Budget 2025..En France on a pas d'argent ...mais des radars

Radars. Le programme 2025 dévoilé et voici leurs fonctionnalités inédites…

Énormes surprises dénichées dans le projet de Budget 2025. Le déploiement des radars urbains débutera en 2025, et ces équipements automatiques pourraient intégrer trois fonctions inédites : contrôle du téléphone tenu en main, non-respect de la distance entre véhicules et non-port de la ceinture.
Par Pascal Pennec
     
C'est dans les radars urbains que les nouvelles fonctions devraient être intégrées, dont 500 cabines sont programmées pour l'an prochain.

Avec pas mal de retard dû au changement de Gouvernement, Bercy vient de publier son projet de loi de finances 2025 (PLF 2025), qui nous promet bien des débats houleux à l’Assemblée nationale. Parmi les annexes budgétaires figure le programme des radars pour l’année prochaine. Logique, puisque les engins flasheurs sont une affaire de gros sous. Il s'agit en effet d'acheter de nouveaux appareils (46,3 millions d’euros sont prévus pour cela), de les faire fonctionner, mais surtout de répartir le magot qu’ils récoltent. Or, cette année, nous sommes gâtés au chapitre des surprises.

Bien plus petits et performants

Si le nombre global de radars automatiques doit rester relativement stable, l'année 2025 va surtout être marquée par l’accélération du renouvellement des plus anciens par de nouveaux beaucoup plus performants. En particulier avec le coup d’envoi du déploiement national des radars urbains, ces petites cabines bien plus difficiles à repérer visuellement que les énormes tourelles. Les premiers dispositifs sont entrés en service dans le Doubs, à Belfort, Marseille et Toulouse après une longue période de tests. À ce sujet, trois informations majeures sont apportées aujourd’hui.

• 500 radars urbains… sans compter ceux des collectivités ! L’État a prévu d’installer pas moins de 500 matériels de type urbain, mais ce nombre n’inclut pas, a priori, ceux qui seront achetés par les collectivité locales. Or, elles sont nombreuses à piaffer d’impatience pour profiter de cette mesure inscrite dans la loi de décentralisation dite « 3DS » de 2022. L’État a déjà tout prévu pour leur offrir un service clés en main « comprenant la mise à disposition des équipements de terrain, les travaux de génie civil, les services permettant l’acheminement des messages d’infraction à l’Antai et au centre national de traitement ». Cette formulation pourrait laisser penser que l’État ne fera que vendre aux collectivités ses 500 radars urbains. Mais une autre précision sème le doute : « S’agissant des zones urbaines, les collectivités seront soit couvertes par des radars urbains exposés ci-dessus, soit par des radars “ collectivités ”. » Quoi qu’il en soit, l’avalanche attendue de PV s’annonce considérable, puisque l’Antai va bénéficier d’un financement pour développer une chaîne de traitement dédiée à ces infractions « collectivités », prévoyant déjà « une hausse des dépenses d’éditique et d’affranchissement imputables à la production et à l’envoi des avis des contraventions ». Ça promet !
  

   
Les radars urbains contrôleront bientôt simultanément « la vitesse et/ou le franchissement » en plus du non-respect d'un feu rouge.

• Contrôle de la vitesse et des feux simultanément. Alors que les 1 500 grosses tourelles actuellement en service flashent soit les excès de vitesse, soit le non-respect d’un feu rouge, il est bien précisé que les 500 radars urbains actifs contrôlent « la vitesse et/ou le franchissement » en même temps.
  
• L’activation de trois fonctions inédites : interdistance, ceinture, téléphone. « Selon les capacités technologiques et l’homologation nécessaire, de nouvelles infractions pourront être déployées sur plusieurs centaines d’équipements (interdistance, non-respect du port de ceinture, téléphone tenu en main) ». Sanctionner ces infractions grâce à des dispositifs automatiques, cela fait vingt ans qu’on en parle, et plus précisément depuis la mise en place des grosses tourelles censées être multifonctions. Mais aucun projet n’avait jamais pu aboutir, faute de fiabilité. Tout va changer avec les nouvelles générations de radars, grâce à « l’appropriation de technologie ou de techniques innovantes, comme l’extension de l’usage de l’intelligence artificielle pour améliorer les performances du contrôle automatisé ». Or tout pourrait aller très vite maintenant, car il ne sera pas nécessaire de créer un nouveau type de radar, mais simplement d’intégrer ces nouvelles fonctions aux deux types de radars urbains déjà en service : le Parifex Nano dans la moitié nord de la France, l’Idemia Compact dans le Sud. Décrocher d’un coup une triple certification pour chacune des trois nouvelles fonctions paraît illusoire. Mais pourquoi pas l’une d’elles rapidement, à commencer par l’interdistance ? À suivre !
  

     
Le téléphone tenu en main fera bientôt partie des infractions contrôlées par les radars automatiques.

4 160 radars « visibles »

En ce qui concerne les autres types de radars, il devient de plus en plus compliqué de les comptabiliser. Le document budgétaire indique en effet que « le parc de radars se stabilise. Il se situe autour de 4 000 radars opérationnels et visibles et entre 4 600 et 4 800 radars en parc technique global, qui lui évolue en fonction de l’optimisation de la maintenance ».
Que signifie ce charabia ? En clair, que le nombre de matériels fixes, semi-fixes et de voitures équipées restera effectivement à peu près stable en 2025 par rapport aux 4 600 censés être en service cette année. Mais qu’en réalité la cible sera d’avoir 4 160 équipements opérationnels, ce qui paraît déjà très optimiste. Pourquoi cet écart ? Parce que deux types de matériels ne fonctionneront pas en permanence.

• Les radars autonomes (dits aussi de chantier), à la fois parce qu’ils doivent être régulièrement déplacés et parce qu’ils sont particulièrement victimes du vandalisme. En moyenne, une centaine est alternativement hors service, si bien que la Sécurité routière table sur seulement 550 en état de fonctionner, alors qu’elle misait sur 800 il n’y a pas si longtemps.
  
• Les voitures radars qui, non seulement ne roulent qu’à certaines heures, mais qui doivent aussi en partie être mises à l’arrêt le temps de modifier leur radar avant de les confier aux prestataires privés dans trois (grosses) régions supplémentaires : Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Paca. Ainsi, sur les 400 voitures théoriquement équipées, seules 150 seront « opérationnelles sur l’ensemble de la métropole (sauf Corse et Île-de- France) avec une conduite externalisée ».
  

 
Les radars chantiers font partie des dispositifs les plus rentables.

 
Le nombre de voitures radars ne va pas augmenter.

Un nouveau radar tronçon !

Quant aux autres appareils, ils vont connaître des fortunes diverses, en étant au mieux maintenus en l’état, sinon progressivement mis au rebut. Voici le détail des 4 160 radars « visibles ».

• 1 500 radars tourelles, nombre inchangé et qui demeurera néanmoins le plus important ;
  
• 700 radars discriminants, nombre également inchangé, si ce n’est la poursuite de leur modernisation avec l’intégration d’un lidar 3D (radar à balayage en trois dimensions) et fonction double face. Et pourquoi pas un jour les trois nouvelles fonctions ? ;
  
• 550 radars autonomes, déployés soit sur les chantiers, soit sur les itinéraires dits sécurisés. Leur nombre est maintenu à 800, totalisant 12 000 km de routes. Les engins disposent de 2 000 emplacements aménagés ;
  
• 500 radars urbains pour le compte de l’État donc, mais sans autre précision concernant les collectivités ;
  
• 330 radars de feux d’ancienne génération (300 de feux rouges et 30 de passages à niveau) seront encore en fonction, le temps qu’ils soient peu à peu remplacés par des radars tourelles (hors agglomérations) et surtout des radars urbains ;
  

 
Le nombre de cabines radars classiques va diminuer.

 
Les radars de feux rouges vont bientôt disparaître au profit de radars tourelles plus polyvalents.



Les radars discriminants seront toujours 700, mais ils seront désormais tous équipés d'un lidar 3D et de la fonction double face.

• 300 cabines classiques encore en service, soit à nouveau une centaine de moins. Et dire qu’on en comptait 2 187 il y a encore une dizaine d’années… ;
  
• 150 voitures radars opérationnelles sur l’ensemble du territoire en conduite externalisée, sauf en Île-de-France et en Corse (où leur nombre n’est pas précisé) ;
  
• 100 radars mobiles du type « embarqués/débarqués » (surnommés hiboux) seront opérationnels, alors que l’État détient (ou détenait ?) 500 voitures équipées ;
  
• 30 radars vitesse moyenne, aussi appelés radars tronçons, pour lesquels une info L’argus se confirme : « Ces matériels, obsolètes, sont remplacés par les autres technologies. Un matériel de remplacement est en cours de conception ». Mais il n’entrera pas en fonction l’an prochain.
  
  

Bientôt des radars écolo

L'année 2025 pourrait aussi marquer le grand coup d’envoi de trois types de radars à vocation écolo, non comptabilisés parmi les 4 160 radars répressifs. En effet, il est précisé à propos de l’Antai que « l’Agence poursuivra également le déploiement progressif des premiers dispositifs de contrôle automatisé prévus par la loi d’orientation des mobilités (LOM) et notamment des premières verbalisations pour le contrôle des nuisances sonores et pour les voies réservées, ainsi que de la mise en service du contrôle automatisé dans les grandes métropoles ayant instauré une ZFE-m, dispositifs pour lesquels le ministère en charge des transports est chef de file ». À vrai dire, tout n’est pas aussi rose. Voici où l'on en est pour les trois types de radars énoncés :

• Radars de covoiturage. La verbalisation du non-respect de ces voies a débuté cette année dans plusieurs villes (Lyon, Grenoble, Strasbourg, Rennes), mais de façon semi-automatique, un agent devant valider manuellement les infractions repérées par les « radars » déjà déployés ;
  
• Radars sonores. Les premiers dispositifs pourraient commencer à verbaliser l’an prochain, à condition que les systèmes encore en test décrochent leur homologation, ce qui n’a rien d’évident ;
  
• Radars de ZFE-m. Inutile de tabler sur u