vu à la Cavern).
Peu à peu, alors que l’arrivée dans les rangs du combo de Phil Campbell et Mickey Dee a certes contribué à durcir un peu plus le ton (le groupe a en cela bien été aidé par le producteur Cameron Webb), le public a semble-t-il commencé à accepter que Motörhead ne jouait pas dans le même cour que Judas Priest ou Iron Maiden. Et tant pis si au fil des années, c’est bien la scène metal en priorité qui a déroulé le tapis rouge à Lemmy et à ses camarades.
Fidèle à ses idéaux
Toujours très actif, jusqu’au dernier jour quasiment, Lemmy a souvent payé son tribut à ses illustres ancêtres. Il a ainsi formé le groupe de rockabilly, The Head Cat avec Slim Jim Phantom (de The Stray Cats), et repris du Johnny Cash, du Elvis et du Carl Perkins…
Même quand son ami Dave Grohl est venu toquer à sa porte pour lui demander de participer à son projet metal Probot, Lemmy a livré avec Shake Your Blood un bon vieux rock and roll joué à 11.
Il y avait chez Lemmy une réelle sensibilité. Un authentique sens de la mélodie aussi. À ses débuts, Motörhead s’est vite attiré les foudres des critiques mais le public, même s’il s’est souvent mépris au sujet de ses intentions premières, a aussi accueilli avec joie cette brutalité saupoudrée d’un vrai amour du riff rock, plus festif qu’il n’y paraît et parfois brutalement concerné.
Rock hard et non hard rock
Motörhead n’a jamais été classé dans le bac rock and roll chez les disquaires. Il faut dire que le Snaggletooth, cette créature imaginée par l’artiste Joe Petagno, ne laisse pas présager une musique plus proche de Chuck Berry que d’Iron Maiden.
Pour autant, le Snaggletooth incarne une vision noble et généreuse d’un rock and roll pur. Un rock certes joué à fonds les ballons, propulsé par une basse massive qui tient plus de la guitare rythmique et par une voix rocailleuse, par de gros riffs, des solos et une batterie tonitruante, mais un rock quand même.
Et si Motörhead a bel et bien influencé un très grand nombre d’artistes metal, thrash, punk ou hardcore, c’est certainement par rapport à cette propension à avoir poussé les potards dans le rouge pendant si longtemps. Le tout sans chercher à flatter les tendances ou se faire aimer par les élites parfois auto-proclamées.
Le respect du metal
Motörhead a aussi joué de nombreuses fois dans des festivals metal comme le Download ou le Hellfest en France. Mais jamais il ne s’est laissé allé à tenter de rallier le mouvement. L’inspirer lui suffisait amplement.
Sur son trône, Lemmy n’a jamais toisé personne de haut, se contentant de s’en tenir à ce qu’il préférait et qu’il faisait comme personne. La tête bien vissée sur ses épaules, sur scène ou en dehors, au bar du Rainbow ou ailleurs, jamais à cours de bons mots et d’une observation pleine de lucidité, prêt à asséner à son audience un rock and roll pur, bien ancré et furieusement jubilatoire, Lemmy n’a jamais dévié. Et c’est notamment pour cela qu’il s’est imposé comme l’un des musiciens rock les plus intègres de son époque.
Gilles Rolland
Dernière édition par g2loq le Jeu 16 Déc 2021 - 10:41, édité 1 fois
g2loq- Co-administrateur
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15 décembre - Red Hot Chili Peppers (un peu d'attente pour charger la page)
De la zique et de la romance (ou du sexe)
Par Serge Debono
Blood Sugar Sex Magik, l’acmé des Red Hot Chili Peppers
30 ans après, le feu et la magie perdurent…
Le 24 septembre 1991, les Red Hot Chili Peppers publient Blood Sugar Sex Magik, l’album le plus acclamé de leur longue carrière. Une œuvre à l’énergie sexuelle brute et contagieuse, symbole de la quintessence d’un groupe pionnier du funk-rock.
Après le succès de Mother’s Milk (1989), les Red Hot souhaitent changer de label. Ils quittent EMI Records et optent dans un premier temps pour Sony/Epic. En apprenant la nouvelle, Mo Ostin, directeur de Warner Bros et fan du groupe, leur passe un coup de fil judicieux.
Malgré la déception de les voir signer chez un concurrent, il leur renouvelle son soutien, avec félicitations et encouragements. Les négociations liées à leur nouveau contrat traînant en longueur, les quatre californiens se désistent et confient leur musique à la Warner.
Comme quoi, un coup de téléphone et quelques amabilités…
Voilà déjà plusieurs années que le groupe souhaite bénéficier des lumières du producteur Rick Rubin (Beastie Boys, Run-DMC, Slayer). Le barbu accepte à une seule condition : pas de came durant les répétitions et l’enregistrement. De ce côté-là, les Red Hot ont levé le pied depuis 1988, et le décès de Hillel Slovak, leur premier guitariste.
Rick Rubin
L’apport harmonique du jeune et talentueux John Frusciante n’a fait que donner plus de corps à leurs compositions. Les trois autres membres approchant la trentaine vont soudain extraire le meilleur d’eux-mêmes pour offrir un opus inoubliable.
La magie Houdini
A moins que ce surcroît d’alchimie ne provienne d’ailleurs… En effet, après avoir longuement répété leurs nouvelles compos dans un local de North Hollywood, Rick Rubin suggère d’effectuer l’enregistrement dans un lieu singulier. The Mansion, un vieux manoir situé sur les hauteurs de Laurel Canyon (L.A), et ayant appartenu au magicien Harry Houdini. L’idée séduit l’ensemble du groupe, qui s’installe à demeure. Même si le batteur, Chad Smith, craignant les esprits frappeurs, préfèrera dormir chez lui…
L’entame de Blood Sugar Sex Magik tranche dans le vif.
D’emblée, on découvre que le rock alternatif des précédents albums, laisse une place plus importante au rap, et donc aux textes.
Blood Sugar Sex Magic
Power of Equality est un réquisitoire contre le racisme et le sexisme. Quant au funk, simple ingrédient sur les précédents albums, il devient omniprésent. En particulier sur les riffs de guitare de John Frusciante.
Première singularité, dans le titre qui suit, son instrument est enregistré directement face à un micro, sans passer par un amplificateur. Les applaudissements que l’on entend sur le final, sont adressés par l’équipe au jeune guitariste.
Red Hot Chili Peppers – If You Have to Ask
Après une superbe ballade à la rythmique espagnole, dans laquelle Kiedis tente d’exorciser une hérédité de tombeur vouée à la solitude (Breaking the Girl), Funky Monks sonne le retour du groove.
L’intro au slap de Flea met dans l’ambiance et maintient la cadence, parfaitement épousée par le riff minimaliste de Frusciante. Le solo de ce dernier vient rappeler ses influences psychédéliques. Quant à Kiedis, comme sur chaque titre, il confirme sa progression vertigineuse, aussi bien sur le plan vocal, que textuel.
Red Hot Chili Peppers – Funky Monks
Le sexe est le nerf de l’album, et le thème commun à chaque morceau. La dose de sensualité insufflée par Kiedis dans les paroles et l’interprétation, se retrouve également dans les parties instrumentales.
Les riffs dévastateurs de Flea, doublés par ceux, tout aussi sauvages de Frusciante, sont de véritables électrochocs pour libidos endormies. D’ailleurs, l’image d’un dos cambré, ou d’un corps tordu par le désir, surgit fréquemment durant l’écoute de Blood Sugar Sex Magik…
“Give to me sweet sacred bliss
Donne moi la douce félicité sacrée
That mouth was made to…”
Cette bouche a été faite pour…
Red Hot Chili Peppers – Suck My Kiss
Pour l’anecdote, et la beauté du titre, le doux et amer I Could Have Lied est le fruit d’une rupture entre Anthony Kiedis et la chanteuse irlandaise Sinead O’Connor.
Cette dernière se serait éclipsée de manière soudaine, et lui aurait laissé un mot sur la table lui demandant de ne plus chercher à la revoir.
Sinead O’Connor
Le cœur brisé, le chanteur des Red Hot se serait alors rendu chez son ami et confident, John Frusciante.
Après avoir écouté All along the Watchtower (version Jimi Hendrix), les deux hommes auraient décidé d’écrire ce titre et de l’enregistrer sur cassette. Avant de le déposer dans la boîte aux lettres de la chanteuse irlandaise…
Red Hot Chili Peppers – I Could Have Lied
A sa sortie, Give it Away, premier single, publié trois semaines avant l’album, fait l’effet d’une bombe.
Son riff de funk-metal semble vous soulever de terre, pour vous agiter telle une marionnette consentante. Mais le tout sonne assez violent, et le rap ne fait pas encore l’unanimité dans les milieux rock. Plusieurs radios rechignent à le diffuser.
Comme souvent c’est une station californienne, KROQ, située à Los Angeles, qui va œuvrer pour la modernité.
Give it Away
Le texte est inspiré à Anthony Kiedis par sa rencontre avec la chanteuse Nina Hagen. Celle-ci lui offre son blouson, et instigue sans le savoir, une véritable ode au désintéressement.
Sous l’influence de Rick Rubin, Flea, au sommet de son art, a décidé de simplifier ses lignes de basse.
Flea
Elles semblent soudain souligner le rythme percutant de Chad Smith derrière les fûts.
En réalité, Flea renforce leurs rôles dans la section rythmique, afin de retrouver le groove naturel du funk. Paradoxalement, si son jeu s’épure, il gagne en mélodie, et son influence sur les compositions du groupe grandit. Un bel exemple d’altruisme qui va d’ailleurs grandement nourrir cet album.
De l’avis général du groupe, l’apport de Brendan O’Brien n’est pas négligeable. L’ingénieur du son réalise une véritable performance en permettant à ce groupe au son lourd de sonner comme un Led Zeppelin groovy.
Il amène également ses talents de musiciens en jouant de l’orgue Hammond sur les titres Suck My Kiss et Give it Away.
Le clip-vidéo aux tons argentés, sorte de trip hip-hop amérindien tourné dans le désert, est l’œuvre de Stéphane Sednaoui (NTM, U2, Bjork).
Red Hot Chili Peppers – Give it Away
L’album offre 17 titres généreux et gonflés d’adrénaline, parsemés de quelques sublimes ballades…
Under the Bridge
Une des grandes forces de Blood Sugar Sex Magik réside dans le lyrisme et la maturité des textes.
Anthony Kiedis, chanteur et parolier, sort alors d’une longue période de sevrage aux drogues dures, et la tentation est encore très présente. Un soir, alors qu’il roule sur l’autoroute, il songe à la solitude et au vide qu’il ressent désormais, libéré de son addiction.
“Je ressentais un inexplicable lien entre moi et ma ville. J’ai passé tellement de temps à réfléchir dans les rues de Los Angeles. J’ai effectué des randonnées sur Hollywood Hills, et j’ai senti comme une présence, peut-être l’esprit des collines de la ville, qui veillait sur moi…”
A peine rentré chez lui, il attrape un stylo et écrit le texte de Under The Bridge. Ce dernier évoque ses années d’esclavage au speedball, tandis qu’il traînait dans les rues de L.A en compagnie de gangsters.
Bien qu’il trouve le thème trop dramatique pour les Red Hot, il se laisse convaincre par Rick Rubin d’en faire un titre pour le nouvel album.
Kiedis & Frusciante
Kiedis et Frusciante travaillent ensemble la mélodie et les harmonies.
Très ému par le texte, le guitariste met toute sa sensibilité au service du morceau. Ce n’est qu’ensuite, dans le manoir de Houdini, que Flea et Chad Smith posent la partie rythmique. Pour le chœur final, John Frusciante fait appel à sa mère, ainsi qu’à ses amis membres d’une chorale.
Grimpant à la deuxième place du billboard, Under the Bridge est le premier grand succès international du groupe.
Red Hot Chili Peppers – Under the Bridge
L’influence de Jimi Hendrix chez les Red Hot Chili Peppers, ne se limite pas à un tatouage à son effigie sur l’épaule de Flea.
Et si leur profond respect pour le Divin les ont incités à écarter de leurs albums, leurs reprises de Fire et Castles Made of Sand, on peut sentir les effluves du gaucher sur de nombreux titres.
My Lovely Man est un hommage adressé par Anthony Kiedis à Hillel Slovak, guitariste originel du groupe. Un hommage auquel contribue son remplaçant John Frusciante, par le biais de saillies hendrixiennes.
Evidemment, il serait osé et excessif de mettre en balance le talent de soliste du jeune californien (né à NY), avec celui du guitar-hero de Seattle.
Néanmoins, le toucher funky de ce dernier hérité de Curtis Mayfield, rejaillit inlassablement dans les rythmiques de Blood Sugar Sex Magik.
Red Hot Chili Peppers – My Lovely Man
La pochette iconique est l’œuvre de l’artiste tatoueur Henk Schiffmacher. Elle est exécutée en collaboration avec le cinéaste-photographe Gus Van Sant. Ce dernier a également réalisé le clip du titre Under the Bridge.
Chroniquer les 17 titres de cet album prendrait un temps considérable, mais soyez certains que ceux que j’ai omis n’ont rien à envier aux autres.
On parle ici d’un véritable chef d’œuvre, comme les années 90 en comptent peu. Blood Sugar Sex Magik est à ranger aux côtés de Nevermind (Nirvana) sorti le même jour, Grace (Jeff Buckley), et 666, 667 Club (Noir Désir).
Pour ceux qui souhaitent pénétrer les coulisses de cet opus devenu culte, je ne saurais trop vous conseiller le visionnage du making of. Tourné en noir et blanc, et le plus sobrement du monde, Funky Monks témoigne de l’envie et de l’alchimie régnant à cette époque au sein des Red Hot Chili Peppers.
Funky Monks
Chef d’oeuvre universel
En plus d’une grande homogénéité, (rien à jeter sur BSSM), cet opus brille par son éclectisme.
En 1991, on a rarement entendu un album majeur d’une telle universalité. Toutes les influences cumulées des quatre musiciens semblent se mêler harmonieusement sur chaque titre.
Si les Beastie Boys avait amorcé la chose, il est le premier album rock à légitimer le rap de manière aussi explicite.
Sans pour autant renier le rock alternatif de leurs débuts, il salue le retour en force des légendes du psyché, tout cela en adressant un véritable hommage d’influences, au funk de James Brown, Funkadelic et Prince. Sans oublier l’inaltérable folk américain.
Non, il n’existe pas d’opus rock antérieur, ayant fait preuve d’une telle diversité de genre.
Serge Debono
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16 décembre - ZZ Top (un peu d'attente pour charger la page)
Bon annif, Le révérend ! à "La Grange", ou ailleurs !
Carotte Rock Cultures
"Le blues est une longue route puissante. Ou ce pourrait être une rivière, qui se tord et tourne et se jette dans une mer de potentiel musical illimité."
Billy Gibbons ZZtop fête ses 72 ans !
William “Billy” Frederick Gibbons, aka The Reverend, Billy F. Gibbons est né le 16 décembre 1949 !
"La voiture est le premier hommage que tu rends à la fille que tu veux sortir. Si tu viens la chercher dans une poubelle, tu es sûr de rouler seul longtemps" ! (Billy Gibbons, 1991)
Par Thierry Dauge
ZZ TOP – Passé le Rio Grande
En studio
« Passé le Rio Grande ». A cet égard, la pochette du deuxième Lp de ZZ Top: Rio Grande Mud, est sans équivoque et particulièrement explicite. La musique du trio sera « sale », souillée par cette boue rouge qui figure le lit du long fleuve séparant le Mexique des Etats Unis, le Rio Grande, théâtre de tous les Westerns hollywoodiens.
Ça, c’est pour le côté américain. Pour ce qui est de l’aspect pseudo hispanisant, l’accent « red neck », il y a les titres des albums, du moins jusqu’à « Eliminator » (1983).
ZZ TOP – Hi Fi Mama
En 41 ans d’existence, le groupe a sorti 15 albums, un enregistrement tous les 2 ans / 9 mois, ce qui est loin d’être pléthorique.
Sélectionnés dans toutes les listes des « meilleurs » de leurs Lps, les six premières livraisons, cartouches de Winchester tirées entre 1971 et 1979, éclaboussent les 70’s.
En fil conducteur, le blues, sous toutes ses formes, toutes ses moutures. Galbé comme une stripteaseuse, il fait monter la sève, poussiéreux comme une paire de « chaps » sur les guibolles noueuses d’un cowboy, il sillonne le désert.
ZZ TOP – Tush
Derrière les pilosités décolorées par le soleil et les notes chassant le tubbleweed sur les routes ensablées du Texas, ZZ Top élabore des musiques directes, « In your face », parsemées de suintements langoureux: pour la drague.
Ces 6 Lps sont des citernes à feeling, tout autant des entailles au coupe-chou qu’un baume cicatrisant, heavy, rock et blues, donc. Tels que les morceaux sont joués, ils évoquent les racines. Mitonnés 70’s, Hill, Gibbons et Beard taquinent le hard rock, une came similaire à celle de Johnny Winter, l’autre bretteur texan.
ZZ TOP – Just got paid
La presse spécialisée à certainement tout dit à propos de « That little ol’ Band from Texas », comme le groupe aime à se surnommer, de son travail en studio à ses prestations scéniques. Qu’en est-il de ces dernières à l’aube des 2020’s ? Sont-elles toujours à leur Zénith ? « Mignonne, allons voir si la rose » (P. Ronsard).
En concert
La grand-messe ? Planqués derrière leurs stetsons, les deux barbus assurent le show … sans plus l’assurer.
Ils se déplacent, chorégraphient certains titres, exposent leurs collections de guitares, celles en fourrure comprises, reprennent des « standard », dont Foxy lady et Jailhouse rock mais … se «cachent» à l’ombre de leur renommée. Pourtant, les nombreuses chroniques de ce concert qui postillonnent la Toile font état d’une mise en lumière, d’un retour de flamme. Sympa et rock’n’roll : oui. Immortel : non.
ZZ TOP – La Grange (live)
Il reste que bouder cette prestation serait pécher ! Il n’est pas tant de groupes qui œuvrent depuis 45 ans sans avoir jamais changé de line up. Sans se départir de leur postulat musical, et tourner, de toute évidence, en y prenant plaisir.
Alors, malgré le prix prohibitif des places: 79€! Louons cette Gloire des 70’s qui continue contre vents et années à débobiner un heavy blues rock de qualité. Toujours rugueux, même «pailletés», les trois ZZ: Still broncos of their rodeos.
ZZ TOP – Jailhouse rock (live)
Thierry Dauge
Carotte Rock Cultures
"Le blues est une longue route puissante. Ou ce pourrait être une rivière, qui se tord et tourne et se jette dans une mer de potentiel musical illimité."
Billy Gibbons ZZtop fête ses 72 ans !
William “Billy” Frederick Gibbons, aka The Reverend, Billy F. Gibbons est né le 16 décembre 1949 !
"La voiture est le premier hommage que tu rends à la fille que tu veux sortir. Si tu viens la chercher dans une poubelle, tu es sûr de rouler seul longtemps" ! (Billy Gibbons, 1991)
Par Thierry Dauge
ZZ TOP – Passé le Rio Grande
En studio
« Passé le Rio Grande ». A cet égard, la pochette du deuxième Lp de ZZ Top: Rio Grande Mud, est sans équivoque et particulièrement explicite. La musique du trio sera « sale », souillée par cette boue rouge qui figure le lit du long fleuve séparant le Mexique des Etats Unis, le Rio Grande, théâtre de tous les Westerns hollywoodiens.
Ça, c’est pour le côté américain. Pour ce qui est de l’aspect pseudo hispanisant, l’accent « red neck », il y a les titres des albums, du moins jusqu’à « Eliminator » (1983).
ZZ TOP – Hi Fi Mama
En 41 ans d’existence, le groupe a sorti 15 albums, un enregistrement tous les 2 ans / 9 mois, ce qui est loin d’être pléthorique.
Sélectionnés dans toutes les listes des « meilleurs » de leurs Lps, les six premières livraisons, cartouches de Winchester tirées entre 1971 et 1979, éclaboussent les 70’s.
En fil conducteur, le blues, sous toutes ses formes, toutes ses moutures. Galbé comme une stripteaseuse, il fait monter la sève, poussiéreux comme une paire de « chaps » sur les guibolles noueuses d’un cowboy, il sillonne le désert.
ZZ TOP – Tush
Derrière les pilosités décolorées par le soleil et les notes chassant le tubbleweed sur les routes ensablées du Texas, ZZ Top élabore des musiques directes, « In your face », parsemées de suintements langoureux: pour la drague.
Ces 6 Lps sont des citernes à feeling, tout autant des entailles au coupe-chou qu’un baume cicatrisant, heavy, rock et blues, donc. Tels que les morceaux sont joués, ils évoquent les racines. Mitonnés 70’s, Hill, Gibbons et Beard taquinent le hard rock, une came similaire à celle de Johnny Winter, l’autre bretteur texan.
ZZ TOP – Just got paid
La presse spécialisée à certainement tout dit à propos de « That little ol’ Band from Texas », comme le groupe aime à se surnommer, de son travail en studio à ses prestations scéniques. Qu’en est-il de ces dernières à l’aube des 2020’s ? Sont-elles toujours à leur Zénith ? « Mignonne, allons voir si la rose » (P. Ronsard).
En concert
La grand-messe ? Planqués derrière leurs stetsons, les deux barbus assurent le show … sans plus l’assurer.
Ils se déplacent, chorégraphient certains titres, exposent leurs collections de guitares, celles en fourrure comprises, reprennent des « standard », dont Foxy lady et Jailhouse rock mais … se «cachent» à l’ombre de leur renommée. Pourtant, les nombreuses chroniques de ce concert qui postillonnent la Toile font état d’une mise en lumière, d’un retour de flamme. Sympa et rock’n’roll : oui. Immortel : non.
ZZ TOP – La Grange (live)
Il reste que bouder cette prestation serait pécher ! Il n’est pas tant de groupes qui œuvrent depuis 45 ans sans avoir jamais changé de line up. Sans se départir de leur postulat musical, et tourner, de toute évidence, en y prenant plaisir.
Alors, malgré le prix prohibitif des places: 79€! Louons cette Gloire des 70’s qui continue contre vents et années à débobiner un heavy blues rock de qualité. Toujours rugueux, même «pailletés», les trois ZZ: Still broncos of their rodeos.
ZZ TOP – Jailhouse rock (live)
Thierry Dauge
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17 décembre - The Runaways, Lita Ford
The Runaways. Cherie Currie and Lita Ford, Hollywood, CA, 1977.
Par Thierry Dauge
Lita FORD – The Runaways en solo
Ex membre de The Runaways (1975-1979), Lita Ford n’a jamais arrêté de faire de la musique en tant qu’artiste solo.
Sa spécialité ? Un hard rock / heavy rock du tonnerre de Dieu, dentelé de cuir, de chair et de guitare.
De quoi parle-t-on ? Mais d’une des premières guitares héroïnes de la planète rock bien sûr !
Avant elle, on retrouve des traces du symptôme dans des girls groups tels Birtha et Fanny puis Girlschool, Vixen ou Rock Godess. Plus récemment, The Donnas lâchaient du larsen au même endroit.
The RUNAWAYS – Wasted (Live 1977)
Lita commence sa carrière en solo médiatiquement commentée avec un premier Lp où son avantageuse plastique rivalise avec un Metal monolithique : Out For Blood (1983). L’album envoie de quoi attirer une armada de cheveux longs en treillis tagués de patch aux couleurs des brutes du moment : Metallica, Dio, Mercyful Fate, Exciter et consorts.
Cette fusée initiale est co-écrite et produite par un vieux briscard, un « courre au succès » en piste depuis de nombreuses années au sein de seconds couteaux comme Heavy Cruiser (Heavy Cruiser – 1972) ou Mama Lion (Preserve Wildlife – 1972) : Neil Merryweather. Les chansons sont calibrées pour collées au contexte, une éclosion sans limite de combos velus. Forcément une belle en résilles dans cette masse de torses poilus …
Lita FORD – Out For Blood
L’année suivante, Lita sort une deuxième livraison toute aussi « binaire » que la première : Dancing On The Edge (1984).
Les chansons ressassent des riffs mainte fois dégainés, galvaudés : la couenne autour du jambon, l’étiquette sans la bouteille. Sur scène, des jeunes éphèbes agitent leurs crinières permanentées autour de ses formes graciles, seuls ses solos saignant nos tympans.
Par chance, des admirateurs allaient bientôt l’épauler en lui offrant des titres à la hauteur de sa beauté et de ses qualités guitaristiques. Pour cela, il faudra patienter quatre longues années.
Dancing On The Edge (live)
Lita – le sommet
En 1988, Lita sort Lita. Avec celui-là, l’inspiration prend du galon. Il n’est plus question d’enquiller des échardes sur une Kramer ou une ESP. Son Metal devient du rock grâce auquel l’artiste propose de véritables chansons. Ses partenaires de composition s’appellent Ozzy Osbourne, David Ezrin, Nikki Sixx, Mike Chapman et Lemmy Kilmister. Avec des « broncos » comme ceux-là, ça change tout. Le brouet insipide servi jusque-là se transforme en balles traçantes aux contours aurifiés. « Can’t Catch Me », « Blueberry », « Kiss Me Deadly » ou « Close my eyes forever » dispersent les vapeurs acides s’écoulant d’un estomac vide pour exposer des gemmes aux reflets scintillants.
Lita FORD – Kiss Me Deadly
Si certains morceaux basculent AOR, d’autres affichent des stigmates caillouteux, lits de rivières où s’ébattent des najas. C’est que les « copains » sont de sacrés crampons, du genre à vaincre l’Annapurna. Ozzy, tout le monde le connait, ex screamer de Black Sabbath, réhabilité sur le splendide 13 (2013). Nikki Sixx, on ne le présente plus, spécialiste es overdoses et bassistes des dirty Mötley Crüe ; occasionnellement amant de la « patronne ». David Ezrin n’est autre que le fils du célèbre producteur Bob Ezrin, faiseur d’incontournables comme Berlin (1973) pour Lou Reed ou le premier Lp éponyme de Peter Gabriel (1977).
Autre producteur cinq étoiles, Mike Chapman, qui produit Lita, a soutenu Suzi Quatro et Sweet sur les plus hautes marches des charts anglais. Enfin, Lemmy … Let the music do the talking !
Can’t Catch Me
Stiletto – la continuité
Pour faire suite à une si belle réussite ? Prendre « presque » les mêmes et recommencer : Stiletto (1990). Presque : Mike Chapman à l’écriture et la production, David Ezrin à l’écriture et au clavier … et un troisième larron pas encore cité, le batteur Myron Grombacher, habitué aux chanteuses pour avoir servi la cadence chez Pat Benatar.
Des « stilettos » sont des escarpins à longs talons aiguilles. Ce titre a-t-il été choisi pour l’image ou pour la sensation « bondage » qu’il peut générer ? Parure de soirée, il sied bien à l’iconographie épousée par la Belle, celle d’une chipie susceptible de se transformer en Bête. Suivent les deux premiers titres qui ouvrent l’album, enchaînés sur le disque et proposés dans le même costume de continuité.
Lita FORD – Your Wake Up Call
Hungry
Le son du disque adopte une approche plus contemporaine que précédemment, moulant d’avantage ses contours au contexte musical ambiant, laissant de côté ses influences 70’s épicées 80’s. Seule réminiscence au parfum sépia, une reprise de « Only women bleed », d’Alice Cooper. L’orientation 90’s est prégnante sur un titre comme « Cherry Red », rythme saccadé, batterie monumentale, ambiance inorganique. Reste le volume du propos, plaque d’acier mercuriel à la féminité castratrice.
Cherry Red
« Close my eyes forever » sur Lita, « Lisa » sur celui-là. De fines étoffes brodées de dentelles affriolantes, deux langueurs voluptueuses « nostalgisantes » incitant à l’accouplement, un drap de soie sur triangle de peau laiteuse : Lita Ford versus séductrice. Ces deux ballades emportent l’auditeur vers une concupiscence coupable, voulue par la chanteuse et traversées d’éclairs sorties de ses amplis.
Pour le plus grand malheur du fan énamouré, la prêtresse métallique un temps refrénée va reprendre le dessus. Ramenant son répertoire vers des tonitruances martelées, elle va marier à nouveau sa guitare à des riffs barbelés.
Lita FORD – Lisa
Dangerous Curves – Heavy Metal Maniac
Dangerous Curves (1991) renoue avec les débuts en solo de Melle Ford et le taylorisme binaire retrouve la platine.
Bien sûr, les purs et durs la préfèrent dans cet apparat, direct et frontal. Si l’album ne manque pas de charme, c’est qu’il fendille les murs où les deux précédents ne faisaient que les griffer. Seule maîtresse à bord de son vaisseau, nul ne peut l’en blâmer. Regrettons simplement qu’à cette occasion, l’inventivité et l’originalité fassent place à l’énergique inertie de titres en série.
Larger Than Life
Depuis lors, Lita Ford suit sa ligne d’horizon, sortant des albums corrects et sans prétention.
Le fantasme a vécu ? « Va savoir, Manu, la vie continue … »
Thierry Dauge
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18 décembre - Blondie
Angela Trimble, alias Deborah Ann Harry ou Debbie Harry
Sa carrière commence en chantant dans le groupe folk The Wind in the Willows, avant qu'elle ne rejoigne le trio féminin The Stilettos, au début des années 1970.
Le groupe d'accompagnement inclut son petit ami, le guitariste Chris Stein, avec lequel elle va former le groupe Blondie au milieu des années 1970
Par Serge Debono
Blondie, l’album Parallel Lines, et le culte de Debbie Harry
Blondie a construit sa légende autour de cet opus publié en septembre 1978.
Après deux premiers albums ayant surtout séduit l’Angleterre, Parallel Lines devient celui de la consécration internationale. En pleine vague punk et disco, Blondie réussit l’exploit de compiler les deux, adressant au passage, un clin d’oeil complice au rock d’antan.
Bien sur, il serait facile d’attribuer ce succès aux sonorités pop caractérisant le groupe. Au tube “Heart of Glass”, ou encore à la sensualité ravageuse de la chanteuse Debbie Harry.
En premier lieu, il semble plus indiqué de s’attarder sur l’impressionnante maîtrise d’une grande diversité de genre.
Parallel Lines
En prologue, un titre de power pop qui va rapidement faire des ravages. “Hanging on the telephone” est emprunté au groupe éphémère de San Francisco, The Nerves. L’original avait déjà l’étoffe d’un tube, mais les arrangements de Chris Stein, et le doigté du producteur Mike Chapman vont permettre à Blondie de toucher un large public…
Blondie – Hanging on the Telephone
“One Way or Another”, est sans aucun doute le titre leur ayant permis d’être crédible dans leur époque, ainsi que sur la durée.
En effet, moins célèbre que les hits “Call me” ou “Heart of Glass”, ce morceau semble échapper à l’épreuve du temps, comme seuls les grands classiques en sont capables.
Un riff punk imparable et un tempo ska. Sur lequel, Debbie Harry alterne chant rock et grognements prédateurs, nonchalance lascive et refrain mystique. Un titre tout bonnement ensorcelant…
Blondie – One Way or Another
Le couple Debbie Harry et Chris Stein est incontestablement le catalyseur du groupe.
Un leadership contesté par les autres musiciens et qui perturbe les premières séances d’enregistrement. Pourtant, il serait injuste de ne pas mentionner le batteur Clem Burke, le claviériste Jimmy Destri (auteur de 11:59 et Picture This), ou Nigel Harrison, bassiste fraîchement débarqué (co-auteur de “One Way or Another). Quant au guitariste Frank Infante, il signe seul, le titre le plus nerveux de l’album…
Blondie – I know but I don’t Know
Comme ses homologues du mouvement punk, Blondie n’oublie pas de rendre hommage aux pionniers du rock’n’roll avec une reprise de Buddy Holly (I’m gonna love you too). Etrangement, Chrysalis Records décide de faire de ce titre rétro, le deuxième single extrait de l’album. Sans succès !
Blondie – I’m Gonna Love You Too
“Musicalement, Blondie était désespérant lorsque nous avons commencé à répéter pour Parallel Lines. Ils ne savaient pas dans quelle direction aller. Je suis arrivé comme Adolf Hitler et j’ai dit: ‘Vous allez faire un excellent disque, cela signifie commencer par mieux jouer. ‘”
Mike Chapman
Et le fait est que l’impact du producteur Mike Chapman sur ce disque est considérable. Outre ses efforts pour rendre les titres plus confortables à l’écoute, il stimule l’imagination du groupe. Et leur permet ainsi, non seulement de se dépasser, mais également de mettre de côté leurs dissensions internes.
Debbie Harry, Mike Chapman et Ronnie Spector
Une nouvelle teinte fait son apparition dans leurs compositions. Fusionnant les divers courants inondant alors la bande FM, leur rock spontané fait place à une pop baignée de fatalisme romantique.
Sans doute attiré par la créativité qui émane du studio Record Plant (NY), le volubile et talentueux Robert Fripp (King Crimson, Peter Gabriel) vient poser sa six cordes sur une composition inspirée, et co-signée par le couple Harry-Stein.
Blondie – Fade Away and Radiate
“Chrysalis voulait que Blondie passe à la radio à une époque où le punk était complètement verboten sur les ondes. Les chefs de stations trouvaient cette musique agressive, dangereuse, malade et méchante. La maison de disques n’en voulait pour rien au monde.”
Debbie Harry
Même s’il tranche par rapport à la teinte dominante pop-rock de l’album, ce titre signé par Debbie Harry (comme la moitié de l’album) possède quelque chose de parfait dans son genre.
En effet, cet incontournable tube disco sonne encore aujourd’hui avec un charme suranné. Le titre que l’on écoute rarement chez soi, mais sur lequel on aime tomber en allumant la radio…
Heart of Glass
Pochette et titre
La photo ornant la pochette est l’oeuvre de Edo Bertoglio. Elle présente les musiciens en smoking, la mine réjouie, placés derrière une Debbie Harry au visage autoritaire, et toute vêtue de blanc.
Malgré le rejet du groupe, le choix de Peter Leeds (manager) s’avère payant. Très reconnaissable, elle contribue au succès de l’album.
Debbie Harry avait écrit un poème intitulé “Parallel Lines”, et initialement glissé dans la première édition de l’album vinyle.
Elle renonce finalement à le mettre en musique. L’histoire d’un amour impossible. Deux existences vouées à suivre des chemins différents, et néanmoins parallèles.
L’icône Debbie Harry
Rétrospectivement, Blondie sera dénigré, ou encensé, au choix. Certains verront dans son pop rock la mort du punk, d’autres l’avènement de la New Wave.
Mais une chose est sûre, la dimension iconique de Debbie Harry a fortement contribué à faire du groupe une référence associée à son époque.
Debbie Harry vue par José Correa
Dotée d’un grain de voix singulier et d’une force de caractère silencieuse, elle mélange de manière subtile, nonchalance et glamour.
En 1974, alors que Blondie se produit encore dans les clubs de New York comme le CBGB ou le Max’s Kansas City, son physique de poupée du rock’n’roll et son sex appeal font déjà des ravages. Debbie connaît bien la clientèle du second dans lequel elle a travaillé comme serveuse.
Partageant la scène avec les Ramones et Television, la présence électrisante de la chanteuse permet au groupe de se mettre en évidence. Son air désintéressé dissimulé sous une beauté slave hypnotise littéralement le public.
Debbie Harry vue par Denys Legros
Son magnétisme ne cesse de grandir au fil des ans. Au début des années 80, à l’instar d’une “Marylin”, la presse en fait un symbole de la nouvelle décennie. Sollicitée par de nombreux photographes, le cinéma lui fait également les yeux doux (Cronenberg, Waters, Mangold) pour une issue plus qu’honorable. Mais les maîtres de l’image ne sont pas les seuls à succomber au charme de la blonde…
David Bowie et Iggy Pop
Selon Iggy Pop, l’histoire se déroule en février 1977, soit un an avant que la folie Blondie ne touche la planète rock.
Avec son album éponyme le groupe commence à peine à affoler les clubs New Yorkais, tandis que dans le même temps, Iggy Pop fait la promo de son premier album solo “The Idiot”, en compagnie de son ami et mentor David Bowie.
Debbie & Iggy
Attirés par le nouveau phénomène local, les deux compères décident d’aller voir par eux-mêmes. Comme beaucoup, ils restent médusés par la sensualité de la chanteuse Debbie Harry.
Une fois le show terminé, bien décidés à tenter leur chance, ils se rendent dans sa loge. Chacun leur tour, ils essaient d’emballer la belle.
Debbie & Bowie
Mais Debbie Harry prouve encore une fois qu’une légende ne se construit pas uniquement sur un physique. Avec beaucoup de respect, cette dernière les reconduit poliment, prétextant la présence de son mari Chris Stein dans la pièce à côté.
Elle leur promet :“Peut-être une prochaine fois ?”. Notez que ce revers n’empêchera pas Iggy Pop et David Bowie d’engager le groupe Blondie pour assurer la première partie de leur tournée.
Un choix judicieux, puisque Blondie finira par crever l’écran et saturer les ondes. Leurs tubes refont surface de manière chronique depuis plus de quarante ans.
Quant à Debbie Harry, que Sid Vicious surnommait “tête de télévision”, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des chanteuses les plus emblématiques de toute l’histoire du rock.
Serge Debono
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19 décembre - The Cardigans
Par Thierry Dauge
The CARDIGANS – My Favourite Game
Lorsqu’on cite The cardigans, deux chansons viennent tout de suite à l’esprit, « My Favourite Game » extrait de l’album Gran Turismo (1998) et « Lovefool » tiré de First Band On The Moon (1996).
Ces deux « scies » pop et mélodiques continuent de parcourir les ondes FM du monde entier alors que le groupe n’a rien produit depuis 2005, c’est dire leur niveau d’impact.
Et si les radios les jouent c’est que le public est réceptif, que les programmateurs plébiscitent ou elles seraient depuis longtemps passées aux pléthoriques oubliettes de l’oubli collectif.
Après les médailles d’or glanées par ABBA, devant Volvo et Saab, la deuxième plus grande réussite à l’exportation de la Suède ?
The CARDIGANS – My Favourite Game (1998)
Outre des combos de Metal, de Stoner ou de Desert Rock dont les scandinaves se font une spécialité, outre Suede dont le patronyme ne reflète pas la nationalité, The Cardigans, sans passer par la case Grand Prix de l’Eurovision (CF Lordi), sont donc parvenus à fondre les neiges éternelles dans le sillage de leur illustre aîné.
Il serait trompeur et paresseux de cantonner le groupe aux deux singles précités. Si la ligne musicale suivie expose finesse et raffinement précieux, la science diabolique de la composition dont font preuve les musiciens suscite l’intérêt, engage l’écoute.
Been It (1996)
Facteur favorable, le chant de Nina Persson. Quoi qu’on en pense, les similitudes avec celui d’une Vanessa Paradis sont réelles, de ces voix susurrées qui supposent des lèvres entrouvertes où des Castafiore exposent leurs amygdales. Peut-être parce qu’il renvoie l’auditeur à l’enfance, période où rien n’a d’importance, y adhère-t-on plus volontiers qu’à la sonnerie de l’usine.
Un champ de pop-corn agité par un souffle de vent, des nuages cotonneux tels des barbes à papa fondant sous la langue, un churros, an ice-cream, les métaphores imagées évoquent le sucre glace, une saveur addictive.
The CARDIGANS – Lovefool (1996)
Les chansons de Gran Turismo sont plutôt linéaires, mid-tempo, voir lentes, et très atmosphériques dans l’esprit. On peine à différencier les instruments réels des séquences de programmation, seule la voix de la Belle figurant, « organique », au-dessus des fractales électroniques.
Pour qui s’intéresse au « format », le pressage vinyle original se monnaye à des valeurs comptant plusieurs zéros. Si ce n’est sa rareté, l’attraction de la proposition musicale, plutôt diaphane, peine à justifier le prix. En va-t-il de même pour First Band On The Moon ?
Do You Believe (1998)
Dans cet album de 1996, même si la tendance pop l’emporte sur le versant rock, l’attraction est plus prégnante. Pour comprendre l’évolution qui conduit le groupe à adopter davantage de technologie, il faut reprendre sa discographie de façon décroissante, remonter aux origines jusqu’en 1994.
Cette année-là, à des kilomètres de Claude François, Soudgarden envoie Superunknown, Nine Inch Nails The downward Spiral ou Green Day Dookie, des « gentillesses ».
Pour The Cardigans, le climat est plus « ambient », plus 60’s sur Emmerdale (1994), avec de nombreuses interventions de flûte traversière et de guitare acoustique.
Globalement, car il en va de même avec Life (1995), l’album qui suit, la pop est légère, aérienne, un rien figée dans son approche minimaliste.
The CARDIGANS – Carnival (1995)
L’apport de synthétisme accordé à Gran Turismo correspond-il à un désir de contemporanéité ?
Constatation, il ne modifie pas pour autant le postulat initial.
Ainsi, The Cardigans seront restés droits dans leurs Krisprolls durant les « 11 » années de leur tracé discographique, carrière en forme de comète, de cotonnades destinées à démaquiller le grunge ambiant.
Choke (1996)
Au final, grâce soit rendu aux Cardigans d’avoir promu une proposition musicale vaporeuse et astrale, un baume apaisant sur les blessures du quotidien. Besoin de douceur dans un monde de brute ? Peut-être … à moins qu’une raison plus profonde … des mélodies subliminales et récurrentes soient à l’œuvre. Après tout, puisque le groupe est reparu sur scène en 2016, « 11 » ans après la parution de leur dernier Lp, il est tout à fait possible qu’il revienne en 2027. Le nombre « 11 » leur va si bien …
Thierry Dauge
g2loq- Co-administrateur
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20 décembre - Led Zeppelin
Quand on cesse d'écouter Led Zeppelin, c'est sa jeunesse qu'on enterre. (Jimmy Page)
Par Serge Debono
Led Zeppelin ll, album étalon et sommet du rock’n’roll
“Puissant et incontournable” sont les deux mots venant à l’esprit quand on songe au fameux Led Zep II.
A l’aube des 70’s, l’album Led Zeppelin ll fait entrer le rock’n’roll dans une nouvelle dimension. Le groupe a vu décoller son premier opus au début de l’année 1969, mais Jimmy Page et Robert Plant souhaitent conduire leur dirigeable au delà des nuages…
Génèse d’un chef d’oeuvre
Les têtes pensantes du dirigeable ont deux objectifs en tête, élever le niveau des compositions et durcir le ton.
Pour cela, ils recrutent un ingénieur de renom, le sorcier Eddie Kramer. Ce dernier a déjà permis à Jimi Hendrix de repousser les limites sonores du blues et du rock’n’roll sur l’album Electric Ladyland. Led Zeppelin compte sur lui pour parvenir à sublimer l’exploration de son propre univers.
Led Zeppelin II est une oeuvre composée sur la route au cours de l’année 1969. Le groupe est alors en pleine tournée entre l’Europe et les Etats-Unis. Sur scène les improvisations sont fréquentes. Chaque soir, Jimmy Page aiguise des riffs furieux et novateurs, et donnant lieu à de nouvelles pistes. Complètement immergés dans la création, au sortir de leurs concerts les membres de Led Zeppelin ne s’octroient pas le moindre instant de répit.
« C’était vraiment dingue. On écrivait les titres à l’hôtel, ensuite on enregistrait la piste rythmique à Londres, on ajoutait les chants à New York, les overdubs d’harmonica à Vancouver, pour revenir à New York terminer le mixage. »
Robert Plant
On pourrait résumer ça par : “Robert Plant éternue de rire, le riff retentit, et l’histoire du hard-rock est lancée.” On pourrait aussi disserter des heures sur le talent de son guitariste-producteur (Jimmy Page), ou louer la révélation Robert Plant. Souligner les compétences indéniables de John Paul Jones, claviériste et bassiste. Ou bien encore s’extasier sur la frappe et les breaks venus d’ailleurs de son métronome John “Bonzo” Bonham. Evidemment, ce qui fait la grandeur de Led Zeppelin réside ailleurs.
De gauche à droite : Jimmy Page, John Bonham, John Paul Jones, et Robert Plant
L’essence d’un tel groupe dépasse largement le cadre de la technique individuelle. A la puissance phénoménale entrevue déjà sur le premier album vient s’ajouter une alchimie envoûtante doublée d’une sauvagerie contagieuse. Même si des artistes comme Mick Jagger, Jim Morrison ou Janis Joplin ont grandement contribué à la sexualisation du rock dans la deuxième partie des sixties, on a soudain l’impression de ne pas avoir entendu une telle incitation à la débauche depuis le “Be Bop a Lula” de Gene Vincent…
WHOLE LOTTA LOVE
Comme le rock’n’roll, les prémices du hard trouvent leur racines dans le blues. “Whole Lotta Love” et son riff légendaire n’échappent pas à la règle. Willie Dixon écrit le titre “You Need Love” pour sa femme Marie. Interprété par Muddy Waters, il sort en single en 1963.
Durant l’été 1969, affalé dans sa péniche flottant sur la Tamise, Jimmy Page triture un riff tournant sur deux accords. Il intègre ce riff à plusieurs reprises sur scène, notamment lors de la partie improvisée de Dazed and Confused. De son côté, possédant une impressionnante collection de disques de blues, Robert Plant exhume “You Need Love” et adapte ce dernier sur le riff de Page. “Whole Lotta Love” va devenir le premier tube du groupe, et la carte de visite de Led Zeppelin…
“Shake for me girl, I wanna be your backdoor man”
Robert Plant
Ce titre sonne comme une invitation à plonger corps et âme dans le stupre. Le chant haletant et les gémissements de Robert Plant n’y sont pas étrangers. Pourtant, c’est toute l’orchestration qui semble rythmer l’étreinte de deux corps. Un titre à la sexualité exacerbée, et qui à l’époque ne trouve son pareil que dans le funk de James Brown.
Symbole d’un album étalon, cette entame dantesque va réveiller les démons endormis de millions de jeunes à travers le monde. D’ailleurs quand intervient le solo de Jimmy Page, l’orgasme auditif n’est pas loin…
Led Zeppelin – Whole Lotta Love (Led Zeppelin ll)
WHAT IS WHAT SHOULD NEVER BE
Combien de groupes sont capables de transiter d’un titre hard et souffreteux pour un instrumental jazz, tendre et classieux ?
N’oublions pas qu’en 1969, l’auditeur n’est pas encore accoutumé à tant d’agressivité. “What Is And What Should Never Be” fait presque office de pansement avec son intro langoureuse.
Une nouvelle fois, Led Zeppelin impressionne par sa maîtrise. En particulier son chanteur. Quant à John Bonham, il prouve également sa polyvalence. Mais le patron Jimmy Page vient de faire l’acquisition d’une Gibson Les Paul.
Jimmy Page
Une nouvelle compagne que le guitariste affectionne au point de l’utiliser sur l’ensemble de l’album.
Le couplet jazzy est donc suivi d’un pont au riff acéré, sur lequel la voix de Plant s’envole une nouvelle fois. Le final et son riff de guitare fuzz et funky est tout simplement dantesque.
Comme dans le titre précédent, les paroles ne sont pas dénuées de tabou. Robert Plant y évoque une relation impossible, avec la soeur cadette de son épouse…
Led Zeppelin – What is and What Should Never Be (Led Zeppelin ll)
THE LEMON SONG
Ce titre est un pastiche de six minutes comme seul Led Zeppelin est capable d’en produire. Le premier couplet est la réplique exacte de celui introduisant le titre “Killing Floor”. Comme Willie Dixon (voir plus haut), non crédité, Howlin Wolf recevra un dédommagement tardif pour ses droits d’auteur. Une composition également inspirée par “Cross-Cut Saw”, un titre d’Albert King. Quant au passage du “citron pressé” où Robert Plant demande :
“Squeeze me baby, till the juice runs down my leg”
(presse moi bébé, jusqu’à ce que le jus coule le long de ma jambe)
Il provient d’un titre de Robert Johnson,“Traveling Riverside Blues” (1938), lui même inspiré d’un titre de Arthur McKay. Du coup, on serait tenté de dire que Led Zeppelin s’inscrit dans la tradition du blues… Même si l’époque et le contexte diffèrent sur bien des points.
En réalité, au delà de leur moralité souvent douteuse, le talent de créateur de ces quatre musiciens ne souffre d’aucune contestation.
Led Zeppelin est le groupe symphonique de cette période charnière entre la fin des sixties et le début des seventies. Un rock emmené loin de ses bases sans en perdre la matrice, voilà ce que Page et ses acolytes étaient capables de réaliser.
John Paul Jones
The Lemon Song reflète bien cette faculté à créer une oeuvre à part entière, en dénaturant un titre existant, comme en témoigne la ligne de basse inventive de John Paul Jones. Si on peine parfois à classer ce groupe référence, c’est peut-être cette manière d’agrémenter, de recréer, de sublimer qui le définit le mieux.
Led Zeppelin – The Lemon Song (Led Zeppelin ll)
THANK YOU
Si Robert Plant fantasme (?) sur un éventuel adultère au cours du deuxième morceau, ce titre est dédié à sa femme Maureen.
C’est le premier entièrement écrit par le chanteur du Zep. En l’entendant, Jimmy Page réalise que Robert Plant est capable de se charger du travail d’écriture. Si le texte est encore loin de ses prouesses à venir, il est doté d’une ineffable douceur.
L’accompagnement à l’orgue Hammond joué par J.P Jones est majestueux, tandis que Jimmy Page mène la danse sur une guitare Vox à douze cordes. Ce dernier fait un choix singulier en jouant l’accompagnement sur une électrique, et le solo sur une acoustique.
“La délicatesse du chant est incroyable ; la guitare acoustique et l’orgue travaillent ensemble pour créer une présence d’un autre monde.”
Rick Rubin (producteur)
Que l’on apprécie ou pas cette ballade amoureuse, elle marque le début d’une tradition. Au milieu de ce premier manifeste de heavy-rock, elle fait office d’abri dans la tempête. Une coutume qui sera ensuite perpétuée par des légions de hard-rockers…
Led Zeppelin – Thank You (Led Zeppelin ll)
HEARTBREAKER
Parvenu à ce stade, l’auditeur renonce, ou s’envole. Heartbreaker est à la fois une référence et le trésor caché d’un album étalon.
En effet, tout adepte du dirigeable délaissera volontiers l’excellent single “Whole Lotta Love” pour cette sculpture de métal sonore. Un monument du rock pour certains, la pierre de rosette du heavy metal pour d’autres.
Tout d’abord, il y a ce riff imparable de Jimmy Page. A l’époque, il semble tout droit sorti des enfers. Soutenu par une puissante section rythmique, il creuse un sillon si imposant qu’il devient le thème central de Heartbreaker. Une nouvelle fois, la voix prodigieuse de Robert Plant impressionne. Sa faculté à exister sur un instrumental se suffisant à lui-même est étonnante.
Et puis arrive le break, ce moment où “la guitare fait mal”. Le solo de Page joué sans le moindre accompagnement, et en usant du tapping, est un standard à lui seul.
Selon lui, il provient de la combinaison Gibson Les Paul + ampli Marshall même si son talent et le concours de l’ingénieur Eddie Kramer n’y sont pas étrangers. Durant les deux décennies suivantes, les rois de la six cordes du heavy-rock clameront tous avoir été fortement influencés par son écoute…
“Je pense que j’ai eu l’idée de faire du tapping en regardant Jimmy Page jouer son solo sur “Heartbreaker” lors d’un concert en 1971. Il faisait un pull-off sur une corde ouverte, et j’ai pensé attendre une minute, corde ouverte… et tirer.”
Eddie Van Halen
“Le solo de “Heartbreaker”a eu un impact sur moi dans ma jeunesse. Il était provocant, audacieux et plus nerveux que l’enfer. C’est vraiment le solo de guitare rock par excellence. “
Steve Vai
En concert, Jimmy Page prolongeait souvent le plaisir en incorporant des parties de “Bourrée en Mi mineur” de J.S Bach. Il lui arrivait parfois de reprendre des pans instrumentaux de “The 59th Street Bridge Song” de Simon & Garfunkel, ainsi que de “Greensleeves”, titre traditionnel de folk anglais.
Led Zeppelin – Heartbreaker (Led Zeppelin ll)
LIVING LOVING MAID (She’s just a woman)
Même si dans ce deuxième volume, le dirigeable puise souvent son inspiration dans la musique des années 50, en 1969 son rock résonne d’une effrayante modernité. Seul “Living Loving Maid” semble avoir le parfum d’un vieux rock jovialement endiablé. Ses deux minutes trente, son tempo irrésistible et son riff accrocheur rappellent les plus belles heures du dancing, quand Cochran, Elvis et Chuck Berry donnaient le ton. Dans l’euphorie, même l’interprétation de Robert Plant prend des airs de Little Richard. D’ailleurs, le texte a lui aussi quelque chose de l’ancien temps…
Un pamphlet machiste dirigé contre une groupie collant aux basques du groupe. Un titre que Jimmy Page refusera toujours de jouer en live. A l’époque cela n’empêche pas les DJ de le diffuser régulièrement sur les ondes radios. Un rock direct souvent plus apprécié que celui tortueux de “Whole Lotta Love” (dont il est la face B en single).
Led Zeppelin – Living Loving Maid (She’s just a woman)
RAMBLE ON
A la fin des sixties, dans la foulée de Jimi Hendrix, de nombreux groupes se laissent aller à des joutes guitaristiques de plus en plus dissonantes et surpuissantes. Peu d’entre eux possèdent la maîtrise du divin gaucher.
Co-écrit par Robert Plant et Jimmy Page, “Ramble On” est un titre singulier et remarquablement orchestré. Mais c’est le travail aux manettes d’Eddie Kramer et Jimmy Page qui rend son écoute confortable. Le couplet folk et le refrain hard-rock démontrent le chemin accompli par le groupe, maintenant capable de fusionner ses deux genres de prédilection. Le texte est inspiré du célèbre roman de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Une grande composition qui aurait sans doute mérité une meilleur exposition. Sa complexité technologique empêchera longtemps le groupe de le jouer en live.
Led Zeppelin – Ramble On (Led Zeppelin ll)
MOBY DICK
Le mythe de “la Baleine Blanche”. Si “Moby Dick”, roman de Herman Melville, est une référence dans le monde de la littérature, il en est de même sur la planète rock pour le titre de Led Zeppelin. Tout part d’une cachotterie du batteur John Bonham. Le grand “Bonzo” se fait surprendre par Jimmy Page, en train de mettre bout à bout ses parties de batterie sur la console du studio. Touché par cette découverte, le prince noir de la guitare décide de bâtir un titre autour de son instrument. Le riff de guitare est inspiré de “Watch your step”, de Bobby Parker (1961). Le reste est le fruit de l’inspiration du batteur virtuose…
Glisser un titre totalement instrumental au milieu d’un sésame est encore une idée plutôt singulière en 1969. Pourtant, Moby Dick représente “le petit plus” de Led Zeppelin II. Une audace donnant à cet album révolutionnaire sa touche arty. Un tour de force célébrant le talent d’un batteur hors norme dont l’influence et l’aura perdurent encore aujourd’hui.
John Bonham
John Bonham est souvent considéré comme le plus grand batteur de l’histoire du rock. L’art n‘étant pas quantifiable, par conséquent, la chose est difficilement vérifiable. Néanmoins, on peut prendre en compte l’opinion du métier. Bien sur son ami Robert Plant ne tarit pas d’éloge sur son ami disparu en 1980. Quant à l’humble John Paul Jones, il déclare simplement que “Bonzo était le rêve de tout bassiste”. Jimmy Page se montre plus loquace :
« J’avais déjà joué avec une multitude de batteurs, mais il était au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. Une des choses les plus fabuleuses à propos de John, et qui rendaient les choses si faciles pour un producteur, c’est qu’il savait vraiment comment accorder ses peaux et je vais vous dire, c’est une chose rare chez les batteurs. Il savait vraiment comment faire chanter son instrument. Grâce à ça, il pouvait en faire sortir un son énorme, juste en se servant de ses poignets. C’était une technique étonnante, et assez holistique, si vous voyez ce que je veux dire. »
Un autre grand artisan de la six-cordes avait également loué ses mérites. En 1969, l’apercevant pour la première fois, très impressionné, Jimi Hendrix avait glissé à l’oreille de Jimmy Page :
“Votre batteur à un pied droit comme une paire de castagnettes.”
Mais nul ne saurait se montrer plus objectif que ses homologues batteurs. Quelle que soit leur période d’activité…
« Le plus grand batteur de rock de tous les temps c’est John Bonham. Il faisait avec son kit ce que personne n’aurait cru possible. Bonham avait aussi un son énorme et seulement une grosse caisse, il était si rapide avec son pied droit qu’il en faisait plus que ce que d’autres font avec trois grosses caisses. Si seulement ils arrivaient à s’en servir… Il avait la technique pour insuffler un groove puissant et fantastique dans le rock’n’roll.”
Roger Taylor (Queen)
« John Bonham tapait sur sa batterie comme quelqu’un qui ne savait pas ce qui allait se passer ensuite. Comme s’il titubait sur le bord d’une falaise, style funambule sur son fil de fer. Personne ne s’est jamais approché de ça depuis , et personne ne le fera jamais. Je pense qu’il restera pour toujours le meilleur batteur de tous les temps. Vous n’avez pas idée à quel point il m’a influencé. J’ai passé des années dans ma chambre (des putains d’années) à l’écouter jouer, et à essayer d’imiter son swing, sa façon de frapper, sa rapidité, sa puissance… »
Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters)
Moby Dick aurait pu rester un moment de bravoure confidentiel, isolé sur une piste d’un 33 tours. Seulement, à la surprise générale, “Led Zeppelin II” va se retrouver rapidement au sommet des ventes d’album. Et le titre parfois surnommé “Pat’s Delight” (“le délice de Pat” en rapport à l’épouse de Bonham) ou encore “Over The Top”, va ainsi devenir l’une des grandes attractions lors des concerts du groupe. Si l’improvisation ne dure que trois minutes sur la version studio, Bonzo faisait souvent durer le plaisir au delà d’une demi-heure sur scène. Enchaînant les ruades et les breaks, claquant ses cymbales, et martelant ses fûts à mains nues jusqu’à les faire saigner.
Alors bien sûr, un autre batteur-vedette l’avait précédé, Keith Moon (The Who) dont il profita des conseils. Ce dernier fut même à l’origine du nom “Led Zeppelin”. Si le débat consistant à savoir, qui de “Bonzo” ou “Moon the Loon” était le meilleur est récurrent dans les congrégations de rockers, il est utile de se souvenir que nous ne sommes pas dans l’obligation de choisir…
Led Zeppelin – Moby Dick (Led Zeppelin ll)
BRING IT ON HOME
Toute la musique qu’ils aiment vient de là… elle vient du blues ! Si pour beaucoup, cet album marque les débuts du hard-rock, il est également le symbole d’un retour aux racines du rock. Quelques mois plus tôt, au festival de Woodstock, des groupes comme Ten Years After ou Canned Heat ont déjà remonté la source du phénomène…
Une nouvelle fois, l’auteur de ce titre est le prolifique Willie Dixon. Du moins, en ce qui concerne l’intro et la conclusion. Sonny Boy Williamson enregistre la première version en 1963 sous la label Chess Records. Il n’est publié que trois ans plus tard dans une compilation de blues.
Sonny Boy Williamson
Dans la version de Led Zeppelin, le titre est repris dans une longue introduction (1:40). Un blues classique au chant noyé d’effet, tandis que derrière miaule l’harmonica. La deuxième partie laisse place aux saillies électriques de maître Page. Derrière les fûts, les relances de Bonham sont titanesques, et Robert Plant a retrouvé la fougue de sa voix authentique. “Bring it on Home” se termine comme il a commencé. Retour au calme, retour au blues.
Selon Jimmy Page et Robert Plant, l’idée était de rendre hommage à Sonny Boy Williamson, une de leurs idoles. Chess Records ne l’entend pas de cette oreille, et réclame une compensation pour le label, ainsi que pour le compositeur. Comme souvent, le dirigeable règle ça à l’amiable, avec une bonne poignée de main… et une grosse enveloppe.
Le nom de Willie Dixon est alors associé aux membres du quatuor sur les nouvelles éditions. En 2003, le père du Chicago Blues est même crédité comme seul auteur-compositeur sur le live “How The West Was Won”, avec l’annotation “Bring it on Back” (rendu). En 2014, il en sera fait de même sur l’édition deluxe. Mieux vaut tard que jamais…
Led Zeppelin – Bring It On Home (Led Zeppelin ll)
Pochette et Publication de Led Zeppelin ll
La pochette de l’album est l’oeuvre du designer David Juniper. Elle est réalisée à partir d’une photo de l’armée de l’air allemande durant la première guerre mondiale. Dessus figure notamment le célèbre pilote Manfred Von Richthofen (Baron Rouge).
Le visage de chaque membre de Led Zeppelin, celui du manager Peter Grant, mais aussi de l’actrice Delphine Seyrig et du bluesman Blind Willie Johnson se substituent à ceux des soldats. Derrière eux, la silhouette d’un dirigeable sur fond brun traverse le décor. Ce qui incitera les fans à surnommer cet album le “Brown Bomber” (le bombardier marron).
Atlantic Records publie “Led Zeppelin II” le 22 octobre 1969. Une semaine plus tard, il se retrouve en tête des charts anglais, détrônant le Abbey Road des Beatles. Il restera classé durant 138 semaines !
En avril 1970, il occupe le même classement aux Etats-Unis, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
“Quand nous avons appris que cet album se vendait plus vite, et en plus grande quantité que notre premier disque, nous avons ressenti un choc total.”
Jimmy Page
Loué par l’ensemble de la profession, son succès intronise le hard rock sur le marché du disque. Plus tard, il servira de référence à des groupes comme Aerosmith, AC/DC, Van Halen, ou plus encore Rival Sons.
Plus qu’un grand album, le “Brown Bomber” est une véritable pierre angulaire de l’évolution du rock’n’roll. Il trône aujourd’hui en bonne place sur les étagères des adeptes du genre, aux côtés de London Calling, Sergent Pepper et du premier d’Elvis Presley.
Serge Debono
Par Serge Debono
Led Zeppelin ll, album étalon et sommet du rock’n’roll
“Puissant et incontournable” sont les deux mots venant à l’esprit quand on songe au fameux Led Zep II.
A l’aube des 70’s, l’album Led Zeppelin ll fait entrer le rock’n’roll dans une nouvelle dimension. Le groupe a vu décoller son premier opus au début de l’année 1969, mais Jimmy Page et Robert Plant souhaitent conduire leur dirigeable au delà des nuages…
Génèse d’un chef d’oeuvre
Les têtes pensantes du dirigeable ont deux objectifs en tête, élever le niveau des compositions et durcir le ton.
Pour cela, ils recrutent un ingénieur de renom, le sorcier Eddie Kramer. Ce dernier a déjà permis à Jimi Hendrix de repousser les limites sonores du blues et du rock’n’roll sur l’album Electric Ladyland. Led Zeppelin compte sur lui pour parvenir à sublimer l’exploration de son propre univers.
Led Zeppelin II est une oeuvre composée sur la route au cours de l’année 1969. Le groupe est alors en pleine tournée entre l’Europe et les Etats-Unis. Sur scène les improvisations sont fréquentes. Chaque soir, Jimmy Page aiguise des riffs furieux et novateurs, et donnant lieu à de nouvelles pistes. Complètement immergés dans la création, au sortir de leurs concerts les membres de Led Zeppelin ne s’octroient pas le moindre instant de répit.
« C’était vraiment dingue. On écrivait les titres à l’hôtel, ensuite on enregistrait la piste rythmique à Londres, on ajoutait les chants à New York, les overdubs d’harmonica à Vancouver, pour revenir à New York terminer le mixage. »
Robert Plant
On pourrait résumer ça par : “Robert Plant éternue de rire, le riff retentit, et l’histoire du hard-rock est lancée.” On pourrait aussi disserter des heures sur le talent de son guitariste-producteur (Jimmy Page), ou louer la révélation Robert Plant. Souligner les compétences indéniables de John Paul Jones, claviériste et bassiste. Ou bien encore s’extasier sur la frappe et les breaks venus d’ailleurs de son métronome John “Bonzo” Bonham. Evidemment, ce qui fait la grandeur de Led Zeppelin réside ailleurs.
De gauche à droite : Jimmy Page, John Bonham, John Paul Jones, et Robert Plant
L’essence d’un tel groupe dépasse largement le cadre de la technique individuelle. A la puissance phénoménale entrevue déjà sur le premier album vient s’ajouter une alchimie envoûtante doublée d’une sauvagerie contagieuse. Même si des artistes comme Mick Jagger, Jim Morrison ou Janis Joplin ont grandement contribué à la sexualisation du rock dans la deuxième partie des sixties, on a soudain l’impression de ne pas avoir entendu une telle incitation à la débauche depuis le “Be Bop a Lula” de Gene Vincent…
WHOLE LOTTA LOVE
Comme le rock’n’roll, les prémices du hard trouvent leur racines dans le blues. “Whole Lotta Love” et son riff légendaire n’échappent pas à la règle. Willie Dixon écrit le titre “You Need Love” pour sa femme Marie. Interprété par Muddy Waters, il sort en single en 1963.
Durant l’été 1969, affalé dans sa péniche flottant sur la Tamise, Jimmy Page triture un riff tournant sur deux accords. Il intègre ce riff à plusieurs reprises sur scène, notamment lors de la partie improvisée de Dazed and Confused. De son côté, possédant une impressionnante collection de disques de blues, Robert Plant exhume “You Need Love” et adapte ce dernier sur le riff de Page. “Whole Lotta Love” va devenir le premier tube du groupe, et la carte de visite de Led Zeppelin…
“Shake for me girl, I wanna be your backdoor man”
Robert Plant
Ce titre sonne comme une invitation à plonger corps et âme dans le stupre. Le chant haletant et les gémissements de Robert Plant n’y sont pas étrangers. Pourtant, c’est toute l’orchestration qui semble rythmer l’étreinte de deux corps. Un titre à la sexualité exacerbée, et qui à l’époque ne trouve son pareil que dans le funk de James Brown.
Symbole d’un album étalon, cette entame dantesque va réveiller les démons endormis de millions de jeunes à travers le monde. D’ailleurs quand intervient le solo de Jimmy Page, l’orgasme auditif n’est pas loin…
Led Zeppelin – Whole Lotta Love (Led Zeppelin ll)
WHAT IS WHAT SHOULD NEVER BE
Combien de groupes sont capables de transiter d’un titre hard et souffreteux pour un instrumental jazz, tendre et classieux ?
N’oublions pas qu’en 1969, l’auditeur n’est pas encore accoutumé à tant d’agressivité. “What Is And What Should Never Be” fait presque office de pansement avec son intro langoureuse.
Une nouvelle fois, Led Zeppelin impressionne par sa maîtrise. En particulier son chanteur. Quant à John Bonham, il prouve également sa polyvalence. Mais le patron Jimmy Page vient de faire l’acquisition d’une Gibson Les Paul.
Jimmy Page
Une nouvelle compagne que le guitariste affectionne au point de l’utiliser sur l’ensemble de l’album.
Le couplet jazzy est donc suivi d’un pont au riff acéré, sur lequel la voix de Plant s’envole une nouvelle fois. Le final et son riff de guitare fuzz et funky est tout simplement dantesque.
Comme dans le titre précédent, les paroles ne sont pas dénuées de tabou. Robert Plant y évoque une relation impossible, avec la soeur cadette de son épouse…
Led Zeppelin – What is and What Should Never Be (Led Zeppelin ll)
THE LEMON SONG
Ce titre est un pastiche de six minutes comme seul Led Zeppelin est capable d’en produire. Le premier couplet est la réplique exacte de celui introduisant le titre “Killing Floor”. Comme Willie Dixon (voir plus haut), non crédité, Howlin Wolf recevra un dédommagement tardif pour ses droits d’auteur. Une composition également inspirée par “Cross-Cut Saw”, un titre d’Albert King. Quant au passage du “citron pressé” où Robert Plant demande :
“Squeeze me baby, till the juice runs down my leg”
(presse moi bébé, jusqu’à ce que le jus coule le long de ma jambe)
Il provient d’un titre de Robert Johnson,“Traveling Riverside Blues” (1938), lui même inspiré d’un titre de Arthur McKay. Du coup, on serait tenté de dire que Led Zeppelin s’inscrit dans la tradition du blues… Même si l’époque et le contexte diffèrent sur bien des points.
En réalité, au delà de leur moralité souvent douteuse, le talent de créateur de ces quatre musiciens ne souffre d’aucune contestation.
Led Zeppelin est le groupe symphonique de cette période charnière entre la fin des sixties et le début des seventies. Un rock emmené loin de ses bases sans en perdre la matrice, voilà ce que Page et ses acolytes étaient capables de réaliser.
John Paul Jones
The Lemon Song reflète bien cette faculté à créer une oeuvre à part entière, en dénaturant un titre existant, comme en témoigne la ligne de basse inventive de John Paul Jones. Si on peine parfois à classer ce groupe référence, c’est peut-être cette manière d’agrémenter, de recréer, de sublimer qui le définit le mieux.
Led Zeppelin – The Lemon Song (Led Zeppelin ll)
THANK YOU
Si Robert Plant fantasme (?) sur un éventuel adultère au cours du deuxième morceau, ce titre est dédié à sa femme Maureen.
C’est le premier entièrement écrit par le chanteur du Zep. En l’entendant, Jimmy Page réalise que Robert Plant est capable de se charger du travail d’écriture. Si le texte est encore loin de ses prouesses à venir, il est doté d’une ineffable douceur.
L’accompagnement à l’orgue Hammond joué par J.P Jones est majestueux, tandis que Jimmy Page mène la danse sur une guitare Vox à douze cordes. Ce dernier fait un choix singulier en jouant l’accompagnement sur une électrique, et le solo sur une acoustique.
“La délicatesse du chant est incroyable ; la guitare acoustique et l’orgue travaillent ensemble pour créer une présence d’un autre monde.”
Rick Rubin (producteur)
Que l’on apprécie ou pas cette ballade amoureuse, elle marque le début d’une tradition. Au milieu de ce premier manifeste de heavy-rock, elle fait office d’abri dans la tempête. Une coutume qui sera ensuite perpétuée par des légions de hard-rockers…
Led Zeppelin – Thank You (Led Zeppelin ll)
HEARTBREAKER
Parvenu à ce stade, l’auditeur renonce, ou s’envole. Heartbreaker est à la fois une référence et le trésor caché d’un album étalon.
En effet, tout adepte du dirigeable délaissera volontiers l’excellent single “Whole Lotta Love” pour cette sculpture de métal sonore. Un monument du rock pour certains, la pierre de rosette du heavy metal pour d’autres.
Tout d’abord, il y a ce riff imparable de Jimmy Page. A l’époque, il semble tout droit sorti des enfers. Soutenu par une puissante section rythmique, il creuse un sillon si imposant qu’il devient le thème central de Heartbreaker. Une nouvelle fois, la voix prodigieuse de Robert Plant impressionne. Sa faculté à exister sur un instrumental se suffisant à lui-même est étonnante.
Et puis arrive le break, ce moment où “la guitare fait mal”. Le solo de Page joué sans le moindre accompagnement, et en usant du tapping, est un standard à lui seul.
Selon lui, il provient de la combinaison Gibson Les Paul + ampli Marshall même si son talent et le concours de l’ingénieur Eddie Kramer n’y sont pas étrangers. Durant les deux décennies suivantes, les rois de la six cordes du heavy-rock clameront tous avoir été fortement influencés par son écoute…
“Je pense que j’ai eu l’idée de faire du tapping en regardant Jimmy Page jouer son solo sur “Heartbreaker” lors d’un concert en 1971. Il faisait un pull-off sur une corde ouverte, et j’ai pensé attendre une minute, corde ouverte… et tirer.”
Eddie Van Halen
“Le solo de “Heartbreaker”a eu un impact sur moi dans ma jeunesse. Il était provocant, audacieux et plus nerveux que l’enfer. C’est vraiment le solo de guitare rock par excellence. “
Steve Vai
En concert, Jimmy Page prolongeait souvent le plaisir en incorporant des parties de “Bourrée en Mi mineur” de J.S Bach. Il lui arrivait parfois de reprendre des pans instrumentaux de “The 59th Street Bridge Song” de Simon & Garfunkel, ainsi que de “Greensleeves”, titre traditionnel de folk anglais.
Led Zeppelin – Heartbreaker (Led Zeppelin ll)
LIVING LOVING MAID (She’s just a woman)
Même si dans ce deuxième volume, le dirigeable puise souvent son inspiration dans la musique des années 50, en 1969 son rock résonne d’une effrayante modernité. Seul “Living Loving Maid” semble avoir le parfum d’un vieux rock jovialement endiablé. Ses deux minutes trente, son tempo irrésistible et son riff accrocheur rappellent les plus belles heures du dancing, quand Cochran, Elvis et Chuck Berry donnaient le ton. Dans l’euphorie, même l’interprétation de Robert Plant prend des airs de Little Richard. D’ailleurs, le texte a lui aussi quelque chose de l’ancien temps…
Un pamphlet machiste dirigé contre une groupie collant aux basques du groupe. Un titre que Jimmy Page refusera toujours de jouer en live. A l’époque cela n’empêche pas les DJ de le diffuser régulièrement sur les ondes radios. Un rock direct souvent plus apprécié que celui tortueux de “Whole Lotta Love” (dont il est la face B en single).
Led Zeppelin – Living Loving Maid (She’s just a woman)
RAMBLE ON
A la fin des sixties, dans la foulée de Jimi Hendrix, de nombreux groupes se laissent aller à des joutes guitaristiques de plus en plus dissonantes et surpuissantes. Peu d’entre eux possèdent la maîtrise du divin gaucher.
Co-écrit par Robert Plant et Jimmy Page, “Ramble On” est un titre singulier et remarquablement orchestré. Mais c’est le travail aux manettes d’Eddie Kramer et Jimmy Page qui rend son écoute confortable. Le couplet folk et le refrain hard-rock démontrent le chemin accompli par le groupe, maintenant capable de fusionner ses deux genres de prédilection. Le texte est inspiré du célèbre roman de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Une grande composition qui aurait sans doute mérité une meilleur exposition. Sa complexité technologique empêchera longtemps le groupe de le jouer en live.
Led Zeppelin – Ramble On (Led Zeppelin ll)
MOBY DICK
Le mythe de “la Baleine Blanche”. Si “Moby Dick”, roman de Herman Melville, est une référence dans le monde de la littérature, il en est de même sur la planète rock pour le titre de Led Zeppelin. Tout part d’une cachotterie du batteur John Bonham. Le grand “Bonzo” se fait surprendre par Jimmy Page, en train de mettre bout à bout ses parties de batterie sur la console du studio. Touché par cette découverte, le prince noir de la guitare décide de bâtir un titre autour de son instrument. Le riff de guitare est inspiré de “Watch your step”, de Bobby Parker (1961). Le reste est le fruit de l’inspiration du batteur virtuose…
Glisser un titre totalement instrumental au milieu d’un sésame est encore une idée plutôt singulière en 1969. Pourtant, Moby Dick représente “le petit plus” de Led Zeppelin II. Une audace donnant à cet album révolutionnaire sa touche arty. Un tour de force célébrant le talent d’un batteur hors norme dont l’influence et l’aura perdurent encore aujourd’hui.
John Bonham
John Bonham est souvent considéré comme le plus grand batteur de l’histoire du rock. L’art n‘étant pas quantifiable, par conséquent, la chose est difficilement vérifiable. Néanmoins, on peut prendre en compte l’opinion du métier. Bien sur son ami Robert Plant ne tarit pas d’éloge sur son ami disparu en 1980. Quant à l’humble John Paul Jones, il déclare simplement que “Bonzo était le rêve de tout bassiste”. Jimmy Page se montre plus loquace :
« J’avais déjà joué avec une multitude de batteurs, mais il était au-delà de tout ce que j’aurais pu imaginer. Une des choses les plus fabuleuses à propos de John, et qui rendaient les choses si faciles pour un producteur, c’est qu’il savait vraiment comment accorder ses peaux et je vais vous dire, c’est une chose rare chez les batteurs. Il savait vraiment comment faire chanter son instrument. Grâce à ça, il pouvait en faire sortir un son énorme, juste en se servant de ses poignets. C’était une technique étonnante, et assez holistique, si vous voyez ce que je veux dire. »
Un autre grand artisan de la six-cordes avait également loué ses mérites. En 1969, l’apercevant pour la première fois, très impressionné, Jimi Hendrix avait glissé à l’oreille de Jimmy Page :
“Votre batteur à un pied droit comme une paire de castagnettes.”
Mais nul ne saurait se montrer plus objectif que ses homologues batteurs. Quelle que soit leur période d’activité…
« Le plus grand batteur de rock de tous les temps c’est John Bonham. Il faisait avec son kit ce que personne n’aurait cru possible. Bonham avait aussi un son énorme et seulement une grosse caisse, il était si rapide avec son pied droit qu’il en faisait plus que ce que d’autres font avec trois grosses caisses. Si seulement ils arrivaient à s’en servir… Il avait la technique pour insuffler un groove puissant et fantastique dans le rock’n’roll.”
Roger Taylor (Queen)
« John Bonham tapait sur sa batterie comme quelqu’un qui ne savait pas ce qui allait se passer ensuite. Comme s’il titubait sur le bord d’une falaise, style funambule sur son fil de fer. Personne ne s’est jamais approché de ça depuis , et personne ne le fera jamais. Je pense qu’il restera pour toujours le meilleur batteur de tous les temps. Vous n’avez pas idée à quel point il m’a influencé. J’ai passé des années dans ma chambre (des putains d’années) à l’écouter jouer, et à essayer d’imiter son swing, sa façon de frapper, sa rapidité, sa puissance… »
Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters)
Moby Dick aurait pu rester un moment de bravoure confidentiel, isolé sur une piste d’un 33 tours. Seulement, à la surprise générale, “Led Zeppelin II” va se retrouver rapidement au sommet des ventes d’album. Et le titre parfois surnommé “Pat’s Delight” (“le délice de Pat” en rapport à l’épouse de Bonham) ou encore “Over The Top”, va ainsi devenir l’une des grandes attractions lors des concerts du groupe. Si l’improvisation ne dure que trois minutes sur la version studio, Bonzo faisait souvent durer le plaisir au delà d’une demi-heure sur scène. Enchaînant les ruades et les breaks, claquant ses cymbales, et martelant ses fûts à mains nues jusqu’à les faire saigner.
Alors bien sûr, un autre batteur-vedette l’avait précédé, Keith Moon (The Who) dont il profita des conseils. Ce dernier fut même à l’origine du nom “Led Zeppelin”. Si le débat consistant à savoir, qui de “Bonzo” ou “Moon the Loon” était le meilleur est récurrent dans les congrégations de rockers, il est utile de se souvenir que nous ne sommes pas dans l’obligation de choisir…
Led Zeppelin – Moby Dick (Led Zeppelin ll)
BRING IT ON HOME
Toute la musique qu’ils aiment vient de là… elle vient du blues ! Si pour beaucoup, cet album marque les débuts du hard-rock, il est également le symbole d’un retour aux racines du rock. Quelques mois plus tôt, au festival de Woodstock, des groupes comme Ten Years After ou Canned Heat ont déjà remonté la source du phénomène…
Une nouvelle fois, l’auteur de ce titre est le prolifique Willie Dixon. Du moins, en ce qui concerne l’intro et la conclusion. Sonny Boy Williamson enregistre la première version en 1963 sous la label Chess Records. Il n’est publié que trois ans plus tard dans une compilation de blues.
Sonny Boy Williamson
Dans la version de Led Zeppelin, le titre est repris dans une longue introduction (1:40). Un blues classique au chant noyé d’effet, tandis que derrière miaule l’harmonica. La deuxième partie laisse place aux saillies électriques de maître Page. Derrière les fûts, les relances de Bonham sont titanesques, et Robert Plant a retrouvé la fougue de sa voix authentique. “Bring it on Home” se termine comme il a commencé. Retour au calme, retour au blues.
Selon Jimmy Page et Robert Plant, l’idée était de rendre hommage à Sonny Boy Williamson, une de leurs idoles. Chess Records ne l’entend pas de cette oreille, et réclame une compensation pour le label, ainsi que pour le compositeur. Comme souvent, le dirigeable règle ça à l’amiable, avec une bonne poignée de main… et une grosse enveloppe.
Le nom de Willie Dixon est alors associé aux membres du quatuor sur les nouvelles éditions. En 2003, le père du Chicago Blues est même crédité comme seul auteur-compositeur sur le live “How The West Was Won”, avec l’annotation “Bring it on Back” (rendu). En 2014, il en sera fait de même sur l’édition deluxe. Mieux vaut tard que jamais…
Led Zeppelin – Bring It On Home (Led Zeppelin ll)
Pochette et Publication de Led Zeppelin ll
La pochette de l’album est l’oeuvre du designer David Juniper. Elle est réalisée à partir d’une photo de l’armée de l’air allemande durant la première guerre mondiale. Dessus figure notamment le célèbre pilote Manfred Von Richthofen (Baron Rouge).
Le visage de chaque membre de Led Zeppelin, celui du manager Peter Grant, mais aussi de l’actrice Delphine Seyrig et du bluesman Blind Willie Johnson se substituent à ceux des soldats. Derrière eux, la silhouette d’un dirigeable sur fond brun traverse le décor. Ce qui incitera les fans à surnommer cet album le “Brown Bomber” (le bombardier marron).
Atlantic Records publie “Led Zeppelin II” le 22 octobre 1969. Une semaine plus tard, il se retrouve en tête des charts anglais, détrônant le Abbey Road des Beatles. Il restera classé durant 138 semaines !
En avril 1970, il occupe le même classement aux Etats-Unis, en Allemagne, et aux Pays-Bas.
“Quand nous avons appris que cet album se vendait plus vite, et en plus grande quantité que notre premier disque, nous avons ressenti un choc total.”
Jimmy Page
Loué par l’ensemble de la profession, son succès intronise le hard rock sur le marché du disque. Plus tard, il servira de référence à des groupes comme Aerosmith, AC/DC, Van Halen, ou plus encore Rival Sons.
Plus qu’un grand album, le “Brown Bomber” est une véritable pierre angulaire de l’évolution du rock’n’roll. Il trône aujourd’hui en bonne place sur les étagères des adeptes du genre, aux côtés de London Calling, Sergent Pepper et du premier d’Elvis Presley.
Serge Debono
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Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Salut et merci pour ce super reportage
Pour moi, un des meilleurs groupes de rock
Ah, le solo de batterie de "Moby Dick"
J'attend avec impatience les futurs reportages sur le III et le IV
Plant a fait aussi une belle carrière en solo
"It's been a long time since I rock and rolled"
https://www.youtube.com/watch?v=lncr2g9XJHU
Pour moi, un des meilleurs groupes de rock
Ah, le solo de batterie de "Moby Dick"
J'attend avec impatience les futurs reportages sur le III et le IV
Plant a fait aussi une belle carrière en solo
"It's been a long time since I rock and rolled"
https://www.youtube.com/watch?v=lncr2g9XJHU
Max 31- Membre incontournable !
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21 décembre - LED ZEPPELIN - Opus II
Cadeau pour l'ami @Max 31
(Les liens dans les titres soulignés, gras, en bleu, mènent vers d'autres vidéos)
Par Thierry Dauge
LED ZEPPELIN – In Through The Out Door… with John Bonham
LED ZEPPELIN – In Through The Out Door
In Through The Out Door est le dernier album studio original de Led Zeppelin paru du vivant de John Bonham.
En effet, l’album sort en août 1979 et le batteur décède en septembre 1980. Coda, l’ultime témoignage de ce que fut le Dirigeable en studio ne sort qu’en novembre 1982 et il s’agit de « chutes » de séances d’enregistrements.
Sur le mode de Wish You Were Here (1975), par un Pink Floyd moins écoresponsable qui opte pour une enveloppe en plastique noir, cet album est emballé dans un « sac » en papier kraft. A l’intérieur, six visuels différents. Enfin, presque. Six clichés d’une même scène présentée sous des angles et cadrages différents. Et voilà la CB des collectionneurs mise à rude épreuve.
LED ZEPPELIN – In The Evening
Des critiques négatives s’élèvent parfois au sujet du contenu de cet ultime album, assurément le plus décrié de tous. Pourtant, il se classe n°1 aux U.S.A., au Royaume Unis, au Canada et en Nouvelle-Zélande. Du point de vue des ventes, il est six fois platine aux Etats Unis, deux fois en Australie, et une fois chez nos cousins anglais et néo-zélandais. Par chez nous, il atteint la 7ème place des charts où il compte 36 semaines de présence (seul l’Amérique fait mieux avec 39 semaines). Les belliqueux : des jaloux ?
La teneur de ces critiques tournent autour d’un disque moins « heavy », moins original ou de musiciens en panne d’inspiration réduits à livrer des « croûtes de fromage ». Figé dans un espace spatiotemporel, il semble que certains attendaient plutôt un remake de Physical Graffiti (1975), voire du IV (1971) …
I’m Gonna Crawl
Chronologiquement, In Through The Out Door fait suite à Presence (1976). Enfin, « suite », tout est relatif. Il s’écoule quand même trois ans et demi entre la parution des deux albums, de quoi laisser les choses se décanter. Durant ce laps de temps, Robert Plant a perdu un fils. Il apparaît probant qu’il poursuive son travail de deuil en écrivant « All My Love ». Précision importante, John Paul Jones compose cette chanson avec lui ainsi que « South Bond Suarez », second titre de la Face A.
Après House Of The Holy (1973), où il laisse ses comparses signer trois morceaux sous leurs seuls noms, c’est seulement la deuxième fois où Jimmy Page, créateur et mentor du Zeppelin, « permet » cela. Orchestrateur / arrangeur de talent, JP. Jones prend musicalement la main sur l’épitaphe.
LED ZEPPELIN – All My Love
Sur In through The Out Door, l’orientation musicale est plus expérimentale que dans les sept livraisons précédentes. Par exemple, toute proportion gardée, « Carouselambra » et son synthétiseur évoque davantage Genesis qu’un groupe étiqueté « hard rock ».
A côté de cela, il persiste des titres comme « Hot Dog », sorte de Country Roll tout juste un zeste moins sculpturale que « Candy Store Rock » sur Presence.
« South Bound Suarez », propose un rock / ragtime très zeppelinien dans l’âme du fait de la voix de Robert, identifiable entre mille, et de la monumentale frappe de John Bonham. A ce sujet, si le groupe a maintenu une constante tout au long de son épopée, c’est bien de la façon dont le batteur manie ses baguettes et de la puissance manifeste qui caractérise son jeu dont il est question.
John Bonham, plus grand batteur rock de tous les temps ? Sans lui opposer quiconque, guéguerre stérile dépourvue d’intérêt, il figure assurément dans le peloton de tête.
Hot Dog
Le morceau le plus particulier des ceux mis en présence, le plus « enjoué », est certainement « Fool In The Rain », rock carioca-samba positionné en troisième ligne. Le plaisir que les musiciens prennent à l’interpréter transpire des enceintes. La force du quatuor apparaît à cette occasion. Quoi qu’il arrive, quel que soit les événements qui touchent le groupe de près ou de loin, ses membres font face : ils « jouent ».
LED ZEPPELIN – Fool In The Rain
Si la critique consiste à traiter tout autant du bon grain que de l’ivraie, l’objectivité en point de mire, émettre une hypothèse sur la qualité d’un album peut s’entendre. Avant d’aller plus loin, de me « mouiller », permettez une précision contextuelle. Sur les six existants, j’ai volontairement choisi le visuel sis au début de cette chronique parce que c’est celui qui m’est apparu au sortir de l’enveloppe marron, lorsqu’en 1979 des amis m’ont offert In Through The Out Door en cadeau d’anniversaire.
Ceci écrit, osons la question laissée en suspens : s’agit-il d’un « bon » disque de Led Zeppelin ?
Italo-Normand, pour répondre, c’est la deuxième partie de mes origines qui l’emporte : J’ai connu des célébrations moins réussies …
Thierry Dauge
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Par Thierry Dauge
LED ZEPPELIN – In Through The Out Door… with John Bonham
LED ZEPPELIN – In Through The Out Door
In Through The Out Door est le dernier album studio original de Led Zeppelin paru du vivant de John Bonham.
En effet, l’album sort en août 1979 et le batteur décède en septembre 1980. Coda, l’ultime témoignage de ce que fut le Dirigeable en studio ne sort qu’en novembre 1982 et il s’agit de « chutes » de séances d’enregistrements.
Sur le mode de Wish You Were Here (1975), par un Pink Floyd moins écoresponsable qui opte pour une enveloppe en plastique noir, cet album est emballé dans un « sac » en papier kraft. A l’intérieur, six visuels différents. Enfin, presque. Six clichés d’une même scène présentée sous des angles et cadrages différents. Et voilà la CB des collectionneurs mise à rude épreuve.
LED ZEPPELIN – In The Evening
Des critiques négatives s’élèvent parfois au sujet du contenu de cet ultime album, assurément le plus décrié de tous. Pourtant, il se classe n°1 aux U.S.A., au Royaume Unis, au Canada et en Nouvelle-Zélande. Du point de vue des ventes, il est six fois platine aux Etats Unis, deux fois en Australie, et une fois chez nos cousins anglais et néo-zélandais. Par chez nous, il atteint la 7ème place des charts où il compte 36 semaines de présence (seul l’Amérique fait mieux avec 39 semaines). Les belliqueux : des jaloux ?
La teneur de ces critiques tournent autour d’un disque moins « heavy », moins original ou de musiciens en panne d’inspiration réduits à livrer des « croûtes de fromage ». Figé dans un espace spatiotemporel, il semble que certains attendaient plutôt un remake de Physical Graffiti (1975), voire du IV (1971) …
I’m Gonna Crawl
Chronologiquement, In Through The Out Door fait suite à Presence (1976). Enfin, « suite », tout est relatif. Il s’écoule quand même trois ans et demi entre la parution des deux albums, de quoi laisser les choses se décanter. Durant ce laps de temps, Robert Plant a perdu un fils. Il apparaît probant qu’il poursuive son travail de deuil en écrivant « All My Love ». Précision importante, John Paul Jones compose cette chanson avec lui ainsi que « South Bond Suarez », second titre de la Face A.
Après House Of The Holy (1973), où il laisse ses comparses signer trois morceaux sous leurs seuls noms, c’est seulement la deuxième fois où Jimmy Page, créateur et mentor du Zeppelin, « permet » cela. Orchestrateur / arrangeur de talent, JP. Jones prend musicalement la main sur l’épitaphe.
LED ZEPPELIN – All My Love
Sur In through The Out Door, l’orientation musicale est plus expérimentale que dans les sept livraisons précédentes. Par exemple, toute proportion gardée, « Carouselambra » et son synthétiseur évoque davantage Genesis qu’un groupe étiqueté « hard rock ».
A côté de cela, il persiste des titres comme « Hot Dog », sorte de Country Roll tout juste un zeste moins sculpturale que « Candy Store Rock » sur Presence.
« South Bound Suarez », propose un rock / ragtime très zeppelinien dans l’âme du fait de la voix de Robert, identifiable entre mille, et de la monumentale frappe de John Bonham. A ce sujet, si le groupe a maintenu une constante tout au long de son épopée, c’est bien de la façon dont le batteur manie ses baguettes et de la puissance manifeste qui caractérise son jeu dont il est question.
John Bonham, plus grand batteur rock de tous les temps ? Sans lui opposer quiconque, guéguerre stérile dépourvue d’intérêt, il figure assurément dans le peloton de tête.
Hot Dog
Le morceau le plus particulier des ceux mis en présence, le plus « enjoué », est certainement « Fool In The Rain », rock carioca-samba positionné en troisième ligne. Le plaisir que les musiciens prennent à l’interpréter transpire des enceintes. La force du quatuor apparaît à cette occasion. Quoi qu’il arrive, quel que soit les événements qui touchent le groupe de près ou de loin, ses membres font face : ils « jouent ».
LED ZEPPELIN – Fool In The Rain
Si la critique consiste à traiter tout autant du bon grain que de l’ivraie, l’objectivité en point de mire, émettre une hypothèse sur la qualité d’un album peut s’entendre. Avant d’aller plus loin, de me « mouiller », permettez une précision contextuelle. Sur les six existants, j’ai volontairement choisi le visuel sis au début de cette chronique parce que c’est celui qui m’est apparu au sortir de l’enveloppe marron, lorsqu’en 1979 des amis m’ont offert In Through The Out Door en cadeau d’anniversaire.
Ceci écrit, osons la question laissée en suspens : s’agit-il d’un « bon » disque de Led Zeppelin ?
Italo-Normand, pour répondre, c’est la deuxième partie de mes origines qui l’emporte : J’ai connu des célébrations moins réussies …
Thierry Dauge
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22 décembre - Black Oak Arkansas (B.O.A.)
Par Serge Debono
Black Oak Arkansas, la perle méconnue du rock sudiste
En 1971, dans le sillage des Allman Brothers et Lynyrd Skynyrd, les groupes de rock sudiste font irruption dans le paysage musical américain.
Black Oak Arkansas (BOA) n’est pas le moins talentueux d’entre eux…
Formé dans la ville de Black Oak (Arkansas) en 1965, une première mouture se produit sous le nom The Knowbody Else. Au départ, les membres du groupe sont surtout fans des Byrds et des Beatles.
Ils se familiarisent avec la pratique du folklore américain dans l’Etat du Mississippi, avant de s’installer à Memphis (Tennessee) et d’enregistrer leurs premiers singles chez Stax Records.
Au cours des années 70, la qualité de leur boogie country-rock a peu d’équivalent. Leur intérêt pour les domaines spirituels et la philosophie orientale vient parfois donner d’étranges sonorités à leurs compositions. Et comme avec Steve Marriott au sein d’Humble Pie, la voix de Jim Mangrum apporte cette touche soul à des instrumentaux irréprochables.
Un premier album réussi
Dès son premier exercice, B.O.A démontre un gros potentiel.
Les compositions sont soignées et dégagent une énergie contagieuse. Le magnétisme du chanteur est évident, et son timbre de voix intrigue. Quant aux trois guitaristes Stanley “Goober” Knight, Rickie “Ricochet” Reynolds, et Harvey “Burley” Jett, ils croisent le fer pour des joutes mémorables.
Soutenus par la section rythmique dirigée par Pat “Dirty” Daugherty (basse) et Wayne “Squeezebox” Evans (batterie), les riffs de métal pleuvent sur la musique de B.O.A. Ils sont parfois teintés de groove…
Black Oak Arkansas – I Could Love You
On sent bien que le rock psychédélique n’a pas encore totalement disparu, et on replonge avec plaisir dans des impros hallucinées. D’autant que celles-ci sont balisées par un grand professionnalisme.
Le phénomène Mangrum
B.O.A ne s’assied pas sur les harmonies comme certains de ses homologues du genre. Sans pour autant brider les improvisations instrumentales, le groupe propose des titres structurés et punchies, que son frontman se charge de rendre irrésistibles.
Jim “Dandy” Mangrum
L’indéboulonnable Jim “Dandy” Mangrum est une légende en terre américaine. Il est le seul membre d’origine encore présent aujourd’hui, épuisant 61 musiciens au cours de sa longue carrière.
“Je suis un causeur sorti d’une ville de 300 habitants. Je n’avais personne à qui parler. L’agriculture ne m’interessait pas, alors quand je suis venu dans le grand monde, j’ai commencé à parler. Et je ne me suis jamais arrêté.”
Personnage excentrique et solaire, Mangrum est doté d’une voix peu commune. Puissante et particulièrement expressive, son grain prononcé inspirera plus tard un certain Axl Rose. En témoigne l’un des rares tubes du groupe. Un titre entraînant, dans lequel les guitares serpentent derrière Mangrum et sa sensualité animale. Une œuvre diaboliquement rock !
Black Oak Arkansas – Hot and Nasty
Ce sont les concerts qui font la popularité du groupe. Leur triplette de guitaristes devient très prisée, mais c’est Jim “Dandy” Mangrum la véritable attraction. Le frontman reste connecté à son public en permanence. Il arpente la scène torse nu, vêtu d’un pantalon blanc, et souvent hilare. Ses shows auront un impact direct sur le jeu et les tenues de scène de David Lee Roth (Van Halen). Le Dandy sauvage prouve l’étendu de ses talents sur ce premier opus, aussi bien dans un registre rock, que sur des titres country teintés de mysticisme sudiste…
Black Oak Arkansas – Uncle Elijah
L’album se termine en apothéose. Un titre et une conclusion revendiquant leurs racines, aussi bien géographiques que spirituelles.
L’intro est une communion de voix oscillant entre rite vaudou et gospel rythmée par le washboard. Une transe dirigée par Jim Mangrum, soudain parcouru d’électrochocs, façon James Brown. Les “Everybody !” et “Good God !’ fusent et déclenchent clameurs et excitation. Avant que la triade de guitares, toujours prête à surgir, n’emporte le morceau sur le dos d’un riff frénétique. Nul ne doute que Phil Lynott (Thin Lizzy) et le tout jeune Gary Moore, devaient avoir une oreille dessus…
Black Oak Arkansas – When Electricity Came to Arkansas
Malgré une production assurée par Lee Dorman et Mike Pinera (Iron Butterfly), et une pochette signée Eve Babitz, ce premier album éponyme est globalement ignoré par la presse spécialisée lors de sa parution en mars 1971.
Des changements et du succès
Le marché du disque privilégie encore les gloires du rock psyché, tandis que le hard-rock devient contre toute attente un genre dominant. Le glam pointe le bout de son nez en Angleterre, mais peine à s’introduire sur la scène américaine, laissant une petite part du gâteau au rock sudiste.
Lynyrd Skynyrd et les Allman Brothers tiennent la corde. Mais à force de patience et de persévérance, des formations comme ZZ Top et Black Oak Arkansas vont finir par se faire une place au soleil. En 1974, ces derniers s’illustrent notamment lors du California Jam Festival (Ontario).
Black Oak Arkansas perd un peu de son identité en raison des fréquents changements de formation.
Seul le deuxième album, Keep The Faith, du même acabit, est enregistré avec une mouture identique.
Pourtant, sous la houlette de leur chanteur emblématique, ils trouveront les ressources pour explorer de nouveaux horizons. Sans oublier pour autant, le banjo, la steel guitare, et la planche à laver.
Serge Debono
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Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Cadeau pour l'ami @Max 31
Yaisssseuh...
C'est un des albums que je n'ai pas d'eux.
Mais je me rappelle maintenant très bien de ce super morceau "In the Evening"
D'après moi, c'est une suite de l'influence orientale de Led Zep comme "Kashmir", bien entendu!!!
Laquelle influence poursuivra Robert Plant dans sa carrière solo.
J'ai plusieurs morceaux de ce légendaire groupe sur ma playlist de moto et je m'en vais rajouter celui-ci.
Merci l'ami de me l'avoir rappelé.
Yaisssseuh...
C'est un des albums que je n'ai pas d'eux.
Mais je me rappelle maintenant très bien de ce super morceau "In the Evening"
D'après moi, c'est une suite de l'influence orientale de Led Zep comme "Kashmir", bien entendu!!!
Laquelle influence poursuivra Robert Plant dans sa carrière solo.
J'ai plusieurs morceaux de ce légendaire groupe sur ma playlist de moto et je m'en vais rajouter celui-ci.
Merci l'ami de me l'avoir rappelé.
Max 31- Membre incontournable !
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23 décembre - Creedence Clearwater Revival C.C.R.
"Cosmos Factory" Mon tout premier vinyle...
Découvert sur le meuble HIFI Grundig familial. Inoubliable !
Par Serge Debono
Creedence Clearwater Revival, la quête d’un premier album
L’histoire d’un groupe rétro en pleine vague psychédélique.
Creedence Clearwater Revival ! En 1968, alors que le psychédélisme californien conduit le rock sur les voies abstraites du jazz, l’arrivée de ce groupe au nom interminable ramène le genre à ses fondamentaux.
Des débuts laborieux
Le quatuor voit le jour en 1959, dans le quartier d’El Cerrito (San Francisco). A l’époque, John Fogerty reprend les standards du moment sur son piano. Son frère Tom, guitariste, décide alors de recruter Doug Clifford et Stu Cook, respectivement batteur et bassiste.
La formation connue plus tard sous le nom de Creedence Clearwater Revival est déjà au complet. Pour l’heure, elle se fait appeler The Blues Velvets, avec Tom Fogerty comme lead-singer et guitariste…
Tom et John Fogerty
Une erreur dans laquelle ils vont persister, et qui malgré les changements de noms, les empêchera longtemps d’accéder à la réussite. Tom Fogerty a pourtant du talent à revendre, mais sa voix est assez commune. En outre, il ne possède ni l’âme d’un leader, ni l’aura d’un front-man.
En 1964, les quatre musiciens signent pour le label Fantasy, sans obtenir le moindre succès. Pourtant, la formation est rodée au blues-rock qui fait la gloire des groupes anglais, comme les Rolling Stones ou The Animals.
Tommy Fogerty & The Blues Velvets – Come on Baby
Ils ont tout pour devenir le premier grand groupe de rock américain. Excepté une chose… l’étincelle !
Celle-ci va venir de John Fogerty. En 1966, adepte d’un rock efficace, ce dernier s’efforce d’entraîner le groupe renommé The Golliwogs, sur des sonorités plus tendances.
The Golliwogs sortent quelques singles dans la veine du rock-garage américain des 13th Floor Elevators, mais sans succès.
Même si ce n’est pas leur voie, c’est en s’inspirant des Kinks, et de leur mélange d’harmonies soignées et de riffs sauvages, qu’il voient enfin la lumière…
The Golliwogs – Try Try Try
Aguerri par des années de route et un passage par l’armée, John Fogerty s’impose au début de la florissante année 1967, comme le nouveau lead-singer et guitariste d’un groupe qu’il renomme Creedence Clearwater Revival.
Et même s’il semble qu’il n’y soit pas allé de main morte pour évincer son frère aîné, force est de reconnaître que la légende naît de ses talents, ainsi que de son amour pour le blues et la country. CCR classe deux singles au billboard, Porterville et Walk on the Water…
Creedence Clearwater Revival – Walk on the Water
“Creedence” est le nom d’un des amis de John Fogerty. Il symbolise aussi l’espoir d’un renouveau pour le groupe (credence = croyance/foi). “Clearwater” est une marque de bière qu’affectionne le chanteur. Enfin, “Revival” représente leur volonté de renouer avec les racines du rock’n’roll.
Leur maîtrise du country-rock, du blues, leur rigueur, leur professionnalisme, tout cela allié à la virtuosité de ce guitariste-screamer va finir par payer.
Premier album
CCR trouve son public avec un premier album paru le 28 mai 1968. D’emblée, le groupe fait étalage de son talent et livre deux reprises de très haut vol. La première, I put a spell on you de Screamin’ Jay Hawkins, single très remarqué, où le nouveau chanteur fait sensation.
Creedence Clearwater Revival – I Put a Spell on You
C’est sur la seconde que CCR accède au créneau qui lui est destiné. Issue du rockabilly, cette reprise de Dale Hawkins date de 1957, bien qu’elle soit orthographiée différemment. Le S de Susie a été remplacé par un Z. En réalité c’est un clin d’œil à son sens initial, le Suzie Q était une danse swing durant les années vingt.
“Après avoir fini d’enregistrer nos parties, les autres gars ont traîné pendant que je mixais. Le problème était qu’ils faisaient tous des commentaires comme: “Eh bien, cela ne fonctionnera pas. Ca ne fonctionnera pas.” C’est la toute dernière fois que je leur ai permis d’être là quand je mixais un disque. En gros, on enregistrait le groupe, puis je les jetais hors du studio. Je ne pouvais tout simplement pas les avoir dans les pattes pendant que je faisais des overdubs, ils n’étaient pas très constructifs.” John Fogerty
John Fogerty s’empare donc du leadership, et CCR ravive les influences de Bill Monroe, Elvis Presley, Johnny Cash et Muddy Waters.
Ce n’est qu’un indicateur de plus venant confirmer la tendance rétro de cette formation faisant la part belle au blues, au rythm & blues, et à la country-music.
Suzy Q. fait fureur sur les ondes radios. CCR trouve son style, qualifié désormais de Bayou Rock…
Creedence Clearwater Revival – Suzie Q.
Autre signe distinctif, à l’heure où la majorité des artistes arborent colifichets et tuniques indiennes, sans pour autant s’éloigner de la cause pacifiste, les Creedence conservent une apparence sobre, et sans artifices. A l’image de leur musique…
Creedence Clearwater Revival – The Working Man
John Fogerty ne signe que trois titres originaux, mais ses prestations scéniques convaincantes, et la production flatteuse de Saul Zaentz parviennent à conquérir une partie du public américain.
En 1969, ils passent encore un cap, avec de nouveaux instrumentaux et de nombreux textes fictionnels écrits par le leader.
Ils peaufinent leur style sur deux albums encensés par la critique, Bayou Country et Green River. Avant le quintessentiel Cosmos Factory…
Serge Debono
Découvert sur le meuble HIFI Grundig familial. Inoubliable !
Par Serge Debono
Creedence Clearwater Revival, la quête d’un premier album
L’histoire d’un groupe rétro en pleine vague psychédélique.
Creedence Clearwater Revival ! En 1968, alors que le psychédélisme californien conduit le rock sur les voies abstraites du jazz, l’arrivée de ce groupe au nom interminable ramène le genre à ses fondamentaux.
Des débuts laborieux
Le quatuor voit le jour en 1959, dans le quartier d’El Cerrito (San Francisco). A l’époque, John Fogerty reprend les standards du moment sur son piano. Son frère Tom, guitariste, décide alors de recruter Doug Clifford et Stu Cook, respectivement batteur et bassiste.
La formation connue plus tard sous le nom de Creedence Clearwater Revival est déjà au complet. Pour l’heure, elle se fait appeler The Blues Velvets, avec Tom Fogerty comme lead-singer et guitariste…
Tom et John Fogerty
Une erreur dans laquelle ils vont persister, et qui malgré les changements de noms, les empêchera longtemps d’accéder à la réussite. Tom Fogerty a pourtant du talent à revendre, mais sa voix est assez commune. En outre, il ne possède ni l’âme d’un leader, ni l’aura d’un front-man.
En 1964, les quatre musiciens signent pour le label Fantasy, sans obtenir le moindre succès. Pourtant, la formation est rodée au blues-rock qui fait la gloire des groupes anglais, comme les Rolling Stones ou The Animals.
Tommy Fogerty & The Blues Velvets – Come on Baby
Ils ont tout pour devenir le premier grand groupe de rock américain. Excepté une chose… l’étincelle !
Celle-ci va venir de John Fogerty. En 1966, adepte d’un rock efficace, ce dernier s’efforce d’entraîner le groupe renommé The Golliwogs, sur des sonorités plus tendances.
The Golliwogs sortent quelques singles dans la veine du rock-garage américain des 13th Floor Elevators, mais sans succès.
Même si ce n’est pas leur voie, c’est en s’inspirant des Kinks, et de leur mélange d’harmonies soignées et de riffs sauvages, qu’il voient enfin la lumière…
The Golliwogs – Try Try Try
Aguerri par des années de route et un passage par l’armée, John Fogerty s’impose au début de la florissante année 1967, comme le nouveau lead-singer et guitariste d’un groupe qu’il renomme Creedence Clearwater Revival.
Et même s’il semble qu’il n’y soit pas allé de main morte pour évincer son frère aîné, force est de reconnaître que la légende naît de ses talents, ainsi que de son amour pour le blues et la country. CCR classe deux singles au billboard, Porterville et Walk on the Water…
Creedence Clearwater Revival – Walk on the Water
“Creedence” est le nom d’un des amis de John Fogerty. Il symbolise aussi l’espoir d’un renouveau pour le groupe (credence = croyance/foi). “Clearwater” est une marque de bière qu’affectionne le chanteur. Enfin, “Revival” représente leur volonté de renouer avec les racines du rock’n’roll.
Leur maîtrise du country-rock, du blues, leur rigueur, leur professionnalisme, tout cela allié à la virtuosité de ce guitariste-screamer va finir par payer.
Premier album
CCR trouve son public avec un premier album paru le 28 mai 1968. D’emblée, le groupe fait étalage de son talent et livre deux reprises de très haut vol. La première, I put a spell on you de Screamin’ Jay Hawkins, single très remarqué, où le nouveau chanteur fait sensation.
Creedence Clearwater Revival – I Put a Spell on You
C’est sur la seconde que CCR accède au créneau qui lui est destiné. Issue du rockabilly, cette reprise de Dale Hawkins date de 1957, bien qu’elle soit orthographiée différemment. Le S de Susie a été remplacé par un Z. En réalité c’est un clin d’œil à son sens initial, le Suzie Q était une danse swing durant les années vingt.
“Après avoir fini d’enregistrer nos parties, les autres gars ont traîné pendant que je mixais. Le problème était qu’ils faisaient tous des commentaires comme: “Eh bien, cela ne fonctionnera pas. Ca ne fonctionnera pas.” C’est la toute dernière fois que je leur ai permis d’être là quand je mixais un disque. En gros, on enregistrait le groupe, puis je les jetais hors du studio. Je ne pouvais tout simplement pas les avoir dans les pattes pendant que je faisais des overdubs, ils n’étaient pas très constructifs.” John Fogerty
John Fogerty s’empare donc du leadership, et CCR ravive les influences de Bill Monroe, Elvis Presley, Johnny Cash et Muddy Waters.
Ce n’est qu’un indicateur de plus venant confirmer la tendance rétro de cette formation faisant la part belle au blues, au rythm & blues, et à la country-music.
Suzy Q. fait fureur sur les ondes radios. CCR trouve son style, qualifié désormais de Bayou Rock…
Creedence Clearwater Revival – Suzie Q.
Autre signe distinctif, à l’heure où la majorité des artistes arborent colifichets et tuniques indiennes, sans pour autant s’éloigner de la cause pacifiste, les Creedence conservent une apparence sobre, et sans artifices. A l’image de leur musique…
Creedence Clearwater Revival – The Working Man
John Fogerty ne signe que trois titres originaux, mais ses prestations scéniques convaincantes, et la production flatteuse de Saul Zaentz parviennent à conquérir une partie du public américain.
En 1969, ils passent encore un cap, avec de nouveaux instrumentaux et de nombreux textes fictionnels écrits par le leader.
Ils peaufinent leur style sur deux albums encensés par la critique, Bayou Country et Green River. Avant le quintessentiel Cosmos Factory…
Serge Debono
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24 décembre - TOTO
"I guess the rain is down in Africa..."
(Les liens dans les titres soulignés, gras, en bleu, mènent vers d'autres vidéos)
Par Thierry Dauge
TOTO – Hold The Line
Ça commence comme une blague d’école primaire, ça progresse vers un rock AOR pour finir en bouquet de notes fleuries. Fleurtant parfois avec un soft rock à la limite de ce qu’on pourrait nommer, à la française, de la « variété », pas plus mordant que la plus musclée des chansons écrite par JJ Goldman, Toto séduit par son charisme.
Point trop d’électricité, mais sans lâcher des dents la prise de courant, ces garçons ont su boulotter les parts d’un marché ouvert au hard rock FM par des formations comme Boston ou Foreigner. Sur son premier Lp éponyme, « Hold The Line » (1978) perfore le cerveau des âmes prédisposées.
TOTO – Hold The Line
Mais, qui sont-ils ces musiciens talentueux qui parviennent d’un claquement de doigts à rassembler « large » dès leur premier essai ? Ceux que l’on nomme des requins de studio ?
De fait, entre beaucoup d’autres, on retrouve Jeff Porcaro derrière les fûts de Teaser (1975), le premier album solo de Tommy Bolin, ou Steve Lukather au manche de sa six cordes pour une pige de luxe chez Alice Cooper, période From The Inside (1978).
La connexion avec une certaine idée d’un rock caréné est donc déjà en place. Ne reste plus qu’à tracer sa propre voie au milieu d’un barnum des stars pailletées. C’est ce que va faire leur IV (1982), neuf mois après le 4 de Mick Jones et ses hommes, le temps d‘une gestation.
Rosanna
Voilà ! C’est exactement ça ! Une guitare affûtée lâchant des pains au sein de construits « groovy ».
Pour ne pas effrayer, la voix centre les tympans d’un halo lumineux, du genre à décadenasser le formatage modelé par l’écoute d’ondes dites « spécialisées ». Ce n’est pas un hasard si Toto ouvre son disque par « Rosanna » et le conclut par « Africa ». Ces deux chansons frôlent la perfection en matière d’influence positive.
Des hardes grises habillent l’aliénant quotidien au son brinquebalant du « Métro – Boulot – Dodo », ce que les anglophones appellent « the rat race » ? Un tour de IV, d’une Face à l’autre, et le soleil caramélise l’ennui, colorise les kilomètres de suie qui encrassaient les psychés cramoisies. « Alléluia ! Merci Seigneur ! ».
Bon, sans aller jusqu’à la conversion, on peut quand même admettre qu’elles sont chouettes ces deux chansons.
TOTO – Africa
Saut dans le temps. En 2018, le groupe sort son dernier album en date : Old is New. Qu’en est-il, la magie opère-t-elle toujours ? Étonnant ! Certains titres de ce disque effacent toutes traces d’exotisme au bénéfice d’une poigne qui évoque celle d’un Spock’s Beard, cette limite entre rock progressif et hard rock. Certes, des choses insipides assurent le fonds de commerce mais, quand même, il fallait oser !
Fearful Heart
En vieillissant, il semblerait donc que les racines adolescentes remontent des profondeurs pour animer les doigts qu’on croyait figés. Les cordes pincées, tirées, bloquées émettent alors des sons que les 70’s avaient glorifiées.
Incontestablement, il persiste une lueur d’espoir en un futur débarrassé des voix encodées qui bouchonnent les programmes radiophoniques, ces histoires de meufs en bikini et mecs aux « pecs » tatoués. Que ce soit Toto qui ressorte du frigo ces incandescences a de quoi présager des tornades de « bruits » à venir.
TOTO – Struck By Lightning
Et si ce patronyme : « Toto », loin, bien loin des blagues d’écoliers, faisait référence au petit chien de Dorothy, celui du Magicien dOz, film classé au Registre International Mémoire du Monde de l’UNESCO ?
Alors, il se pourrait bien qu’on reconsidère et réévalue la musique du groupe pour passer d’un « faiseur de soupe », identifié par les uns, à une influence majeure pour les cadors de demain. Indéniablement, « through the years, Toto hold the line ».
Thierry Dauge
(Les liens dans les titres soulignés, gras, en bleu, mènent vers d'autres vidéos)
Par Thierry Dauge
TOTO – Hold The Line
Ça commence comme une blague d’école primaire, ça progresse vers un rock AOR pour finir en bouquet de notes fleuries. Fleurtant parfois avec un soft rock à la limite de ce qu’on pourrait nommer, à la française, de la « variété », pas plus mordant que la plus musclée des chansons écrite par JJ Goldman, Toto séduit par son charisme.
Point trop d’électricité, mais sans lâcher des dents la prise de courant, ces garçons ont su boulotter les parts d’un marché ouvert au hard rock FM par des formations comme Boston ou Foreigner. Sur son premier Lp éponyme, « Hold The Line » (1978) perfore le cerveau des âmes prédisposées.
TOTO – Hold The Line
Mais, qui sont-ils ces musiciens talentueux qui parviennent d’un claquement de doigts à rassembler « large » dès leur premier essai ? Ceux que l’on nomme des requins de studio ?
De fait, entre beaucoup d’autres, on retrouve Jeff Porcaro derrière les fûts de Teaser (1975), le premier album solo de Tommy Bolin, ou Steve Lukather au manche de sa six cordes pour une pige de luxe chez Alice Cooper, période From The Inside (1978).
La connexion avec une certaine idée d’un rock caréné est donc déjà en place. Ne reste plus qu’à tracer sa propre voie au milieu d’un barnum des stars pailletées. C’est ce que va faire leur IV (1982), neuf mois après le 4 de Mick Jones et ses hommes, le temps d‘une gestation.
Rosanna
Voilà ! C’est exactement ça ! Une guitare affûtée lâchant des pains au sein de construits « groovy ».
Pour ne pas effrayer, la voix centre les tympans d’un halo lumineux, du genre à décadenasser le formatage modelé par l’écoute d’ondes dites « spécialisées ». Ce n’est pas un hasard si Toto ouvre son disque par « Rosanna » et le conclut par « Africa ». Ces deux chansons frôlent la perfection en matière d’influence positive.
Des hardes grises habillent l’aliénant quotidien au son brinquebalant du « Métro – Boulot – Dodo », ce que les anglophones appellent « the rat race » ? Un tour de IV, d’une Face à l’autre, et le soleil caramélise l’ennui, colorise les kilomètres de suie qui encrassaient les psychés cramoisies. « Alléluia ! Merci Seigneur ! ».
Bon, sans aller jusqu’à la conversion, on peut quand même admettre qu’elles sont chouettes ces deux chansons.
TOTO – Africa
Saut dans le temps. En 2018, le groupe sort son dernier album en date : Old is New. Qu’en est-il, la magie opère-t-elle toujours ? Étonnant ! Certains titres de ce disque effacent toutes traces d’exotisme au bénéfice d’une poigne qui évoque celle d’un Spock’s Beard, cette limite entre rock progressif et hard rock. Certes, des choses insipides assurent le fonds de commerce mais, quand même, il fallait oser !
Fearful Heart
En vieillissant, il semblerait donc que les racines adolescentes remontent des profondeurs pour animer les doigts qu’on croyait figés. Les cordes pincées, tirées, bloquées émettent alors des sons que les 70’s avaient glorifiées.
Incontestablement, il persiste une lueur d’espoir en un futur débarrassé des voix encodées qui bouchonnent les programmes radiophoniques, ces histoires de meufs en bikini et mecs aux « pecs » tatoués. Que ce soit Toto qui ressorte du frigo ces incandescences a de quoi présager des tornades de « bruits » à venir.
TOTO – Struck By Lightning
Et si ce patronyme : « Toto », loin, bien loin des blagues d’écoliers, faisait référence au petit chien de Dorothy, celui du Magicien dOz, film classé au Registre International Mémoire du Monde de l’UNESCO ?
Alors, il se pourrait bien qu’on reconsidère et réévalue la musique du groupe pour passer d’un « faiseur de soupe », identifié par les uns, à une influence majeure pour les cadors de demain. Indéniablement, « through the years, Toto hold the line ».
Thierry Dauge
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Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Christian !!
CCR, Toto, Led Zep, K. Crimson .... il ne manque plus Yes, Genesis, Doobie Brothers, Gino Vanelli, Steely Dan, the Who avec le superbe Quadrophénia et toute cette génération, pour coller à ce qui m'inspire encore dans mes moments de Backing Track.
Pour revenir à CCR, dans le Néotec et sur une petite route sinueuse avec un beau soleil, c'est un pur bonheur
Bon courage pour la rédaction de ces trop bonnes "revues" !!!!
Bonnes fêtes de fin d'année à tous.
CCR, Toto, Led Zep, K. Crimson .... il ne manque plus Yes, Genesis, Doobie Brothers, Gino Vanelli, Steely Dan, the Who avec le superbe Quadrophénia et toute cette génération, pour coller à ce qui m'inspire encore dans mes moments de Backing Track.
Pour revenir à CCR, dans le Néotec et sur une petite route sinueuse avec un beau soleil, c'est un pur bonheur
Bon courage pour la rédaction de ces trop bonnes "revues" !!!!
Bonnes fêtes de fin d'année à tous.
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25 décembre - Le livre "Prog Rock"
Un livre pour réviser ses classiques ?
Par Patrick Benard
Le Prog Rock de Dominique Dupuis
Le Rock Progressif en 150 Figures
Prog Rock de Dominique Dupuis
Plus d’un demi-siècle d’histoire du rock
Il existe des paradoxes formidables et réjouissants.
Dominique Dupuis débute sa carrière en étant manager des Stinky Toys, groupe punk français où sévissent les futurs Elli et Jacno. Soit le contraire du propos de ce livre puisque le punk était notamment en révolte contre le rock progressif et son étalage de savoir faire en dix minutes mini pour mieux le faire savoir en trois minutes maxi, à la fin des années soixante dix.
Pink Floyd – Careful With That Axe, Eugene (Live, 1972)
Cinquante ans plus tard, devenu responsable éditorial, il nous parle, en version luxueuse, de Deep Purple, Grateful Dead et, dans ce livre, de tout ce qui a été honnis chez les punks : le Prog Rock, tel qu’on le nomme maintenant.
Genesis – The Musical Box (Live, 1972)
Voici donc en 400 belles pages, l’histoire de ce style de musique issue du jazz et du rock psychédélique. Et soyez certains que tout y passe : de ses origines avec Soft Machine, Pink Floyd, aux classiques Yes, Genesis, King Crimson, Emerson Lake and Palmer, ils sont tous là. On part même en Allemagne (de l’Ouest à cette époque) avec le krautrock et les incontournables Can qui ont influencé plus d’un groupe aujourd’hui, dans tous les domaines.
King Crimson – 21st Century Schizoid Man (Live, 1974)
La France n’est pas oublié avec Ange, Mona Lisa, Atoll (rien à voir avec les opticiens, elle était facile mais bon…) et bien sûr Magma.
Ange, résiste toujours, contre vents et marées grâce à l’indispensable Christian Descamps, tout comme Magma et son gourou de batteur, Christian Vander.
Ange – Le Cimetière des Arlequins (1973)
Mine de rien, envers et contre tout, le style a évolué mais a continué d’exister, via Marillion par exemple. En fait, certains groupes de metal ont contourné le genre pour offrir des titres plus sinueux, détournant les codes. On pense à Nightwish notamment. L’auteur pousse même jusqu’à ajouter des groupes comme Radiohead dans ce nouveau prog rock.
Au final, il n’a pas forcément tort puisque depuis la sortie de OK Computer et de Kid A, force est de constater qu’une orientation s’est rapprochée dans une optique plus neuve, dépoussiérée. Certains les considèrent comme les nouveaux Pink Floyd.
Radiohead – Let Down (Live, 2016)
Bref, tout le monde aura compris que le prog rock est toujours là et qu’il ne s’adresse pas forcément qu’aux plus de cinquante ans.
Dominique Dupuis – Prog Rock en 150 Figures
Editions du Layeur – 400 pages – 39,90€
Patrick Bénard
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26 décembre - Status Quo
Noël, il y a cinq ans: Rick Parfitt nous quittait
Rick Parfitt
Par Thierry Dauge
STATUS QUO – l’Art du Boogie Rock
STATUS QUO ou la pulsion rythmique
Le 24 décembre 2016, Rick Parfitt, le « bras » de Status Quo, meurt d’une septicémie : triste Noël.
44 ans plus tôt …Chez Status Quo, c’est « LA » pulsion rythmique.
Lorsque vous écoutez leurs chansons, il est impossible de ne pas secouer la tête ou suivre le rythme du pied : la partition idéale pour air musiciens.
Le « véritable » Quo commence avec « Piledriver » (1972). Ce disque n’est pas uniquement responsable du tempo marqué du talon par le voisin du dessus, sa pochette détermine également les choix capillaires d’un nombre conséquent d’adolescents. Les fameux « gardes boue » disparaissent, ces espaces réglementaires d’un ou deux centimètres laissés sans cheveux au-dessus des oreilles des garçons. En conséquence, les disgracieux pavillons auditifs sont dissimulés sous une cascade de mèches blondes, rousses ou brunes se déversant jusqu’aux épaules, voire au-delà.
STATUS QUO – Big fat mama
Les in-quo-tournables
Au milieu des 70’s, contrairement aux trois rayonnages remplis de compilations ineptes qui s’y morfondent ces jours-ci, les linéaires des hypermarchés débordent de références rock.
On y trouve tous les 33 tours de l’année, plus ceux des cinq à dix années passées de tous les groupes de rock existants ou ayant existés. Qui veut posséder la production vinylique complète d’un artiste ou d’un collectif n’a qu’à se « baisser ».
En 1977, Status Quo n’échappe pas à cette règle. Une main se tend, butine les disponibilités puis repart avec, au minimum : « Piledriver », « Hello ! », « Quo », « On the level » et « Blue for you ». On croit rêver … une mine de barres énergétiques ! Plus efficace que la cocaïne pour rester éveillé toute une nuit, de quoi « pogoter » toute une vie ! On se dit qu’on est paré pour affronter l’éternité lorsque l’arrivée du printemps signe une nouvelle livraison : « Status Quo + Live ! », véritable « Best of » retraçant tous ces disques à la fois, double 33 proposant une collection de hits passés à l’accélérateur, de quoi regretter de ne pas avoir croisé le groupe sur scène à cette période.
STATUS QUO – Piledriver
La méthode Quo
Pour un postulant guitariste, les accords barrés réalisés à deux doigts permettent d’aborder quasiment n’importe quelles chansons.
Dès que l’index et l’annulaire trouvent leur place, « Bye bye Johnny » sonne la charge ! Les gentlemen de Status Quo usent de ce type d’accords, cordes grattées avec la frénésie nécessaire au tempo voulu. Les médiators jouent les rythmiques de haut en bas, ce qui génère plus d’énergie que par aller/retour. Parfois, le petit doigt se déplace d’une case ou deux pour marquer les temps. En enluminure, des phrases « à chanter » (CF l’intro de « Caroline ») s’échappent de la Télé ou Stratocaster de Francis Rossi.
Manque de régularité ? Besoin d’un métronome ? C’est Status Quo qu’il vous faut.
STATUS QUO – Bye bye Johnny (live)
Statu blues
Sur la chaîne stéréo, passent et repassent : « Don’t waste my time », « Big fat mama », « Caroline », « Backwater/Just take me », Down down » ou « Rain ». D’après la critique, il s’agit de boogie rock. En fait, l’hommage au blues transpire. Le dernier titre de « Piledriver » : « Roadhouse blues », une reprise des Doors, fait preuve d’argument en faveur de l’hypothèse.
Status Quo, groupe de baltringues sachant tout juste enfiler une Télécaster, une Fender précision ou chausser un kit de batterie Premier ? Que nenni ! Des amoureux du blues revisitant sempiternellement le fruit de leur passion.
STATUS QUO – Down down
Au Quo-tidien
Les pochettes des disques du groupe racontent chacune l’histoire personnelle de leurs acquéreurs.
La plupart du temps, elles prennent un aspect « Frankenstein », les tranches rafistolées au scotch, ornées de chiures de mouches, de taches de chocolat ou d’involontaires tests d’origami, leur état témoignant de leur immixtion au quotidien. Status Quo : partition des classes moyennes en milieu urbain. Les seuls à l’avoir tenté et réalisé, faire rimer « boogie » avec « sociologie » !
Status quo live – Séances de rattrapage
Le 30/04/2002, Status Quo visite l’Olympia. Quel bonheur ! Même s’il ne reste que Parfitt et Rossi de la formation initiale, leur musique envoie par tous les bouts. La salle n’est pourtant pas pleine. La première partie des gradins n’ayant pas trouvé preneur, on invite les convives à l’occuper. Parfois, les choses tournent bien et vous vous rapprochez des vôtres.
La même année, le 20/10/2002, un grand rappel est organisé à la Cigale : une apothéose ! Les participants en ressortent essorés, les yeux brillants, les aisselles marquées et la semelle fumante de l’avoir tant battue.
Et puis, le 26/03/2014, au Palais des Sports de Paris, rêve éveillé, la formation de « Piledriver » officie sur les planches, les légendaires : Lancaster, Coghlan, Rossi, Parfitt.
Texte d’un SMS échangé ce soir-là : « J’aurais payé le double rien que pour « Big fat mama » !!! Encore éclairés de ce moment atemporel, en décembre 2016, les adeptes auraient donné tout l’or du monde pour ne pas apprendre que Rick Parfitt nous avait quittés : « … and rain is falling on my head ».
STATUS QUO – Rain
Jamais lassées de les avoir tant écoutés, au crépuscule de leurs vies sur Terre, toutes les personnes ayant assisté à une de leurs nombreuses performances scéniques lâcheront en écho : « Remets-moi Status Quo ».
Thierry Dauge – CulturesCo
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27 décembre - ROXY MUSIC
"More than this"... "Avalon"... Merci Bryan !
Par Thierry Dauge
ROXY MUSIC – For Your Pleasure
L’esthétisme en étendard, Roxy Music offre un art rock cru à l’admiration d’un public averti.
Groupe épris de mode profane, il tord l’espace temps pour remettre au goût du jour un certain esprit teinté d’arrogance et de dandysme narcissique, caractéristiques présentent chez les écrivains anglais du 19ème.
La musique à l’œuvre adjoint une géométrie non euclidienne à une logique non-aristotélicienne. Pour un groupe émergeant en 1972, cette approche identifie un paradigme musical propre, concept mis en œuvre suivant une démarche mûrement réfléchie.
Si les critiques assimilent le groupe au courant glam, l’écoute du premier album éponyme remet en cause cette option. En fait, Roxy Music produit et joue du … Roxy Music !
ROXY MUSIC – Ladytron
A l’origine de cette écriture identitaire, une opposition de genres : Bryan Ferry vs Brian Eno, ou lorsque l’hétérosexualité croise l’androgynie. Au centre, Phil Manzanera et Andy McKay tressent les liens essentiels sans lesquels une guerre larvée déchirerait les partitions.
Pour illustrer les pochettes, il semble que ce soit Ferry qui l’emporte. Le nouvel Elvis, bellâtre au charisme égotique, ne peut s’empêcher de célébrer le corps féminin sous la forme de plastiques idéalisées, d’autant plus objets de sa convoitise qu’il les attire lui-même.
Deuxième ouvrage, deuxième beauté. Si la première verse dans les canons des années 50’s, voire 60’s, sur Stranded (1973), les 70’s s’offrent sans retenue. Du coup, Eno met les voiles vers des terrains moins stables, moins faciles, plus « mouvants ».
Alors, Manzanera raidit son manche pour mieux l’immiscer au piano de son chanteur. De cette pénétration naît des joyaux aux brillances hypnotiques, moins avant-gardistes, un rien plus abordables.
Street Life
La même année, For your pleasure (1973) expose une égérie, celle de Salvador Dali. Amanda Lear fut en effet muse d’un roi avant d’intégrer les Grosses Têtes de Philippe Bouvard ; à chaque période son contexte. Fut-elle amante de Bryan ? Marianne Faithfull, Anita Pallenberg, Nico, Fabienne Shine, Amanda Lear, des femmes en prise directe sur les travers de musiciens chavirés abonnés aux excès du succès.
Quid de l’art dans l’impudeur de ces pinups ? Roxy Music aspire à présenter des visuels travaillés, des tableaux de maître qui rendent grâce à la féminité.
Le sommet est atteint pour Country Life (1974) où deux modèles germains croisent leurs sous-vêtements et leurs mains : noir et blanc, sexe essaim. Sont-ils nombreux ces chanteurs qui, rien qu’en souriant sous les projecteurs, livrent deux mannequins à la concupiscence publique ?
ROXY MUSIC – In Every Dream Home a Heartache
Musicalement, l’inspiration continue d’ensemencer la rutilance, enveloppes de cuir ourlées de broderies légères aux fragrances musquées. L’apesanteur ambiante déverrouille les chaînes qui condamnent les autres formations aux formats radiophoniques classiques.
Sous ces photos considérées racoleuses résident des artistes au faîte de leur talent, pourvoyeurs de chansons cristallines, hors des routes embouteillées du glam rock régnant. Néanmoins, symptôme inquiétant, Bryan Ferry semble saisir les rênes d’une mégalomanie naissante (?).
Casanova
Sujet aux rêves extatiques, le séducteur conduit son groupe en Avalon (1982), dans les brumes de Brocéliande, autour d’une Table Ronde que Roxy Music ne saura plus quitter. Ces plaisirs éthérés promus par Ferry l’amèneront bientôt à suivre une toute autre route, celle de l’artiste en solo.
ROXY MUSIC – Avalon
ROXY MUSIC - More than this
Pendant la décennie écoulée entre 1980 et 1990, alors que la formation mythique de Roxy Music n’évoque plus que le passé, une question lui est posée : « Bryan, vous semblez penser que l’important est de savoir durer. Qu’en est-il en réalité ? ». Il répond par deux chansons : « Don’t Stop The Dance » (1985) précédée de : « More than this » (1982) … For your pleasure.
Thierry Dauge
Par Thierry Dauge
ROXY MUSIC – For Your Pleasure
L’esthétisme en étendard, Roxy Music offre un art rock cru à l’admiration d’un public averti.
Groupe épris de mode profane, il tord l’espace temps pour remettre au goût du jour un certain esprit teinté d’arrogance et de dandysme narcissique, caractéristiques présentent chez les écrivains anglais du 19ème.
La musique à l’œuvre adjoint une géométrie non euclidienne à une logique non-aristotélicienne. Pour un groupe émergeant en 1972, cette approche identifie un paradigme musical propre, concept mis en œuvre suivant une démarche mûrement réfléchie.
Si les critiques assimilent le groupe au courant glam, l’écoute du premier album éponyme remet en cause cette option. En fait, Roxy Music produit et joue du … Roxy Music !
ROXY MUSIC – Ladytron
A l’origine de cette écriture identitaire, une opposition de genres : Bryan Ferry vs Brian Eno, ou lorsque l’hétérosexualité croise l’androgynie. Au centre, Phil Manzanera et Andy McKay tressent les liens essentiels sans lesquels une guerre larvée déchirerait les partitions.
Pour illustrer les pochettes, il semble que ce soit Ferry qui l’emporte. Le nouvel Elvis, bellâtre au charisme égotique, ne peut s’empêcher de célébrer le corps féminin sous la forme de plastiques idéalisées, d’autant plus objets de sa convoitise qu’il les attire lui-même.
Deuxième ouvrage, deuxième beauté. Si la première verse dans les canons des années 50’s, voire 60’s, sur Stranded (1973), les 70’s s’offrent sans retenue. Du coup, Eno met les voiles vers des terrains moins stables, moins faciles, plus « mouvants ».
Alors, Manzanera raidit son manche pour mieux l’immiscer au piano de son chanteur. De cette pénétration naît des joyaux aux brillances hypnotiques, moins avant-gardistes, un rien plus abordables.
Street Life
La même année, For your pleasure (1973) expose une égérie, celle de Salvador Dali. Amanda Lear fut en effet muse d’un roi avant d’intégrer les Grosses Têtes de Philippe Bouvard ; à chaque période son contexte. Fut-elle amante de Bryan ? Marianne Faithfull, Anita Pallenberg, Nico, Fabienne Shine, Amanda Lear, des femmes en prise directe sur les travers de musiciens chavirés abonnés aux excès du succès.
Quid de l’art dans l’impudeur de ces pinups ? Roxy Music aspire à présenter des visuels travaillés, des tableaux de maître qui rendent grâce à la féminité.
Le sommet est atteint pour Country Life (1974) où deux modèles germains croisent leurs sous-vêtements et leurs mains : noir et blanc, sexe essaim. Sont-ils nombreux ces chanteurs qui, rien qu’en souriant sous les projecteurs, livrent deux mannequins à la concupiscence publique ?
ROXY MUSIC – In Every Dream Home a Heartache
Musicalement, l’inspiration continue d’ensemencer la rutilance, enveloppes de cuir ourlées de broderies légères aux fragrances musquées. L’apesanteur ambiante déverrouille les chaînes qui condamnent les autres formations aux formats radiophoniques classiques.
Sous ces photos considérées racoleuses résident des artistes au faîte de leur talent, pourvoyeurs de chansons cristallines, hors des routes embouteillées du glam rock régnant. Néanmoins, symptôme inquiétant, Bryan Ferry semble saisir les rênes d’une mégalomanie naissante (?).
Casanova
Sujet aux rêves extatiques, le séducteur conduit son groupe en Avalon (1982), dans les brumes de Brocéliande, autour d’une Table Ronde que Roxy Music ne saura plus quitter. Ces plaisirs éthérés promus par Ferry l’amèneront bientôt à suivre une toute autre route, celle de l’artiste en solo.
ROXY MUSIC – Avalon
ROXY MUSIC - More than this
Pendant la décennie écoulée entre 1980 et 1990, alors que la formation mythique de Roxy Music n’évoque plus que le passé, une question lui est posée : « Bryan, vous semblez penser que l’important est de savoir durer. Qu’en est-il en réalité ? ». Il répond par deux chansons : « Don’t Stop The Dance » (1985) précédée de : « More than this » (1982) … For your pleasure.
Thierry Dauge
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28 décembre - TÉLÉPHONE
Allo ?... Y'a quelqu'un ?
Par Thierry Dauge
TÉLÉPHONE – Parler dans l’hygiaphone
Hygiaphone (1977)
« Parler dans l’hygiaphone … ». En 1977, la scène musicale internationale se fait pressante.
Une pléthore de groupes punk s’abat sur les ondes radios, dans la presse écrite, dont Best, toujours à la pointe du combat, jusqu’à la télévision dans l’émission de Freddy Hausser : Juke Box. Pourtant, dans les lycées, un groupe français fait son entrée. Il livre un titre rentre dedans à la frontière du punk et du rock : « Hygiaphone », Téléphone.
Et puisque nous citons F. Hausser, c’est lui qui filme le tout premier clip vidéo du Bigo : « Métro c’est trop ».
TÉLÉPHONE – Prends ce que tu veux
Lorsqu’on entend sonner l’« Hygiaphone », comment résister à l’effet « Danette » : on se lève tous !
Le mécanisme à l’œuvre écrase toute résistance sur son passage. « Anna », « Prends ce que tu veux », « Flipper », « Sur la route », autant de détonateurs allumant le baril de poudre qui sommeille chez l’auditeur. Pourtant, ce disque fait figure de hors-d’œuvre. Deux ans plus tard, le groupe crache son venin.
TÉLÉPHONE – Anna
Crache ton venin (1979)
« Sauve toi l’oiseau … ». « Crache ton venin », « Faits divers », « La bombe humaine », « Un peu de ton amour », « Tu vas me manquer », le ton a changé. Le quatuor « affine » son propos, rajoute des accords, ralentis le tempo sans perdre de son mordant. Bien sûr, des voix s’élèvent pour critiquer, geindre, se plaindre que leurs héros d’il y a seulement deux ans ont « viré leur cuti », qu’ils tournent variété, ramollo.
« Variété » ? La même année, Alain Chamfort qui cherche le Manureva d’Alain Colas, malgré Gainsbourg au texte, certainement. Le JP. Capdevielle décrivant une vie dans le désert, pourquoi pas (c’est discutable …). Mais Téléphone qui ne sait pas quoi faire ? Une bamboche ! Pas de la variétoche.
TÉLÉPHONE – J’sais pas quoi faire
Laissant la critique dégueuler sa bile, Téléphone, telle la bêbête qui monte, pousse le curseur en direction d’un auditoire plus conséquent.
S’il fait preuve de compromission, c’est dans l’esprit des amateurs d’épluchures d’oignon, les pleureurs. Quant à remettre en jeu son titre de groupe de rock français n°1, il existe des kilomètres de partitions pour affirmer le contraire.
Autour d’eux, d’autres affichent des velléités plus « couillues » ? Certes, mais sans exposer plus de poils au cul. Parce que la sève qui coule dans leurs veines est tout sauf de la soupe et qu’avoir le vent en poupe ne synonymise pas « offrir sa croupe ». Avec Crache ton venin, Téléphone décrotte sans baisser son froc.
TÉLÉPHONE – Crache ton venin
Au cœur de la nuit (1980)
Et un objet de discorde, un de plus ! La harangue continue contre Téléphone qui aurait « sucrifiée » son rock sur l’autel des charts.
Sillons contradictoires : « Au cœur de la nuit », « Ploum ploum », « Pourquoi n’essaies-tu pas », « Argent trop cher », « Fleur de ma ville », sont des roquettes à têtes perforantes qui pilonnent plus qu’elles ronronnent.
« Le délire !!! ‘Fleur de ma ville’ ?! Une comptine ! ». Certes ! Soyons objectif : le BPM ralentis. Mais la qualité ! L’écriture est pointue, sans bavures, achevée. Les plus Grands ont de tous temps proposé des ballades : qui pour le leur reprocher ? Led Zeppelin, Rolling Stones, AC/DC, ils auraient eu tort de s’en priver car c’est nous qui l’aurions payé.
TÉLÉPHONE – Au cœur de la nuit
Si l’argent est trop cher, en avoir ne soulève aucun interdit. Le succès commercial est gage d’autonomie. Pour critiquer Téléphone, on le met souvent en parallèle à d’autres formations jugées (plus) méritantes mais laissées pour compte par les médias … et le public. C’est un cercle vicieux ! Des adeptes plus nombreux attirent l’oreille des foules au détriment de celles et ceux qui ne les souhaitaient que pour eux : « Vendus ! ». Et c’est « repartu » …
TÉLÉPHONE – Argent trop cher
Dans ces situations, ces « cas », où les avis sont partagés, le live dénoyaute les fruits talés. Se donner corps et âme à la plèbe permet à cette dernière de « juger ». Et de ce côté-là, comme l’a chanté Jacques Dutronc : « Téléphonez me, téléphonez moi ». Téléphone émeut.
TÉLÉPHONE – Live au Théâtre e l’Empire (1979)
Chorus, d’Antoine de Caunes : The Clash, The Cure, The police, The Stray Cats … Ramones, Téléphone.... Il y a des vérités que nul ne peut nier.
Thierry Dauge
Par Thierry Dauge
TÉLÉPHONE – Parler dans l’hygiaphone
Hygiaphone (1977)
« Parler dans l’hygiaphone … ». En 1977, la scène musicale internationale se fait pressante.
Une pléthore de groupes punk s’abat sur les ondes radios, dans la presse écrite, dont Best, toujours à la pointe du combat, jusqu’à la télévision dans l’émission de Freddy Hausser : Juke Box. Pourtant, dans les lycées, un groupe français fait son entrée. Il livre un titre rentre dedans à la frontière du punk et du rock : « Hygiaphone », Téléphone.
Et puisque nous citons F. Hausser, c’est lui qui filme le tout premier clip vidéo du Bigo : « Métro c’est trop ».
TÉLÉPHONE – Prends ce que tu veux
Lorsqu’on entend sonner l’« Hygiaphone », comment résister à l’effet « Danette » : on se lève tous !
Le mécanisme à l’œuvre écrase toute résistance sur son passage. « Anna », « Prends ce que tu veux », « Flipper », « Sur la route », autant de détonateurs allumant le baril de poudre qui sommeille chez l’auditeur. Pourtant, ce disque fait figure de hors-d’œuvre. Deux ans plus tard, le groupe crache son venin.
TÉLÉPHONE – Anna
Crache ton venin (1979)
« Sauve toi l’oiseau … ». « Crache ton venin », « Faits divers », « La bombe humaine », « Un peu de ton amour », « Tu vas me manquer », le ton a changé. Le quatuor « affine » son propos, rajoute des accords, ralentis le tempo sans perdre de son mordant. Bien sûr, des voix s’élèvent pour critiquer, geindre, se plaindre que leurs héros d’il y a seulement deux ans ont « viré leur cuti », qu’ils tournent variété, ramollo.
« Variété » ? La même année, Alain Chamfort qui cherche le Manureva d’Alain Colas, malgré Gainsbourg au texte, certainement. Le JP. Capdevielle décrivant une vie dans le désert, pourquoi pas (c’est discutable …). Mais Téléphone qui ne sait pas quoi faire ? Une bamboche ! Pas de la variétoche.
TÉLÉPHONE – J’sais pas quoi faire
Laissant la critique dégueuler sa bile, Téléphone, telle la bêbête qui monte, pousse le curseur en direction d’un auditoire plus conséquent.
S’il fait preuve de compromission, c’est dans l’esprit des amateurs d’épluchures d’oignon, les pleureurs. Quant à remettre en jeu son titre de groupe de rock français n°1, il existe des kilomètres de partitions pour affirmer le contraire.
Autour d’eux, d’autres affichent des velléités plus « couillues » ? Certes, mais sans exposer plus de poils au cul. Parce que la sève qui coule dans leurs veines est tout sauf de la soupe et qu’avoir le vent en poupe ne synonymise pas « offrir sa croupe ». Avec Crache ton venin, Téléphone décrotte sans baisser son froc.
TÉLÉPHONE – Crache ton venin
Au cœur de la nuit (1980)
Et un objet de discorde, un de plus ! La harangue continue contre Téléphone qui aurait « sucrifiée » son rock sur l’autel des charts.
Sillons contradictoires : « Au cœur de la nuit », « Ploum ploum », « Pourquoi n’essaies-tu pas », « Argent trop cher », « Fleur de ma ville », sont des roquettes à têtes perforantes qui pilonnent plus qu’elles ronronnent.
« Le délire !!! ‘Fleur de ma ville’ ?! Une comptine ! ». Certes ! Soyons objectif : le BPM ralentis. Mais la qualité ! L’écriture est pointue, sans bavures, achevée. Les plus Grands ont de tous temps proposé des ballades : qui pour le leur reprocher ? Led Zeppelin, Rolling Stones, AC/DC, ils auraient eu tort de s’en priver car c’est nous qui l’aurions payé.
TÉLÉPHONE – Au cœur de la nuit
Si l’argent est trop cher, en avoir ne soulève aucun interdit. Le succès commercial est gage d’autonomie. Pour critiquer Téléphone, on le met souvent en parallèle à d’autres formations jugées (plus) méritantes mais laissées pour compte par les médias … et le public. C’est un cercle vicieux ! Des adeptes plus nombreux attirent l’oreille des foules au détriment de celles et ceux qui ne les souhaitaient que pour eux : « Vendus ! ». Et c’est « repartu » …
TÉLÉPHONE – Argent trop cher
Dans ces situations, ces « cas », où les avis sont partagés, le live dénoyaute les fruits talés. Se donner corps et âme à la plèbe permet à cette dernière de « juger ». Et de ce côté-là, comme l’a chanté Jacques Dutronc : « Téléphonez me, téléphonez moi ». Téléphone émeut.
TÉLÉPHONE – Live au Théâtre e l’Empire (1979)
Chorus, d’Antoine de Caunes : The Clash, The Cure, The police, The Stray Cats … Ramones, Téléphone.... Il y a des vérités que nul ne peut nier.
Thierry Dauge
g2loq- Co-administrateur
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Date d'inscription : 29/04/2013
Age : 70
Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Salut tous, salut Christian
Un fois de plus, me voilà scotché par la justesse et l'impact de tes post.
Celui-çi est encore une fois génial !
Je suis resté accroché sur Ange et l'ami Christian DESCAMPS que j'ai encore vue il y a bientôt deux ans à SELESTAT pour sa tournée 50ème annif du groupe, le petit fils d'Emile JACOTET était présent dans la salle. On a aussi eu droit à La Trace des Fées et j'en ai mouillé mes yeux ce soir là.
D'y repenser, mes poils se dressent
Non non, j'ai dit mes poils, pô mes ch'veux !!!
Un fois de plus, me voilà scotché par la justesse et l'impact de tes post.
Celui-çi est encore une fois génial !
Je suis resté accroché sur Ange et l'ami Christian DESCAMPS que j'ai encore vue il y a bientôt deux ans à SELESTAT pour sa tournée 50ème annif du groupe, le petit fils d'Emile JACOTET était présent dans la salle. On a aussi eu droit à La Trace des Fées et j'en ai mouillé mes yeux ce soir là.
D'y repenser, mes poils se dressent
Non non, j'ai dit mes poils, pô mes ch'veux !!!
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Quand tu fais l'autruche, n'oublies pas qu' t' as l' cul dehors
Patrick
Mik- Membre incontournable !
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Age : 59
Re: il était une fois le Rock (un peu d'attente pour charger la page)
Salut Patrick,
Merci.
Tu peux lire ici, une petite interview de Christian Descamp
Christian DECAMPS à cœur ouvert
Christian DECAMPS
Bonnes fêtes de fin d'année
g2loq- Co-administrateur
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29 décembre - KISS
KISS... Kiss Bang Bang ?
Par Thierry Dauge
KISS – Alive !
Le début du mythe : Alive ! (1975)
Avec Alive !, Kiss accède au très Grand Public, à la reconnaissance mondiale. Quoi de mieux qu’un enregistrement « vivant » pour se rendre compte de la valeur réelle d’un groupe en mouvement ? Seulement voilà, le double album aurait bénéficié de tant d’overdubs qu’il n’aurait plus de « live » que le nom, d’avantage studio qu’en scène.
Du coup, les dénigrements se mettent à pleuvoir, les noms d’oiseaux, les vilenies, les avanies. Précisons que le maquillage, pour des « mecs », n’a jamais fait très bon ménage avec la musique rock. CF New York Dolls puis les hair-métalleux de Poison, seul Alice Cooper a su en tirer parti, voire Twisted Sisters ou, dans une moindre mesure, King Diamond au sein de Mecyful Fate. « Restons sérieux ! ».
KISS – Deuce
Tony Visconti, dans son Autobiographie (2008), aborde les disques qu’il a produits. Il « parle » naturellement, et sans langue de bois, du Live and Dangerous (1979) de Thin Lizzy. Le croiriez-vous ? Idem ! Pareil ! Ce « live » a tellement été retouché en studio : « … aurait bénéficié de tant d’overdubs … ».
Une voix pour s’élever ? Crier : « Oh, scandale ! ». « Deux poids, deux mesures », n’étant pas le genre de la maison, revenons-en au hard rock, puisque c’est de cette musique dont il s’agit. Dans ce domaine, Alive ! est un véritable concentré de tout ce qui génère l’addiction, un disque à user.
KISS – Cold gin
Alive ! Sort en 1975. Il fait suite à trois albums studio : le premier éponyme (1974), Hotter than Hell (1974) et Dressed to kill (1975). Comme les candidats l’annoncent dans le vénérable jeu télévisé : Des chiffres et des lettres (apparu en 1965 !), « Le compte est bon ! ». Quatre longs formats en seulement deux ans ! Ça méritait bien un énième point d’exclamation.
Une fois démaquillés et revêtus d’effets de ville, le concept tient-il toujours musicalement la route ?
Si, de nos jours, celui ou celle qui découvre Kiss est en droit d’émettre un doute, en 1975, pour l’adolescent qui se saisit d’Alive ! dans le linéaire de l’hypermarché, malgré la pléthore d’Incontournables qui l’entourent : Physical graffiti, A night at the opera, Welcome to my nightmare, Wish you were here, Toys in the attic, On the level … c’est la panacée ! Les hit singles s’enchaînent comme les éclairs chez le boulanger.
En comparaison des versions studio, les morceaux sont accélérés et les guitares bien plus acérées. De tous les albums cités ci-dessus, à n’en pas douter, c’est le plus bruyant, le plus saignant. Alors, qu’il ait été retouché, bidouillé, cacahuèté ou même torché au cul d’une console de mixage importe peu. Pour celles et ceux qui apprécient les accords musclés, Alive ! réjouit l’auditeur, élève son âme vers l’endroit précis où le plaisir devient jouissance.
KISS – C’mon and love me
De quelle alchimie les quatre gaillards ont-ils bien pu user pour capter ainsi l’attention et l’oreille tant de l’amateur éclairé que de l’auditeur occasionnel ? Heavy pop, heavy glam, hard roudoudou ou hibou-caillou-genou-rock, la classification importe peu. Cette science inconsciente de la composition qui « tue » les anime, alors …
Parallèle avec le football, les chansons tournent en 4/4/3 : quatre couplets, quatre fois le même refrain en trois minutes chrono.
Et pour relever la sauce, un coup de fouet de Les Paul, un solo explosif de cinq à dix secondes, pas plus. Le reste ? De la sueur et des kilomètres.
KISS – She
En 2020, le groupe est devenu une entité commerciale, un jackpot, une tirelire à dollars, une machine à pognon. Peu importe qu’excepté Stanley et Simmons, les deux autres musiciens aient changé mainte fois et que les rides déforment à présent le maquillage.
La Légende est ailleurs. Lorsque Alive ! est centré sur la platine, les paillettes se moquent des années écoulées, elles virevoltent et scintillent, glorifient le passé. L’émotion initiale renaît.
Notre quotidien, hydro-alcoolisé, PCR-isé mérite que nous nous autorisions à rêver. Et pour nous y conduire, ce vieil Lp semble tout désigné : « I wanna rock and roll all night and party every day ! ».
KISS – Rock’n’roll all nite
Thierry Dauge
Par Thierry Dauge
KISS – Alive !
Le début du mythe : Alive ! (1975)
Avec Alive !, Kiss accède au très Grand Public, à la reconnaissance mondiale. Quoi de mieux qu’un enregistrement « vivant » pour se rendre compte de la valeur réelle d’un groupe en mouvement ? Seulement voilà, le double album aurait bénéficié de tant d’overdubs qu’il n’aurait plus de « live » que le nom, d’avantage studio qu’en scène.
Du coup, les dénigrements se mettent à pleuvoir, les noms d’oiseaux, les vilenies, les avanies. Précisons que le maquillage, pour des « mecs », n’a jamais fait très bon ménage avec la musique rock. CF New York Dolls puis les hair-métalleux de Poison, seul Alice Cooper a su en tirer parti, voire Twisted Sisters ou, dans une moindre mesure, King Diamond au sein de Mecyful Fate. « Restons sérieux ! ».
KISS – Deuce
Tony Visconti, dans son Autobiographie (2008), aborde les disques qu’il a produits. Il « parle » naturellement, et sans langue de bois, du Live and Dangerous (1979) de Thin Lizzy. Le croiriez-vous ? Idem ! Pareil ! Ce « live » a tellement été retouché en studio : « … aurait bénéficié de tant d’overdubs … ».
Une voix pour s’élever ? Crier : « Oh, scandale ! ». « Deux poids, deux mesures », n’étant pas le genre de la maison, revenons-en au hard rock, puisque c’est de cette musique dont il s’agit. Dans ce domaine, Alive ! est un véritable concentré de tout ce qui génère l’addiction, un disque à user.
KISS – Cold gin
Alive ! Sort en 1975. Il fait suite à trois albums studio : le premier éponyme (1974), Hotter than Hell (1974) et Dressed to kill (1975). Comme les candidats l’annoncent dans le vénérable jeu télévisé : Des chiffres et des lettres (apparu en 1965 !), « Le compte est bon ! ». Quatre longs formats en seulement deux ans ! Ça méritait bien un énième point d’exclamation.
Une fois démaquillés et revêtus d’effets de ville, le concept tient-il toujours musicalement la route ?
Si, de nos jours, celui ou celle qui découvre Kiss est en droit d’émettre un doute, en 1975, pour l’adolescent qui se saisit d’Alive ! dans le linéaire de l’hypermarché, malgré la pléthore d’Incontournables qui l’entourent : Physical graffiti, A night at the opera, Welcome to my nightmare, Wish you were here, Toys in the attic, On the level … c’est la panacée ! Les hit singles s’enchaînent comme les éclairs chez le boulanger.
En comparaison des versions studio, les morceaux sont accélérés et les guitares bien plus acérées. De tous les albums cités ci-dessus, à n’en pas douter, c’est le plus bruyant, le plus saignant. Alors, qu’il ait été retouché, bidouillé, cacahuèté ou même torché au cul d’une console de mixage importe peu. Pour celles et ceux qui apprécient les accords musclés, Alive ! réjouit l’auditeur, élève son âme vers l’endroit précis où le plaisir devient jouissance.
KISS – C’mon and love me
De quelle alchimie les quatre gaillards ont-ils bien pu user pour capter ainsi l’attention et l’oreille tant de l’amateur éclairé que de l’auditeur occasionnel ? Heavy pop, heavy glam, hard roudoudou ou hibou-caillou-genou-rock, la classification importe peu. Cette science inconsciente de la composition qui « tue » les anime, alors …
Parallèle avec le football, les chansons tournent en 4/4/3 : quatre couplets, quatre fois le même refrain en trois minutes chrono.
Et pour relever la sauce, un coup de fouet de Les Paul, un solo explosif de cinq à dix secondes, pas plus. Le reste ? De la sueur et des kilomètres.
KISS – She
En 2020, le groupe est devenu une entité commerciale, un jackpot, une tirelire à dollars, une machine à pognon. Peu importe qu’excepté Stanley et Simmons, les deux autres musiciens aient changé mainte fois et que les rides déforment à présent le maquillage.
La Légende est ailleurs. Lorsque Alive ! est centré sur la platine, les paillettes se moquent des années écoulées, elles virevoltent et scintillent, glorifient le passé. L’émotion initiale renaît.
Notre quotidien, hydro-alcoolisé, PCR-isé mérite que nous nous autorisions à rêver. Et pour nous y conduire, ce vieil Lp semble tout désigné : « I wanna rock and roll all night and party every day ! ».
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